CULTE ET LOIS
D’UNE SOCIETE D’HOMMES SANS DIEU.
L’an Ier de la Raison.
VI de la République Française.
EXTRAIT
Du Discours prononcé par le Président du Conseil des Cinq-Cents, sur la fête du premier Vendémiaire, an VI.
… Les Philosophes n’ayant plus à subordonner leurs méditations au jugement des censeurs royaux, peuvent indiquer les Institutions capables d’étendre et de perfectionner la morale publique…
Tous peuvent, sans obstacles, substituer dans leurs écoles les éléments de Socrate* et de Platon, à ceux de la Sorbonne…
* Les choses saintes ne sont point saintes à cause de Dieu, disait Socrate. Vid. l’Euthyphro de Platon.
PRÉLIMINAIRE.
Un grand Scandale a lieu, depuis un tems immémorial.
Un Mensonge politique, vieux de quelques mille années, rend illusoire la perfectibilité de l’espèce humaine.
Il n’existe encore aucune Institution, spécialement destinée à combattre et détruire la croyance en Dieu ; de tous les préjugés, celui qui fait le plus de mal.
L’urgence d’une telle Institution est reconnue tacitement par tous les bons esprits.
En voici le mode d’exécution:
CULTE et LOIS
D’une Société Sans Dieu.
I. — Les hommes sans Dieu professent un Culte.
La Vertu seule en est l’objet.
II. — Ce Culte consiste à proclamer les bonnes actions, du vivant de leurs auteurs; à honorer ceux-ci, après la mort.
III. — Les H. S. D. tiennent ouvert un grand Livre, pour y recueillir et conserver les traits honorables à l’espèce humaine.
IV. — Ils font appel à tous les talents, pour célébrer une bonne œuvre, aussitôt qu’elle est transcrite sur le grand Livre de la Vertu.
V. — Ce Volume, objet matériel du culte des H. S. D., doit renfermer tout le bien qui a été fait et qui se fera.
VI. — Chaque année, un extrait du grand Livre est rendu public, en tête des Mémoires de la Société sans Dieu.
VII. — Les H. S. D. adorent la Vertu, dans un édifice qui n’a point servi à d’autres cultes.
VIII. — Sur la porte, des deux côtés, est écrit:
Pratiquez la Vertu,
Pour elle et pour vous-mêmes.
IX. — Le soin de brûler des parfums, d’assortir des fleurs devant le Livre de la Vertu, est réservé aux Femmes jeunes et pures.
X. — Elles prêtent aussi le charme de leur voix aux Hymnes de la Vertu, composés par les H. S. D. dans le sens des strophes suivantes:
HYMNE
a la Vertu.Première strophe.
Heureux qui dans son cœur se rend ce témoignage;
Je n’ai besoin d’un Dieu pour être sage ;
Ma seule Conscience est ma divine loi ;
Je fais le Bien pour lui-même et pour moi.
La Vertu! nom sacré! périsse l’âme vile
Qui l’entend prononcer, et demeure tranquille !
Four qui n’est pas encor sous le vice abattu,
Rien n’est beau comme la Vertu.Seconde strophe.
Qu’il est à plaindre et vil, l’homme à qui pour bien Faire,
La présence d’un Dieu fut toujours nécessaire!
Mon Dieu, c’ost la Vertu : pour temple elle a mon cœur,
Pour culte met devoirs; et pour but mon bonheur.La Vertu veut un encens volontaire,
Offert par l’amour seul de l’ordre et du devoir :
Elle n’habite point une âme mercenaire.
Pour aimer la Vertu, je ne veux que la voir.—–
Heureux qui……. etc.
Troisième strophe.
Est-il un Dieu? qu’importe! au géomètre habile,
Laissons résoudre en paix ce problème inutile ;
Adorons la Vertu : circonvenus d’erreurs,
Craignons de lui donner un rival dans nos cœurs,
A la seule Vertu réserve ton hommage:
Intacte dans ton cœur, conserves-en l’image.
Loin d’elle, le méchant lui porte encor ses vœux;
On est riche avec l’or, la Vertu rend heureux.—–
Heureux qui dans son cœur …. etc.
Rien n’est beau comme la Vertu.
XI. — Les H. S. D. s’assemblent sous les auspices de la Vertu, et commencent toujours leurs Assises par lui rendre un culte solennel.
XII. — Ils réunissent de dix en dix jours, quelquefois de cinq en cinq, jamais la nuit, pour se rendre compte publiquement de leurs méditations particulières.
XIII. — Les H. S. D. n’ont point une double doctrine : plus vrais ou plus courageux que les Philosophes de l’antiquité et que leurs contemporains, ils disent et publient toute leur pensée.
XIV. — Ils n’ouvrent point une Ecole, ils ne fondent point une Secte, dirigée uniquement contre l’Existence divine.
XV. — Leur but principal est de convaincre l’Homme qu’il peut, qu’il doit se passer d’un Dieu, le prétexte de tous les crimes et de toutes les calamités.
XVI. — Leur Religion est cette Piété naturelle qui fait compatir aux malheurs d’autrui, et qui porte à se rassembler pour travailler en commun à y mettre un terme.
XVII. — Le Père de famille mène aux Assemblées ses enfants au-dessus de la neuvième année. Les premières places sont pour eux.
XVIII. — L’Etablissement des H. S. D. a surtout en vue la Génération qui s’élève.
XIX. — Celui des assistans qui n’a pas encore atteint sa vingt-cinquième année, se découvre, et demeure tête nue aux Assises des H. S. D.
XX. — On n’y vient pas en armes: les H. S. D. sont des hommes de paix.
XXI. — Ils ne se réunissent jamais en plus grand nombre que les Muses, et ne restent pas plus d’une heure en séance publique.
XXII. — Une heure de vérités fortes est la mesure dé l’intellect humain : davantage fatiguerait.
XXIII. — Pendant la belle saison, et dans les pays d’une température douce, l’Assemblée se tient sous une voûte de feuillage.
XXIV. — L’emplacement des Assises publiques, soit dans les villes, soit à la campagne, est toujours scindé par un Voile blanc, constamment tendu entre les H. S. D. et les assistans.
XXV. — On lit dessus, en lettres d’or:
De toutes les erreurs,
La plus grande est un Dieu,
XXVI. — Les assistants, à travers ce Voile proposent leurs doutes avec décence, requérant des éclaircissements ou de bons avis.
XXVI. — Les H. S. D. ne refusent de répondre qu’aux injures.
XXVIII. — Mais ils pardonnent d’avance aux Hommes de Dieu qui les outragent.
XXIX. — Les Clairvoyants ne peuvent vouloir du mal au bâton de l’Aveugle qui les frappe.
XXX. — Ils consentent volontiers à servir de médiateurs aux amis, aux frères, aux familles en discord ; d’arbitres aux époux brouillés ; de guides à la jeunesse, à l’inexpérience, au repentir.
XXXI. — C’est toujours derrière le Voile que les H. S. D. satisfont les personnes qui les consultent.
XXXII. — À l’avenir, peut-être, ils se produiront en public avec moins de mystère.
XXXIII. — Cependant, appelles au lit du malade ou du moribond, les H. S. D. lui administrent volontiers les consolations de la Philosophie.
XXXIV. — Les H. S. D. septuagénaires bénissent les nouveaux nés.
XXXV. — Dans cette circonstance, le Père de famille exprime ainsi son vœu:
Je promets et m’engage d’élever mon fils dans les seuls principes de la Raison, dans les seules pratiques de la Vertu.
XXXVI. — Les H. S. D. septuagénaires reçoivent la consécration des Enfants à la Vertu, en leur faisant écrire, et répéter de vive voix, les paroles ci-jointes:
Je crois â la Vertu : mou cœur la sent ; il l’aime :
Elle seule est sacrée ; elle seule a ma foi:
Excepté la Vertu, le reste est un problème,
Pour Moi.
XXXVII. — Les H. S. D. septuagénaires consacrent aussi l’union des jeunes époux:
Ils se refusent à bénir les secondes noces.
XXXVIII. — Ils possèdent une Imprimerie, d’une presse seulement, pour publier eux-mêmes leurs travaux sous ce titre:
Mémoires d’une Société, d’H. S. D.
XXXIX. — Aucun des ouvrages n’est signé individuellement.
XL. — Les H. S. D. sont tous solidaires.
XLI. — La Société S. D. permet à ceux qui écrivent aussi vite qu’on parle, de prévenir l’édition de ses Mémoires.
XLII. — La Verité ne saurait être trop, et trop tôt connue.
XLIII. — Les H. S. D. se réservent de désavouer le Tachigraphe, infidèle par impéritie ou à dessein.
XLIV. — Ils rédigent et publient une Morale élémentaire, dégagée de l’alliage impur et sacrilège d’un Dieu.
XLV. — Ils rédigent encore et publient un Annuaire, ou chaque jour porte le nom d’un Sage S. D., et offre une circonstance de sa vie.
XLVI. — Ils travaillent aussi à la Biographie raisonnée des véritables H. S. D. qui ont paru jusqu’à ce moment et qui ont été tant calomniés! Ce Dictionnaire prouve qu’ils furent tous éclairés et vertueux.
XLVII. — Il est accompagné d’un Répertoire immense d’Autorités graves, en faveur des H. S. D.
XLVIII. — Tous les ans, ils décernent une Couronne à l’Auteur de l’écrit le mieux fait contre le préjugé d’une croyance en Dieu.
XLIX. — Chaque année, ils appellent en leur enceinte un homme habile dans la Science des corps, pour répéter quelques-unes des nombreuses expériences qui démontrent la toute-puissance de la Nature, sans recourir à un Agent hors d’elle.
L. — Les H. S. D. ont une Bibliothèque composée des seuls livres les plus propres à combattre et détruire la vieille erreur de l existence d un Dieu.
LI. — De deux jours l’un, cette Bibliothèque, peu volumineuse, est publique, le mutin, pendant la douzième heure.
Elle ne peut recevoir que sept lecteurs à-la-fois.
LII. — Les H. S. D. ont un Théâtre domestique, pour représenter, à l’aide de leurs familles, des Drames conçus dans l’esprit de l’Institution.
LIII. — Au retour des funérailles de l’un d’eux, et à son remplacement, double cérémonial qui se passe le même jour ; ils célèbrent une fête, et mangent en public, derrière le voile.
LIV. — Assis à une table frugale, dite le Banquet des Neuf, ou les Saturnales de la Philosophie, servis par leurs familles et couronnés de fleurs ; les neuf convives S. D. s’entretiennent à la manière des Sages de la Grèce, de Socrate, Epicure….
LV. — Près de chaque Association des Neuf, est toujours un Vieillard, désigné pour succéder à celui quelle perd.
LVI. — La Société S. D. ne se laisse entamer d’aucune manière.
LVII. — On n’est point reçu H. S. D. avant la cinquantième année d’une vie probe.
LVIII. — Une Société S. D. doit être plus parfaite que toute autre.
LIX. — Elle désavoue celui de ses membres dont les enfants portent scandale.
LX. — Le père d’un homicide, d’une femme adultère, etc. ne peut rester parmi les H. S. D.
LXI. — Il faut être Père de famille, ou l’avoir été ; ou bien en servir à un orphelin, pour entrer dans l’Association.
LXII. — Elle publie le compte-rendu de la vie de chacun de ses membres.
LXIII. — Le soupçon ne doit pas même les atteindre.
LXIV. — Il faut que l’H. S. D. soit sans tache.
LXV. — On exige des H. S. D. la preuve qu’ils n’ont jamais versé de sang.
LXVI. — Leurs mains doivent être aussi pures que leur cœur, aussi nettes que leur esprit.
LXVII. — Ils portent leur chevelure naturelle; et leur barbe, quand ils sont devenus septuagénaires.
LXVIII. — Les H. S. D. n’adoptent pour caractère distinctif que celui de l’âge et des mœurs antiques.
LXIX. — Les H. S. D. ne font point de serment.
LXX. — Au moment de leur admission dans la Société, ils .prononcent, la main sur le Livre de la Vertu, les paroles suivantes:
Je promets et m’engage de combattre, sans relâche, avec les seules armes de la Raison, la grande et fatale erreur d’une croyance en Dieu.
LXXI. — Une fois admis, les H. S. D. se livrent aux travaux de l’Association, exclusivement à tout.
LXXII. — La Société S. D. procède publiquement, à l’examen, à l’adoption, et au rejet de ses membres.
LXXIII. — Elle n’admet aucun individu Athée, c’est-à-dire, le Scélérat qui nie un Dieu, dans l’espoir de l’impunité.
- Prêtre, ou son père.
- Noble.
- Domestique.
- Pensionné d’un prince.
- Lettré de cour.
- ………
LXXIV. — Les Rois en exercice, ou qui abdiquent, n’y sont point reçus.
LXXV. — Les anciens Magistrats d’une nation libre, peuvent l’être.
LXXVI. — Les H. S. D. refusent tout individu dont la fortune surpasse plus de trois fois ses besoins.
LXXVII. — Les membres de cette Association ne sont d’aucune autre.
LXXVIII. — Les H. S. D. élèvent eux-mêmes leurs enfants, et les marient, sans sortir des familles associées.
LXXIX. — Ils ne mangent point chez les autres.
LXXX. — Ils n’acceptent rien, ni collectivement, ni individuellement.
LXXXI. — Les H. S. D. trouvent leur salaire dans leur cœur.
LXXXII. — Jaloux de leur indépendance, ils se refusent à la protection des Gouvernemens.
LXXXIII. — On ne protège pas les H. S. D.: ils savent se suffire.
LXXXIV. — Mais ils réclament pour eux, les mêmes égards qu’ils ont pour quiconque pense autrement.
LXXXV. — Ils ne troublent point; ils ont droit à n’être point troublés.
LXXXVI. — Ils ont des Correspondants étrangers, soumis aux mêmes lois.
LXXXVII. — Ils lisent publiquement toutes les missives qu’ils reçoivent, anonymes ou non, mais écrites avec convenance.
LXXXVIII. — Le Type ou cachet de la Société est un Cube de cristal de roche avec cette Légende, gravée en cercle sur l’une des faces :
A-t-on besoin d’un Dieu,
Quand on a la Vertu ?
LXXXIX. — Les H. S. D. renoncent aux Magistratures de leur pays, pour s’en tenir à celle de la Pensée.
XC. — Ils s’abstiennent des matières politiques : trop élevés pour descendre à d’aussi misérables choses, la Régénération des mœurs les occupe tout entiers.
XCI. — Cependant, consultés par les Magistrats dans un jour d’orage, ils vont leur dire la vérité, et s’en retournent.
Les H. S. D. ne sont point sans Patrie.
XCII. — Si la guerre civile éclate, les H. S. D. sortent tous ensemble, le grand Livre ouvert de la Vertu à leur tête, et parcourent les places publiques, en s’écriant avec l’autorité que donne la Sagesse en cheveux blancs:
Citoyens, bas les armes devant le Livre de la Vertu! N’en déchirez pas les pages avec vos glaives!
XCIII. — Si l’un des neuf Vieillards S. D. éprouve le traitement fait au sage Spinosa : loin de poursuivre les assassins, sur ses habits ensanglantés qu’il conserve à l’exemple de Spinosa, il se contente d’écrire cette ligne mesurée:
Crois peu; doute beaucoup.:
Du moins, sois tolérant.
XCIV. — Les H. S. D. appellent sur les principes qu’ils professent et sur la conduite qu’ils tiennent, l’œil du magistrat et de tous leurs concitoyens.
XCV. — Les H. S. D. fondent en toute confiance, en toute sécurité, leur Etablissement sur la franchise reconnue des Opinions.
XCVI. — Si pourtant, la garantie leur en est refusée, contre tout droit, sous le prétexte qu’il est dangereux de tout dire devant le Peuple, ils n’abandonnent pas leur sainte Institution.
XCVII. — Continuant à remplir dans la solitude et le silence, leur Titre honorable d’H. S. D., ils prennent ostensiblement celui d’Amis de la Vertu.
XCVIII. — Leur Culte public ne cesse d’avoir lieu. .
A la fin de la Solennité, derrière le Voile, ils adressent aux assistants ce peu de mots:
Séparons-nous ! on ne vous permet plus de nous entendre.
XCIX. — Lors d’une persécution, les H. S. D. se retirent dans le champ de leurs sépultures communes.
Là, ils s’enveloppent de leur manteau, et attendent…
C. — Jettes dans une prison, ils m’en méditent que plus profondément.
CI. — Conduits au supplice, ils répètent leurs Hymnes à la Vertu.
CII. — Condamnés seulement à l’Ostracisme, ils partent avec leurs familles, soutenus par l’espoir de fonder en quelqu’ile déserte, une Colonie vertueuse, loin des Prêtres et des Tyrans.
CIII. — Plus satisfaits, quand l’Espèce humaine enfin détrompée, pourra se passer de leurs leçons et de leurs exemples!
F I N.
N. B. Les lecteurs qui se sentent dignes d’entrer dans cette Association, peuvent émettre leur vœu dans les Journaux sous cette formule :
Celui qui fait choix de l’épigraphe suivante: . . . . . . . . . . . . . désire d’être admis au nombre des H. S. D.
Les Papiers publics, amis des mœurs, voudront bien se prononcer.
CULT AND LAWS
OF A SOCIETY OF MEN WITHOUT GOD.
The 1st year of Reason.
Year 6 of the French Republic.
EXTRACT
from the speech delivered by the President of the Council of the Five Hundred, on the feast of the first Vendémiaire, Year VI.
… The Philosophers, no longer having to subordinate their meditations to the judgments of the royal censors, can indicate the Institutions capable of spreading and perfecting public morals…
All can, without obstacles, substitute in their schools the elements of Socrates* and Plato to those of the Sorbonne…
* “Holy things are not holy because of God,” said Socrates. See the Euthyphro of Plato.
PRELIMINARY.
A great Scandal has existed since time immemorial.
A political Lie, some thousands of years old, makes the perfectibility of the human species appear an illusion.
There exists no Institution specifically intended to combat and destroy the belief in God—of all prejudices, the one that does the most evil.
The urgent need of such an Institution is tacitly recognized by all decent people.
This is the manner in which it will be met:
CULT and LAWS
Of a Society without God.
I. — The Men Without God (M. W. G.) profess a Cult.
Virtue is its sole object.
II. — This Cult consists of proclaiming good actions, during the lifetime of their authors, and of honoring these authors after their death.
III. — The M. W. G. maintain a Great Book, in order to record and preserve there the honorable traits of the human species.
IV. — They appeal to all talents to celebrate a good work, as soon as it is transcribed in the great Book of Virtue.
V. — That Volume, the material object of the worship of the M. W. G., should contain all the good that has been and will be done.
VI. — Each year, an extract from the great Book is made public, under the heading of Memoirs of the Society without God.
VII. — The M. W. G. worship Virtue in a building that has not been used for other forms of worship.
VIII. — On the door, on both sides, is written:
Practice Virtue,
For its sake and for your own.
IX. — The task of burning incense and arranging flowers before the Book of Virtue is reserved for young, pure Women.
X. — They also lend the charm of their voices to the Hymns of Virtue, composed by the M. W. G. on the model of the following strophes:
HYMN
to Virtue.First strophe.
Happy is he who in his heart can testify:
I have no need of a God to be wise;
My Conscience alone is my divine law;
I do go for its sake and for my own.
Virtue! sacred name! perish the vile soul
Who hears it spoken, and remains unmoved!
For those who are still not cast down by vice,
Nothing is as beautiful as Virtue.Second strophe.
How vile and worthy of pity is the man who has always believed
That the presence of a God was necessary to do good!
My god is Virtue: its temple is my heart,
Its worship, my duties; and its aim, my happiness.
Virtue desires a voluntary incense,
Offered through the simple love of order and duty:
It inhabits no mercenary soul.
To love Virtue, I only have to see it.—–
Happy is he……. etc.
Third strophe.
Is it a God? What does it matter! To the skillful geometer,
Let us peacefully resolve this useless problem;
Let us worship Virtue: circumventing errors,
Let us fear to give it a rival in our hearts,
To Virtue alone reserve every tribute:
Intact in our hearts, preserve its image.
Far from it, the wicked still bear its wishes;
One is rich with gold, but Virtue makes us happy.—–
Happy is he who in his heart…. etc.
Nothing is as beautiful as Virtue.
XI. — The M. W. G. assemble under the auspices of Virtue, and always begin their Sessions by rendering it a solemn worship.
XII. — They gather every ten days, or sometimes every five, and never at night, to make a public account of their individual meditations.
XIII. — The M. W. G. have no double doctrine: truer and more courageous than the Philosophers of antiquity and their contemporaries, they speak and publish all of their thoughts.
XIV. — They open no School and found no Sect, as they are directed only against the Existence of the divine.
XV. — Their principal aim is to convince man that he can—that he must—do without a God, the pretext for all crimes and all calamities.
XVI. — Their Religion is that natural Piety that makes us sympathize with the misfortunes of others, and which brings us together to work in common to put an end to it.
XVII. — The father of the family leads to the Assemblies his children over the age of nine years. The first places are for them.
XVIII. — The Establishment of the M. W. G. has especially in mind the rising Generation.
XIX. — Those present who have not yet reached the age of twenty-five remove their hats and remain with head bare in the Assizes of the M. W. G.
XX. — No arms are brought there: the M. W. G. are men of peace.
XXI. — They never gather in numbers greater than the Muses, and do not remain more than an hour in public session.
XXII. — An hour of strong truths is the measure of the human intellect: more would cause fatigue.
XXIII. — During the summer months, and in regions with a pleasant temperature, the Assembly is held beneath a canopy of foliage.
XXIV. — The location of the public Assizes, whether in the cities or in the country, is always divided by a white Curtain, constantly held between the M. W. G and those attending.
XXV. — One sees at the top, in letters of gold:
Of all the errors,
The greatest is a God.
XXVI. — Those present offer their uncertainties accross this Curtain, modestly, requesting clarification or good advice.
XXVI. — The M. W. G. only refuse to respond to insults.
XXVIII. — But they pardon in advance the Men of God who insult them.
XXIX. — Those who See Clearly cannot wish evil on the staff of the Blind who strike them.
XXX. — They willingly agree to serve as mediators to friend, brother and families faced with discord; as arbitrators to estranged spouses; as guides to the young, inexperienced and repentant.
XXXI. — The M. W. G. always satisfy the persons who confront them from behind this Curtain.
XXXII. — In the future, perhaps, they will perform in public with less mystery.
XXXIII. — However, called to the bed of the sick or dying, the M. W. G. willingly administer the consolations of Philosophy to them.
XXXIV. — The septuagenarian M. W. G. bless the newborn.
XXXV. — In this circumstance, the Father of the family expresses his vow as followes:
I promise and commit to raise my son according to the principles of Reason alone, and only in the practices of Virtue.
XXXVI. — The septuagenarian members of the M. W. G. receive the consecration of Children to Virtue, by making them write and repeat aloud the following words:
I believe in Virtue: my heart feels it; it loves it:
It alone is sacred; it alone is my faith:
Except for Virtue, the rest is a problem,
For Me.
XXXVII. — The septuagenarian members of the M. W. G. also consecrate the union of young spouses:
They refuse to bless second nuptials.
XXXVIII. — They possess a Printing shop, with only one press, it order to publish their own works under this title:
Memoirs of a Society of M. W. G.
XXXIX. — None of these works is individually signed.
XL. — The M. W. G. are all united.
XLI. — The Society W. G. permits those who write as quickly as they speak to anticipate the publication of its Memoirs.
XLII. — The Truth cannot be known too widely or too soon.
XLIII. — The M. W. G. reserve the right to disavow the stenographer who is unfaithful through incompetence or by design.
XLIV. — The draw up and publish an elementary book of moral philosophy, rid of the impure and sacrilegious alloy of a God.
XLV. — They also compose and publishi an Annual, which each day bears the name of a Sage W. G., and offers a circumstance from their life.
XLVI. — They are also working on a reasoned Biography of the true M. W. G. who have appeared up to this moment and who have been so slandered! This Dictionary proves that they were all enlightened and virtuous.
XLVII. — It is accompanied by an immense Directory of Serious Authorities, supporting the M. W. G.
XLVIII. — Every year, they bestow a crown on the author of the best work written against the prejudice of a belief in God.
XLIX. — Each year, they summon to their enclosure a man skilled in the Science of bodies, in order to repeat some of the numerous experiments that demonstrate the omnipotence of Nature, without recourse to any Agent outside of it.
L. — The M. W. G. have a library composed only of the books most proper to combat and destroy the old error of the existence of a God.
LI. — Every other day, that library, which is not large, is public, during the twelfth hour in the morning.
It can only receive seven readers at a time.
LII. — The M. W. G. have a domestic theatre, in order to present, with the aid of their families, dramas conceived in the spirit of that institution.
LIII. — On the return from the funeral of one of them, at his replacement, a double ceremony takes place on the same day; they celebrate a feast and eat in public, behind the curtain.
LIV. — Seated at a frugal table, called the Banquet of the Nine or the Saturnalia of Philosophy, served by their families and crowned with flowers, the nine Guests W. G. converse in the manner of the Greek Sages, of Socrates, Epicurus, etc….
LV. — Close to each Association of Nine is always an old man, appointed to succeed the one who is lost.
LVI. — The Society W. G. does not allow itself to be undermined in any way.
LVII. — One is not accepted as a M. W. G. before the fiftieth year of an upright life.
LVIII. — A Society W. G. must be more perfect than any other.
LIX. — It disavows those of its members whose children bring scandal.
LX. — The father of a murderer, of an adulterous women, etc. cannot remain among the M. W. G.
LXI. — He must be the father of a family, or have been one; or serve as one to an orphan, in order to enter the Association.
LXII. — It published the record of the life of each of its members.
LXIII. — Not even suspicion must touch them.
LXIV. — The M. W. G. must be without blemish.
LXV. — Proof is demanded of the M. W. G. that they have never spilled blood.
LXVI. — The hands should be as pure as their hearts, as clean as their mind.
LXVII. — They wear their natural hair and beards when the reach the age of seventy.
LXVIII. — The M. W. G. adopt as a distinctive character only that of age and ancient customs.
LXIX. — The M. W. G. swear no oaths.
LXX. — At the moment of their admission into the Society, they pronounce, with their hand on the Book of Virtue, the following words:
I promise and commit myself to combat, without ceasing and with only the weapons of Reason, the great and fatal error of a belief in God.
LXXI. — Once admitted, the M. W. G. give themselves over exclusively to the labors of the Association.
LXXII. — The Society W. G. proceeds publically in the examination, adoption and rejection of its members.
LXXIII. — It does not admit any individual who is an Atheist, any Scoundrel who denies a God in hope of impunity.
- Priest, or his father.
- Noble.
- Domestic.
- Pensioned by a prince.
- Well-read courtier.
- ………
LXXIV. — Acting Kings, or those who abdicate, cannot be accepted.
LXXV. — The former Magistrates of a free nation can.
LXXVI. — The M. W. G. refuse any individual whose fortune is more than three times his needs.
LXXVII. — The members of that Association do not belong to any other.
LXXVIII. — The M. W. G. raise their own children, and marry them, without stepping outside the associated families.
LXXIX. — They do not eat at the homes of others.
LXXX. — They accept nothing, neither collectively, nor individually.
LXXXI. — The M. W. G. find their wages in their hearts.
LXXXII. — Jealous of their independence, they refuse the protection of Governments.
LXXXIII. — No one protects the M. W. G.: they know how to be self-sufficient.
LXXXIV. — But they claim for themselves the same consideration that they have for those who think differently than they do.
LXXXV. — They make no trouble; they have the right not to be troubled.
LXXXVI. — They have foreign Correspondants, subject to the same laws.
LXXXVII. — They read, publicly, all the missives that they receive, anonymous or not, but write as time allows.
LXXXVIII. — The Type or seal of the society is a crystal Cube with this caption engraved in a circle on one of its faces:
Do we need a God,
When we have Virtue?
LXXXIX. — The M. W. G. renounce the Magistracies of their countries, limiting themselves to that of Thought.
XC. — They abstain from pollitical matters: too noble to lower themselves to such miserable things, the Regeneration of customs occupies them completely.
XCI. — However, if consulted by the Magistrates in a troubled time, they will speak the truth to them and return.
The M. W. G. are not without a Homeland.
XCII. — If civil war breaks out, the M. W. G. all go out together, the great open Book of Virtue at their head, and roam the public squares, exclaiming with the authority given by white-haired Wisdom:
Citizens, lower your arms before the Book of Virtue! Do not tear its pages with your swords!
XCIII. — If one of the nine Old Men W. G. experiences the treatment given to wise Spinoza: for from pursuing the assassins, on his bloody clothes, preserved like those of Spinoza, il se contente d’écrire cette ligne mesurée:
Believe little; doubt much:
At least, be tolerant.
XCIV. — The M. W. G. draw the attention of the magistrate of all their fellow citizens to the principle that they profess and the conduct to which they hold themselves.
XCV. — The M. W. G., in complete confidence and security, base their Establishment on the recognized frankness of Opinions.
XCVI. — If, however, the guarantee is refused to them, against all rights, under the pretext that it is dangerous to speak all things before the People, they will not abandon their holy Institution.
XCVII. — Continuing, in solitude and silence, to fill their honorable Titre honorable of M. W. G., they will ostensibly take that of Friends of Virtue.
XCVIII. — Their public Worship never ceases to take place.
At the end of the Solemnities, behind the Curtain, they address a few words to those in attendance:
Let us go our separate ways! You are no longer permitted to hear us.
XCIX. — During a persecution, the M. W. G. retire to the field of their commun graves.
Their, they wrap themselves in their mantles, and wait…
C. — Thrown into a prison, they only meditate more deeply.
CI. — Led to the torture, they repeat their Hymns to Virtue.
CII. — Condemned only to Ostracism, they leave with their families, sustained by the hope of founding, on some desert isle, a virtuous colony, for from Priests and Tyrants.
CIII. — Most satisfied when the human Race, finally undeceived, can do without their lessons and examples!
END.
N. B. The readers who feel themselves worthy of entering this Association, can express their wish in the newspapers in this form:
The one who chooses the following epigraph: . . . . . . . . . . . . . desires to be admitted to the ranks of the M. W. G.
The public papers that are friends of virtue, will wish to comment.