“Ravachol pas mort ! / Ravachol Not Dead!” (1975)

Ravachol pas mort !

Notre camarade François Claudius Koenigstein vient d’être le héros d’un exploit dont nous ne pouvons que nous réjouir : quatre-vingt-trois ans après sa mort, notre camarade (que nous avions tous pris l’habitude d’appeler Ravachol) a en effet réussi à s’évader du service de neuropathologie de l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, déjouant la vigilance du professeur Escourolle. Celui-ci gardait dans un placard de son laboratoire un bocal où la tête de notre camarade était conservée dans le formol. La demi-tête, plutôt, puisqu’elle fut fendue dans le sens de la hauteur après son exécution, en 1892, afin de permettre l’étude des circonvolutions cérébrales d’un militant révolutionnaire : depuis l’époque, et les lubies du professeur Lombroso, qui rêvait de découvrir le germe de l’anarchie dans les tares congénitales, la “science” officielle n’a guère progressé – n’est-ce pas, messieurs les neurologues qui avez demandé à ouvrir le crâne d’Ulrike Meinhof, il y a 18 mois ?

Saluons donc Ravachol, qui a réussi à s’évader de son bocal, et des griffes du professeur Escourolle. Regrettons simplement que, dans son bref moment de liberté, il ait choisi une si mauvaise compagnie : de louches individus qui, sous prétexte que “c’était sa place”, l’ont persuadé de chercher asile… au Panthéon ! Notre camarade, ignorant que la police de Ponia entrait partout, s’est laissé cueillir sans résistance, le 2 avril, au petit matin. Il est actuellement gardé à vue au commissariat du 5e arrondissement.

Ravachol Not Dead!

Our comrade François Claudius Koenigstein has just been the hero of a feat in which we can only rejoice: eighty-three years after his death, our comrade (whom we all used to call Ravachol) has indeed managed to escape from the neuropathology department of the Salpêtrière hospital in Paris, thwarting the vigilance of Professor Escourolle. The professor kept in a cupboard of his laboratory a jar, within which the head of our comrade was preserved in formalin—or the half-head, rather, since it was split from top to bottom after his execution in 1892, in order to allow the study of the cerebral convolutions of a revolutionary militant. Since that time, and the whims of the professor Lombroso, who dreamed of discovering the germ of anarchy in congenital defects, the official “science” has hardly progressed. Was it not the gentlemen neurology department who asked to open the skull of Ulrike Meinhof 18 months ago?

So let’s salute Ravachol, who managed to escape from his jar, and from the clutches of Professor Escourolle. Let’s simply regret that, in his brief moment of freedom, he chose such bad company: suspicious individuals who, under the pretext that “this was his place,” persuaded him to seek asylum… in the Pantheon! Our comrade, unaware that Ponia’s police went everywhere, allowed himself to be picked up without resistance on April 2 in the early morning hours. He is currently in custody at the 5th arrondissement police station.

“Ravachol pas mort 1,” La lanterne noire 1 no. 3 (Juin-Juillet 1975): 48.

[Working translation by Shawn P. Wilbur]

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