Sylvain Maréchal anticipates the “general strike”?

In an article on “Precursors of Anarchism” in the Encyclopédie Anarchiste, E. Armand gave an account of the career of Maréchal, including the following remarks:

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En 1788, ses Apologues modernes à l’usage du dauphin. C’est là que se trouve l’histoire du roi qui, à la suite d’un cataclysme, renvoie chacun de ses sujets chez lui, en prescrivant que, désormais, chaque père de famille sera roi dans son foyer. C’est là que se trouve énoncé le principe de la Grève générale, comme moyen d’instaurer une société où la Terre est propriété commune de tous ses habitants, où règnent « la liberté et l’égalité, la paix et l’innocence ». Dans le Tyran triomphateur, il imagine un peuple abandonnant les villes à la soldatesque et se réfugiant dans les montagnes, où, partagé en familles, il vivra sans autre maître que la nature, sans autre roi que leurs patriarches, abandonnant pour toujours le séjour dans les cités, bâties par eux à grands frais, dont chaque pierre a été arrosée par leurs larmes, teinte de leur sang. Les soldats envoyés pour ramener ces hommes dans leurs agglomérations se convertissent à la liberté, demeurant avec ceux qu’ils devaient ramener en servitude, renvoient leurs uniformes au tyran, qui meurt de rage et de faim en se dévorant lui-même. C’est sans contredit une réminiscence de la Servitude volontaire.

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In 1788, his Modern Apologues for the Use of the Dauphin. It is there that we find the story of a king who, following a cataclysm, sends each of his subjects home, en prescrivant que, from now on, each father will be king of his own hearth. It is also here that we find expressed the principle of the General Strike, as a means of establishing a society where the Earth is the common property of all its inhabitants, where reigns “liberty and equality, peace and innocence.” In “The Triumphant Tyrant,” he imagines a nation abandoning the cities to the mobs of soldiers and taking refuge in the mountains, where, divided into families, they would live with no master but nature, with no king but their patriarchs, abandoning forever their sojourn in the cities, built by them at great cost, each stone of which has been washed by their tears and dyed by their blood. The soldiers sent to bring these men back to their urban homes convert to liberty, remaining with those that they should return to slavery, sending their uniforms back to the tyrant, who dies of rage and hunger by devouring himself. It is without doubt a reminiscence of [de la Boetie’s] Servitude volontaire.

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These are familiar elements in Maréchal’s works, so perhaps there is another candidate for the first story mentioned, but “Conte de fée” seems to be a good match. Certainly, “Le Tyran triomphateur” corresponds to the summary given—although I will leave it to readers to decide if they think it is worth listing among the anticipations of the general strike. And I have added a third tale, “L’Âge d’or,” which makes some amusing commentary on the others.

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LEÇON XXX.

CONTE DE FÉE.

En ce tems-là: il étoit une fois un roi qui assembla un jour son peuple, pour lui dire:

Mes amis, mes prédécesseurs n’ont pas tous été de bons rois; mes successeurs probablement ne seroient pas tous de bons rois. D’après ma propre expérience, je m’apperçois que le roi le mieux intentionné n’est pas nécessaire aux hommes, ses semblables, ses égaux; lesquels peuvent très-bien se conduire eux-mêmes, puisqu’ils ne sont plus des enfans. Ainsi donc, sans vous gêner pour me faire un état convenable à mon rang, sans vous exposer davantage à des souverains pires que moi, rentrons chacun chez nous. Que chaque pere de famille soit le roi de ses enfans seulement. Je veux vous montrer l’exemple. Reprenez ce que j’ai de trop, à présent que je ne suis que chef de maison; & distribuez le superflu aux peres de famille qui n’ont pas assez…..

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LESSON XXX.

A FAIRY TALE.

In those days there was once a king who assembled his people one day, in order to say to them:

My friends, my predecessors have not always been good kings; my successors will probably not all be good kings. From my own experience, I can see that the best-intentioned of kings is not necessary for men, his fellows and equals, who can conduct their own affairs very well, since they are no longer children. So, without troubling you to provide me a state suitable to my rank, without exposing you any more to sovereigns worse than me, let us each just return home. Let each father be the king of his children alone. I wish to set an example for you. Take back what I have in excess, at present I am only head of the household; & distribute the surplus to the fathers who do not have enough…..

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LEÇON XXXIII.

LE TYRAN TRIOMPHATEUR.

En ce tems-là; une nation nombreuse, policée, instruite, mais pacifique, avoit pour roi un tyran. Celui-ci, enhardi par ses premiers succès, & regardant chacun de ses sujets comme autant de bêtes de somme, se dit un jour à lui-même: Ils ont porté tel, tel, & encore tel impôt, ils en pourront porter bien d’autres. Le despote, en conséquence, fait annoncer une contribution nouvelle, plus exorbitante que les précédentes. La nation cette fois ne put s’empêcher de murmurer, & même fit résistance. Le tyran, qui ne s’attendoit pas à un événement qui lui paroissoit le comble de la hardiesse & de l’insubordination, & qui d’ailleurs n’étoit pas d’humeur à ployer, entra dans une fureur mal-aisée à peindre. Politique adroit, il avoit rassemblé aux environs de ses palais, & dans les carrefours des principales villes de son royaume, un grand nombre de soldats pour s’assurer indirectement, & sous le prétexte d’une discipline militaire plus exacte, de l’obéissance de ses sujets, en cas de besoin. Ses troupes lui étoient dévouées, parce qu’il avoit le plus grand soin d’elles; il les combloit de privileges, les habilloit superbement, les nourrissoit bien; & le peuple payoit tout cela: semblable aux enfans qu’on oblige à faire les frais de leur propre châtiment.

Le despote, dans sa rage aveugle, donne le signal à ses corps de troupes de se rassembler & de fondre sur la nation désarmée. (Les soldats n’ont plus de parens, du moment qu’ils sont au roi). Le peuple consterné ne vit d’autre parti à prendre que la fuite. Il se réfugia dans le sein des montagnes dont le pays abondoit, s’y dispersa, s’y cantonna par familles, & laissa toutes les villes, tous les bourgs, sans aucun habitant. Les soldats, tentés par l’occasion, (ils ne pouvoient l’avoir plus belle), mépriserent les fuyards, pour piller à l’aise les trésors qu’ils abandonnoient à leur merci; en sorte que les palais du tyran merveilleusement bien servi, ne furent point assez vastes pour contenir la dépouille de ses sujets. Son cœur tressaillit de joie à cette vue; &, par reconnoissance, il fit part du butin à ceux qui le lui avoient si fidélement apporté. La premiere ivresse passée, il voulut jouir des honneurs du triomphe dans les plus belles villes de ses États. Mais il n’y trouva personne pour en être le témoin; tout le monde avoit disparu. Allez, dit-il à ses soldats, allez leur dire que je leur pardonne; ils peuvent revenir habiter leurs maisons; je suis satisfait d’eux. Ils m’ont abandonné leurs biens; qu’ils viennent en acquérir de nouveaux par de nouveaux travaux. Je les protégerai à l’ombre de mon sceptre paternel. Les soldats sans armes coururent sur les traces de leurs compatriotes, & les exhorterent à quitter leurs montagnes, & à reprendre le chemin de la ville & de leurs foyers.—Nous ne sortirons d’ici qu’en morceaux, répondirent-ils; divisés par familles, sans autre maître que la nature, sans autres rois que nos patriarches, nous renonçons pour jamais au séjour des villes que nous avons bâties à grands frais, & dont chaque pierre est mouillée de nos larmes & teinte de notre sang. Les soldats émus, & qui d’ailleurs n’avoient plus de curée à espérer, furent convertis à la paix, à la liberté, résolurent de demeurer avec leurs freres, & renvoyerent leurs uniformes au tyran qui les attendoit. Celui-ci, abandonné de tous, affamé au milieu de ses trésors, dans sa rage impuissante se déchira de ses propres dents, & mourut dans les tourmens du besoin.

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LESSON XXXIII.

THE TYRANT TRIUMPHANT.

In those days, a large, civilized, educated, but peaceful nation had a tyrant for a king. That king, emboldened by his first successes, & regarding all of his subjects as so many beasts of burden, said to himself one day: They have borne this, that, & still other taxes; they could bear many others. As a result, the despot announced a new form of taxation, more exorbitant than those that came before. This time, the nation could not stop itself from murmuring, & even offered some resistance. The tyrant, who did not expect an event that seemed to him the height of audacity & insubordination, & was not, moreover, in a mood to yield, flew into a rage that is hard to describe. A skillful politician, he had assembled a great number of soldiers around his palaces, & and at the crossroads of the principal cities in his kingdom, in order to insure indirectly, & under the pretext of a more precise military discipline, the obedience of his subjects, if necessary. His troops were devoted to him, because he took the finest care of them; he showered them with privileges, dressed them superbly and fed them well; & the people paid for all that: like children who are forced to pay the costs of their own punishment.

The despot, in his blind rage, gave the signal to his bodies of troops to gather & swoop down upon the disarmed nation. (The soldiers no longer have relatives, the moment that they are the king’s men.) The dismayed people could see nothing to do but to flee. They took refuge among the mountains, which were abundant in the country, scattering there, secluding themselves in family groups, & left all the cities, all the larger towns, without any inhabitants. The soldiers, tempted by the occasion, (they could not have hoped for a better one), scorned the fugitives, in order to plunder at their ease the treasures that they had abandoned to their mercy; so that the palace of the marvelously well served tyrant was no longer large enough to contain the spoils left by his subjects. His heart quivered with joy at that sight; &, in recognition, he gave a portion of the booty to those who had so faithfully brought it to him. The first euphoria having passed, he wanted to enjoy the honors of triumph in the finest cities of his States. But he could not find anyone to be the witness to it; everyone had disappeared. Go, he told his soldiers, go and tell them that I pardon them; they can return to inhabit their houses; I am satisfied with them. They have abandoned their goods to me; let them come and acquire new ones through new labors. I will protect them with the shadow of my paternal scepter. The unarmed soldiers hurried to track down their countrymen, & urged them to leave their mountains, & set out for the city & their hearths.—We will only leave here in pieces, they responded; divided by families, with no other master than nature, with no other kings than our patriarchs, we renounce forever life in the cities that we have built at great cost, & whose every stone is washed with our tears & dyed with our blood. The soldiers, who were moved, & who, moreover, no longer had any picking to hope for, were converted to peace, to liberty, resolved to remain with their brothers, & sent back their uniforms to the tyrant who awaited them. As for that tyrant, abandoned by all, starving amidst his treasures, in his impotent rage he tore at his own flesh with his teeth, & died, wracked by the agonies of need.

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LEÇON XLIII.

L’ÂGE D’OR.

En ce tems-là; un roi, qu’on appelloit autrement dans le fond de ses provinces, demanda un jour à table:

Mais, qu’est-ce que cet âge d’or, ce siecle d’or, dont j’ai quelque fois entendu parler.

Un de ses écuyers-tranchans lui répondit:

Prince, c’est un conte de fées inventé sans doute à plaisir par quelque poëte mécontent de la cour.

Mais encore….

Puisque Sa Majesté insiste…. On dit qu’il fut un tems où il n’y avoit sur la terre ni maîtres, ni valets, ni souverains, ni sujets; chacun se servoit soi-même.

Quoi! il n’y avoit pas de rois!… Comment les hommes pouvoient-ils s’en passer?

Le conte de fées dit qu’ils n’en étoient que plus heureux, & n’en vivoient que plus long-tems.

Cela n’est pas possible. Comment faisoient-ils donc?

Chaque famille vivoit rassemblée sous le bâton pastoral d’un patriarche.

Tout cela est bien un conte de fées…. Cependant, ajouta le roi, qu’on défende aux poëtes modernes de le versifier de nouveau, & aux nourrices d’en bercer leurs enfans.

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LESSON XLIII.

THE GOLDEN AGE.

In those days, a king, who was called other names in the reaches of his provinces, asked one day at his table:

But, what is that golden age, that century of gold, of which I have sometimes heard?

One of his écuyers-tranchants [squires who cut meat] responded:

Prince, it is a fairy tale, invented, no doubt, to amuse some poet dissatisfied with the court.

But still….

Since His Majesty insists…. It is said that there was a time on earth when there were neither masters, nor servants, nor sovereigns, nor subjects; each served themselves.

What! There were no kings!… How could men do without them?

The fairy tale says that they were only the happier for it, & lived longer.

That is not possible. So how was it done?

Each family lived together under the pastoral staff of a patriarch.

That is indeed a real fairy tale…. However, added the king, let us forbid the modern poets to write new poems about it, & the nurses to beguile their children with it.

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