A BOOK ESCAPED FROM THE DELUGE,
OR,
NEWLY DISCOVERED PSALMS;
Composed in the primitive language
BY S. AR-LAMECH,
Of the Family of Noah the Patriarch;
TRANSLATED INTO FRENCH
BY P. LAHCERAM,
Parisipolitan.
—–
AT SIRAP
Or at PARIS.
[TRANSLATION IN PROGRESS]
[…]
A BOOK ESCAPED FROM THE DELUGE.
PSAUME I.
Le Psalmiste annonce sa mission, & prédit les suites qu’elle aura.
- Dieu de Vérité ! délie ma langue ; je veux t’annoncer aux hommes.
- Qu’ils ne disent pas de moi : l’Apôtre de la Vérité bégaye.
- A l’âge où le Christ prêche sur la montagne ; longtemps avant lui, humble Disciple du plus modeste des Maîtres.
- Je veux aussi m’asseoir sur les derniers degrés du temple de la Vérité.
- Là, j’écouterai à la porte du Sanctuaire ; & j’écrirai ce que j’aurai pu entendre.
- A l’âge où le Dieu de l’Innocence sert de victime aux méchants, pour servir de modèle aux bons ;
- Je veux, aussi, être le martyr du dieu de Vérité.
- Mais, hélas ! je ne courre pas les mêmes risques : je parle à des sourds ; j’écris pour des aveugles.
- Les sourds fermeront les yeux à mon livre ; l’aveugle bouchera ses oreilles à mon voix.
PSALM I.
The Psalmist announces his mission, and predicts the results that it will have.
- God of truth! Unleash my tongue; I wish to announce you to men.
- Let them not say of me: the Apostle of Truth stammers.
- At the age when Christ preached on the mount; long before him, humble Disciple of the most modest of Maters:
- I also want to seat myself on the last step of the Temple of Truth.
- There, I will listen at the door of the Sanctuary; & I will write down what I have been able to hear.
- In the age when the God of the Innocent serves as victim to the wicked, in order to serve as a model to the good;
- I also wish to be the martyr of the god of Truth.
- But, alas, I do not run the same risks: I speak to the deaf; I write for the blind.
- The deaf close their eyes to my book; the blind block their ears at my voice.
PSAUME II.
Le Psalmiste se dévoue au salut de ses frères.
- Soleil de Justice ! lève-toi sur mon front ; & accoutume ma vue tendre à fixer tes rayons.
- Je veux t’annoncer devant l’aurore ; & les échos de la nuit répèteront les paroles dur jour.
- Heureux qui se dévoue au Culte du dieu de Vérité.
- Heureux qui se sent le courage de desservir l’Autel du dieu de Vérité.
- Seigneur ! ô mon Dieu ! dans tous les carrefours de la grand ville où je suis é :
- Je veux qu’on lise, sur toutes les portes, le nom du Dieu de Vérité.
- En lettres ineffaçables, j’écrirai ce nom, pendant le sommeil de la nuit.
- Et mes Concitoyens, avides de nouvelles, liront sur leurs portes, en s’éveillant, le nom du Dieu de Vérité.
PSALM II.
The Psalmist devotes himself to the salvation of his brothers.
- Sun of Justice! Rise on my brow; & accustom my tender sight to withstand your rays.
- I want to announce you before the dawn; & the echoes of the night will repeat the words of the day.
- Happy are those who devote themselves to the Worship of the god of Truth.
- Happy are those who feel within themselves the courage to serve at the Altar of the god of Truth.
- Lord! oh my Lord! In all the crossroads of the great city where i was born;
- I want to be read, on all the doors, the name of the God of Truth.
- In indelible letters, I will write that name, during the dead of night.
- And my fellow Citizens, eager for news, will read on their doors, when they awaken, the name of the God of Truth.
PSAUME III.
Prière à Dieu pour la conversion des Riches.
- Dieu de Bonté ! ne me refuse le don du sentiment : Je veux pénétrer jusqu’au cœur du Riche.
- Mais le Riche a-t-il des entrailles ? & s’il en a, sont-elles de chair ?
- Le Pauvre, aux yeux du Riche, est comme s’il n’étoit pas.
- Le cœur du Riche est comme une pierre, où la parole du Dieu de Bonté ne peut prendre racine.
- Seigneur, change ce cœur de pierre ; qu’il devienne un aimant :
- Un aimant qui attire le Pauvre, & ne fasse qu’un avec lui.
- Dieu de Bonté, communique à l’âme du Riche ta Vertu expansive.
- Qu’il imite la Nature, qui ne reçoit que pour rendre.
- Seigneur ! Seigneur ! du sein de la Capitale des riches Sybarites, je t’invoque.
- Ma voix pourra-t-elle se faire jour jusqu’à toi, à travers les iniquités qui crient plus haut que moi ?
PSALM III.
Prayer to God for the conversion of the Rich.
- God of Kindness! Do not refuse me the gift of sentiment: I want to reach even the hearts of the Rich.
- But has the Rich man entrails? And if so, are they of flesh?
- In the eyes of the Rich, it is as if the Poor man did not exist.
- The heart of the Rich man is like a stone, where the word of the God of Kindness cannot take root.
- Lord, change this heart of stone; let it become loving.
- A loving heart that attracts the Poor, & and only becomes whole with them.
- God of Kindness, communicate to the souls of the Rich your expansive Virtue.
- Let them imitate Nature, which only receives in order to give.
- Lord! Lord! In the heart of the Capital of the rich Sybarites, I invoke you.
- Could my voice rise all the way to you, over the iniquities that cry louder than me?
PSAUME IV.
Le Psalmiste se propose de suppléer à la négligence des Ministres du Seigneur.
- Seigneur ! Seigneur ! il faut bien que je monte, un moment, dans la chaire de Vérité.
- Puisque les Ministres du Dieu de Vérité trahissent leur mission.
- Les lâches ! je les ai vus trembler, en la présence des Rois de la terre.
- Je les au vus affubler la Vérité des livrées séduisantes du mensonge. Les lâches !
- Ils diront, peut-être : quel est il là qui ose s’annoncer, au nom du Dieu de Vérité ?
- Il prend mal son temps. D’ailleurs, où sont les titres de la mission ?
- Eh ! quoi ! celui-là qui naguères touchoit le luth des Sybarites, & composoit des chansons tendres :
- C’est le même qui ose toucher, aujourd’hui, aux cordes de la lyre des Patriarches.
- Oui ! c’est lui-meme ! il sort du jardin des Plaisirs, pour cueillir les fruits de la Sagesse.
- Oui ! Seigneur, semblable à l’agneau docile, j’accours à la voix du plus sage des Pasteurs.
- O mon Dieu ! je veux manger dans ta main le pain rude de la Vérité, & le faire goûter à mes semblables.
PSALM IV.
The Psalmist proposes to compensate for the negligence of the Minsters of the Lord.
- Lord! Lord! I must ascend, for a moment, into the pulpit of Truth.
- Since the Ministers of the God of Truth betray their mission.
- The cowards! I have seen them tremble in the presence of the Kings of the earth.
- I have seen them dress up the Truth in the seductive livery of lies. The cowards!
- They will say, perhaps: Who is this one who dares to announce himself in the name of the God of Truth?
- He wastes his time. Besides, where are his titles to the mission?
- Well! What! The one who lately strummed the lute of the Sybarites, & composed tender songs:
- He is the same one who dares, today, to touch the strings of the Patriarchs’ lyre.
- Yes! It is the same one! He leaves the Garden of Pleasures, to pluck the fruits of Wisdom.
- Yes! Lord, like the docile lamb, I come running at the voice of the wisest of Shepherds.
- Oh, my God! I want to eat from your hand the coarse bread of Truth, & teach my fellows to savor it.
PSAUME V.
Dieu n’a qu’à paraître, pour confondre l’Incrédule
- 1. Dieu ! il en est temps ! lève-toi : sors de ton Sanctuaire, & montre ta face.
- Ce n’est qu’en te voyant, que l’Impie pourra être confondu.
- L’Impie a osé dire : si Dieu n’était point un fantôme, l’offenserait-on aussi impunément ?
- L’Univers, a-t-il ajouté, est une ménagerie sans maitre :
- Les animaux malfaisants qui la composent, n’y craignent point la verge, ni le frein.
- La terre est une vaste école dont les enfants indisciplinés se chamaillent, en l’absence de leur Régent.
- O mon Dieu ! je ne puis te voir ainsi plus longtemps blasphème ; parois, & que les méchants tremblent.
- Etend le bras d’un bout du monde à l’autre ; & fais voir enfin que rien de ce qui existe ne peut se soustraire à celui par qui tout existe.
PSALM V.
God has only to appear to confound the Non-believer.
- God! It is time! Arise, come out from your Sanctuary, & show your face.
- It is only by seeing you that the Ungodly man could be confounded.
- The Ungodly man dares to say: if God is not a phantom, would we offend him with such impunity?
- The Universe, he adds, is a menagerie without a keeper:
- The destructive animals of which it is composed fear neither the rod, nor the bit.
- The earth is a vast school whose undisciplined children bicker in the absence of their Regent.
- Oh, my God! I cannot see you blasphemed in this way for any longer; appear, & let the wicked tremble.
- Extend your arms from one end of the world to the other; & show, finally, that nothing that exists can escape the one through whom everything exists.
PSAUME VI.
Les Athées de bonne-foi préférables aux Croyants sans mœurs.
- Dieu de mes pères ! pardonne à leurs enfants ; & remets les aveugles dans le droit chemin.
- Les Sages du siècle te croyent un hors-d’œuvre ; livrés à leur propre imagination, ils imitent les insectes imprudents :
- Ils se sont brulés, en voulant approcher trop près de la lumière.
- Père des lumières, accommode-toi à la faiblesse de leurs yeux.
- Prépare-les à recevoir, sans en être éblouis, un seul de tes rayons.
- Pardonne leur du moins : mais venge-toi sur ces Hypocrites impies ;
- Qui affichent par tout leur foi, pour mieux cacher leurs mœurs.
- Déchire leur manteau, découvre leur front & qu’on y lise ton signe de réprobation.
- Ils font plus de tort à ta loi, en la confessant ; que les incrédules, en la niant.
- Le plus grand coup que le vice puisse porter à la Vertu, c’est d’en prendre le masque.
- Père des hommes ! montre-toi face à face ; & permets à tes enfants, de te toucher du doigt.
PSALM VI.
Atheists of good faith preferable to Believers without morals.
- God of my fathers! Pardon your children; & set the blind back on the right road.
- The Wise men of the century think you are a hors-d’œuvre; left to their own imagination, they imitate the reckless insects:
- They are burned, wanting to approach too close to the light.
- Father of light, adapt yourself to the weakness of their eyes.
- Prepare them to receive, without being dazzled, a single one of your rays.
- Forgive them at least: but avenge yourself on the impious Hypocrites;
- Who display their faith everywhere, in order to better hide their morals.
- Tear off their cloak, uncover their brow & let men read their your sign of censure.
- They do more harm to your law, by confessing it, than the non-believers do by denying it.
- The greatest blow that vice can deliver to Virtue is to take it as a mask.
- Father of men! Show yourself face to face; & allow your children to touch you.
PSAUME VII.
L’existence de Dieu prouvée par des inductions.
- Ou est-vous, Raisonneurs inconséquents, qui disputez à mon Dieu son existence.
- Et ne voyez-vous pas que les désordres de la société, ouvrage de l’homme, attestent l’ordre de la nature, ouvrage de mon Dieu ?
- Il faut bien qu’un Dieu bon me dédommage, un jour, des maux que les hommes me font souffrir.
- Oui, mon Dieu ! c’est par ce que je souffre, que j’aime à croire que je ne souffrirai pas toujours.
- Oui, mon Dieu ! tu existes : car j’ai tant besoin que tu existes !
- J’ai besoin de l’avenir, pour me faire supporter le présent.
- J’ai besoin d’un père, pour me défendre contre mes frères.
- Un temps d’épreuve suppose un temps de récompense.
- Sans cela, ô mon Dieu ! l’homme naîtrait toujours trop tôt ; mourrait toujours trop tard.
PSALM VII.
The existence of God proven by inductions.
- Where are you, inconsistent Reasoners, who dispute the existence of my God?
- And do you not see that the disorders of society, the work of men, confirm the order of nature, the work of my God?
- A good God must compensate me one day for the evils that men make me suffer.
- Yes, my God! It is because I suffer, that I love to believe that I will not always suffer.
- Yes, my God! You exist: for I need so much for you to exist!
- I have need of the future, to allow me to bear the present.
- I have need of a father, to defend me against my brothers.
- A time of trials suppose a time of recompense.
- Without that, oh my God! Man would always be born too soon, & would always die too late.
PSAUME VIII.
Contre les Souverains qui n’ont une Religion que par politique.
- Dieu de mes pères ! l’habitude entraine encore la foule dans les temples.
- Mais n’y voyant plus que de l’or & du marbre, la multitude stupide te méconnaît.
- Les Chefs des Nations ne te regardent plus que comme un épouvantail, placé sur la terre pour contenir la tourbe des hommes.
- Les Rois ne croyent rien au-dessus d’eux ; ils se sont fait appeler les Dieux de la terre.
- Seigneur ! que tardes-tu ? montre-toi le Dieu de ces Dieux.
- Le culte qu’ils te rendent n’est à leurs yeux qu’un devoir d’étiquette.
- Quant ils sont seuls, ils se moquent de Celui-là qu’ils ont adoré dans l’assemblée du Peuple.
- Tonne sur leur tête exaltée ; que leur couronne de pierreries se change en un tissu d’épines.
- Métamorphose leur sceptre de fer en roseau fragile ; & retire pour un moment le doigt divin qui soutient leur trône chancelant.
PSALM VIII.
Against the Sovereigns who only have Religion for the sake of politics.
- God of my fathers! Habit still leads the crowds to the temples.
- But seeing only gold & marble there, the stupid multitude are unaware of you.
- The Heads of Nations no longer regard you as anything but a scarecrow, placed on the earth to contain the rabble of men.
- The Kings believe in nothing above themselves; they have called themselves he Gods of the earth.
- Lord! Why do you tarry? Show yourself to be the God of these Gods.
- The worship that they give you is, in their eyes, only a duty of etiquette.
- When they are alone, they mock the One that they have worshiped in the assembly of the People.
- Thunder upon their exalted head; let their crown of precious gems change into a web of thorns.
- Transform their iron scepter into a fragile reed; & remove for a moment the divine finger that supports their unsteady throne.
PSAUME IX.
Contre ceux qui osent trouver de défauts dans la création du monde.
- Hommes ingrats ! vous trouvez des taches au Soleil qui vous éclaire.
- Si le Soleil ne vous éclairait pas, lui trouveriez-vous des taches ?
- Les imperfections de l’Univers vous dispensent-elles de la reconnaissance envers son Auteur ?
- Le pauvre doit-il murmurer contre le riche, parce que le riche ne donne pas tut ce qu’il possède au pauvre ?
- Si Dieu avait voulu vous faire semblables à lui, ô mortels ! seriez-vous ainsi des raisonneurs inconséquents ?
- Et de quel droit, le piédestal ose-t-il juger la statue ?
- Si mon Dieu ne voilait pas sa face, pourriez-vous en soutenir le regard ?
- Vous qui accusez mon Dieu d’impuissance ; que deviendriez-vous, s’il déployait son bras tout-puissant ?
- O homme ! tu vois du mal sur la terre…. Sans doute ! puisque tu l’habites.
- Insecte rampant ! oses-tu bien insulter à la Rose, parce que la chenille impure l’a souillée par son passage ?
- Homme à courte vue, tes yeux suffisent à peine pour te conduire.
- Et ne sçais-tu pas que tous les objets se peignent sur ta rétine, renversés & en sens contraire ?
- Et depuis quand le sourd ose-t-il prononcer sur l’harmonie d’un concert d’instruments ?
- Mortel, admire les coups de théâtre de la scène du monde ; & ne cherche pas à en deviner le jeu & les ressorts.
- Un voile impénétrable te les dérobe, & c’est pour ton bonheur.
- Mon Dieu est comme un Bienfaiteur délicat ; il cache la main qui donne.
- Jouis en repos des effets ; Dieu se charge de l’embarras des causes.
- Des enfants bien élevés murmurent-ils contre leur père, de ce qu’il les a faits moins grands & plus faibles que lui ?
PSALM IX.
Against those who dare to find defects in the creation of the world.
- Ungrateful men! You find blemishes on the Sun that illuminates you.
- If the Sun did not shine on you, would you find the blemishes?
- Do the imperfections in the Universe exempt you from gratitude toward its Author?
- Must the poor man murmur against the rich man, because the rich does not give all that he possesses to the poor?
- If God had wished to make you like him, oh mortals! would you be such inconsequential quibblers?
- And by what right does the pedestal dare to judge the statue?
- If my God had not hidden his face, could you bear his gaze?
- You who accuse my God of powerlessness; what would become of you, if he stretched out his all-powerful arm?
- O man! You see evil on the earth…. Without doubt! since you inhabit it.
- Creeping insect! Would you dare to insult the Rose, because the impure caterpillar has soiled it by its passage?
- Short-sighted man, your eyes are hardly sufficient to guide you.
- And don’t you know that all objects appear on your retina upside-down & backwards?
- And since when have the deaf dared to judge the harmony of a concert of instruments?
- Mortal, admire the dramatic turns of events on the world stage; & do not seek to guess the nature of the game & its mechanisms.
- An impenetrable veil shields them from you, & this is for your own good.
- My God is like a tactful Benefactor; he hides the hand that gives.
- Rest and enjoy the effects; it is for God to deal with the problem of the causes.
- Do well-bred children murmur against their father, because he has made them smaller & weaker than himself?
PSAUME X.
L’homme doit admirer & se taire.
- Mortels ! soyez justes ; & ne mettez point vos propres fautes sur le compte de votre Dieu.
- L’homme selon la nature est le chef-d’œuvre de Dieu. L’homme social est l’œuvre imparfait des hommes.
- Le mal est sur la terre ! Qui est-ce qui l’y a mis ? Est-ce Dieu, ou l’homme ?
- L’homme ose dire, que c’est Dieu. Qui jugera ce grand procès ?
- Le tribunal de la Raison est le trône de mon Dieu.
- O homme ! crains de plaider contre Dieu ; il est Juge & Partie dans sa propre cause.
- Rapporte t’en à sa justice ; espère en sa miséricorde.
- O homme ! vase d’argile, crains de te heurter contre le bras divin.
- Celui qui pèse les mondes dans sa balance, sçait lequel l’emport du bien ou du mal.
- O homme ! sans oser prononcer sur la justesse de la balance ; crains plutôt de n’être qu’un poids inutile sur la terre.
- Fais le bien, & Dieu te préservera du mal.
- La coupe de la vie, au moment que Dieu te la passe, n’est point frelatée.
- Uses-en, sans t’ingérer à faire l’analyse de la liqueur qu’elle contient.
- Bois cette liqueur dans toute sa pureté, sans y mettre du tien.
- N’agite pas trop le vase : Le mal, comme la lie, se précipitera, se déposera de lui-même au fond ; le bien surnagera & s’offrira à tes lèvres de lui-même sans mélange.
- Quant tu en auras goûté avec modération, tu t’endormiras dans une douce ivresse, pour te réveiller au sein d’un père.
TRANSLATION
PSAUME XI.
Contre les Hypocrites.
- Seigneur ! loin de moi ceux qui ont deux maintiens, & ceux qui se permettent une double doctrine.
- Loin de moi ceux qui temporisent avec leur siècle, & ceux qui composent avec le monde.
- Ils ressemblent trop aux Hypocrites ; leur prudence annonce de la duplicité.
- L’amour de la paix qu’ils prennent pour prétexte, ne me paraît que de la pusillanimité.
- J’oserai, à la face de la terre, rendre témoignage à mon Dieu, au Dieu de Vérité.
- J ;oserai dire tout haut ce que je pense tout bas. Je laisse au mensonge son manteau.
- Un masque générait trop mon visage, & affaiblirait ma voix qui n’est déjà pas trop forte.
- Je suivrai la ligne droite qui mène à mon Dieu, au Dieu de Vérité ; parce que la vie est courte.
- J’attaquerai le vice de front ; ma contenance découverte & assurée le fera trembler à mon approche.
- Je veux, que dans les carrefours de la Capitale, où je suis né ; je veux, que le mensonge ne puisse s’y méprendre.
- Je veux qu’on dise en me voyant passer, & en me montrant du doigt :
- Le voilà, l’Ami du Dieu de Vérité. Tremblez, Ministres ténébreux du mensonge.
- S’il n’a pas la taille & la force d’un géant ; il a le courage & la franchise d’un héros.
- Aucune considération humaine ne peut fermer sa bouche. Sa plume, dans sa main, n’a jamais sçu ployer.
- Il irait jusqu’aux pieds des autels & du trône, pour dépouiller l’Hypocrisie, si elle s’y était refugiée.
- Les préjugés n’auront point d’asyles sacrés pour lui ; parce que le dieu de Vérité daigne le mener lui-même par la main.
TRANSLATION
[…]
PSAUME XIV.
Eloge de la Médiocrité.
- Seigneur, conserve-moi dans la douce Médiocrité où tu m’as placé.
- Si j’ai quelques mérites à tes yeux, je les dois à l’état obscur où tu m’as fait naître.
- L’opulence dessèche l’âme, rend l’esprit paresseux & engourdit les forces du corps.
- Heureux l’enfant des hommes, dont le berceau n’est point suspendu aux branches du chêne altier !
- Heureux celui qui s’endort sous un humble toit de chaume ! il ne s’éveillera point au bord d’un précipice.
- Heureux qui se contente d’être juste devant toi, ô mon Dieu ! & qui ne mendie pas les regards de la multitude.
- Heureux qui marche sans bruit, & qui n’a point de pas à disputer sur le chemin de la vie !
- Dans l’état mitoyen, on échappe à l’envie ; mais on n’en est pas moins vu de son Dieu.
- Et qu’importent les applaudissements de tout l’Univers, si l’on n’a pas le suffrage de son Dieu & de son Cœur !
PSALM XIV.
Praise for Mediocrity.
- Lord, preserve me in the sweet Mediocrity where you have placed me.
- If I have some merit in your eyes, I owe it to the obscure state in which you caused me to be born.
- Opulence dries up the soul, makes the mind lazy & dulls the forces of the body.
- Happy is the child of men, whose cradle is not hung from the branches of the haughty oak!
- Happy is the one who falls asleep under a humble thatched roof! He will not awaken at the end of a precipice.
- Happy are those content to be just before you, oh my God! & who do not beg for the attention of the multitude.
- Happy are those who walk quietly, & who have no reason for disputes on the road of life!
- In the common [mitoyen] state, one escapes envy; but one is nonetheless seen by his God.
- And of what importance is the applause of the whole Universe, if one does not have the suffrage of his God & of his Heart!
[…]
PSAUME XXX.
Tableau de temps passé.
- Mon Dieu! tu m’as fat naitre trop toto. Peut-être que la génération à venir saura mieux te bénir, & marcher plus droit devant tes yeux.
- Veille sur les instituteurs, qui dénaturent l’œuvre de tes mains.
- Rappelle les mères à leur premier devoir, & les pères première fonction.
- Ce que les parents jadis regardaient comme une bénédiction du Ciel, leur semble aujourd’hui une charge importune.
- Les mères stériles se font gloire de leur nullité, & sont insensibles aux caresses innocentes d’un nouveau né.
- On veut cueillir les fleurs de l’Amour ; mais mon les fruits de l’Hymen
- L’Hymen renverse son flambeau, & met la main devant ses yeux,
- Pour ne point voir les scènes scandaleuses, dont le lit nuptial est le théâtre journalier.
- Le goût des plaisirs honnêtes est passé ; les cœurs blasés ne prennent plus de part aux douces jouissances de la Nature.
- Si le hasard donne un héritier aux époux, il devient bientôt un témoin importun, que l’on ne saurait éloigner trop longtemps.
- Hélas ! la mère est devenue pour sa fille un objet de scandale.
- Le fils rougit pour son père, & trouve en lui un exemple suspect.
- Et les enfants ne tardent pas à devenir de leurs jours.
- La galanterie impure mène aux honneurs & aux dignités.
- Le luxe tue les mœurs. Les Vertus domestiques sont passées de mode.
- Le commerce n’est plus un échange de bienfaits ; & l’hospitalité est changée en trafic honteux.
- On propose des prix à la Vertu, comme si elle ne portait pas avec elle sa récompense.
- On paye un bonne action comme une denrée ; & les couronnes de la gloire se distribuent au plus offrant.
- Les arts n’ont plus rien de grand ; & le premier des talents, la Poésie, prostitue ses rimes à qui veut les acheter.
- One ne t’adresse plus de cantiques sublimes, ô mon Dieu ! & l’éloquence du génie ne se fait plus entendre dans la chaire de Vérité.
- On t’élève encore des Temples, d’une main paresseuse ; mais les Palais du Plaisir éclipsent la Maison du Seigneur.
- Les Lévites du Seigneur rougissent de leur costume & se travestissent.
- Le manteau des Cénobites pèse sur leurs épaules ; ils ont honte de le porter.
- Dieu de mes pères ! pourquoi me réservais-tu à ce spectacle ?
- Que ne m’as-tu fais naitre au siècle heureux des Patriarches !
- Hélas ! pour me dédommager du temps présent, je n’au que le souvenir du temps passé.
PSALM XXX.
Tableau of times past.
- My God! You have made me born too soon. Perhaps the generation to come will be better able to bless you, & walk more uprightly in your eyes.
- Keep watch over the teachers, who denature the work of your hands.
- Recall the mothers to their first duty, & and the fathers to their first function.
- What, in the past, the parents regarded as a blessing from Heaven, today seems to them a troublesome burden.
- The sterile mothers make glory of their nullity, & are insensible to the innocent caresses of a newborn.
- They want to pluck the flowers of Love; but not the fruits of Marriage [Hymen].
- Hymen knocks over his torch, & puts his hands over his eyes,
- So he cannot see the scandalous scenes of which the nuptial bed is the daily theater.
- The taste for honest pleasures is passé; jaded hearts no longer take part in the sweet pleasures of Nature.
- If chance gives the spouses an heir, he soon becomes an unwelcome witness, whom one could not drive too far away.
- Alas! the mother has become an object of scandal for her daughter.
- The son blushes for his father, & finds in him a suspect example.
- And the children are not slow to become the worthy imitators of the authors of their days.
- Impure gallantry leads to honors & titles.
- Luxury kills morality. The domestic Virtues are out of fashion.
- Commerce is no longer an exchange of benefits; & hospitality is changed into a shameful traffic.
- Prizes are offered for Virtue, as if it did not carry its own recompense.
- A good action is paid for like a commodity; & the crowns of glory are distributed to the highest bidder.
- There is no longer anything great about the arts; & the first of talents, Poetry, prostitutes its rhymes to those who will buy them.
- Sublime hymns are no longer addressed to you, oh my God! & the eloquence of genius is no longer makes itself heard in the pulpit of Truth.
- Temples are still raised to you, with an indolent hand; but the Palace of Pleasure eclipses the House of the Lord.
- The Levites of the Lord blush at their costume & disguise themselves.
- The mantle of the Cenobites weighs on their shoulders; they are ashamed to bear it.
- God of my fathers! Why have you reserved this spectacle for me?
- Oh, that you have caused me to be born in the happy century of the Patriarchs!
- Alas! to compensate me for present time, I have only the memory of times past.
PSAUME XXXI.
- O Dieu de mes pères ! Reviendra-t-il ce temps heureux, cet âge Patriarcal ;
- Pendant lequel tu daignais par fois descendre sur la terre, sans t’apercevoir que tu avais quitté le ciel ?
- Alors les hommes étaient dignes de ta présence ; ils méritaient que tu les visitasses dans ta bonté.
- Alors tes autels rustiques, placés sur le haut des montagnes saintes, n’étaient point chargés d’or, ne souillés de sang.
- Alors vêtus de lin & couronnés de fleurs, tes Ministres n’étaient point éloquents ;
- Mais leurs cœurs étaient aussi simples, aussi purs que leurs offrandes.
- Le père de famille, alors, Roi de ses enfants, n’avait pour sceptre qu’un bâton Pastoral.
- Sans balance, ni glaive, il rendait la justice au pied d’un arbre, ou sur le seuil de sa cabane.
- Un sens droit, une âme intègre étaient son Code.
- Alors les Vertus hospitalières servaient seules de lois aux hommes.
- Alors on ne disait point chez moi ; mais on aimait à dire chez nous.
- La bonne-foi veillait aux portes des maisons, & la sécurité au chevet du lit.
- Jamais le soir, jamais le matin, on n’entendait le bruit importun de l’injurieux verrouille.
- Alors, ô mon Dieu ! on n’ajoutait rien à tes dons ; on les recevait tels que tu les donnais.
- Jamais le sang ne teignait les lèvres de l’homme à jeun ;
- Et jamais la conservation de l’homme ne coutait la destruction des animaux utiles & paisibles.
- Alors, Dieu de mes pères ! les unions se contractaient à la face du ciel, sans témoins & sans ministre.
- On invoquait du fond du cœur le Père de la Nature ; & ta rosée secondait la couche des nouveaux époux.
- Un postérité nombreuse formait la richesse & faisait la gloire d’un père de famille.
- Alors la plus douce occupation d’une mère était d’élever sa fille, & de la dresser aux vertus domestiques.
- Alors un fils voyait dans son père son Dieu revêtu de la forme humaine.
- Alors, Dieu de mes pères ! ta foudre dormait à tes pieds ; & ta main droite était sans cesse tendue sur tes enfants pour les bénir.
- Alors, tu ne te repentais pas de ton ouvrage ; l’esprit de l’homme était une glace pure, dans laquelle tu te plaisais à répéter ton image.
- Dieu de mes pères, il en est temps ; ramène encore sur la terre & parmi nous ces beaux jours, ces jours sereins que l’homme n’eut jamais dû oublier.
FIN.
PSALM XXXI.
- Oh, God of my fathers! Will it return, that happy time, that Patriarchal age;
- During which you sometimes deigned to descend to the earth, without noticing that you had left heaven?
- Then, men were worthy of your presence; they deserved the generosity you showed by visiting them.
- Then, your rustic altars, placed on the heights of sacred mountains, were not loaded with gold or soiled with blood.
- Then, dressed in linen & crowned with flowers, your Ministers were not eloquent;
- But their hearts were as simple, as pure as their offerings.
- Then, the father of the family, King of his children, had no scepter but a Shepherd’s staff.
- Without scales or sword, he dispensed justice at the foot of a tree, or on the doorstep of his hut.
- A decent instinct, an honest soul were his Code.
- Then, the hospitable Virtues served as the only laws for men.
- Then, no one said my place; but they loved to say our place.
- Good faith watched over the doors of the houses, & security over the bedside.
- Never, in the evening or the morning, did one hear the unwelcome sound of the insulting lock.
- Then, oh my God! they added nothing to your gifts; they received them as you gave them.
- Never did blood touch the lips of a man;
- And never did the preservation of man come at the cost of the destruction of useful & peaceful animals.
- Then, God of my fathers! unions were contracted before heaven, without witnesses & without a minister.
- They appealed, with all their hearts, to the Father of Nature; & your dew secondait la couche of the newlyweds.
- A large posterity for the wealth & glory of the father of a family.
- Then, the sweetest occupation of a mother was to raise her daughter, & train her in the domestic virtues.
- Then, a son saw in his father his God, dressed in a human form.
- Then, God of my fathers! your lightning slept at your feet; & your right hand was constantly stretched over you children to bless them.
- Then, you did not repent of your work; the spirit of man was a pure mirror, in which you had the pleasure of repeating your own image.
- God of my fathers, it is time; bring again to the earth & into our midst those beautiful days, those serene days that man should never have forgotten.
END.