OF THE
CREATION OF ORDER
IN HUMANITY
OR
PRINCIPLES OF POLITICAL ORGANIZATION
BY
[These draft translations are part of on ongoing effort to translate both editions of Proudhon’s Justice in the Revolution and in the Church into English, together with some related works, as the first step toward establishing an edition of Proudhon’s works in English. They are very much a first step, as there are lots of decisions about how best to render the texts which can only be answered in the course of the translation process. It seems important to share the work as it is completed, even in rough form, but the drafts are not suitable for scholarly work or publication elsewhere in their present state. — Shawn P. Wilbur, translator]
— CHAPTER V —
CHAPITRE VI
les fonctions
Immensité de la science économique : vue générale de la Société. — Conclusion.
CHAPTER VI
The Functions
Immensity of the economic science: general view of Society. — Conclusion.
543. Connaître, c’est avoir l’intelligence de la série.
Toute science qui a pour objet une série réelle (353-363), est une science qui, considérant l’Univers sous une de ses faces (189), tend à devenir encyclopédique, c’est-à-dire, en un certain sens, universelle.
Au moment de terminer cet ouvrage, l’étendue du chemin qui nous reste à parcourir nous suggère cette réflexion. L’Économie politique, renfermée depuis A. Smith dans le cercle restreint de la production, de la circulation, des valeurs, du crédit, de la rente, de l’impôt, l’Économie politique embrasse encore l’organisation de l’atelier et du gouvernement, la législation, l’instruction publique, la constitution de la famille, la gérance du globe : elle est la clef de l’histoire, la théorie de l’ordre, le dernier verbe du Créateur. Par ses aspects divers, elle touche à la psychologie, à la morale, à l’histoire naturelle, à la médecine et à l’art ; plus qu’aucune autre science, enfin, elle contribuera à la solution de ces vastes problèmes : Qu’est-ce que l’homme ? d’où vient-il ? où va-t-il ? — Qu’est-ce que le mal ? qu’est-ce que Dieu ?…
543. To know is to have intelligence of the series.
Every science that has for its object a real series (353-363), is a science which, considering the Universe in one of its facets (189), tends to become encyclopedic, that is to say, in a certain sense, universal.
At the moment of finishing this work, the extent of the path that remains to be traveled suggests this reflection to us. Political economy, enclosed since A. Smith in the restricted circle of production, circulation, values, credit, rent and taxation, political economy still embraces the organization of the workshop and of government, legislation, public instruction, the constitution of the family, the stewardship of the globe: it is the key to history, the theory of order, the last word of the Creator. Through its various aspects, it touches on psychology, morality, natural history, medicine and art; more than any other science, finally, it will contribute to the solution of these vast problems: What is man? Where is he from ? Where is he going? — What is evil? What is God?…
544. A la vue de cette immense carrière, le lecteur studieux comprendra sans doute qu’après avoir, dans les chapitres qui précèdent, donné seulement des formules de thèses et de résumés, nous ne puissions plus fournir dans celui-ci que des indications. Quant aux critiques amateurs, nous leur permettons volontiers de s’exclamer contre un livre qui, aspirant à réformer le monde, se tait obstinément sur la cosmogonie, la théologie, la transmigration des âmes, et la discession des héroës, comme dit Rabelais ; qui, annonçant la restauration des mœurs et l’égalité des conditions, ne dit mot d’architecture, de musique et d’amour, et semble faire abstraction de la femme. À ces mouches importunes nous nous contenterons de répondre : Suivez notre exemple ; travaillez vous-mêmes au lieu de discourir, et vous obtiendrez infailliblement les solutions que vous cherchez.
544. In view of this immense career, the studious reader will no doubt understand that after having, in the preceding chapters, given only formulas for theses and summaries, we can no more provide anything but indications in this one. As for amateur critics, we willingly permit them to exclaim against a book which, aspiring to reform the world, is obstinately silent on cosmogony, theology, the transmigration of souls, and the discession of heroes, as Rabelais says; which, announcing the restoration of morals and the equality of conditions, says not a word of architecture, music and love, and seems to disregard women. To these troublesome flies we will content ourselves with replying: Follow our example; work yourselves instead of talking, and you will infallibly obtain the solutions you seek.
545. Rien de ce qui intéresse l’Humanité ne sera omis dans nos études : mais la science ne se fait pas d’un jour : il suffit, pour le moment, que la méthode en soit trouvée, et que par elle nous soyons désormais à l’abri de l’erreur. D’ailleurs, il est des choses qui ne se préjugent pas. Quel chrétien des trois premiers siècles aurait deviné l’architecture gothique et la chevalerie ? Le christianisme renfermait le principe d’un art nouveau et le type d’une famille nouvelle : or, lisez les écrits de ses premiers auteurs, depuis Paul apôtre jusqu’à l’évêque Ambroise et au delà ; partout vous trouvez le mépris des vanités du monde, la condamnation de la chair, la proscription de l’amour, l’humiliation de la femme. L’idée vague d’une transformation universelle (catholique) préoccupait les esprits : mais nul ne pouvait dire ce qu’amènerait cette transformation. Les prêtres s’attachaient à développer la parole évangélique, confiants dans les promesses du Maître : et le monde obéissait, sans faire d’objection et sans murmurer, parce que le monde croyait à la suffisance du Christ et à l’infaillibilité de son Église. Maintenant la parole du Christ a été trouvée légère ; l’Église se trouble et défaillit à nos yeux : cependant l’Esprit de vie, le Paraclet, annoncé par Jésus-Christ, ne se laisse point attendre. À l’Évangile succède la métaphysique éternelle ; aux décisions de l’Église, l’organum absolu de la Raison. Suivons donc nous-mêmes la loi qui nous est révélée. La société est un jeune arbre qui a souffert de la pluie et des frimas ; mais voici que le bois bourgeonne, les fleurs s’épanouissent au sein d’une luxuriante feuillée. Retranchons les branches inutiles, arrachons les mousses parasites, écrasons les chenilles, ne négligeons pas le labour et l’arrosage, et ce qui doit être arrivera.
545. Nothing that interests Humanity will be omitted from our studies, but science is not made overnight: it suffices, for the moment, that the method be found, and that by it we shall henceforth be free from error. Besides, there are things that cannot be judged. What Christian of the first three centuries would have foreseen Gothic architecture and chivalry? Christianity contained the principle of a new art and the type of a new family: now, read the writings of its first authors, from the apostle Paul to the bishop Ambrose and beyond; everywhere you find contempt for the vanities of the world, condemnation of the flesh, proscription of love, humiliation of woman. The vague idea of a universal (Catholic) transformation preoccupied people, but no one could say what this transformation would bring. The priests endeavored to develop the evangelical word, trusting in the promises of the Master, and the world obeyed, without making objections and without murmuring, because the world believed in the sufficiency of Christ and the infallibility of his Church. Now the word of Christ was found light; the Church is disturbed and faint in our eyes. However, the Spirit of life, the Paraclete, announced by Jesus Christ, does not let us wait. The Gospel is succeeded by eternal metaphysics; to the decisions of the Church, by the absolute organum of Reason. So let us ourselves follow the law that is revealed to us. Society is a sapling that has suffered from rain and frost, but now the wood is budding, the flowers are blooming in the midst of luxuriant foliage. Cut off unnecessary branches, tear off parasitic moss, crush caterpillars, do not neglect plowing and watering, and what must be will happen.
546. Le Travail, champ d’observation de l’Économie politique, considéré, 1o subjectivement, dans le travailleur ; 2o objectivement, dans la matière de production ; 3o synthétiquement, dans la distribution des emplois et la répartition des salaires ; 4o historiquement, dans ses déterminations scientifiques ; — le travail est la force plastique de la société, l’idée-type qui détermine les diverses phases de sa croissance, et par suite tout son organisme, tant interne qu’externe (497). En un mot, le foyer de la vie sociale étant quadruple, la société est une série composée ou systématique à quatre faces (269 et suiv. 285), une série organisée à la manière des êtres vivants. C’est ce que nous allons démontrer par une simple transformation des termes.
546. Labor, field of observation of political economy, considered: 1) subjectively, in the worker; 2) objectively, in the matter of production; 3) synthetically, in the distribution of employments and the distribution of wages; 4) historically, in its scientific determinations; — labor is the plastic force of society, the typical idea that determines the various phases of its growth, and consequently its whole organism, both internal and external (497). In a word, the focus of social life being fourfold, society is a composite or systematic series with four faces (269 et seq. 285), a series organized in the manner of living beings. This is what we are going to demonstrate by a simple transformation of the terms.
547. Première proposition. La société est le produit de quatre mouvements généraux, déterminés eux-mêmes par les lois fondamentales de l’Économie politique, et correspondant aux grandes divisions de la science.
1. Mouvement organique : — division de la puissance souveraine (le Travail) ; circonscription et coordination des fonctions ; égalité et responsabilité des agents. Parti de la sphère politique, le mouvement s’étend aux catégories industrielles, par la philosophie et la science.
Cette partie de l’Économie politique est toute à créer. Après avoir déterminé brièvement les lois du travail (ch. iv, § 3), nous en avons montré les manifestations spontanées et les applications plus ou moins heureuses dans l’histoire (ch. v).
2. Mouvement industriel : — production et circulation des valeurs ; formation des capitaux et du crédit, par la lettre de change, la banque, la rente, la bourse, les sociétés d’assurance, le salaire. Théorie des monnaies.
Cette branche de l’Économie politique, que nous avons exposée la première (383), est à peu près achevée, et n’a plus besoin que d’être çà et là rectifiée et mise en ordre[1]. Nous avons présenté nos vues à cet égard. Pour la pratique, c’est sans contredit le point sur lequel il est le plus aisé d’opérer, sans soulever d’orages ; c’est de ce côté qu’on trouvera les plus douces et les plus heureuses transitions. C’est au pouvoir à choisir entre 25 ou 50 millions de travailleurs, qui lui demandent des capitaux à bon marché, et lui prêteront en échange leur appui, et quelques centaines de monopoleurs privilégiés qui le font trembler de leurs votes.
3. Mouvement législatif : — conversion de la propriété individuelle en gérance responsable, centralisation des capitaux, de l’industrie, de l’agriculture et du commerce, par l’assurance, les sociétés spontanément formées, l’hypothèque, l’impôt, le cadastre, l’extension des divisions administratives, les attributions nouvelles des tribunaux, la réunion au domaine public des charges vénales, et progressivement des professions libres.
J’ai préludé à ce travail dans mes mémoires sur le droit de propriété. Les colères que la négation de ce droit soulève, et la tendance du gouvernement, — que je sépare ici, à dessein, de l’ensemble de nos institutions, parce que ce sont les préjugés que j’accuse et non les choses, — m’ont prouvé que, sous ce point de vue de la science, aucune réforme ne pouvait être essayée, et que nous devions nous contenter de modifier graduellement notre système législatif en formulant la jurisprudence sur les rapports qu’engendrent chaque jour le commerce et l’industrie, à fur et à mesure de l’accomplissement des faits. La propriété est impraticable, subversive, injurieuse : l’impossibilité de résoudre, dans ce système, les questions du remboursement de la dette publique, des sucres, des douanes, des tarifs, des travaux publics, etc., etc., le démontre. Or, ce que le gouvernement, dans l’étroitesse de ses vues, respecte avant tout, c’est la propriété. D’un élément simple il fait la base même de la société : de là vient qu’au lieu de résoudre les questions, il les tranche ; qu’au lieu de décider, il transige ; qu’au lieu d’intervenir peu à peu dans la haute industrie, il l’abandonne aux débauches de l’intérêt privé, et se dessaisit encore des exploitations jusqu’à ce moment réservées à l’État ; de là, enfin, l’appui que trouvent dans le pouvoir les monopoles, les coalitions de capitalistes, les exigences des compagnies, propriétaires ou usufruitières de canaux, chemins de fer, etc.
4. Mouvement scientifique : — organisation de l’apprentissage, abolition du prolétariat.
Le système de l’éducation à refaire ; la métaphysique à créer ; les sciences, arts et métiers à ramener à leur norme éternelle ; les mœurs à renouveler, les vocations à déterminer, l’égalité dans les intelligences et les conditions à préparer, la famille à fonder, le bonheur à assurer : telle est la tâche du corps enseignant, héritier naturel du sacerdoce. Tout aujourd’hui, sur ce point, est au mieux disposé pour une réforme complète ; le gouvernement jouit d’une pleine liberté et ne craint pas la contradiction : mais, là encore, on dirait qu’il se plaît à heurter l’esprit national et à détourner le cours des institutions. Hypocrisie religieuse, déclamations anti-réformistes, flatteries dynastiques ; anarchie dans les études ; tous les vices de l’organisation industrielle reproduits dans l’enseignement ; les arts et métiers exclus de l’université ; l’avenir de la jeunesse laissé sans garantie ; la forme hiérarchique rendant serviles les uns, insolents les autres ; une philosophie désespérée ; la morale incertaine ; la science devenue un privilége et le professorat un marchepied… ; voilà en quelques mots où en est aujourd’hui l’instruction publique. Peut-être le gouvernement a-t-il quelques pensées d’amélioration qu’il ne dit pas : mais, à en juger seulement d’après les faits, il est difficile de méconnaître ici la tendance propriétaire et rétrograde que nous avons signalée tout à l’heure, en montrant la résistance du pouvoir au mouvement législatif.
547. First proposition. Society is the product of four general movements, themselves determined by the fundamental laws of political economy, and corresponding to the great divisions of science.
1. Organic movement: — division of sovereign power (Labor); circumscription and coordination of functions; equality and responsibility of agents. Starting from the political sphere, the movement extends to the industrial categories, through philosophy and science.
This part of Political Economy is all to be created. After having briefly determined the laws of labor (ch. iv , § 3), we have shown their spontaneous manifestations and their more or less successful applications in history (ch. v).
2. Industrial movement: — production and circulation of values; formation of capital and credit, through the bill of exchange, the bank, the rent, the stock exchange, the insurance companies, wages. Theory of currency.
This branch of political economy, which we have exposed first (383), is almost complete, and only needs to be rectified here and there and put in order. [1] We have presented our views in this regard. For practice, it is without a doubt the point on which it is easiest to operate, without raising storms; it is on this side that one will find the sweetest and happiest transitions. It is up to power to choose between 25 or 50 million workers, who ask it for cheap capital, and will lend it their support in exchange, and a few hundred privileged monopolists who make it tremble with their votes.
3. Legislative movement: — conversion of individual property into responsible management, centralization of capital, industry, agriculture and commerce, by insurance, spontaneously formed societies, mortgages, taxes, the cadastre, the extension of the administrative divisions, the new attributions of the courts, the joining with the public domain of the venal tasks, and gradually of the free professions.
My memoirs on the right of property served as a prelude to this work. The anger that the denial of that right arouses, and the tendency of the government — which I purposely separate here from all of our institutions, because it is prejudices that I accuse and not things — have proved to me that, from this point of view of science, no reform could be attempted and that we must content ourselves with gradually modifying our legislative system by formulating jurisprudence on the relations that each day give rise to commerce and industry, as the facts come to pass. Property is impracticable, subversive, injurious: the impossibility of resolving, in this system, the questions of reimbursement of the public debt, sugar, customs, tariffs, public works, etc., etc., demonstrates this. Now, what the government, in the narrowness of its views, respects above all is property. From a simple element it forms the very basis of society. Hence it happens that, instead of resolving questions, it cuts them short; that instead of deciding, it compromises; that instead of intervening little by little in high industry, it abandons it to the debauchery of private interest, and divests itself of the exploitations hitherto reserved for the State; hence, finally, the support found in power by the monopolies, the coalitions of capitalists, the demands of the companies, owners or usufructuaries of canals, railways, &c.
4. Scientific movement: — organization of apprenticeship, abolition of the proletariat.
The system of education to be remade; metaphysics to be created; the sciences, arts and crafts to be brought back to their eternal standard; morals to be renewed, vocations to be determined, equality in intelligence and conditions to be prepared, a family to be founded and happiness to be ensured: such is the task of the educational corps, the natural heir of the priesthood. Everything today, on this point, is at best disposed for a complete reform; the government enjoys complete liberty and does not fear contradiction, but, there again, one would say that it takes pleasure in clashing with the national spirit and diverting the course of institutions. Religious hypocrisy, anti-reformist declamations, dynastic flattery; anarchy in studies; all the vices of industrial organization reproduced in education; arts and crafts excluded from the university; the future of youth left unsecured; the hierarchical form making some servile, others insolent; a desperate philosophy; uncertain morality; science has become a privilege and the professorship a stepping stone…; here, in a few words, is where public education stands today. Perhaps the government has some thoughts of improvement which it does not utter, but, judging only from the facts, it is difficult here to misunderstand the proprietary and retrograde tendency that we have just pointed out, by showing the resistance of the power to the legislative movement.
548. Dans le cours qu’il a fait cette année, le savant M. Michelet, professeur d’histoire au collège de France, a eu pour objet de séparer l’organisme du mécanisme, dans la société. J’ignore comment M. Michelet distingue et définit ces deux choses, n’ayant pas eu l’avantage de profiter de ses intéressantes leçons : mais, en nous reportant à la théorie sérielle, nous dirons, en général, que l’organisation diffère du mécanisme, comme la série composée diffère de la série simple (269), c’est-à-dire, par la multiplicité du foyer, du centre de mouvement, ou du point de vue. Ainsi les quatre mouvements que nous venons de décrire s’engendrant métaphysiquement l’un l’autre (270-273), produisent par leur combinaison intime un système organisé comme l’animal ou la plante, lesquels résultent aussi d’éléments groupés par une raison composée, sous une certaine variété de foyers ou de points de vue[2]. Mais, tandis qu’une longue suite d’observations pouvait seule révéler aux Cuvier et aux de Jussieu le rapport des organes dans les animaux et les végétaux, parce que l’essence des points de vue et la formule génératrice des êtres organisés, en un mot, parce que l’idée-type (180) leur échappait, nous, au contraire, nous pouvons à priori déterminer la forme générale de la société, certains que les faits ultérieurs ne nous démentiront pas, parce que dans la conception du Travail, dans ses transformations et dans ses lois, l’Économie politique et l’Histoire, le possible et le réel, l’ordre et l’anomalie, nous sont donnés. Pour reconstruire les fossiles, il a fallu disséquer et comparer une multitude d’espèces vivantes ; c’était ajouter quelques unités nouvelles à une série connue ; — nous, nous allons décrire la société sans l’avoir vue.
548. In the course he gave this year, the learned M. Michelet, professor of history at the College de France, had the object of separating the organism from the mechanism in society. I do not know how M. Michelet distinguishes and defines these two things, not having had the advantage of benefiting from his interesting lessons, but, referring to the serial theory, we will say, in general, that the organization differs of the mechanism, as the compound series differs from the simple series (269), that is to say, by the multiplicity of foci, of the centers of movement, or of the points of view. Thus the four movements that we have just described, generating each other metaphysically (270-273), produce by their intimate combination an organized system like the animal or the plant, which also result from elements grouped by a compound reason, under a certain variety of foci or points of view. [2] But, while a long series of observations alone could reveal to the Cuviers and the de Jussieus the relation of the organs in animals and plants, because the essence of points of view and the generative formula of organized beings, in a word, because the typical idea (180) escaped them, we, on the contrary, can determine a priori the general form of society, certain that subsequent events will not contradict us, because in the conception of Labor, in its transformations and in its laws, Political Economy and History, the possible and the real, order and anomaly, are given to us. To reconstruct the fossils, it was necessary to dissect and compare a multitude of living species; it was to add a few new units to a known series; — we, we are going to describe society without having seen it.
549. Deuxième proposition. En effet, puisque le Travail, déterminé en tant que subjectif, objectif, synthétique et scientifique, nous a conduits à reconnaître dans le développement social quatre mouvements principaux, quatre forces essentielles, il s’ensuit que l’organisme de la société est aussi quadriforme ; qu’il se divise en quatre grandes séries de fonctions : en langage parlementaire, que le Souverain, l’être collectif, figuré par le Travail, se divise en quatre pouvoirs égaux et parallèles :
1. Pouvoir consulaire : — le premier et le plus anciennement constitué, symbolisé dans le roi, ayant pour mission de procurer l’action sociale, de centraliser les forces, de surveiller l’économie des fonctions, de stimuler partout le travail et de préparer les voies au progrès.
C’est par lui que nous préluderons tout à l’heure à l’Organographie sociale, ou critique des fonctions dans l’humanité.
2. Pouvoir exécutif, embrassant le domaine public, l’agriculture, l’industrie, le commerce, les finances, les relations extérieures : en un mot, la production proprement dite. Aujourd’hui le pouvoir exécutif, confondu avec le précédent, et réduit, à moins qu’il ne fasse la guerre, à des fonctions de bureau, n’exécute réellement rien : c’est ce qui avait conduit Smith à ranger tous ses agents parmi les improductifs.
3. Pouvoir arbitral, chargé d’appliquer la loi et le droit, ou plutôt la science, et comprenant toutes les sortes de juridiction, civile, administrative et commerciale, contentieuse et volontaire, gracieuse et criminelle.
Si quelque chose est évident pour l’observateur attentif, c’est le mouvement de transformation et d’expansion qui s’opère sourdement dans l’ordre judiciaire. L’ordre judiciaire, réduit, pour ainsi dire, à rien, par la compétence envahissante des tribunaux de commerce, des juridictions administratives, du conseil d’État et du jury, redeviendra un des quatre grands pouvoirs de la société, aussitôt que les espèces dont il se compose, déterminées par l’organographie, se seront coordonnées entre elles et formeront groupe, et que la jurisprudence nouvelle (3e partie de la science économique) sera définie.
On s’étonnera peut-être que, dans une société régulière et harmonique, l’intervention arbitrale soit jugée nécessaire. L’existence des tribunaux, pensera-t-on, a son principe dans la lutte des intérêts, dans la mauvaise distribution du travail, dans l’ignorance, la mauvaise volonté ou la mauvaise foi des répartiteurs et salariés : ainsi que les faits qui l’occasionnent, le pouvoir judiciaire est une anomalie. Or, une anomalie deviendrait-elle maintenant une condition de l’ordre ?
C’est ici surtout qu’il convient de rappeler la célèbre définition de Bichat : La vie est l’ensemble des phénomènes qui triomphent de la mort. Non, dans aucun cas, l’anomalie ne saurait devenir condition d’ordre : l’ordre est toute disposition sériée ou symétrique (1), c’est-à-dire l’effet d’une commune mesure, appliquée aux diverses parties d’un tout. Car, qui dit symétrie, dit communauté de mesure ; qui dit série, dit groupe produit par une mesure ou qualité commune. L’anomalie, ce qui pèche par la mesure, ne peut donc faire partie de l’ordre. Mais l’ordre, de même que la vie, est encore l’ensemble des conditions qui résistent au désordre, qui triomphent du chaos et du néant. Cette nouvelle définition de l’ordre nous dénote ce que doit être, ce que sera le pouvoir arbitral.
L’ordre se produit dans l’Humanité par la connaissance que l’Être collectif acquiert de ses lois (13) ; il s’y conserve à la même condition. Or, la science des lois sociales est infinie (543) ; l’étude de ces lois rentre essentiellement dans la catégorie des fonctions de pure intelligence, que nous avons reconnues (433) comme préliminaires indispensables du travail, arbitres souveraines de sa direction, de sa distribution et de ses efforts. Si donc, comme nous l’avons dit en son lieu, la science a de sa nature qualité judiciaire, si le jugement est son attribut inséparable, comment, admettant une science sociale, les organes de cette science ne seraient-ils pas les ingénieurs et les architectes de la société ? Comment, après avoir reconnu la nécessité d’un pouvoir centralisateur, gardien et procurateur de l’ordre, rejetterions-nous un pouvoir arbitral, corrélatif nécessaire du premier, chargé de prononcer sur ses réquisitions comme sur les demandes des administrations, des corporations et des personnes ; d’authentiquer les nominations et les contrats, d’accorder des distinctions et des grâces, et d’infliger des peines disciplinaires ?…
4. Enfin, pouvoir enseignant, comprenant dans ses attributions l’éducation de la jeunesse et l’instruction des apprentis, les travaux d’embellissement et d’amélioration des villes et des campagnes, les monuments publics, les fêtes et les corvées (530).
Ces quatre pouvoirs sont dits constitués, parce qu’ils forment la première division du souverain, soit de l’Être social ou collectif, que l’on nomme, pour cette raison, POUVOIR CONSTITUANT. Nous déterminerons tout à l’heure les formes d’action de ce pouvoir.
549. Second proposition. Indeed, since Labour, determined as subjective, objective, synthetic and scientific, has led us to recognize in social development four principal movements, four essential forces, it follows that the organism of society is also quadriform; that it is divided into four great series of functions: in parliamentary language, that the Sovereign, the collective being, represented by Labor, is divided into four equal and parallel powers:
1. Consular power: — the first and most anciently constituted, symbolized in the king, having as its mission to procure social action, to centralize forces, to supervise the economy of functions, to stimulate work everywhere and to prepare paths to progress. It is through it that we will presently prelude to the Social Organography, or criticism of the functions in humanity.
2. Executive power, embracing the public domain, agriculture, industry, commerce, finance, foreign relations: in a word, production, properly speaking. Today the executive power, confused with the previous one, and reduced, unless it is waging war, to office functions, does not really execute anything: this is what had led Smith to rank all its agents among the unproductive.
3. Arbitral power, responsible for applying the law and right, or rather science, and including all kinds of jurisdiction, civil, administrative and commercial, contentious and voluntary, gracious and criminal.
If anything is obvious to the attentive observer, it is the movement of transformation and expansion that operates silently in the judicial order. The judicial order, reduced, so to speak, to nothing by the invading competence of the commercial courts, the administrative courts, the Council of State and the jury, will once again become one of the four great powers of society, as soon as the species of which it is composed, determined by organography, will be coordinated among themselves and will form a group, and as soon as the new jurisprudence (3rd part of economic science) will be defined.
One will perhaps be surprised that, in a regular and harmonious society, arbitral intervention is deemed necessary. The existence of the courts, one will think, has its principle in the conflict of interests, in the bad distribution of labor, in the ignorance, the bad will or the bad faith of the distributors and employees: as much as the facts that occasion it, the judiciary is an anomaly. Now, would an anomaly now become a condition of order?
It is here above all that it is appropriate to recall Bichat’s famous definition: Life is the set of phenomena that triumph over death. No, in no case can the anomaly become a condition of order: order is any serial or symmetrical disposition (1), that is to say the effect of a common measure, applied to the various parts of a whole. Now, whoever says symmetry, says community of measure; whoever says series, says group produced by a common measure or quality. The anomaly, which sins by measure, cannot therefore be part of the order. But order, like life, is still the set of conditions that resist disorder, that triumph over chaos and nothingness. This new definition of order tells us what arbitral power must be, what it will be.
Order is produced in Humanity by the knowledge that the Collective Being acquires of its laws (13); it is preserved there under the same condition. Now, the science of social laws is infinite (543); the study of these laws enters essentially into the category of the functions of pure intelligence, which we have recognized (433) as indispensable preliminaries of labor, sovereign arbiters of its direction, of its distribution and of its efforts. If then, as we have said in its place, science has a judicial quality by its very nature, if judgment is its inseparable attribute, how, admitting a social science, could the organs of this science not be the engineers and the architects of society? How, after recognizing the need for a centralizing power, guardian and procurator of order, would we reject an arbitral power, a necessary correlative of the first, responsible for pronouncing on its requisitions as on the demands of administrations, corporations and individuals; to authenticate appointments and contracts, to grant honors and pardons, and to inflict disciplinary penalties?…
4. Finally, teaching power, including in its attributions the education of youth and the instruction of apprentices, works of embellishment and improvement in the cities and countryside, public monuments, festivals and corvées (530).
These four powers are said to be constituted, because they form the first division of the sovereign, either of the social or collective Being, which is called, for this reason, CONSTITUENT POWER. We will presently determine the forms of action of this power.
550. En résumant l’Économie politique, tant sous ses points de vue spéciaux (382-383), que sous son point de vue transcendental (réduction des fonctions sociales à la métaphysique (436 et suiv., 525), on arrive à la formule suivante, laquelle n’est pas encore la représentation de l’organisme social, mais seulement de l’action créatrice, depuis l’idée-principe de travail, jusqu’à sa première réalisation.
[graph]
550. By summarizing Political Economy, both from its special points of view (382-383) and from its transcendental point of view (reduction of social functions to metaphysics (436 et seq., 525), we arrive at the following formula, which is not yet the representation of the social organism, but only of the creative action, from the idea-principle of labor, up to its first realization.
551. Sous quelque point de vue que l’on aborde le problème social, soit, comme je l’avais essayé dans mes premiers mémoires, au point de vue législatif, en critiquant la propriété et recherchant les principes du droit ; soit, comme l’entreprirent Saint-Simon et Fourier, en déterminant d’emblée la série des travailleurs, ou, ce qui revient à peu près au même, en faisant la description des organes sociaux ; soit enfin, à l’exemple de Platon, de Fénelon et de Rousseau, en prenant l’homme dès le berceau et refaisant son éducation ; — sur quelque société que l’on opère, et à quelque degré de son développement physiologique que cette société soit parvenue : — toujours et partout, la marche à suivre étant fixée par une méthode absolue, la direction étant une et identique, le résultat définitif sera le même ; il n’y aura de différence que dans les points de départ (273-276) et dans les distances à parcourir.
Toutes les formes de gouvernement, toutes les institutions présentas et passées, sont autant d’indices divers qui, placés sur la ligne du progrès et dirigés dans le même sens, nous montrent notre route : — toutes les nations ont la face tournée vers le soleil de vérité, depuis le Chinois athée et polygame, l’indien apathique et l’Arabe fataliste, jusqu’à l’Européen porte-oriflamme de la civilisation, organe immédiat de la Divinité dans la création de l’ordre.
Voilà pourquoi l’Économie politique est essentiellement bienfaisante et conservatrice ; pourquoi, en proclamant les idées les plus radicales qui furent jamais émises, nous avions droit de dire que nous ne voulions rien renverser ; que l’égalité sortirait du développement régulier des institutions existantes, qu’elle était la conséquence nécessaire de toute législation possible.
Pour changer la propriété nous n’avons besoin que de voies légales : l’abaissement du taux de l’intérêt, l’extension du domaine public, la surveillance administrative, la centralisation de l’agriculture, du commerce et de l’industrie, avec les mesures accessoires de police et d’ordre ;
Pour réformer notre système politique, nous ne demandons encore que des mesures légales : la division, la spécialisation, la coordination et la responsabilité des fonctions et des pouvoirs, conformément aux lois de l’Économie.
551. From whatever point of view one approaches the social problem, whether, as I had tried in my first memoirs, from the legislative point of view, by criticizing property and seeking the principles of right; or, as Saint-Simon and Fourier undertook, by determining from the outset the series of laborers or, what amounts to the same thing, by describing the social organs; or finally, following the example of Plato, Fenelon and Rousseau, by taking man from the cradle and remkaing his education; — on whatever society one operates, and at whatever stage of its physiological development that society has reached; — always and everywhere, the course to be followed being fixed by an absolute method, the direction being one and identical, the final result will be the same; there will be no difference except in the point of departure (273-276) and in the distances to be traveled.
All forms of government, all present and past institutions, are so many different indices which, placed on the line of progress and directed in the same direction, show us our road: — all nations have their face turned towards the sun of truth, from the atheist and polygamous Chinese, the apathetic Indian and the fatalistic Arab, to the European banner-bearer of civilization, immediate organ of the Divinity in the creation of order.
This is why Political Economy is essentially benevolent and conservative; why, in proclaiming the most radical ideas that have ever been produced, we had the right to say that we did not want to overthrow anything; that equality would issue from the regular development of existing institutions, that it was the necessary consequence of all possible legislation.
To change property we need only legal means: the lowering of the rate of interest, the extension of the public domain, administrative supervision, the centralization of agriculture, commerce and industry, with accessory measures for police and order;
To reform our political system, we still only ask for legal measures: the division, specialization, coordination and responsibility of functions and powers, in accordance with the laws of the Economy.
552. Les Fonctions. Organographie sociale.
Selon que la société agit collectivement ou par organes spéciaux, son action est indivise ou divisée. Dans le premier cas, la part que chaque individu prend à l’action sociale est une fraction de la puissance souveraine (416) ; dans le second elle est un dédoublement.
Les fonctions de garde national, d’électeur, de député, sont indivises. Conséquemment, les collèges électoraux, les assemblées communales et départementales, les sociétés industrielles, etc., sont pouvoirs constituants.
Tout individu faisant partie du corps social, jouit, par ce fait seul, du droit d’exercer ces fonctions (252, 304-306), sauf les conditions déterminées par la loi (531).
Il suit de là qu’une des premières réformes à opérer est incontestablement la réforme électorale, réforme progressive et prudente toutefois ; sans cela, l’on courrait risque de ne rencontrer que l’anarchie.
Quiconque prêche le suffrage universel comme principe unique d’ordre et de certitude, est menteur et charlatan : il trompe le peuple. La souveraineté sans la science est aveugle.
Quiconque admettant la réalité d’une science sociale, rejette comme inutile la réforme politique, est menteur et charlatan[3] : la science sans la sanction du peuple est impuissante.
La science de quelques-uns commandant à la volonté du plus grand nombre est humiliante : elle compromet l’égalité. — La souveraineté populaire méconnaissant la science est injurieuse : c’est une attaque à la liberté.
552. The Functions. Social organography.
Depending on whether the society acts collectively or through special bodies, its action is undivided or divided. In the first case, the share that each individual takes in social action is a fraction of the sovereign power (416); in the second it is a doubling.
The functions of national guard, of elector, of deputy, are undivided. Consequently, the electoral colleges, the communal and departmental assemblies, the industrial companies, etc., are constituent powers.
Any individual forming part of the social body enjoys, by this fact alone, the right to exercise these functions (252, 304-306), except under the conditions determined by law (531).
It follows from this that one of the first reforms to be carried out is incontestably electoral reform, a progressive and prudent reform however; without this, one would run the risk of encountering nothing but anarchy.
Whoever preaches universal suffrage as the sole principle of order and certainty is a liar and a charlatan: he deceives the people. Sovereignty without science is blind.
Anyone who, admitting the reality of a social science, rejects as useless political reform, is a liar and a charlatan [3] : science without the sanction of the people is powerless.
The science of a few commanding the will of the many is humiliating: it compromises equality. — Popular sovereignty ignoring science is offensive: it is an attack on liberty.
553. Les fonctions électorales s’exercent de la manière suivante :
Par la nation tout entière, pour la représentation nationale ;
Par communes et départements, pour les conseils municipaux et départementaux ;
Par la chambre des députés, pour les ministres et organes principaux des pouvoirs consulaire, administratif et judiciaire, choisis dans son sein ;
Par chacun des pouvoirs politiques et par catégories industrielles, pour la nomination de leurs fonctionnaires respectifs, présidents, syndics, secrétaires, etc., etc., et la réception des nouveaux membres ;
Enfin par les bataillons de la garde nationale, pour tous les grades militaires.
Les différents pouvoirs de l’État peuvent se demander et se proposer réciproquement des sujets ; mais s’en imposer jamais. — La police des assemblées électorales appartient au pouvoir consulaire, qui peut en poursuivre l’irrégularité, et les faire annuler par le pouvoir arbitral.
Les conditions d’éligibilité sont les mêmes que celles d’élection. — L’indemnité est de droit. Il est loisible aux collèges électoraux de spécialiser leur mandat, et par conséquent de le rendre impératif.
553. The electoral functions are exercised as follows:
By the entire nation, for national representation;
By municipalities and departments, for municipal and departmental councils;
By the Chamber of Deputies, for the ministers and principal organs of the consular, administrative and judicial powers, chosen from among its members;
By each of the political powers and by industrial categories, for the appointment of their respective functionaries, presidents, trustees, secretaries, etc., etc., and the reception of new members;
Finally by the battalions of the National Guard, for all military ranks.
The different powers of the state can ask each other and offer each other subjects; but never impose themselves. — The policing of electoral assemblies belongs to the consular power, which can prosecute their irregularity and have them annulled by the power of arbitration.
The eligibility conditions are the same as those for election. — The indemnity is by right. It is open to electoral colleges to specialize their mandate, and therefore to make it imperative.
554. Le pouvoir constituant est donc fondamentalement le peuple. Après lui, la chambre des députés, les conseils municipaux et départementaux, enfin les assemblées corporatives, comme autant de fractions intégrales du souverain, exercent la puissance législative et réglementaire : leur caractère est l’indivision, la non-spécialité.
Chambre des députés. La chambre des députés est le grand jury national, où se discutent les lois et se débattent les intérêts généraux.
Le chef du pouvoir consulaire, procurateur suprême de la république (aujourd’hui le Roi), soit par lui-même, soit par ses procureurs généraux, spéciaux et substituts, procure l’action politique, propose, demande, requiert, rapporte, dénonce, avise, en un mot, fait tous actes de surveillance, de police, de poursuite et de contrôle, mais sans s’immiscer jamais ni dans l’administration ni dans la justice. Comme gardien de l’ordre public, il contrôle les formules de lois, auxquelles, sur sa requête, le pouvoir arbitral, comme faculté judiciaire de l’État (549), donne la sanction. — La chambre décrit et vérifie les lois, accorde les subsides, vote les contingents, exprime son blâme sur l’administration, la justice et l’enseignement ; approuve ou casse les arrêtés et les ordonnances administratifs, nomme les agents principaux des pouvoirs dont les nominations lui compétent.
554. The constituent power is therefore fundamentally the people. After it, the Chamber of Deputies, the municipal and departmental councils, finally the corporate assemblies, like so many integral fractions of the sovereign, exercise legislative and regulatory power: their character is joint ownership, non-speciality.
Chamber of Deputies. The Chamber of Deputies is the national grand jury, where laws are discussed and general interests are debated.
The head of the consular power, supreme procurator of the republic (today the King), either by himself or by his general, special and substitute attorneys, procures political action, proposes, requests, requires, reports, denounces, advises, in a word, does all acts of surveillance, police, pursuit and control, but without ever interfering either in the administration or in justice. As guardian of public order, it controls the formulas of laws, to which, at its request, the arbitral power, as the judicial faculty of the State (549), gives sanction. — The chamber describes and verifies the laws, grants subsidies, votes quotas, expresses its blame on the administration, justice and education; approves or reverses administrative by-laws and orders, names the principal agents whose nominations revert to it.
555. Trois choses sont à considérer dans la chambre : son unité, sa formation, le mode de ses opérations.
a) La convention nationale doit être une, comme le souverain. On convient généralement aujourd’hui qu’une chambre haute est une doublure inutile, une superfétation anormale, par là même dangereuse. En théorie constitutionnelle il faut éviter surtout les rivalités de juridiction, les conflits administratifs et les doubles emplois, en un mot, tout ce qui gêne l’unité d’action de l’être collectif. Si les fonctions ont été exactement déterminées, sériées, coordonnées, l’ordre et la vie résulteront spontanément de leur rapport : il n’y aura pas besoin de correctifs ni de contre-poids.
Au reste, l’histoire de la pairie prouve que le mouvement est à sa suppression. Souvenir des anciens états généraux, divisés en trois ordres, clergé, noblesse et bourgeoisie, la pairie, relique féodale, nous fut importée d’Angleterre. La pensée première de l’assemblée constituante avait été de créer deux chambres ; l’opinion qui prévalut en 1791 rendit unique la représentation nationale. La constitution de l’an ii était encore plus démocratique ; mais les auteurs de la constitution de l’an iii, ayant jugé nécessaire d’imposer un frein à la fougue révolutionnaire, le conseil des Anciens fut institué à côté de celui des Cinq-Cents. Aussitôt commencèrent dans la république les défections et les intrigues. Dans la pensée des thermidoriens, le conseil des anciens devait être une sorte de sénat conservateur de la constitution : or, il est bon de le remarquer, ces prétendus conservateurs furent les premiers à jeter la constitution à bas, et à tendre les bras au héros usurpateur. — La chambre des pairs est renouvelée du conseil des Anciens.
Le conseil des Anciens, de même que celui des Cinq-Cents, était élu par les assemblées électorales, les premiers au nombre de 250, les seconds au nombre de 500 : cela revenait à nommer en tout 750 députés, qui, au lieu de former une assemblée unique, se divisaient en deux camps rivaux, dont le plus petit pouvait rendre nuls tous les actes du plus grand. — Aujourd’hui les pairs sont nommés par le roi : mais cette différence d’origine n’est nullement la cause de leurs inclinations aristocratiques et de leur dévotion ministérielle. Les mêmes électeurs avaient nommé les Anciens qui accueillirent le coup d’État de brumaire, et les Cinq-Cents qui voulurent l’empêcher : la rivalité de corps fut le principe réel de la trahison des premiers. Peut-être aussi les anciens ne furent si mauvais conservateurs que parce qu’ils étaient anciens. Quoi qu’il en soit, du moment que deux corps sont appelés à faire même besogne, il arrivera de deux choses l’une ; ou qu’ils s’entendront, et alors ce sera comme s’ils formaient une seule assemblée ; ou qu’ils se contrediront, et dans ce cas il faut croire que la mésintelligence procède d’un vice organique : l’incapacité et la corruption ne pouvant être présumées de l’un plutôt que de l’autre. Supprimez la chambre des députés, et ne conservez que la chambre des pairs, en lui rendant l’hérédité : et je me trompe fort, ou le progrès et la liberté n’y perdront rien. Peu à peu la chambre des pairs, sentant son importance, s’animera, s’opposera : du moins je ne sache pas que depuis 1830 la chambre élective ait rien produit, qui ne l’eût pu être tout aussi bien par la haute chambre.
Les pairs, avons-nous dit, sont à la nomination du roi. Ainsi le roi, qui accorde des honneurs et des rangs, qui nomme aux emplois, fait encore des législateurs. Or, comme nous le verrons plus bas, le roi est la personnification du souverain ; il est étrange qu’après que le souverain réel a nommé ses représentants, le souverain symbolique vienne leur en opposer d’autres…
555. Three things are to be considered in the chamber: its unity, its formation, the mode of its operations.
a) The national convention must be one, like the sovereign. It is generally agreed today that an upper chamber is a useless lining, an abnormal superfluity, and for that very reason dangerous. In constitutional theory, it is necessary above all to avoid jurisdictional rivalries, administrative disputes and duplication, in a word, everything that hinders the unity of action of the collective being. If the functions have been exactly determined, serialized, coordinated, order and life will result spontaneously from their relationship: there will be no need for correctives or counterweights.
Besides, the history of the peerage proves that the movement is on its way to suppression. Remembrance of the old Estates General, divided into three orders, clergy, nobility and bourgeoisie, the peerage, a feudal relic, was imported to us from England. The first thought of the constituent assembly had been to create two chambers; the opinion that prevailed in 1791 made national representation unique. The constitution of Year II was still more democratic; but the authors of the constitution of the Year III, having deemed it necessary to put a brake on revolutionary enthusiasm, the council of Elders was instituted alongside that of the Five Hundred. Immediately defections and intrigues began in the republic. In the thought of the Thermidorians, the council of elders was to be a sort of conservative senate of the constitution: now, it is worth noting, these so-called conservatives were the first to throw the constitution down, and to stretch out their arms to the hero usurper. — The Chamber of Peers is recreated by the Council of Elders.
The Council of Elders, like that of the Five Hundred, was elected by the electoral assemblies, the first numbering 250, the second numbering 500: this amounted to appointing a total of 750 deputies, who, instead of forming a single assembly, were divided into two rival camps, the smaller of which could nullify all the acts of the larger. — Today the peers are named by the king: but this difference of origin is in no way the cause of their aristocratic inclinations and their ministerial devotion. The same electors had appointed the Elders who welcomed the coup d’état of Brumaire, and the Five Hundred who wanted to prevent it: the rivalry of bodies was the real principle of the treason of the former. Perhaps also the ancients were only so bad curators because they were ancients. Be that as it may, from the moment that two bodies are called upon to do the same task, one of two things will happen; either they will agree, and then it will be as if they formed a single assembly; or they will contradict each other, and in this case it is necessary to believe that the misunderstanding proceeds from an organic vice: the incapacity and the corruption cannot be presumed from one rather than the other. Suppress the Chamber of Deputies, and retain only the Chamber of Peers, restoring heredity to it, and, unless I am greatly mistaken, progress and liberty will lose nothing thereby. Little by little the chamber of peers, feeling its importance, will become animated, will oppose: at least I do not know that since 1830 the elective chamber has produced anything that could not have been produced just as well by the upper chamber.
The peers, we have said, are appointed by the king. Thus the king, who grants honors and ranks, who appoints to offices, still makes legislators. Now, as we shall see below, the king is the personification of the sovereign; it is strange that after the real sovereign has appointed his representatives, the symbolic sovereign comes to oppose them with others…
556. b) Les députés sont élus par le peuple. Leur nombre, celui des électeurs qui les nomment, la durée du mandat, les conditions électorales et d’éligibilité, ont été l’objet d’une foule de combinaisons et de systèmes.
Le projet du 31 août 1789 voulait deux chambres ; c’était un échec au principe démocratique : en revanche tout Français était électeur, et tout électeur éligible. — La constitution de 91 n’admit qu’une chambre ; mais elle exigeait un cens d’éligibilité supérieur à celui d’élection.
Le projet de Condorcet, reproduit plus tard par Hérault de Séchelles, faisait nommer directement les députés par le peuple : — les constitutions, ou projets de constitution de 89 91, 95 admirent un double degré d’élection sous les mêmes conditions censitaires d’élection et d’éligibilité ; le projet de 1815 propose deux degrés d’élection, et un cens d’éligibilité ; — la Restauration supprima les assemblées primaires, fixa un cens électoral et un cens d’éligibilité, inventa le double vote, et rétablit la chambre des pairs ; — enfin la Charte de 1830 abaissa l’un et l’autre cens et supprima le double vote ; mais, divisant les collèges par arrondissement, elle organisa, pour ainsi dire, la corruption, et fit plus de mal que tous les gouvernements antérieurs.
Ce qui manque à ces diverses combinaisons, et il est infiniment regrettable que depuis treize ans les radicaux ne l’aient pas compris : c’est une pensée de progrès. Quiconque gagne sa vie à la sueur de son front n’est pas pour cela travailleur (414 et suiv.) ; de même quiconque est domicilié dans la cité, n’est pas pour cela citoyen. Le droit de contribuer à la reconnaissance et à la rédaction des lois par le vote électoral est un droit naturel : cette question n’en est même pas une. Mais comme ce qui doit être ne résulte pas nécessairement de ce qui est, et que le droit ne prouve pas la capacité, le suffrage universel, vrai en principe, peut, dans un moment donné, se trouver inapplicable. En effet, il ne suffit pas que des électeurs votent ; il faut qu’ils votent avec discernement [4]. Tout ce qui se fait maintenant par les collèges électoraux, par les chambres, par les tribunaux, par l’administration, par le peuple est illégal ; le droit est inconnu, la jurisprudence n’existe pas. Allons-nous conclure de là qu’il faut balayer les cours de justice, les préfectures, la monarchie, établir les repas communs et vivre en cénobites ?… Il est tout aussi peu raisonnable de réclamer, dans les conditions sociales où nous sommes, le suffrage universel. C’est au gouvernement, au pouvoir consulaire, à provoquer incessamment l’extension des droits électoraux : dans notre opinion, ce droit pourrait être actuellement conféré, sans danger pour la liberté, à un million d’électeurs ; et, comme nous l’avons dit (306), cette réforme provisoire suffirait…
556. b) The deputies are elected by the people. Their number, that of the electors who appoint them, the duration of the mandate, the electoral conditions and of eligibility, have been the object of a multitude of combinations and systems.
The project of August 31, 1789 wanted two chambers; it was a failure of the democratic principle: on the other hand, every Frenchman was an elector, and every elector eligible. — The constitution of 91 admits only one chamber; but it demanded a qualification of eligibility superior to that of election.
Condorcet’s project, reproduced later by Hérault de Séchelles, had the deputies named directly by the people: — the constitutions, or constitutional projects of 89 91, 95 admire a double degree of election under the same censal conditions of election and eligibility; the project of 1815 proposes two degrees of election, and a qualification of eligibility; — the Restoration suppressed the primary assemblies, fixed an electoral quota and a quota of eligibility, invented the double vote, and re-established the chamber of peers; — finally, the Charter of 1830 lowered both quotas and suppressed the double vote; but, dividing the colleges by arrondissement, it organized, so to speak, corruption, and did more harm than all previous governments.
What is lacking in these various combinations, and it is infinitely regrettable that for thirteen years the radicals have not understood it, is any thought of progress. Whoever earns his living by the sweat of his brow is not therefore a worker (414 et seq.); in the same way whoever is domiciled in the city, is not for that reason a citizen. The right to contribute to the recognition and drafting of laws by the electoral vote is a natural right: this is not even a question. But as what ought to be does not necessarily result from what is, and as the right does not prove capacity, universal suffrage, true in principle, may, at a given moment, prove inapplicable. Indeed, it is not enough for voters to vote; they must vote with discernment [4]. Everything that is done now by the electoral colleges, by the chambers, by the tribunals, by the administration, by the people is illegal; the right is unknown, the jurisprudence does not exist. Are we going to conclude from this that we must sweep away the courts of justice, the prefectures, the monarchy, establish common meals and live like cenobites?… It is just as unreasonable to demand, in the social conditions in which we find ourselves, universal suffrage. It is up to the government, to the consular power, to incessantly bring about the extension of electoral rights: in our opinion, this right could actually be conferred, without danger to liberty, on a million electors; and, as we have said (306), this provisional reform would suffice…
557. La question du double degré étant toute réglementaire et ayant pour objet de rendre les élections plus faciles et plus rapides, surtout lorsque les délégués du peuple ne seraient que des messagers apportant un scrutin nominatif, nous n’avons pas à nous en occuper.
Quelle sera la durée du mandat ? — La même que celle de la session : pourquoi s’étendrait-elle au delà ? D’après la charte, le budget est consenti pour un an : la quinquennalité du mandat est une contradiction à ce droit. — Et puis, en faisant nommer les députés pour cinq ou sept ans, la charte a-t-elle voulu prendre des garanties contre le peuple ou contre le gouvernement ? Qu’elle s’explique.
Faut-il créer des incompatibilités ? — Question dénuée de sens : la convention nationale est nommée par tout le peuple ; les quatre pouvoirs et leurs subdivisions ne sont que l’être collectif différencié dans ses genres et ses espèces ; comme lui, la convention nationale, qui le représente et le résume, est nécessairement indifférenciée : l’hypothèse d’incompatibilité entre une fonction quelconque et le mandat de député est contradictoire.
c) Le mode des opérations de la chambre est déterminé par un règlement…
Je laisse de côté les autres expressions du pouvoir constituant, telles que les assemblées municipales, départementales, les corporations, etc., dont on peut déterminer le mode de formation et d’opération d’après ce modèle ; et j’arrive tout de suite aux pouvoirs constitués.
557. The question of the double degree being entirely regulatory and having as its object to make the elections easier and quicker, especially when the delegates of the people are only messengers bringing a nominative vote, we do not have to concern ourselves with it.
How long will the term be? — The same as that of the session: why should it extend beyond that? According to the charter, the budget is granted for one year: the five-year mandate is a contradiction of this right. And then, by appointing the deputies for five or seven years, did the charter intend to take guarantees against the people or against the government? Let it explain itself.
Should we create incompatibilities? — A question devoid of meaning: the national convention is nominated by all the people; the four powers and their subdivisions are only the collective being differentiated in its genera and its species; like it, the national convention, which represents it and summarizes it, is necessarily undifferentiated: the hypothesis of incompatibility between any function and the mandate of deputy is contradictory.
(c) The mode of operation of the chamber is determined by a regulation…
I leave aside the other expressions of constituent power, such as municipal and departmental assemblies, corporations, etc., whose mode of formation and operation can be determined according to this model; and I come immediately to the constituted powers.
557. Toute division de la puissance souveraine, c’est-à-dire du travail collectif, doit être utile, spéciale, synthétique ou sériée, responsable, coordonnée.
L’Utilité doit être générale : ce qui ne profite qu’à un seul est suspect.
La Spécialité est engendrée par l’aptitude naturelle et l’éducation, et déterminée par la division du travail. Elle a pour effet de créer des incompatibilités et de prévenir le désordre du cumul. L’observation de cette règle entre les grands pouvoirs est d’une haute importance : là les vices qui résultent d’une spécification inexacte se traduisent en despotisme, conflits, collisions, vexations, concussions et révolutions.
Ainsi, le pouvoir consulaire doit être séparé de l’administration et de la justice, parce que, comme dans l’individu, l’attention, le jugement et la volonté sont facultés distinctes ; tout de même dans la société, dans l’homme collectif, il n’est pas bon que la faculté qui veille soit la même que celle qui juge, ni celle-ci la même que celle qui opère : sans quoi la surveillance pourrait être illusoire, le jugement partial et l’exécution sans contrôle. Dans notre régime de tarifs et de péages, la loi des octrois exclut de l’adjudication des fermes les marchands d’objets imposables : cette prévision est sage ; mais on a oublié d’exclure aussi les contrebandiers ; et dans plus d’une ville l’adjudication de l’octroi est allée de Cartouche à Mandrin.
La Synthèse ou série de la fonction a pour objet d’élever le travail à sa plus grande hauteur métaphysique (420-434) ; elle est le principe de l’égalité ou équivalence des capacités.
Comme le salaire est la récompense du travail, la Responsabilité du travailleur en est la sanction.
La Coordination exclut la hiérarchie. Elle détermine l’égalité entre les fonctions, et leur donne le caractère officiel, en les centralisant et les réunissant au domaine public : jusque-là, la fonction peut réunir les diverses qualités qui la rendent normale ; mais n’étant pas reconnue, elle n’existe qu’en projet.
La coordination des fonctions, synonyme de l’égalité des conditions, est l’essence de la démocratie, le but auquel tendent impérieusement les sociétés modernes, l’idéal que poursuivent les sectes communistes. Le système hiérarchique, précurseur de l’égalité, essentiellement féodal, établi sur le principe d’autorité, de propriété, d’inégalité universelle et permanente, d’asservissement progressif, est la source des calamités sociales, le mauvais génie de la civilisation. C’est ce système qui, sans règle et sans mesure, écrase les uns pendant qu’il élève les autres, entretient dans une honteuse indigence la masse des employés, livrés à la merci des chefs, et nourrit ces derniers dans un luxe insolent ; — met en défiance mutuelle les salariés de l’État, entrave l’exécution administrative par ses complications bureaucratiques, engendre la courtisanerie, la servilité, la dissimulation, l’oppression et l’intrigue. C’est lui que, sous les noms de théocratie, de royauté par droit divin, d’aristocratie, de pairie héréditaire, de féodalité industrielle, de maîtrises, majorats et droits d’aînesse, de concurrence et de propriété, nous combattons depuis des siècles ; système idolâtrique, que la théologie catholique soutient et soutiendra toujours, tantôt au profit du pape, lieutenant de Jésus-Christ sur la terre ; tantôt au profit des rois, dont l’autorité, selon la religion, vient de Dieu, représenté par le pape ; mais système artificiel, anti-social, inintelligent et réprouvé.
557. Any division of sovereign power, that is, of collective labor, must be useful, specific, synthetic or serial, responsible, co-ordinated.
Utility must be general: what benefits only one person is suspect.
Specialty is engendered by natural aptitude and education, and determined by the division of labor. It has the effect of creating incompatibilities and preventing the disorder of accumulation. The observance of this rule between the great powers is of great importance: there the vices that result from an inexact specification result in despotism, conflicts, collisions, vexations, concussions and revolutions.
Thus, consular power must be separated from administration and justice, because, as in the individual, attention, judgment and will are distinct faculties; all the same in society, in the collective man, it is not good for the faculty that watches to be the same as that that judges, nor this one the same as that which operates: otherwise surveillance could be illusory, partial judgment and execution without control. In our system of tariffs and tolls, the law of attributions excludes from the adjudication of farms the dealers of taxable objects: this foresight is wise; but we forgot to also exclude smugglers; and in more than one city the adjudication of the octroi went from Cartouche to Mandrin.
The purpose of the Synthesis or series of the function is to elevate work to its greatest metaphysical height (420-434); it is the principle of equality or equivalence of capacities.
As wages are the reward for labor, the responsibility of the worker is its sanction.
Coordination excludes hierarchy. It determines the equality between the functions, and gives them their official character, by centralizing them and uniting them to the public domain: until then, the function can unite the various qualities that make it normal, but not being recognized, it exists only as a plan.
The co-ordination of functions, synonymous with equality of conditions, is the essence of democracy, the goal to which modern societies imperiously strive, the ideal pursued by the communist sects. The hierarchical system, precursor of equality, essentially feudal, established on the principle of authority, of property, of universal and permanent inequality, of progressive enslavement, is the source of social calamities, the evil genius of civilization. It is this system which, without rules and without measure, crushes some while it elevates others, maintains in shameful poverty the mass of employees, delivered to the mercy of the bosses, and feeds the latter in an insolent luxury; — puts State employees in mutual distrust, hinders administrative execution by its bureaucratic complications, gives rise to sycophantic behavior, servility, dissimulation, oppression and intrigue. It is this which, under the names of theocracy, of royalty by divine right, of aristocracy, of hereditary peerage, of industrial feudalism, of masterships, majorats and rights of primogeniture, of competition and of property, we have been fighting for centuries; an idolatrous system, which Catholic theology supports and will always support, sometimes for the benefit of the pope, the lieutenant of Jesus Christ on earth; sometimes for the benefit of kings, whose authority, according to religion, comes from God, represented by the pope; but an artificial, anti-social, unintelligent and reprobate system.
558. Les conditions de la fonction étant reconnues, il ne s’agit, pour mettre l’ordre dans la société, que d’en passer en revue tous les fonctionnaires, de leur appliquer le mètre, et de les ramener à leur type.
« Le roi est le chef suprême de l’État, déclare la guerre, fait les traités de paix, d’alliance et de commerce, nomme à tous les emplois d’administration publique, fait les règlements et ordonnances nécessaires pour l’exécution des lois ; — propose les lois, les sanctionne et les promulgue. »
Si la charte avait dit : Le roi est le propriétaire unique, et le seul travailleur de l’État : il laboure les terres, récolte la moisson, les foins et les vendanges ; fabrique les draps, les soies, les fers, extrait les houilles, fait les transports, produit tous les objets de consommation, frappe les monnaies, instruit la jeunesse, rend la justice, remporte les victoires : la charte aurait parlé tout aussi juste.
Non, ce n’est pas le roi qui nourrit la patrie, qui a vaincu à Navarin et à Mazagran, qui juge dans les cours du royaume, qui élabore les lois et qui administre ; ce n’est pas lui qui connaît de la science des savants et de l’art des industries : depuis longtemps la prérogative royale ne fait illusion à personne, même par métaphore. Qu’est-ce donc que la charte a voulu dire ? car, après tout, la charte ne peut être absurde.
La charte, expression de préjugés anciens et d’idées nouvelles, a voulu, par son esprit républicain, faire du roi un fonctionnaire ; en cela elle a eu raison ; — mais, par son esprit féodal, elle n’en a fait en réalité qu’un symbole, un mythe. Or, c’est à dégager le vœu de la charte de sa lettre mythologique que cette analyse sera consacrée.
558. The conditions of the function being recognized, it is only a question, to create order in society, of passing in review all the functionaries, of applying the meter to them, and of bringing them back to their type.
the king
“The king is the supreme head of the state, declares war, makes treaties of peace, alliance and commerce, appoints to all jobs in public administration, makes the regulations and ordinances necessary for the execution of the laws; — proposes laws, sanctions and promulgates them.”
If the charter had said: The king is the sole proprietor, and the sole laborer of the state: he plows the land, reaps the harvest, the hay and the grapes; manufactures sheets, silks, irons, extracts coal, carries out transport, produces all consumer goods, strikes coins, educates the youth, administers justice, wins victories: the charter would have spoken just as accurately.
No, it is not the king who feeds the country, who conquered at Navarino and Mazagran, who judges in the courts of the kingdom, who draws up the laws and who administers them; it is not he who knows the science of the scholars and the arts of the industries: for a long time the royal prerogative has deceived no one, even as a metaphor. So what did the charter mean? for, after all, the charter cannot be absurd.
The charter, an expression of old prejudices and new ideas, wanted, through its republican spirit, to make the king a functionary; in this it was right; — but, through its feudal spirit, it has in reality only made him a symbol, a myth. Now, it is to extract the wish of the charter from its mythological letter that this analysis will be dedicated.
559. La charte, amas incohérent de formules empruntées à la monarchie et à la démocratie, ne présente au premier coup d’œil que cette alternative : ou bien c’est la nation qui, par une série de fonctionnaires spéciaux et responsables, fait toutes les choses attribuées au roi, comme à la personnification visible du souverain : dans ce cas le roi est une fable, une allégorie ; — ou bien, c’est le roi qui réellement, en propriétaire et bon père de famille, administre son bien, soit par lui-même, soit par ses hommes : dans ce cas le roi est Celui qui est, et rien dans la société n’existe que par lui. Or, on verra tout à l’heure qu’il est possible de trouver un moyen terme : car si la royauté, comme la propriété elle-même, est sujette à métamorphose, elle ne disparaît pas complètement comme la religion et la philosophie. Il reste donc que le roi soit l’organe central du gouvernement (474) ; et c’est en ce sens que la révolution de 1789 a tranché la question.
Examinons d’abord la royauté dans les conditions que la charte lui a faites.
559. The charter, an incoherent mass of formulas borrowed from monarchy and democracy, presents at first glance only this alternative: either it is the nation which, through a series of special and responsible functionaries, does all the things attributed to the king, as to the visible personification of the sovereign: in this case the king is a fable, an allegory; — or it is the king who really, as the owner and good father of the family, administers his property, either by himself or by his men: in this case the king is He who is,and nothing in society exists except through it. However, we will see presently that it is possible to find a middle term: for if royalty, like property itself, is subject to metamorphosis, it does not disappear completely like religion and philosophy. It therefore remains that the king is the central organ of government (474); and it is in this sense that the revolution of 1789 settled the question.
Let us first examine royalty under the conditions that the charter has made for it.
560. a) Le roi est-il spécial ? Non, d’après la charte : l’article qui définit ce fonctionnaire, à force d’étendre ses attributions, l’a réduit à une généralité logique, à une pure abstraction. L’action royale se fait partout sentir dans le gouvernement, mais jamais nette, immédiate, personnelle, distincte : toujours quelque chose venant des subalternes déguise, corrige ou dénature la volonté royale. Le roi de la charte n’a pas de spécialité, précisément parce qu’il est tout : mais, au point de vue du progrès, le roi est spécial, en ce sens qu’il est l’œil qui, du haut de l’organisme politique dominant tous les mouvements, veille sur l’ordre et la conservation de la société.
b) La fonction royale est-elle sériée ? Oui et non, d’après la charte : car, qu’est-ce que la royauté ? une sorte de pan-organon, une omni-fonction. Le roi travaille, tantôt avec un ministre, tantôt avec un autre : il est maître de varier ses occupations par toutes les divisions et sous-divisions des ministères : quelle synthèse peut résulter de cette infinie variété ! Mais le roi, par ses attributs monarchiques, personnifie le souverain : dès lors sa fonction n’est plus unité sérielle, espèce : elle est, selon le langage des métaphysiciens, genre suprême ; conséquemment la royauté est l’aliquid indivisum, le substantiel incommensurable, le causatif inconnu.
Le roi nomme à tous les emplois d’administration publique : preuve que l’action du roi, telle qu’on l’entend aujourd’hui, n’est ni spéciale ni sériée. C’est le droit féodal, conservé au bénéfice des gens de cour et de leurs créatures, au préjudice de l’égalité, de l’ordre, et de la royauté même, toujours victime de son indomptable aveuglement et de ses incorrigibles complaisances.
c) La personne du roi est inviolable et sacrée, c’est-à-dire, le roi est irresponsable. Donc le roi n’est pas fonctionnaire. Mais les ministres sont responsables : donc le roi est fonctionnaire ; car ses ministres, c’est lui.
Ainsi, d’après la charte, inspirée des vieilles traditions monarchiques, le roi ne rend compte de sa gestion qu’à Dieu ; il n’est jugé qu’après sa mort : ce sont les ministres qui, de son vivant, ont à s’expliquer pour lui avec les hommes. Mais comme, sous prétexte de garder le secret de l’État, les ministres en s’expliquant ne disent rien, le contrôle des actes royaux devient impossible, la responsabilité ministérielle n’est qu’un mot, et l’État va à la garde de Dieu.
Si le monarque est énergique et volontaire, le gouvernement reçoit l’impulsion d’une volonté irresponsable, et tout le secret du despotisme consiste à intéresser au gouvernement personnel, par l’appât des emplois, des distinctions, des portefeuilles et des grâces, la majorité représentative : — si le roi est faible, le bon plaisir ne fait que changer d’organe, et la royauté est le couvre-chef du ministère.
d) Enfin la royauté n’est point coordonnée avec les fonctions de l’État : c’est la clef de voûte de l’édifice féodal, l’élément générateur d’une série hiérarchique (120, 509, 513, 554) ; là est son vice irrémédiable. En effet, malgré nos distinctions, purement verbales, de pouvoir législatif, pouvoir exécutif et ordre judiciaire, la royauté est la réunion de tous les pouvoirs : car le roi, c’est le ministère et toutes ses dépendances, c’est cette vaste machine qu’on appelle gouvernement, ce monde de fonctionnaires hiérarchisés, vivant des produits du peuple, le gouvernant comme il ne veut point être gouverné, et, quand ce peuple fatigué se mutine ou fait quelque sottise, l’emprisonnant, le jugeant, le condamnant et l’inquisitionnant. Grâce à cette fiction légale qu’on nomme le Roi (dont la personne réelle n’en peut mais), on a trouvé moyen de cumuler tous les pouvoirs, en ayant l’air de les séparer. Un juge d’instance et un sous-préfet, semble-t-il, n’ont rien de commun : mais, montez de deux ou trois degrés l’échelle féodale, et vous arrivez aux ministres de la justice et de l’intérieur, qui, d’après la politique en vogue, pour bien gouverner se doivent bien entendre, chose qu’ils manquent rarement de faire, pour notre plus grand bien, Dieu sait ! Au delà des ministres, il y a le roi, le roi qui, si la machine fonctionne mal, par le désaccord des ministres ou l’obstination de l’un d’eux, rétablit l’ordre, en changeant les acteurs. Mais la royauté tend par là même à devenir le centre de l’organisme politique, le pivot de la grande série sociale et l’expression de son unité : là est le gage de sa transformation et de son avenir.
560. a) Is the king special? No, according to the charter: the article that defines this functionary, by dint of extending his powers, has reduced him to a logical generality, to a pure abstraction. The royal action makes itself felt everywhere in the government, but never as clear, immediate, personal, distinct: always as something coming from the subordinates disguises, corrects or distorts the royal will. The king of the charter has no specialty, precisely because he is everything, but, from the point of view of progress, the king is special, in the sense that he is the eye that, from the top of the political body dominating all movements, watches over the order and preservation of society.
b) Is the royal function serialized? Yes and no, according to the charter, for what is royalty? A sort of pan-organon, an omni-function. The king works sometimes with one minister, sometimes with another. He is free to vary his occupations by all the divisions and sub-divisions of the ministries: what a synthesis can result from this infinite variety! But the king, by his monarchical attributes, personifies the sovereign. Henceforth his function is no longer a serial unit, a species: it is, according to the language of the metaphysicians, a supreme genus; therefore royalty is the aliquid indivisum, the immeasurable substantial, the unknown causative.
The king appoints to all public administration jobs: proof that the action of the king, as we understand it today, is neither special nor serial. It is the feudal right, preserved for the benefit of the men of the court and their creatures, to the detriment of equality, order, and even royalty, always the victim of its indomitable blindness and its incorrigible complacency.
c) The person of the king is inviolable and sacred, that is to say, the king is irresponsible. So the king is not a civil servant. But the ministers are responsible. Therefore, the king is a functionary, for his ministers are himself.
Thus, according to the charter, inspired by the old monarchical traditions, the king is accountable for his management only to God; he is judged only after his death. It is the ministers who, during his lifetime, have to explain themselves to men on his behalf. But since, under the pretext of keeping the secrets of the State, the ministers explaining themselves say nothing, the oversight of royal acts becomes impossible, ministerial responsibility is only a word, and the State goes to the care of God.
If the monarch is energetic and willful, the government receives the impulse of an irresponsible will, and the whole secret of despotism consists in interest in personal government, by the lure of employments, distinctions, portfolios and favors, the representative majority: — if the king is weak, good pleasure only changes its organ, and royalty is the head covering of the ministry.
d) Finally, royalty is not coordinated with the functions of the state: it is the keystone of the feudal edifice, the generating element of a hierarchical series (120, 509, 513, 554); there lies its irremediable vice. Indeed, despite our purely verbal distinctions of legislative power, executive power and judicial order, royalty is the union of all powers — for the king is the ministry and all its dependencies — it is this vast machine called government, this world of hierarchical functionaries, living on the produce of the people, governing it as it does not wish to be governed, and, when this weary people mutinies or commits some stupidity, imprisoning them, judging them, condemning them and inquisitioning them. Thanks to this legal fiction that we call the King (which the real person cannot help but be), we have found a way to combine all the powers, while seeming to separate them. A magistrate and a sub-prefect, it seems, have nothing in common: but go up the feudal ladder two or three steps, and you arrive at the ministers of justice and of the interior, who, according to fashionable politics, to govern well must get along well, something they rarely fail to do, for our greatest good, God knows! Beyond the ministers, there is the king, the king who, if the machine malfunctions, by the disagreement of the ministers or the obstinacy of one of them, restores order, by changing the actors. But royalty thereby tends to become the center of the political organism, the pivot of the great social series and the expression of its unity: this is the guarantee of its transformation and its future.
561. Ainsi la royauté n’est qu’une forme symbolique et transitoire. Cette forme faisant place à une fonction réelle, le roi devient organe spécial, responsable et coordonné, issu, comme tout autre, par voie d’élection, du pouvoir constituant, et dont il est possible de déterminer les principaux traits. C’est ce que nous allons essayer, en opérant sur la charte, non plus par voie d’analyse, mais par voie d’interprétation et d’élimination.
Le roi de la charte est fonctionnaire universel. — C’est-à-dire qu’il doit exister dans l’État un organe surveillant tous les autres, leur communiquant le mouvement et la vie.
Le roi de la charte nomme à tous les emplois : c’était une conséquence de son droit antique de propriété ou suzeraineté absolue. — Le roi, le consul, ou tout ce qu’on voudra, de la société nouvelle, spécialisé dans ses attributions, et n’étant plus ni propriétaire ni suzerain, mais seulement chef du pouvoir consulaire, ne nomme à rien, ni dans l’administration, ni dans la justice, ni dans l’enseignement : ces trois pouvoirs étant égaux et parallèles à celui dont la royauté transformée fait partie. Dans la sphère même dont il est le premier agent, le roi n’a que son suffrage individuel : toute élection procédant nécessairement du pouvoir constituant, lequel, soit qu’il agisse en assemblées primaires ou par catégories politiques, soit qu’il se résume en conseils municipaux ou départementaux et en convention nationale, se compose d’individus égaux et qui tous n’ont qu’une voix.
Mais le pouvoir consulaire, chargé de la police générale, surveille et contrôle toutes les nominations et élections ; dénonce les vices de forme et les cas de nullité au pouvoir arbitral, qui juge dans son indépendance et sa haute impartialité.
361. Thus royalty is only a symbolic and transitory form. This form giving way to a real function, the king becomes a special, responsible and coordinated organ, issued, like any other, by way of election, from the constituent power, whose main features it is possible to determine. This is what we are going to try, by operating on the charter, no longer by way of analysis, but by way of interpretation and elimination.
The king of the charter is a universal official. — That is to say, there must exist in the State an organ supervising all the others, communicating movement and life to them.
The king of the charter appoints to all offices: this was a consequence of his ancient right of property or absolute suzerainty. — The king, the consul, or whatever one likes, of the new society, specialized in his attributions, and no longer being either proprietor or suzerain, but only head of the consular power, appoints nothing, neither in the administration, neither in justice, nor in education: these three powers being equal and parallel to that of which transformed royalty is a part. Even in the sphere of which he is the first agent, the king has only his individual suffrage: any election necessarily proceeds from the constituent power, which, whether it acts in primary assemblies or by political categories, or whether it is summarized in municipal councils or departmental and in national convention, is made up of equal individuals who all have only one vote.
But the consular power, in charge of the general police, supervises and controls all nominations and elections; denounces defects of form and cases of nullity to the arbitral power, which judges in its independence and high impartiality.
562. Toute justice émane du roi, dit la Charte de 1830, après celle de 1814, qui le répétait, sans le comprendre peut-être, sur la foi des traditions des gens de robe. Lorsqu’au sein de la féodalité même commença une distribution plus régulière des pouvoirs, alors aussi l’on commença d’invoquer la maxime : Toute justice, c’est-à-dire toute juridiction, tout tribunal (l’abstrait pour le concret) émane du roi ; ce qui signifiait proprement : le roi peut abroger les justices seigneuriales et réformer leurs jugements. La féodalité étant tombée, le roi se trouva chef du pouvoir judiciaire comme du pouvoir administratif et de l’armée. Mais le roi n’est point la source du pouvoir arbitral, pas plus que du pouvoir enseignant, pas plus qu’il n’est distributeur d’emplois : le roi est à l’ordre judiciaire ce qu’un chef de parquet est au tribunal du même ressort, le moteur de son action, l’instigateur de ses jugements. Si le roi était prince de la justice, ou il serait une incompatibilité vivante, ou bien, confondu avec le chef du pouvoir arbitral, il ne serait rien, il serait moins que ce qu’il doit être.
562. All justice emanates from the king, says the Charter of 1830, following that of 1814, which repeated it, without understanding it perhaps, on the faith of the traditions of the men of the cassock. When within feudalism itself a more regular distribution of powers began, then one also began to invoke the maxim: All justice, that is to say all jurisdiction, every tribunal (the abstract for the concrete) emanates from the king; which meant properly that the king can revoke the seigniorial justices and reform their judgments. Feudalism having fallen, the king found himself the head of the judicial power as well as of the administrative power and of the army. But the king is not the source of arbitral power, any more than of teaching power, any more than he is the distributor of jobs: the king is to the judicial order what a chief prosecutor is to the court of the same jurisdiction, the engine of its action, the instigator of its judgments. If the king were a prince of justice, either he would be a living incompatibility, or else, confounded with the head of the arbitral power, he would be nothing, he would be less than he ought to be.
563. Le roi, dit encore la Charte, commande les armées… D’après la nature des opérations du pouvoir constituant, et la critique que nous avons faite de l’état militaire (481-484), cela peut être et n’être pas. L’armée est la collection des citoyens s’armant pour la garde et la défense de la patrie, sous la conduite de chefs nommés par eux (553) ; d’autre part, le service militaire ne constitue point spécialité organique (484), par conséquent ne peut devenir objet de cumul (418, 554) : rien n’empêche donc que le fonctionnaire placé au centre de l’organisme ne commande les armées s’il est élu par les citoyens, mais aussi rien ne l’exige.
563. The king, says the Charter again, commands the armies… According to the nature of the operations of the constituent power, and the criticism that we have made of the military state (481-484), this may and may not be not. The army is the collection of citizens arming themselves for the guard and defense of the fatherland, under the leadership of leaders appointed by them (553); on the other hand, military service does not constitute an organic specialty (484), therefore cannot become an object of accumulation (418, 554): nothing therefore prevents the civil servant placed at the center of the organization from commanding the armies if he is elected by the citizens, but also nothing requires it.
564. Si le roi ne peut être chef de l’administration, ni prince de la justice, ni grand maître de l’Université ; s’il n’est pas non plus de toute nécessité général ; et si néanmoins, comme les héros de l’Écriture, il a l’œil et la main sur tout, qu’est-il, et qu’est-ce que le pouvoir consulaire ?
Le pouvoir consulaire, inconnu, dans sa forme pure, des anciens et de la plupart des modernes, existe en France presque tout formé : c’est le Ministère public. Nous n’entrerons dans aucun détail sur son origine, son histoire et ses attributions ; les livres ne manquent pas sur cette matière : il suffit d’indiquer la généralisation qui doit faire de lui le premier des pouvoirs constitués, et de montrer que son chef suprême est le roi.
La compétence du ministère public s’étend en matière civile, domaniale, commerciale, criminelle, forestière, électorale, administrative (Ortolan, du Ministère public) ; ajoutez encore, en matière agricole, industrielle, universitaire, scientifique, financière, maritime, etc. C’est toujours la même spécialité de fonction, consistant, non pas à opérer directement, mais à procurer l’action ; non pas à s’immiscer dans l’administration, l’enseignement, la justice, etc., mais à surveiller l’application des lois économiques, à requérir le travail, la diligence et la fidélité, et à poursuivre les infractions dans les mille organes du souverain.
564. If the king cannot be chief of the administration, nor prince of justice, nor grand master of the University; if it is also not of any general necessity; and if nevertheless, like the heroes of Scripture, he has his eye and his hand over everything, what is he, and what is the consular power?
The consular power, unknown, in its pure form, by the ancients and most of the moderns, exists in France almost fully formed: it is the Public Prosecutor. We will not go into any detail on its origin, its history and its attributions; there is no shortage of books on this subject: it suffices to indicate the generalization that must make it the first of the constituted powers, and to show that its supreme head is the king.
The jurisdiction of the public prosecutor’s office extends to civil, state, commercial, criminal, forestry, electoral, administrative matters ( Ortolan, of the public prosecutor’s office); add again, in agricultural, industrial, university, scientific, financial, maritime matters, etc. It is always the same specialty of function, consisting, not in operating directly, but in procuring the action; not to interfere in administration, education, justice, etc., but to supervise the application of economic laws, to require work, diligence and fidelity, and to prosecute offenses within a thousand organs of the sovereign.
565. Le pouvoir administratif (ou pouvoir exécutif, né du mouvement industriel, 550) est encyclopédique, puisqu’en réalité c’est lui qui produit tout ; — le pouvoir judiciaire est encyclopédique, puisqu’il prononce sur tout ; — le pouvoir universitaire est encyclopédique, puisqu’il enseigne tout ; — le pouvoir consulaire est aussi encyclopédique, puisque sa surveillance s’étend à tout : mais il jouit, de plus que les autres pouvoirs, d’une sorte d’action instigatrice, exhortative, objurgative et répressive, qui fait de lui le principe du mouvement, le gardien de l’ordre dans la société, l’âme du progrès.
Or, le roi est le chef du pouvoir consulaire, le procurateur général de la république : ses avocats généraux sont les membres du conseil d’État ; puis viennent les procureurs généraux près les hautes cours ; au-dessous paraissent les préfets et sous-préfets, recteurs, procureurs du roi, substituts, commissaires généraux de police, gardes généraux, etc. Toutes ces fonctions sont encore à déterminer et spécialiser, de même que celle du roi, qui les résume ; un plus grand nombre d’autres, analogues à celles-là, sont à créer ; enfin, l’ordre entier doit être centralisé et coordonné dans ses parties, d’après les données de la statistique, le caractère des habitants, la nature des produits, les traditions, coutumes, etc.
565. Administrative power (or executive power, born of the industrial movement, 550) is encyclopedic, since in reality it is he who produces everything; — the judicial power is encyclopedic, since it pronounces on everything; — university power is encyclopedic, since it teaches everything; — the consular power is also encyclopedic, since its surveillance extends to everything: but it enjoys, more than the other powers, a kind of instigating, exhortative, objurgative and repressive action, which makes it the principle of the movement, the guardian of order in society, the soul of progress.
Now, the king is the head of the consular power, the procurator general of the republic: his advocates general are the members of the Council of State; then come the attorneys general at the high courts; below appear the prefects and sub-prefects, rectors, king’s attorneys, substitutes, commissioners general of police, guards general, etc. All these functions are still to be determined and specialised, as well as that of the king, who sums them up; a greater number of others, analogous to these, are to be created; finally, the whole order must be centralized and coordinated in its parts, according to the data of the statistics, the character of the inhabitants, the nature of the products, the traditions, customs, etc.
566. _Ministres_. Le conseil d’État est le conseil naturel du roi ; c’est dans les comités du conseil d’État, reconstitué d’après les principes de la science économique, que doivent être pris les assesseurs immédiats du procurateur général, et ses substituts près les hautes cours et les différents ministères. Mais alors que sont les ministres eux-mêmes, relativement au chef du pouvoir consulaire ?
D’après la charte, le roi ne peut mal agir, parce que pour agir il lui faut le contre-seing d’un ministre, et que ce ministre, étant chargé de toute la responsabilité, plutôt que de violer la loi devra donner sa démission. En termes plus clairs, la charte, prévoyant le cas où la royauté symbolique serait attaquée d’ophthalmie, a pensé qu’au lieu de lui appliquer un collyre, il fallait lui lier les mains. Cette combinaison constitutionnelle, comme toute sottise philosophique, a eu ses partisans et ses admirateurs.
Mais de deux choses l’une : ou le roi règne et gouverne, et alors ses ministres sont ses commis ; ou bien le roi règne et ne gouverne pas, et alors de quoi sert-il, soit pour opérer le bien, soit pour empêcher le mal ? — La seconde partie de l’alternative est celle dont les exemples sont le plus rares, il faut nous en féliciter. Un homme qui travaille à assurer sa dynastie, qui bâtit pour l’éternité, est moins à craindre que des parvenus pressés de s’enrichir et de signaler leur passage par quelque folie d’éclat. En thèse générale, c’est donc le roi qui gouverne ; les ministres sont pour lui comme ces industriels qui, moyennant rétribution honnête, spéculant sur les chances de la cour d’assises, signent les journaux et vont en prison pour les rédacteurs. L’invention n’est pas très-morale ; et je conseillerais volontiers aux journalistes, avant d’attaquer le gouvernement personnel, de commencer par eux-mêmes l’application de leurs maximes.
Quoi qu’il en soit, le prince, assisté de secrétaires officieux, règne et gouverne, c’est-à-dire tient dans sa main tous les pouvoirs de l’État. Nous avons fait ressortir à plusieurs reprises les inconvénients de ce cumul, qui est l’essence même de la hiérarchie ; et nous ne reviendrons pas sur nos paroles. Mais la Charte, en soumettant la volonté royale au contre-seing des ministres, et en rendant ceux-ci responsables, obéissait à une tendance dont elle ne pénétrait pas toute la portée, et qui avait pour résultat de séparer complétement du pouvoir consulaire les fonctions ministérielles.
Les ministres, élus par la chambre des députés, sont les agents supérieurs du pouvoir exécutif, le deuxième dans l’État ; pouvoir qui ne se résume pas, comme le pouvoir consulaire, en un chef unique, mais qui, se divisant dès l’abord en plusieurs catégories égales, compte autant de représentants que de hautes spécialités. Les ministres sont indépendants, non-seulement les uns des autres, mais encore du procurateur général : celui-ci ne les nomme pas, ne leur commande rien ; il examine leurs actes, et en requiert l’annulation ou la sanction près du pouvoir arbitral…
Tels sont, d’après la nouvelle théorie, les rapports du pouvoir consulaire, ou ministère public, avec les ministres.
566. Ministers. The Council of State is the natural council of the king; it is from the committees of the Council of State, reconstituted according to the principles of economic science, that the immediate assessors of the procurator-general, and his substitutes near the high courts and the different ministries, must be taken. But then what are the ministers themselves, relative to the head of the consular power?
According to the charter, the king cannot act badly, because to act he needs the countersignature of a minister, and because this minister, being charged with all the responsibility, rather than violate the law will have to give his resignation. In clearer terms, the charter, providing for the case where symbolic royalty would be attacked by ophthalmia, thought that instead of applying eye drops to him, his hands should be tied. This constitutional combination, like all philosophical folly, has had its partisans and its admirers.
But one of two things must be true: either the king reigns and governs, and then his ministers are his clerks; or else the king reigns and does not govern, and then of what use is he, either to bring about good, or to prevent evil? — The second part of the alternative is that of which the examples are the rarest, and we must congratulate ourselves on that. A man who works to ensure his dynasty, who builds for eternity, is less to be feared than upstarts in a hurry to enrich themselves and signal their passing by some brilliant madness. As a general thesis, it is therefore the king who governs; the ministers are for him like those industrialists who, for honest remuneration, speculating on the chances of the court of assizes, sign the newspapers and go to prison for the editors. Invention is not very moral; and I would gladly advise journalists, before attacking individual government, to begin by the application of their own maxims.
Be that as it may, the prince, assisted by unofficial secretaries, reigns and governs, that is to say, holds in his hand all the powers of the state. We have repeatedly highlighted the disadvantages of this accumulation, which is the very essence of hierarchy; and we will not go back on our words. But the Charter, by submitting the royal will to the countersignature of the ministers, and by making them responsible, obeyed a tendency of which it did not comprehend the full scope, and which had the result of completely separating the ministerial functions from the consular power.
The ministers, elected by the chamber of deputies, are the superior agents of the executive power, the second in the state; a power that cannot be summed up, like the consular power, in a single chief, but which, being divided from the outset into several equal categories, has as many representatives as there are high specialties. The ministers are independent, not only of each other, but also of the procurator general: the latter does not appoint them and does not command them in anything; he examines their acts, and requires their annulment or sanction near the arbitral power…
Such are, according to the new theory, the relations of the consular power, or public ministry, with the ministers.
567. La liste civile est fixée pour toute la durée du règne.
Les appointements du roi portent le nom particulier de liste civile. Autrefois, le roi était propriétaire, rentier, péager, affermeur de gabelles, octroyeur de permis de travail : l’aubaine, la régale, etc., étaient la source de ses revenus. La Constituante, en supprimant ou en convertissant en contribution régulière les revenus royaux, et les remplaçant par une liste civile, a par là-même transformé le roi en fonctionnaire salarié : c’était changer son caractère.
Seul de tous les organes de l’État, le roi représente, dans sa splendeur et dans sa force, la société : de là l’étendue de la liste civile destinée aux frais de la magnificence consulaire, et dont il serait difficile d’enlever au chef du pouvoir central la libre disposition. Au reste, la liste civile, calculée pour des dépenses prévues et imprévues, est toute consommable ; d’ailleurs, par l’organisation du travail, l’égalité des salaires et la centralisation des propriétés, on n’a point à craindre que cette unique inégalité sociale, si toutefois c’en est une, devienne moyen de despotisme, ou principe de corruption[5].
567. The civil list is fixed for the entire duration of the reign.
The king’s salaries bear the particular name of the civil list. In the past, the king was the owner, annuitant, toll collector, tax collector, grantor of work permits: windfalls, regales, etc., were the source of his income. The Constituent Assembly, by suppressing royal revenues or converting them into regular contributions, and replacing them with a civil list, thereby transformed the king into a salaried civil servant: this was to change his character.
Alone of all the organs of the State, the king represents, in his splendor and in his strength, society: hence the extent of the civil list destined to be at the expense of consular magnificence, and from which it would be difficult to remove the free disposal from the head of the central power. Furthermore, the civil list, calculated for foreseen and unforeseen expenses, is entirely consumable; moreover, by the organization of labor, the equality of wages and the centralization of property, there is no need to fear that this unique social inequality, if indeed it is one, will become a means of despotism, or a principle of corruption. [5]
568. On voit avec quelle facilité les prérogatives de la monarchie, autrefois si mystérieuses, environnées d’une sorte de terreur divine, maintenant transformées par une force invincible, se prêtent à des interprétations rationnelles. Il n’est pas jusqu’à l’inviolabilité royale qui ne trouve aussi son explication.
La personne du roi est inviolable et sacrée. Ces paroles de la Charte couvrent une vérité qui semble n’avoir jamais été comprise. Tout fonctionnaire public est inviolable dans l’exercice de ses fonctions. La raison de cette inviolabilité est que le fonctionnaire en exercice représente le souverain. Or, ce qui distingue le chef du pouvoir central de tous les fonctionnaires publics, c’est qu’il est, lui, toujours dans l’exercice de ses fonctions : l’impulsion et la surveillance dans le chef de l’État, de même que la vie dans l’homme, n’admettant pas d’interruption.
Tout citoyen doit au roi, symbole de la puissance consulaire, le signe de respect que le soldat doit à ses chefs ; le chrétien, dans le temple, au prêtre ; le citoyen, devant la justice, au magistrat ; l’étudiant, dans les cours, au professeur ; l’homme à l’homme dans son domicile. L’affectation de rester la tête couverte sur le passage du roi est une protestation de républicanisme imbécile, un acte de révolte mal fondé en droit. Alors même que le chef consulaire, ouvrant la session du parlement, fait son rapport aux députés, il ne perd point, en présence de la représentation nationale, l’inviolabilité de sa charge : il se couvre, et dit aux délégués du peuple : Asseyez-vous. Mais le procurateur général n’en demeure pas moins personnellement soumis à la loi du suffrage ; il ne peut empêcher les électeurs de demander son remplacement et même sa destitution ; car l’inviolabilité dont il jouit s’attache à l’homme politique, non à l’individu.
568. We see how easily the prerogatives of the monarchy, formerly so mysterious, surrounded by a kind of divine terror, now transformed by an invincible force, lend themselves to rational interpretations. Even royal inviolability also finds its explanation.
The person of the king is inviolable and sacred. These words of the Charter cover a truth that seems never to have been understood. All public officials are inviolable in the exercise of their functions. The reason for this inviolability is that the incumbent official represents the sovereign. Now, what distinguishes the head of the central power from all public officials is that he himself is always in the exercise of his functions: the impetus and supervision in the Head of State, just like life in man, admitting no interruption.
Every citizen owes to the king, symbol of consular power, thesign of respect that the soldier owes his leaders; the Christian, in the temple, to the priest; the citizen, in court, to the magistrate; the student, in class, to the teacher; man to man in his home. The affectation of keeping the head covered when the king passes by is a protest of idiotic republicanism, an act of revolt ill-founded in law. Even when the consular chief, opening the session of the parliament, makes his report to the deputies, he does not lose, in the presence of the national representation, the inviolability of his office: he covers himself, and says to the delegates of the people: Sit down. But the procurator general nevertheless remains personally subject to the law of suffrage; he cannot prevent voters from demanding his replacement and even his dismissal; for the inviolability that he enjoys attaches to the politician, not to the individual.
569. Le roi, consul, président ou procurateur général de la république, est un homme grave et digne, à l’esprit vif et prompt, à la volonté forte, à la pensée hardie ; doué d’un caractère à la fois réfléchi et résolu, d’une imagination vaste et d’une âme intrépide. Il n’est point parleur ni faiseur de harangues : on ne lui connaît pas de goûts frivoles, d’amusements secrets, de prédilections pour rien. Il évite la familiarité, les assiduités, ne cherche nullement à se rendre populaire : la sévérité de ses habitudes ne laisse voir en lui ni passion, ni attachement, ni sensibilité ; la majesté de son regard fait fuir la flatterie. Tout œil et tout intelligence, on ne sait s’il aime ou s’il hait ; s’il est heureux ou s’il souffre. La beauté lui plaît, parce qu’elle est une expression de l’ordre ; les arts lui sourient, comme manifestations de la loi. Ne vivant que par l’esprit, il est déjà hors de l’humanité…
569. The king, consul, president or general procurator of the republic, is a grave and dignified man, with a lively and prompt mind, a strong will, a bold thought; endowed with a character both thoughtful and resolute, with a vast imagination and an intrepid soul. He is neither a talker nor a haranguer: he is not known to have frivolous tastes, secret amusements, predilections for anything. He avoids familiarity, assiduity, in no way seeks to make himself popular: the severity of his habits shows in him neither passion, nor attachment, nor sensitivity; the majesty of his gaze makes flattery flee. All eye and all intelligence, one does not know if he loves or if he hates; whether he is happy or in pain. Beauty pleases him, because it is an expression of order; the arts smile upon him, as manifestations of the law.
570. Seul entre les pouvoirs constitués, le pouvoir consulaire est monocéphale, c’est-à-dire, se résume en un chef unique : il est contraire à toutes les notions que la force d’impulsion, le principe du mouvement et de la vie, la pensée directrice et centralisante, parte d’un être multiple, collectif et sérié ; du moins telle est l’opinion invincible et spontanée du genre humain. C’est au corps des électeurs et à l’assemblée nationale à prendre leurs mesures, pour que le chef de l’État soit l’expression complète et sincère de leurs idées, de leurs vœux et de leurs tendances…
Les autres pouvoirs affectent des formes particulières. Le pouvoir exécutif ou administratif, qui embrasse à lui seul l’immense majorité de la nation, se divise tout d’abord en plusieurs grandes catégories (agricole, industrielle, commerciale, etc.), lesquelles donnent lieu à autant de ministères, puis vont en se subdivisant, comme le travail lui-même, à l’infini.
Le pouvoir arbitral n’a que deux degrés de juridiction ; mais il se divise en spécialités selon la nature des causes (577), et se résume en une cour suprême dont les membres, tous nommés par la chambre des députés sur la présentation du procureur général, choisissent entre eux leurs présidents, vice-présidents et secrétaires.
Le pouvoir enseignant, ou l’université, se compose de toutes les écoles d’arts, sciences et métiers, à tous les degrés, centralisées dans l’Institut. L’Institut se recrute par lui-même, et se gouverne en république. Le pouvoir consulaire n’a d’action sur lui que relativement à la tenue des écoles, dont les inspecteurs relèvent tous de l’autorité centrale, et sont nommés par son chef. — C’est en traitant de l’éducation qu’on aura à déterminer le rôle de la femme dans la société. La femme, jusqu’à ce qu’elle, soit épouse, est apprentie (529), tout au plus sous-maîtresse : à l’atelier, comme dans la famille, elle reste mineure, et ne fait point partie de la cité. La femme n’est pas, comme l’on dit vulgairement, la moitié ni l’égale de l’homme, mais le complément vivant et sympathique qui achève de faire de lui une personne ; là est le principe de la famille et la loi de monogamie.
570. Alone among the constituted powers, the consular power is monocephalous, that is to say, is summed up in a single head: it is contrary to all the notions that the force of impulse, the principle of movement and life, directing and centralizing thought, starts from a multiple, collective and serial being; at least such is the invincible and spontaneous opinion of the human race. It is up to the body of electors and the National Assembly to take their measures, so that the Head of State is the complete and sincere expression of their ideas, their wishes and their tendencies…
The other powers affect particular forms. The executive or administrative power, which alone embraces the immense majority of the nation, is first divided into several major categories (agricultural, industrial, commercial, etc.), which give rise to as many ministries, then go by subdividing itself, like work itself, ad infinitum.
The arbitral power has only two degrees of jurisdiction; but it is divided into specialties according to the nature of the causes (577), and is summarized in a supreme court whose members, all appointed by the chamber of deputies on the presentation of the attorney general, choose among themselves their presidents, vice-presidents and secretaries.
The teaching power, or the university, is made up of all the schools of arts, sciences and trades, at all levels, centralized in the Institute. The Institute recruits itself, and governs itself as a republic. The consular power has no influence on it except with regard to the running of the schools, the inspectors of which all come under the central authority, and are appointed by its chief. — It is by dealing with education that we will have to determine the role of women in society. The woman, until she is married, is an apprentice (529), at most a sub-mistress: in the workshop, as in the family, she remains a minor, and is not part of the city. Woman is not, as it is commonly said, half or equal to man, but thelively and sympathetic complement which completes to make him a person; therein lies the principle of the family and the law of monogamy.
571. Ainsi l’Économie sociale, éclairée par la théorie sérielle, sûre de son objet, de ses limites et de sa méthode, constituée sur une base indestructible, se rallie, après une évolution immense, à la politique instinctive et traditionnelle, et s’en saisit pour la rectifier, la conduire et ne l’abandonner jamais.
Que des sophistes, se séparant des faits accomplis et méconnaissant le progrès interne des sociétés, nous demandent ce qu’ont produit pour la félicité publique et l’établissement de l’ordre l’abolition des castes en 89, le renversement de la monarchie en 92, la suppression des cultes en 93, les institutions démocratiques de l’an ii et de l’an iii et la distinction des pouvoirs ; qu’ils se moquent de la métaphysique républicaine, et jettent le ridicule sur les abstractions parlementaires, nous pouvons leur répondre :
Toute critique qui ne va point jusqu’à pénétrer le sens des opinions et la tendance des faits, est ignorante et injuste : cette critique est la vôtre. Lorsque, sans études préliminaires et sans méthode, les hommes de la révolution abordèrent les problèmes les plus élevés de la science, ils durent manquer le but et s’égarer dans des généralités ontologiques, nous le reconnaissons de bonne foi, et nous-mêmes l’avons plus d’une fois constaté. Mais en proclamant la liberté, l’égalité et la fraternité ; en distinguant les pouvoirs et donnant pour sanction à la loi le consentement du peuple ; en cherchant, enfin, dans la réforme politique la formule de l’organisation du travail et le principe du bonheur commun, ces hommes obéissaient à l’instigation de la Providence (497), et devançaient, dans l’impétuosité de leur génie, les temps marqués par elle.
Ce qui fut pour eux comme une religion pleine de mystères, pour nous devenu vérité limpide et théorie démontrée, la coordination des fonctions succédant à la hiérarchie des fonctionnaires, en un mot la démocratie organisée, grâce à eux surtout, est à la veille de recevoir son éclatante réalisation.
Pour arriver à ce but, que reste-t-il à faire ? peu de chose : revoir, l’une après l’autre, toutes nos divisions et classifications politiques ; appliquer à chaque fonction les règles données par la science ; séparer, réunir, niveler, centraliser et circonscrire ; constituer enfin la grande série sociale sur son quadruple pivot, d’après les indices de la tradition et les lois absolues de la métaphysique.
571. Thus social economy, enlightened by serial theory, sure of its object, its limits and its method, constituted on an indestructible basis, rallies, after an immense evolution, to instinctive and traditional politics, and seizes it in order to rectify it, lead it and never abandon it.
Let sophists, separating themselves from accomplished facts and ignoring the internal progress of societies, ask us what has been produced for public happiness and the establishment of order by the abolition of castes in 89, the overthrow of the monarchy in 92, the suppression of cults in 93, the democratic institutions of year ii and year iii and the distinction of powers; let them make fun of republican metaphysics, and cast ridicule on parliamentary abstractions; we can answer them:
Any criticism that does not go so far as to penetrate the meaning of opinions and the tendency of facts is ignorant and unjust: this criticism is yours. When, without preliminary studies and without method, the men of the revolution approached the highest problems of science, they must have missed the mark and strayed into ontological generalities, we recognize this in good faith, and we have more than once observed. it ourselves But by proclaiming liberty, equality and fraternity; by distinguishing the powers and giving the consent of the people as the sanction of the law; by seeking, finally, the formula of the organization of work and the principle of common happiness in political reform, these men obeyed the instigation of Providence (497), and anticipated, in the impetuosity of their genius, the times marked by it.
What was for them like a religion full of mysteries, for us has become clear truth and demonstrated theory, the coordination of functions succeeding the hierarchy of officials, in a word, organized democracy, thanks to them above all, is on the eve of receiving its dazzling accomplishment.
To achieve this goal, what remains to be done? Very little: to review, one after the other, all our political divisions and classifications; to apply to each function the rules given by science; to separate, unite, level, centralize and circumscribe; finally to constitute the great social series on its quadruple pivot, according to the indices of tradition and the absolute laws of metaphysics.
572. Aux exemples que nous avons donnés de cette méthode nous ajouterons, avant de finir, quelques observations sur l’état actuel des pouvoirs.
Rien de plus vulgaire que la délimitation, devenue presque officielle, des pouvoirs, en pouvoir constituant, pouvoir législatif et pouvoir exécutif. Cette délimitation, qui témoigne d’un sentiment profond de la série, est purement nominale et n’a rien de réel.
Et d’abord, qu’est-ce que le pouvoir constituant, par opposition au pouvoir législatif ?
Sous l’empire des idées du dix-huitième siècle, l’homme était censé ne faire partie de la société que par suite du consentement exprimé ou tacite : la loi politique était une convention libre, dont le peuple était maître de modifier et de refaire les dispositions. En dehors de cette convention ou de ce pacte, il y avait la loi naturelle, base des lois civiles : loi qui, puisée dans la conscience, disait-on (126), puis développée par le législateur, réglait les rapports privés des citoyens. Le peuple souverain devait intervenir dans la confection des lois civiles comme des lois politiques : mais tandis qu’il s’exprimait sur les premières par l’organe de ses mandataires, il se prononçait directement sur les secondes, qui toujours devaient être soumises à son acceptation. C’est d’après cette théorie que la constitution de l’an v fut soumise aux assemblées primaires ; que Bonaparte se fit élire par le peuple, et que tout récemment M. Ledru-Rollin, parlant sur la loi de régence, soutenait que les députés n’avaient pas mandat pour voter cette loi.
Mais d’après la science nouvelle, l’homme, qu’il le veuille ou ne le veuille pas, fait partie intégrante de la société, qui, antérieurement à toute convention, existe par le fait de la division du travail et par l’unité de l’action collective ; les lois concernant la production, la répartition, l’administration, la transmission, l’enseignement, etc., résultent objectivement des rapports qu’engendre ce double fait, et sont indépendantes de la volonté et de la connaissance de l’homme. D’où il suit que, lois industrielles, lois civiles et lois politiques étant absolument les mêmes, l’autorité constituante ne fait qu’un avec l’autorité législative, ou plutôt, ainsi que nous l’avons exprimé, le pouvoir constituant, c’est-à-dire le Législateur, est l’Être collectif, le Travailleur indifférencié décrivant ses propres lois, puis les contrôlant, les promulguant, les appliquant et les enseignant par ses quatre grandes facultés.
572. To the examples that we have given of this method we shall add, before finishing, a few observations on the present state of the powers.
Nothing could be more vulgar than the delimitation, which has become almost official, of powers, into constituent power, legislative power and executive power. This delimitation, which testifies to a deep feeling for the series, is purely nominal and has nothing real.
And first, what is constituent power, as opposed to legislative power?
Under the empire of the ideas of the eighteenth century, man was supposed to be part of society only by express or tacit consent: political law was a free convention, of which the people were free to modify and remake the dispositions. Apart from this convention or pact, there was the natural law, basis of civil laws: a law that, drawn from the conscience, it was said (126), then developed by the legislator, regulated the private relations of citizens. The sovereign people had to intervene in the making of civil laws as well as political laws, but while it expressed itself on the first through the organ of its agents, it pronounced itself directly on the second, which always had to be submitted to its acceptance. It was according to this theory that the constitution of the year V was submitted to the primary assemblies, that Bonaparte caused himself to be elected by the people, and that very recently M. Ledru-Rollin, speaking on the law of regency, maintained that the deputies had no mandate to vote on this law.
But according to the new science, man, whether he likes it or not, is an integral part of society, which, prior to any convention, exists by virtue of the division of labor and through the unity of collective action; the laws concerning production, distribution, administration, transmission, education, etc., result objectively from the relations engendered by this double fact, and are independent of the will and knowledge of man. Whence it follows that, industrial laws, civil laws, and political laws being absolutely the same, the constituent authority is one with the legislative authority, or, rather, as we have expressed it, the constituent power, that is to say the Legislator, is the collective Being, the undifferentiated Worker describing his own laws, then controlling them, promulgating them, applying them and teaching them through his four great faculties.
573. La distinction du pouvoir législatif et pouvoir exécutif n’est aussi, comme la précédente, qu’une sophistication.
La loi est l’expression, formulée par la représentation nationale, des rapports qui naissent entre les hommes du travail et de l’échange. La société est l’organisme fondé sur la connaissance réfléchie de ces lois.
Cela posé, comment concevoir dans le peuple une catégorie légiférante à côté d’une catégorie exécutante ? N’est-ce point séparer, dans le travailleur collectif, l’action de la pensée, par conséquent violer une des lois essentielles du travail (420-440) ?
Sans doute nous avons reconnu divers ordres de fonctionnaires spécialement dévoués à la spéculation : un pouvoir enseignant, un autre arbitral, un troisième consulaire. Mais quelle différence de cette spécification à celle dont nous faisons la critique ! Le pouvoir enseignant ne fait que transmettre, de génération en génération, les idées, c’est-à-dire les lois, que le peuple, le grand Travailleur, dans son action intelligente, découvre sans cesse ; — le pouvoir arbitral, affranchi des obscurités que la passion et l’intérêt peuvent répandre sur l’esprit des travailleurs, juge d’après ces mêmes lois ; — le pouvoir consulaire pourvoit à leur prompte et entière exécution. Ces trois pouvoirs ne légifèrent point en dehors du peuple, de même qu’ils ne pensent pas pour lui…
573. The distinction between the legislative power and the executive power is also, like the previous one, only a sophistication.
The law is the expression, formulated by the national representation, of the relations of work and exchange that are born between men. Society is the organism based on the reflective knowledge of these laws.
Having said this, how can we conceive of a legislating category in the people alongside an executing category? Is this not separating, in the collective worker, action from thought, consequently violating one of the essential laws of labor (420-440)?
No doubt we have recognized various orders of functionaries specially devoted to speculation: a teaching power, another arbitratrating power, a third consular power. But how different this specification is from the one we are reviewing! The teaching power does nothing but transmit, from generation to generation, the ideas, that is to say the laws, that the people, the great Worker, in its intelligent action, unceasingly discovers; — the arbitrating power, freed from the obscurities that passion and self-interest can spread over the minds of workers, judges according to these same laws; — the consular power provides for their prompt and complete execution. These three powers do not legislate apart from the people, just as they do not think for them…
574. Au reste, cette division de pouvoir législatif et pouvoir exécutif n’existe que dans les livres et n’a jamais été observée. La charte dit :
« Au roi seul appartient la puissance exécutive. »
Puis elle ajoute :
« La puissance législative s’exerce collectivement par le roi, la chambre des pairs et la chambre des députés. »
Voilà bien, en faveur de l’autorité royale, un cumul nettement avoué. Pourquoi séparer d’abord pour réunir ensuite ?… Toutefois, là ne se trouve pas le mal. Les membres de la chambre élective, la plupart propriétaires et industriels, participent aussi, en leur qualité de producteurs, au pouvoir exécutif, avec cette seule différence que l’action royale est officielle et centralisée, tandis que la leur ne l’est pas. Ce qu’il importe de déterminer, c’est la part qui doit revenir à chacun dans l’exécution. La solution de ce problème se trouve dans la division du travail : nous en avons exposé les règles et décrit le progrès dans l’Humanité. D’après ces règles et ce progrès, le devoir de l’autorité centrale est de procurer l’action publique : or, la royauté, constituée en système féodal, choisissant de l’exécution ce qui convient à ses vues, non-seulement procure l’action publique, pourvoit et surveille, mais encore elle administre, ordonne les dépenses, tient les fonds et nomme aux emplois : ce qui tend à changer la législation en arbitraire, par l’influence que le pouvoir royal, nommant aux emplois, ne peut manquer d’exercer sur la raison des députés. — Les députés ne délibèrent pas en présence du roi, par respect, dit-on, pour la liberté des votes : mais ils délibèrent en présence des ministres, ce qui revient tout à fait au même. Les ministres, du troupeau fidèles gardiens, observent de l’œil Robin-mouton. Aussi voyons-nous, malgré cette prétendue division de pouvoirs, le corps législatif toujours tenu en laisse par la cour : le vent des Tuileries fait virer à sa guise la girouette du Palais-Bourbon.
Divisions élémentaires, inorganiques et anormales, séries artificielles, transportées de la grammaire à la société.
574. Moreover, this division of legislative power and executive power exists only in books and has never been observed. The charter says:
“To the king alone belongs the executive power.”
Then it adds:
“Legislative power is exercised collectively by the king, the chamber of peers and the chamber of deputies.”
There you have it, in favor of the royal authority, a clear accumulation confessed. Why separate first in order to reunite later?… However, there is no harm in that. The members of the elective chamber, most of them owners and industrialists, also participate, in their capacity as producers, in the executive power, with this difference only that the royal action is official and centralized, while theirs is not. What is important to determine is the portion that must be given to each in the execution. The solution of this problem is found in the division of labor: we have laid out its rules and described its progress in Humanity. According to these rules and this progress, the duty of the central authority is to provide public action: for, royalty, constituted in a feudal system, choosing from the execution what suits its views, not only procures public action, provides and supervises it, but also it administers, orders expenditure, keeps funds and appoints to posts, which tends to change the legislation arbitrarily, through the influence that the royal power, appointing to posts, cannot fail to exercise on the reason of the deputies. — The deputies do not deliberate in the presence of the king, out of respect, it is said, for the freedom of the vote, but they deliberate in the presence of the ministers, which amounts to exactly the same thing. The ministers, faithful guardians of the flock, keeps on eye on Robin the sheep. So we see, in spite of this pretended division of powers, the Legislative Body still held on a leash by the court: the wind from the Tuileries causes the weather vane of the Palais-Bourbon to turn as it pleases.
Caste of rulers, and people ruled;
Paying capitalists, and hired laborers (397);
Artisans who command, and proletarians who obey;
Legislative power, and executive power;
Elementary, inorganic and abnormal divisions, artificial series, transported from grammar to society.
575. S’il est une institution démocratique dans son principe et dans son essence, c’est sans contredit la commune. Or tout, dans la commune, est entaché de cumul, d’irresponsabilité et d’aristocratie.
Le maire est officier de l’état civil, officier de police judiciaire, et juge administratif : en synthétisant ces attributions, on trouve que dans sa commune le maire est despote. La première et la troisième de ces fonctions appartiennent au pouvoir arbitral, la seconde au pouvoir consulaire : ni l’une ni l’autre ne convient au chef du conseil municipal.
Je sais bien que dans une localité où, par le petit nombre des habitants, la division des pouvoirs est nécessairement restreinte, il est quelquefois permis de déroger à cette règle : mais, hormis ce cas extrême, il faut que les fonctions soient distinctes, et toujours, en présence du fonctionnaire spécial, l’individu qui le remplace d’office doit se démettre. C’est ainsi que, dans le flagrant délit, le procureur du roi, en l’absence du juge d’instruction, procède à l’interrogatoire des témoins, fait des perquisitions et lance des mandats ; mais ces attributions cessent aussitôt que le juge d’instruction paraît. Ce n’est pas là une violation de la loi de division ; c’est, si j’ose ainsi dire, une résomption momentanée des spécialités du travail.
Le maire est administrateur et rien de plus ; chef du conseil municipal, il est, par rapport à la commune, ce que le président de la chambre des députés est relativement à la nation. Comme la chambre délibère sur des questions d’intérêt général, ainsi la municipalité délibère sur des questions d’intérêt local ; — comme celle-ci se divise en comité spéciaux pour élaborer les matières politiques, de même celle-ci se subdivise en spécialités municipales. La commune, en un mot, de même que les collèges électoraux et la représentation nationale, est l’un des principaux foyers du pouvoir exécutif et constituant.
575. If there is a institution that is democratic in its principle and essence, it is unquestionably the municipality. However, everything in the municipality is tainted with accumulation, irresponsibility and aristocracy.
The mayor is an officer of the civil state, a judicial police officer, and an administrative judge: by summarizing these powers, we find that in his municipality the mayor is a despot. The first and third of these functions belong to the arbitral power, the second to the consular power: neither one nor the other is suitable for the head of the municipal council.
I know well that in a locality where, because of the small number of inhabitants, the division of powers is necessarily restricted, it is sometimes permitted to derogate from this rule, but, apart from this extreme case, the functions must be distinct, and always, in the presence of the special functionary, the individual who replaces him ex officio must resign. Thus, in the case of flagrante delicto, the king’s prosecutor, in the absence of the examining magistrate, proceeds to the interrogation of witnesses, makes searches and issues warrants, but these attributions cease as soon as the examining magistrate appears. This is not a violation of the law of division; it is, if I dare say so, a momentary resumption of the specialties of the labor.
The mayor is an administrator and nothing more; head of the municipal council, he is, in relation to the municipality, what the president of the chamber of deputies is in relation to the nation. As the chamber deliberates on questions of general interest, so the municipality deliberates on questions of local interest; — as the latter is divided into special committees to work out political matters, so it is subdivided into municipal specialities. The municipality, in a word, like the electoral colleges and the national representation, is one of the main centers of executive and constituent power.
576. Dans la condition actuelle, les habitants d’une commune ne sont pas tous électeurs municipaux ; il y a, comme pour l’élection des députés, une condition fiscale à remplir : système propriétaire. — Puis le maire n’est pas l’élu direct des électeurs ; il est choisi par le préfet, et, lorsque la commune est d’une certaine étendue, par le roi lui-même, entre les conseillers élus : système hiérarchique. — Enfin le maire et les adjoints sont irresponsables ; les délibérations des conseils municipaux se tiennent à huis clos ; elles ne sont pas même textuellement rapportées ; le maire et ses affiliés agissent à leur guise ; la commune est leur patrimoine ; ses biens et ses revenus sont leur chose ; ils ordonnancient des dépenses, créent des emplois et des sinécures, font arbitrairement la police, et ne rendent point de comptes. La municipalité, en un mot, est moins libérale, moins démocratique, plus jalouse et plus vexatoire que la représentation nationale, la première autorité de la nation : système aristocrate.
Le pouvoir central, pense-t-on, intervenant dans la gestion des communes, peut rejeter les dépenses imprudentes, casser les adjudications illégales, refuser les emprunts contractés sans nécessité, retrancher les centimes additionnels, etc. Sans doute, il appartient au pouvoir central d’enseigner aux communes les règles d’une bonne administration, et de tenir en bride l’arbitraire municipal : mais le gouvernement, pour s’affermir sur sa base hiérarchique, tient à se faire agréer des municipaux, et par eux de toute la caste électorale, qui lui envoie des députés. Comment un ministre contredirait-il des gens qui votent une garniture de diamants à la naissance de l’héritier présomptif, trente mille francs à son passage, et des dragées à ses noces ?…
576. In the present condition, the inhabitants of a municipality are not all municipal electors; there is, as for the election of deputies, a fiscal condition to fulfill: it is a proprietary system. — Then the mayor is not directly elected by the voters; he is chosen by the prefect and, when the commune is of a certain extent, by the king himself, among the elected councillors: it is a hierarchical system. — Finally, the mayor and the deputies are irresponsible; the deliberations of the municipal councils are held behind closed doors; they are not even reported verbatim; the mayor and his affiliates do as they please; the commune is their heritage; its property and income are their possession; they order expenses, create employments and sinecures, police arbitrarily, and render no accounts. The municipality is, in short, less liberal, less democratic, more possessibe and more galling than the national representation, the first authority of the nation: it is an aristocratic system.
The central power, it is thought, intervening in the management of the municipalities, can reject imprudent expenses, break illegal adjudications, refuse loans contracted without necessity, deduct additional centimes, etc. Doubtless, it is up to the central power to teach the municipalities the rules of good administration, and to rein in municipal arbitrariness, but the government, in order to consolidate itself on its hierarchical basis, wishes to be approved by the municipal authorities, and through them by the whole electoral caste, which sends deputies to it. How could a minister contradict the people who vote for a garnish of diamonds at the birth of the heir presumptive, thirty thousand francs at his passing, and sugared almonds at his wedding?…
577. Bien des gens s’imaginent que l’ordre judiciaire est ce que nous avons de mieux défini, de plus parfaitement organisé dans nos institutions. Nous avons présenté sommairement nos vues à cet égard (549) : quelques mots de plus suffiront.
a) On compte, au civil, quatre degrés de juridiction : 1. Justice de paix ; 2. Instance ; 3. Cour royale ; 4. Cour de cassation. Pourquoi ces quatre degrés ? pourquoi pas six ou huit ?…
b) Outre les tribunaux civils, il y a des tribunaux de police, de commerce et d’administration. Sur quoi se fondent ces divisions ? et si ces divisions s’expliquent en économie, pourquoi, du moins, ne se groupent-elles pas en une série supérieure ?
L’empereur Nicolas a créé dans ses États presque autant de tribunaux que la matière judiciaire présente de variétés : ce système est-il meilleur ou pire que le nôtre ? quel est le principe de division, le point de vue sériel (248) sous lequel doivent s’opérer les catégories du pouvoir arbitral ?…
c) Le conseil d’État est tribunal administratif et machine administrative.
Le préfet est juge administratif et chef d’administration.
Les juges de commerce sont commerçants et industriels : c’est-à-dire qu’en dehors des tribunaux civils, les hommes qui rendent la justice sont à la fois juges et parties. Il s’ensuit que l’administration, dans ses démêlés avec les particuliers, n’a jamais tort, qu’aux yeux des juges de commerce, créanciers, débiteurs ou associés des justiciables, les faillis sont excusés d’avance, et les banqueroutiers dignes de pitié.
577. Many people imagine that the judicial order is what we have best defined, most perfectly organized in our institutions. We have briefly presented our views in this regard (549): a few more words will suffice.
a) There are four levels of civil jurisdiction: 1. Justice of the peace; 2. Court; 3. Royal Court; 4. Court of Cassation. Why these four degrees? why not six or eight?…
b) In addition to the civil courts, there are police, commercial and administrative courts. What are these divisions based on? And if these divisions can be explained in economy, why, at least, are they not grouped into a higher series?
The Emperor Nicolas has created in his States almost as many tribunals as there are varieties of judicial matters. Is this system better or worse than ours? What is the principle of division, the serial point of view (248) under which the categories of arbitral power must operate?…
c) The Council of State is an administrative tribunal and an administrative machine.
The prefect is an administrative judge and head of administration.
Commercial judges are merchants and industrialists: that is to say, outside the civil courts, the men who dispense justice are both judges and parties. It follows that the administration, in its disputes with individuals, is never wrong, that in the eyes of commercial judges, creditors, debtors or partners of litigants, bankrupts are excused in advance, and bankrupts worthy of pity.
578. Par la charte de 1830, le gouvernement de juillet avait promis la liberté de l’enseignement. De toutes les promesses qu’il nous a faites, c’était celle qu’il devait le moins tenir : il ne l’a pas tenue ; loin de là, il poursuit son œuvre de centralisation et d’unité : nous devons le remercier hautement[6].
Mais après avoir unifié et centralisé, il faut démocratiser l’enseignement, abolir la hiérarchie universitaire, et faire intervenir, non pas les élèves, à Dieu ne plaise ! mais le corps entier des professeurs, dans l’administration des collèges et la direction de l’enseignement.
J’avoue que, si la démocratie est d’une pratique difficile dans la sphère politique, elle l’est bien davantage encore dans l’enseignement. Ici la divergence des opinions et des vues croît en raison même des connaissances des individus : et peut-être qu’en l’absence d’une coordination puissante de la société, qui enserre, contienne et dirige le pouvoir universitaire, la constitution définitive de ce pouvoir est radicalement impossible.
Mais, laissant de côté les questions d’application et d’opportunité, il faut reconnaître que la hiérarchie universitaire est la source des plus honteux monopoles : grammaire, histoire, géographie, grec et latin, philosophie et mathématiques, toutes les matières d’enseignement deviennent, entre les mains des agents de l’Université, je devrais dire, des préposés de la férule, moyen de fortune, de considération et d’avancement. Les faits sont connus de tout le monde : je ne déshonorerai point ce livre en en rapportant les plus fameux exemples. L’industrialisme et l’arbitraire, qui règnent partout dans l’Université, sont le vrai motif des pétitions en faveur de la liberté d’enseignement : mais, tout unis de sentiments que nous soyons aux auteurs de ces pétitions, nous ne pouvons partager leurs vues : mieux vaut encore la hiérarchie qui conduit à l’ordre, qu’une liberté qui se résoudrait dans le despotisme.
578. By the charter of 1830, the July government had promised freedom of education. Of all the promises it made to us, this was the one it should least keep. It did not keep it; far from it, it continues its work of centralization and unity: we must thank it highly. [6]
But after having unified and centralized, we must democratize education, abolish the university hierarchy, and involve, not the students, — God forbid! — but the whole body of teachers, in the administration of colleges and in the direction of education.
I admit that, if democracy is difficult to practice in the political sphere, it is even more so in education. Here the divergence of opinions and views grows by reason of the knowledge of individuals, and perhaps in the absence of a powerful coordination of society, which encloses, contains and directs university power, the definitive constitution of this power is radically impossible.
But, leaving aside the questions of application and expediency, it must be recognized that the university hierarchy is the source of the most shameful monopolies: grammar, history, geography, Greek and Latin, philosophy and mathematics, all the teaching subjects become, in the hands of the agents of the University, — I should say, attendants of the rod, — means of fortune, consideration and advancement. The facts are known to everyone: I will not dishonor this book by reporting the most famous examples. Industrialism and arbitrariness, which reign everywhere in the University, are the real reason for the petitions in favor of freedom of education, but, united in our sentiments as the authors of these petitions, we cannot share their views: the hierarchy that leads to order is still better than the liberty that results in despotism.
579. La division des fonctions dans l’enseignement est identique à la classification des sciences : de sorte que, tracer l’arbre généalogique des connaissances humaines, c’est organiser le pouvoir enseignant, l’Université.
« Une classification vraiment naturelle des sciences doit servir de type pour régler convenablement les divisions en classes et sections d’une société de savants qui, se partageant entre eux l’universalité des connaissances humaines, voudraient que sciences mathématiques, physiques, morales et politiques, histoire, procédés des arts, etc., rien ne fût étranger à leurs travaux…
« Qui ne voit également que la disposition la plus convenable d’une grande bibliothèque, et le plan le plus avantageux d’une bibliothèque générale, ou même d’un catalogue de livres plus restreint, serait encore le résultat d’une bonne classification de nos connaissances ? que c’est à elle d’indiquer la meilleure distribution des objets d’enseignement et le nombre des cours, soit dans les établissements destinés à l’instruction commune, soit dans les écoles supérieures ?…
« Ceux qui ont cherché à réunir les vérités relatives à un objet pour en former des sciences n’ont pas toujours su ou embrasser cet objet, ou s’y borner : ils ont rarement cherché les rapports des vérités dont ils s’occupaient avec l’ensemble des connaissances humaines. De là tant de sciences dont les limites sont mal tracées… »
Ces paroles du savant Ampère doivent être pour nous un oracle. Le vrai système de l’enseignement, la série naturelle des études et des instructeurs, est adéquate à l’ordre généalogique des sciences, à l’encyclopédie naturelle.
579. The division of functions in education is identical to the classification of the sciences: so that to trace the genealogical tree of human knowledge is to organize the teaching power, the University.
“A truly natural classification of the sciences should serve as a model for properly regulating the divisions into classes and sections of a society of scholars who, sharing among themselves the universality of human knowledge, would like the mathematical, physical, moral and political sciences, history, processes of the arts, etc., nothing was foreign to their work…
Who does not see that the most suitable layout of a large library, and the most advantageous plan of a general library, or even of a more restricted catalog of books, would still be the result of a good classification of our knowledge? That it is up to this classification to indicate the best distribution of teaching objects and the number of courses, either in the establishments intended for common instruction, or in the higher schools?…
“Those who have sought to unite the truths relating to an object in order to form sciences from it have not always known how to embrace this object, or limit themselves to it. They have rarely sought the relationship of the truths with which they are concerned with the body of human knowledge. Hence so many sciences whose limits are badly drawn…”
These words of the learned Ampère should be an oracle for us. The true system of teaching, the natural series of studies and instructors, is adequate to the genealogical order of sciences, to the natural encyclopedia.
580. Toute science est, objectivement, perception de rapports ; subjectivement, classification d’idées (356) : or, les idées deviennent visibles par les signes (248, 269) ; d’où il suit que l’art de combiner les signes constitue toute la science de l’homme.
D’après cela, il est aisé de déterminer la première des spécialités enseignantes, celle d’où toutes les autres découlent, non comme de leur source, mais comme de leur rudiment.
L’homme qui enseigne la prononciation, les lettres, les flexions, les chiffres, les figures, les notes, l’accent, le rhythme, le geste et le pas ; le Maître d’école, en un mot, l’initiateur de l’enfance, ayant pour spécialité d’enseigner les signes, instruments de tout art et de toute science, le Maître d’école est l’organe cardinal du pouvoir universitaire, le point de ralliement de toutes les études, le premier interprète de la loi sérielle.
Mais ici, comme ailleurs, l’organisation a suivi une marche rétrograde : la société, qui s’est donné des rois avant d’avoir su faire des artisans, devait créer l’Institut, avant de définir le Maître d’école.
580. All science is, objectively, the perception of relations; subjectively, the classification of ideas (356): now, ideas become visible through signs (248, 269); whence it follows that the art of combining signs constitutes the whole science of man.
From this, it is easy to determine the first of the teaching specialties, that from which all the others flow, not as from their source, but as from their rudiment.
The man who teaches pronunciation, letters, inflections, numbers, figures, notes, accent, rhythm, gesture and step; the schoolmaster, in a word, the initiator of childhood, having the specialty of teaching signs, instruments of all art and science, the schoolmaster is the cardinal organ of university power, the rallying point of all studies, the first interpreter of serial law.
But here, as elsewhere, the organization followed a retrograde course: society, which gave itself kings before it knew how to make craftsmen, had to create the Institute, before defining the Schoolmaster.
581. Après l’instituteur primaire viennent, dans l’ordre naturel du dédoublement scientifique, les professeurs de langues, de mathématiques, de chant, de physique, d’histoire naturelle, d’arts et métiers : l’application accompagnant toujours la théorie, souvent même la devançant ; et la spécialité des leçons se resserrant à mesure que l’aptitude naturelle de l’élève se déclare, et que ses progrès sont plus rapides.
Que signifie donc cette suite de professeurs de 8e, 7e, 6e, 5e, 4e, 3e, 2e, 1re, qui, distingués les uns des autres, comme les capitaines d’un régiment, par le numéro de leur compagnie, composent presque tout le personnel des collèges et, seuls encore, présentent l’apparence de distribution et de série ? — Sans doute, on ne parle correctement sa langue que lorsqu’on l’a étudiée comparativement avec une autre ; on ne sait bien que ce que l’on exprime avec netteté et précision : l’art de parler et d’écrire est le premier de tous. Mais qu’y a-t-il de commun entre la science et les lettres, et ces huit années d’éducation moyen âge ?…
581. After the primary teacher come, in the natural order of scientific duplication, the teachers of languages, mathematics, singing, physics, natural history, arts and crafts: application always accompanying theory, often even ahead of it; and the specialty of the lessons contracting in proportion as the natural aptitude of the pupil declares itself, and as his progress is more rapid.
What does this series of professors of 8th , 7th , 6th , 5th , 4th , 3rd , 2nd , 1st signify, who, distinguished from each other, like the captains of a regiment, by the number of their company, make up nearly all college personnel, and alone again present the appearance of distribution and series? — Doubtless, one speaks one’s language correctly only when one has studied it comparatively with another; we only know what we express with net clarity and precision: the art of speaking and writing is the first of all. But what is there in common between science and letters, and these eight years of education from the Middle Ages?…
582. L’émulation a toujours été regardée, avec raison, comme le grand ressort de renseignement et le mobile le plus énergique de la jeunesse : la classification scolastique des études en a fait un principe de vanité sotte et une cause de découragement.
Dans chacune de ces huit classes, qui ne sont après tout que la même, graduée selon le temps, il y a des prix de thème, version, vers latins, excellence, narration, histoire, géographie, etc. Or, cette division pompeuse, de même que la hiérarchie octavale des professeurs, ne contient qu’une espèce, la mémoire. Aussi arrive-t-il constamment que, dans chaque classe, le même sujet remporte presque tous les prix ; puis que dans toutes ses classes il les remporte encore : et le public s’étonne qu’en une même génération se rencontrent tant de précoces génies. On se montre avec complaisance le pauvre enfant qui a obtenu huit prix dans sa classe : on ne songe pas qu’on lui a donné, sous des noms différents, huit fois le même prix..
Établissez des prix de courage, de force, d’adresse, de course, de danse, de chant, de menuiserie, de métallurgie, etc. : ceux-là vaudront bien les autres, et ne seront pas moins significatifs. Alors, ainsi que dans l’Humanité même, vous verrez, parmi cette jeunesse, le nivellement des capacités se produire, à mesure que vous vous éloignerez du bas âge.
Je demande la permission de rapporter un fait qui m’est personnel, et qui prouve combien nos distributions de prix sont absurdes.
Dans mes premières années de collége, je réussissais constamment en thème ; j’étais moins heureux en version. Ne sachant à quoi attribuer cette infériorité toute spéciale, je me mis à composer mes phrases d’après mes lectures, et à transporter de mes livres dans mes devoirs les tours que j’avais retenus. Je fis plus mal encore : le professeur me reprocha la prétention et la recherche, pendant que je négligeais le sens. Enfin je m’aperçus que, comme les thèmes roulaient sur une ou plusieurs règles de rudiment qu’il fallait apprendre, de même les versions étaient choisies de manière à nous exercer sur la même règle, mais en mode inverse : en sorte que de thème à version c’était toujours même besogne. Je sus dès lors à quoi m’en tenir ; je reconquis en version ma supériorité de thème, et je fus applaudi !
On appelle cela enseigner une langue : je dis que c’est siffler des merles. Comment, avec ce procédé mécanique et moutonnier, le jeune homme apprendra-t-il à revêtir sa pensée, toujours originale en lui, d’un style propre à cette pensée et original comme elle ? Tous les prix d’honneur et les rhétoriques n’y peuvent rien : en croit former des écrivains ; on n’élève que des greffiers.
582. Emulation has always been regarded, with good reason, as the great source of information and the most energetic motive of youth: the scholastic classification of studies has made it a principle of foolish vanity and a cause of discouragement.
In each of these eight classes, which after all are only the same, graduated according to time, there are prizes for theme, version, Latin verse, excellence, narration, history, geography, etc. Now, this pompous division, like the octaval hierarchy of professors, contains only one species, memory. So it constantly happens that, in each class, the same subject wins almost all the prizes; then that in all his classes he still wins them, and the public is astonished that in the same generation meet so many precocious geniuses. We show ourselves with complacency the poor child who has won eight prizes in his class: we do not dream that he has been given, under different names, eight times the same prize.
Establish prizes for courage, strength, skill, running, dancing, singing, carpentry, metalwork, etc.: these will be worth the others, and will not be less significant. Then, as in Humanity itself, you will see, among this youth, the leveling of capacities taking place, as you move away from infancy.
I ask permission to relate a fact that is personal to me, and which proves how absurd our prize distributions are.
In my first years of college, I succeeded constantly in theme; I was less fortunate in version. [*] Not knowing what to attribute this very special inferiority to, I set about composing my sentences from what I had read, and transferring from my books to my homework the tricks I had retained. I hurt even more: the professor reproached me for the pretension and the research, while I neglected the meaning. Finally I realized that, as the themes revolved around one or more rudimentary rules that had to be learned, similarly the versions were chosen so as to exercise us on the same rule, but in reverse mode: so that from theme to version it was always the same job. I knew then what to expect; I reconquered in version my superiority of theme, and I was applauded!
This is called teaching a language: I say it’s whistling for blackbirds. How, with this mechanical and sheepish process, will the young man learn to dress his thought, always original in him, with a style specific to this thought and original like it? All the prizes of honor and the rhetoric can do nothing there: believing we train writers, we only raise clerks.
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* Theme is translation from your native tongue; version is translation into your native tongue.
83. Tant qu’on ne suivra pas, dans le progrès des études, mode naturel de spécification et de dédoublement, les trois quarts des élèves, jusqu’au moment où ils seront affranchis de l’école, seront condamnés à une incurable médiocrité. Je sais que les enfants ne montrent pas d’abord des facultés égales, et que, dès la croix de par Dieu, il se manifeste des inégalités affligeantes… Ces inégalités, souvent plus apparentes que réelles, tiennent surtout à ce que le développement de la vie et de la raison ne se mesure pas selon le temps, mais qu’il a lieu par secousses irrégulières, par crises et par fougues. Il est aussi des caractères impénétrables, des natures excentriques, pour lesquels les méthodes ordinaires sont impuissantes, et que l’on se hâte de condamner faute de savoir les comprendre. La nature vivante et réfléchissante ne suit pas, dans ses progrès, la marche didactique de l’école : souvent la capacité se cache, puis éclate tout à coup, au moment où l’on s’y attend le moins. Tel qui n’aura rien appris chez le maître d’école, parvenu à dix-huit ans, à cette époque de fièvre, de passion et d’enthousiasme, deviendra maître sur le chantier, à la manœuvre et aux exercices. De la hache et de la pioche il remontera à la lecture et au au calcul : le dédoublement des connaissances, pour lui, semblera suivre une marche rétrograde. C’est que tout est commencement et fin pour la nature, et que, sur quelque point de l’âme qu’elle appuie le compas, elle y décrit la série et y fait naître l’intelligence.
Attendre patiemment l’heure du berger, épier la nature, saisir la pensée au moment de son éclosion, sont des choses que l’on ne pratique pas dans nos écoles : la méthode, conçue dans le cerveau d’un ministre ou d’un commis, est tracée ; la destination de l’élève est arrêtée par sa famille : marche, enfant ! marche, jeune homme ! Les conditions qu’on te fait sont antipathiques à ton âme : n’importe, tu t’y soumettras, ou tu ne seras qu’une bête.
583. As long as we do not follow, in the progress of studies, the natural mode of specification and division, three quarters of the pupils, until the moment when they are freed from school, will be condemned to an incurable mediocrity. I know that children do not at first show equal faculties, and that, from the Croix de-par-Dieu, distressing inequalities manifest themselves… These inequalities, often more apparent than real, are due above all to the fact that the development of life and of reason is not measured according to time, but takes place by irregular jolts, by crises and by ardors. There are also impenetrable characters, eccentric natures, for whom ordinary methods are powerless, and which one hastens to condemn for lack of knowing how to understand them. The living and reflective nature does not follow, in its progress, the didactic progress of the school: often a capacity hides, then bursts suddenly, at the moment when one least expects it. Someone who has learned nothing from the schoolmaster, having reached the age of eighteen, at this time of fever, passion and enthusiasm, will become a master on the building site, in maneuvers and exercises. From the ax and the pickaxe he will go back to reading and calculation: the duplication of knowledge, for him, will seem to follow a retrograde course. It is because everything is beginning and end for nature, and because, on whatever point of the soul she leans the compass, she describes there the series and gives birth to intelligence.
Patiently waiting for the shepherd’s hour, spying on nature, seizing thought at the moment of its blossoming, are things that are not practiced in our schools: the method, conceived in the brain of a minister or a senior civil servant, is plotted; the pupil’s destination is set by his family: March, child! March, young man! The conditions that are made for you are antipathetic to your soul: it doesn’t matter, you will submit to them, or you will be nothing but an animal.
584. Comment ne voit-on pas qu’en tout homme l’activité obéit à une tendance particulière ; que cette tendance, nécessairemement spéciale, est le principe de la capacité future ; que c’est au maître à la deviner, à s’en saisir, à s’y placer comme en un foyer, pour de là opérer en tous sens et selon toutes les directions.
Votre élève est-il né entreprenant et dévastateur ? aime-t-il à s’exercer sur le bois, la pierre ou le fer ? son cerveau, doué d’une grande puissance d’objectivation, n’admet-il que des représentations concrètes et des images ? Gardez-vous de débuter avec lui par des abstractions et des lois. Donnez-lui des outils à manier, des arbres ou des pierres à équarrir : le temps viendra où de la pratique il remontera aux théories ; et tandis que, pour d’autres, l’intelligence précède l’action, pour lui ce sera l’action qui aura précédé l’intelligence.
L’homme, de la spécialité qui lui est dévolue, peut toujours s’étendre à d’autres, et de là s’élever aux lois générales de la nature et de l’esprit (436) ; seulement, il pénètre dans les sphères qui l’environnent, avec d’autant moins de vigueur, de netteté et de plénitude, qu’elles s’éloignent davantage de celle qui lui est propre. Ainsi se manifeste toute spécialité : une et multiple, simple et sériée, pratique et métaphysique ; lumière intelligible, dont la projection s’affaiblit à mesure qu’elle s’éloigne du centre rayonnant ; mais lumière immortelle, image de la gloire infinie du Créateur, principe de certitude et gage de notre égalité sur la terre.
584. How can we fail to see that in every man activity obeys a particular tendency; that this necessarily special tendency is the principle of the future capacity; that it is up to the master to guess it, to seize it, to place himself there as in a hearth, in order to operate from there in all senses and according to all directions.
Was your student born enterprising and devastating? Does he like to practice on wood, stone or iron? Does his brain, endowed with a great power of objectification, admit only concrete representations and images? Beware of beginning with him with abstractions and laws. Give him tools to handle, trees or stones to square: the time will come when from practice he will go back to the theories; and while, for others, intelligence precedes action, for him it will be action that will have preceded intelligence.
Man, from the specialty assigned to him, can always extend to others, and from there rise to the general laws of nature and the spirit (436); only, he penetrates into the spheres that surround him, with that much less vigor, clarity and fullness, as his move further away from that which is proper to him. This is how every specialty is manifested: one and multiple, simple and serial, practical and metaphysical; intelligible light, the projection of which weakens as it moves away from the radiating center; but immortal light, image of the infinite glory of the Creator, principle of certainty and pledge of our equality on earth.
585. Que la postérité dise si nous nous sommes trompés : — la génération présente ne niera pas que nos réformes ne continuent les faits accomplis, et que nos idées ne se déroulent sur la ligne même des traditions et du progrès.
Le christianisme, en se débattant au dix-neuvième siècle contre l’indifférence, a jeté son cri de détresse et dit son chant funèbre.
La philosophie, en produisant l’éclectisme, s’est disséquée de ses propres mains.
Épuisée d’arguments et de foi, la société plonge sous la vague sensualiste et s’abreuve de jouissances ; mais, prête à périr, l’instinct de conservation la soulève ; et, tandis qu’elle s’efforce de croire et de raisonner encore, tandis qu’elle embrasse d’une étreinte convulsive les antiques objets de son amour et de son orgueil, elle ne trouve plus qu’un fantôme et des lambeaux de cadavre.
Épouvantée, elle s’écrie : « Qu’y a-t-il de certain ? La vérité est-elle la réalité même, la nature des choses tombant sous la connaissance de l’homme ; ou bien n’est-elle qu’une apparence, une conception, arbitraire ou nécessaire, de notre esprit[7] ? »
Honneur au corps savant qui, en posant le problème de la certitude, s’est fait l’interprète de nos besoins ! Mais honte à lui et malédiction, s’il a eu seulement en vue de glorifier quelque philosophe, ou si, spéculant sur l’impuissance des tentatives, il a voulu exploiter le scepticisme aux dépens de la liberté, comme naguère aux dépens de la science sociale il exploitait l’indifférence politique ! L’académie des sciences morales et politiques continuerait-elle la conspiration des sophistes ?… L’exposé des motifs de son jugement nous l’apprendra.
La tâche offerte aux méditations des jeunes philosophes est épineuse, non par la difficulté du problème à résoudre : cette solution est faite ; — mais par l’incapacité, pour ainsi dire invincible, du jury. Il s’agit, en effet, de rendre intelligibles, à des hommes vieillis dans la sophistique et dans la foi, les propositions suivantes :
585. Let posterity say if we were mistaken: — the present generation will not deny that our reforms do not continue accomplished facts, and that our ideas do not unfold along the very line of tradition and progress.
Christianity, struggling in the nineteenth century against indifference, uttered its cry of distress and sang its dirge.
Philosophy, in producing eclecticism, has dissected itself with its own hands.
Exhausted of arguments and faith, society plunges under the sensualist wave and becomes drunk on pleasure; but, ready to perish, the instinct of self-preservation lifts it up, and while it tries to believe and to reason again, while it embraces with a convulsive embrace the ancient objects of its love and its pride, it finds only a ghost and shreds of a corpse.
Terrified, it exclaims: “What is certain? Is truth reality itself, the nature of things falling under the knowledge of man, or is it only an appearance, a conception, arbitrary or necessary, of our mind?” [7]
Honor to the scholarly body which, by posing the problem of certainty, has made itself the interpreter of our needs! But shame to it and curses, if it had only in mind to glorify some philosopher, or if, speculating on the impotence of attempts, it wanted to exploit skepticism at the expense of liberty, as formerly it exploited political indifference at the expense of social science! Would the Academy of Moral and Political Sciences continue the conspiracy of the sophists?… The statement of the reasons for its judgment will tell us.
The task offered to the meditations of young philosophers is thorny, not because of the difficulty of the problem to be solved: this solution is made; — but by the incapacity, more or less invincible, of the jury. It is a question, in fact, of making intelligible, to men grown old in sophistry and in faith, the following propositions:
586. Et d’abord, pour donner une théorie complète de la vérité et de ses fondements, il n’était pas nécessaire, comme l’a dit un spirituel critique, de réunir à soi seul Pascal, Leibnitz ; Malebranche et Descartes. La théorie du vrai constitue une science dont les éléments pouvaient être aperçus et combinés par un esprit médiocre, bien que les limites n’en doivent jamais être atteintes.
Cette première observation, la philosophie, prétentieuse et guindée, ne la pouvait faire.
586. And first of all, to give a complete theory of truth and of its foundations, it was not necessary, as an intellectual critic has said, to unite to oneself alone Pascal, Leibnitz, Malebranche and Descartes. The theory of truth constitutes a science whose elements could be perceived and combined by a mediocre mind, although its limits should never be reached.
This first observation, philosophy, pretentious and stilted, could not make.
587. En second lieu, les sciences mathématiques semblent seules, jusqu’à ce jour, avoir le caractère de la certitude, et par là elles s’isolent de toutes les autres connaissances, sur lesquelles plane un doute irrémédiable. Or, cet isolement des mathématiques est lui-même quelque chose de mystérieux, d’incompréhensible, qui les ramène sous l’empire du doute. L’esprit, dit-on, n’est sûr de rien, si ce n’est des vérités mathématiques ; mais, précisément parce qu’il n’est sûr que de cela, l’esprit doit douter encore des vérités mathématiques. Car, ainsi que nous l’avons fait voir (339 et suiv.), l’unité ne se comprend que par la série, c’est-à-dire, que ce qui n’a de rapport avec rien est inintelligible. Les apparences mathématiques, sans rapport avec les autres apparences de l’esprit, sont donc aussi inintelligibles. C’est ce qu’ont profondément senti tous les grands sceptiques ; mais sans qu’ils aient pu, comme nous venons de faire, en donner la raison ; parce que, s’ils avaient connu cette raison, ils eussent connu la loi sérielle, ils eussent connu ce qui fait le caractère de la certitude, et leur doute se fût dissipé à l’instant.
La réduction des mathématiques, au nombre des connaissances douteuses, était nécessaire à la solution du problème de la certitude : or, la philosophie ne pouvait non plus opérer cette réduction.
587. In the second place, the mathematical sciences seem alone, up to this day, to have the character of certainty, and thereby they isolate themselves from all other knowledge, over which there hangs an irremediable doubt. Now, this isolation of mathematics is itself something mysterious, incomprehensible, which brings it back under the sway of doubt. The mind, it is said, is sure of anything except mathematical truths; but, precisely because it is sure of only that, the mind must still doubt mathematical truths. For, as we have shown (339 et seq.), unity can only be understood by the series, that is to say, that which has no relation to anything is unintelligible. Mathematical appearances, unrelated to the other appearances of the mind, are therefore also unintelligible. This is what all the great skeptics have deeply felt, but without having been able, as we have just done, to give the reason; because, if they had known this reason, they would have known the serial law, they would have known what constitutes the character of certainty, and their doubt would have been instantly dissipated.
The reduction of mathematics to the number of doubtful forms of knowledge was necessary for the solution of the problem of certainty: yet philosophy could not accomplish this reduction either.
588. La théorie du vrai est la Méthode naturelle de classification et de composition des idées. — Les mathématiques sont des méthodes particulières de classification, de différenciation el de série (157-176) ; la série est le caractère commun qui les assimile aux autres sciences, et qui donne à toutes la certitude. Cette proposition, qui met sur la même ligne toutes les sciences, était après les prolégomènes qu’on vient de lire (586, 587), la première que nous eussions à démontrer.
588. The theory of truth is the natural method of classification and composition of ideas. — Mathematics are particular methods of classification, differentiation and series (157-176); the series is the common characteristic that assimilates them to the other sciences, and gives certainty to all. This proposition, which puts all the sciences on the same line, was, after the prolegomena that we have just read (586, 587), the first that we had to demonstrate.
589. Ainsi l’idée est l’aperception d’une série (355) ; la vérité, pour l’homme, ou la certitude, est l’intelligence du rapport qui, sous un point de vue donné, constitue cette série.
Ce que l’on appelle conception est la vue de l’élément, de la raison et des modes de la série (341-354).
589. Thus the idea is the apperception of a series (355); truth, for man, or certainty, is the understanding of the relationship that, from a given point of view, constitutes this series.
What is called conception is the view of the element, reason and modes of the series (341-354).
590. La série n’est point une forme de l’entendement, amorphe de sa nature : elle est d’abord une impression de la réalité sur l’entendement.
Mais la vérité n’est pas seulement la réalité, la nature des choses tombant sous la connaissance de l’homme : en vertu de l’activité propre de l’entendement, elle est encore, en certains cas, une création opérée par l’esprit à l’image de la nature.
Nous savons, en effet, qu’il est des séries réelles et des séries idéelles (360-363) : les premières formées d’éléments inintelligibles et indissolubles ; les secondes composées d’unités, pour ainsi dire, conventionnelles, créées par une abstraction ou sériation logique de l’entendement (241-247), par conséquent susceptibles d’exposition, de transcription et d’analyse.
Mais dans ces deux catégories de représentations, la certitude est égale : la série idéelle étant un calque de la série réelle, paradigme authentique de l’intelligence. De là l’axiome aussi nouveau qu’irréfragable : Tout ce que l’observation révèle est loi de la pensée ; tout ce qui est intelligible à l’entendement est possible à l’expérience (355-356).
Il est donc également vrai de dire et que les choses sont les types des idées, et qu’elles sont des idées réalisées : l’objectif et le subjectif sont adéquats l’un à l’autre, sinon quant à la substance, du moins quant à la forme.
590. The series is not a form of the understanding, amorphous by nature: it is first of all an impression of reality on the understanding.
But the truth is not only the reality, the nature of things falling under the knowledge of man. By virtue of the proper activity of the understanding, it is still, in certain cases, a creation brought about by the mind in the image of nature.
We know, in fact, that there are real series and ideal series ( 360-363 ): the first formed of unintelligible and indissoluble elements; the second composed of units that are, so to speak, conventional, created by an abstraction or logical seriation of the understanding (241-247), consequently susceptible of exposition, transcription and analysis.
But in these two categories of representations, certainty is equal: the ideal series being a copy of the real series, an authentic paradigm of intelligence. Hence the axiom as new as it is irrefutable: All that observation reveals is the law of thought; everything that is intelligible to the understanding is possible to experience (355-356).
It is therefore equally true to say that things are types of ideas, and that they are realized ideas: the objective and the subjective are adequate to each other, if not in substance, at least as to form.
591. Qu’est-ce, à présent, que la faculté de connaître ? La faculté, disait Kant, d’unir synthétiquement la diversité de l’aperception (341). Si, par impossible, les unités sérielles étaient réfléchies sur un moi doué de sensibilité, mais multiple en son essence, ce moi n’éprouverait qu’un sentiment vague ; il ne verrait, ne connaîtrait, ne penserait rien.
Cette faculté est unique ; car si elle n’était pas unique, la diversité de l’aperception ne serait pas synthétisée dans l’entendement. Les autres facultés intellectuelles sont des modes de celle-là : la mémoire est une synthèse du temps, synthèse toujours croissante dans son amplitude, comme dans ses unités ; — l’imagination est le jeu spontané de la pensée à travers les séries qu’elle reçoit, copie ou transpose ; — le raisonnement est la vérification du rapport et du point de vue qui constituent la série.
591. What is, at present, the faculty of knowing? The faculty, said Kant, of synthetically uniting the diversity of apperception (341). If, by impossibility, the serial units were reflected on a self endowed with sensibility, but multiple in its essence, this self would experience only a vague feeling; it would see, know, and think nothing.
This faculty is unique; because if it were not unique, the diversity of apperception would not be synthesized in the understanding. The other intellectual faculties are modes of this one: memory is a synthesis of time, a synthesis always increasing in its amplitude, as in its units; — the imagination is the spontaneous play of thought through the series it receives, copies or transposes; — reasoning is the verification of the relation and of the point of view that constitute the series.
592. Si le raisonnement n’est que l’art de classer les idées (237, 288, 302), de construire et d’analyser des séries ; et s’il est possible, par l’observation, de découvrir les lois essentielles de toute série, il s’ensuit, non qu’avec la métaphysique la science universelle nous soit donnée : — la connaissance des lois du vrai ne supplée point à l’expérience ; elle ne fait que la diriger et la servir ; — mais que nous pouvons avec certitude juger du vrai et du faux, de l’ordre et du désordre, du bien et du mal ; conséquemment que, sous l’observation de certaines lois, notre raison est infaillible.
592. If reasoning is only the art of classifying ideas (237, 288, 302), of constructing and analyzing series; and if it is possible, by observation, to discover the essential laws of any series, it follows, not that with metaphysics universal science is given to us, — knowledge of the laws of truth does not supplement experience; it only directs and serves it; — but that we can with certainty judge true and false, order and disorder, good and evil; consequently that, under the observation of certain laws, our reason is infallible.
593. Et non-seulement notre raison est infaillible ; mais connaissant les lois du vrai, elle connaît par là même les causes de ses erreurs, et peut se rendre compte des notions incomplètes qui l’ont égarée.
La religion est un acte de foi, dont la formule ne couvre de vérité qu’autant que l’intuition du révélateur a été immédiate et pure, et son verbe dégagé de toute analogie, allégorie et symbolisme (14, 24-78). Poser le problème de la certitude, c’est demander si la fin des religions approche.
La philosophie est la prétention de créer la vérité avec des mots, c’est-à-dire de connaître la série naturelle par la série logique (248), inventée seulement pour la rapidité du discours. Cette prétention, qui dérive de l’idée de causalité (79-150), n’aboutit qu’à changer l’expression des idées acquises sans en découvrir de nouvelles : tous les systèmes de philosophie en sont là (195-218).
593. And not only is our reason infallible; but knowing the laws of truth, it knows by that very fact the causes of its errors, and can account for the incomplete notions that have led it astray.
Religion is an act of faith, the formula of which covers truth only insofar as the intuition of the revealer has been immediate and pure, and his word freed from all analogy, allegory and symbolism (14, 24-78). To pose the problem of certainty is to ask whether the end of religions is approaching.
Philosophy is the claim to create the truth with words, that is to say to know the natural series by the logical series (248), invented only for the rapidity of speech. This claim, which derives from the idea of causality (79-150), only results in changing the expression of acquired ideas without discovering new ones: all systems of philosophy are there (195-218).
594. La plus haute probabilité se distingue essentiellement de la certitude. En effet, la probabilité nous est donnée, soit par un postulé sériel, plus ou moins éloigné (321), soit par une série logique, artificielle ou similiforme, prise pour série naturelle (232, 235), soit enfin par une série calculée sous un point de vue simple, lorsqu’il aurait dû être complexe (270, 273 et suiv.).
Ainsi, la vie humaine se développe dans le temps : sous ce rapport, elle est susceptible de comparaison avec toutes les choses qui mesurent la durée. La théorie des probabilités, fondée sur des comparaisons et des proportions, peut donc nous servir à préjuger le nombre de nos jours. Mais ce calcul n’est jamais d’une absolue certitude : il s’écarte, au contraire, d’autant plus de la certitude que l’application se spécialise davantage, que la série artificielle et simple, établie sous l’unique point de vue de la comparaison des âges, embrasse un moindre nombre de sujets. La certitude, en ceci, résulterait d’un calcul qui aurait pour base, non-seulement la moyenne de longévité, mais toutes les causes, tant internes qu’externes, morales et physiques, dont l’enchaînement et la combinaison doivent amener, à un moment fixe, la mort. Ce calcul ne serait, comme l’on voit, que la construction d’une série complexe : or, comme la série simple et la série composée sont incommensurables, entre la plus haute probabilité donnée par la première et la certitude fournie par la seconde, il y a un abîme.
La puissance de calculer, ou, pour mieux dire, de voir intuitivement toutes les séries complexes, quel qu’en soit le degré, produit en Dieu la science de l’avenir.
594. The highest probability is essentially distinguished from certainty. Indeed, probability is given to us, either by a serial postulated, more or less distant (321), or by a logical series, artificial or similar, taken for a natural series (232, 235), or finally by a series calculated under a simple point of view, when it should have been complex (270, 273 et seq.).
Thus, human life develops in time: in this respect it is susceptible of comparison with all things that measure duration. Probability theory, based on comparisons and proportions, can therefore be used to prejudge the number of our days. But this calculation is never of absolute certainty: on the contrary, it deviates all the more from certainty as the application specializes more, as the artificial and simple series, established under the single point of view of the comparison of ages, embraces a smaller number of subjects. Certainty in this would result from a calculation based on not only the average longevity, but all the causes, both internal and external, moral and physical, the sequence and combination of which must lead to a fixed moment, death. This calculation would be, as we see, only the construction of a complex series: now, as the simple series and the composite series are incommensurable, between the highest probability given by the first and the certainty provided by the second, there is an abyss.
The power to calculate, or, to put it better, to see intuitively all complex series, whatever their degree, produces in God the science of the future.
595. L’Industrie humaine consiste dans le remaniement des réalités sériées, ou, si l’on aime mieux, dans la substitution de séries idéelles aux séries naturelles des corps (371). — Toutes les lois, formes et puissances de la série trouvent dans le travail leur application (416-442).
Il suit de là :
Que le travail étant une opération sérielle, toute spécialité productive est rudiment de science, démonstration métaphysique, source de poésie et d’art, exposition de l’absolu, réduction de l’infini ;
Que comme la série est la Forme de la capacité intelligente, de même elle est la Loi de la faculté industrielle ;
Que, comme la forme de la raison est pure, impersonnelle et absolue, ainsi la loi du travail est le mètre du talent ;
Conséquemment, que toute intelligence étant appelée, d’abord à concevoir par l’entendement, puis à exprimer par le travail la série au delà de laquelle il n’y a rien pour l’esprit, l’inégalité des intelligences n’est autre chose que l’incapacité plus ou moins prolongée où se trouvent ces intelligences de concevoir et d’exprimer la série, l’ordre, le vrai ; c’est-à-dire n’est qu’un fait anormal et transitoire (308-319).
Et de même enfin que les sciences ne se hiérarchisent pas, mais se coordonnent en chœur autour de la loi sérielle : de même, dans la société, les fonctions ne sont point, les unes par rapport aux autres, subalternes, mais sœurs, mais égales.
L’opinion de l’inégalité essentielle des capacités est une erreur populaire, entretenue et caressée, comme tant d’autres, par les théologiens et les sophistes, de tous les hommes les plus incapables d’en juger, comme ils sont les seuls qui y aient intérêt.
595. Human industry consists in the reworking of serial realities, or, if you prefer, in the substitution of ideal series for the natural series of bodies (371). — All the laws, forms and powers of the series find their application in labor (416-442).
It follows from this:
That, labor being a serial operation, every productive specialty is a rudiment of science, a metaphysical demonstration, a source of poetry and art, an exposition of the absolute, a reduction of the infinite;
That, as the series is the Form of intelligent ability, so it is the Law of industrial ability;
That, as the form of reason is pure, impersonal and absolute, so the law of labor is the meter of talent;
Consequently, that all intelligence being called, first to conceive by the understanding, then to express by labor the series beyond which there is nothing for the mind, the inequality of intelligences is nothing other thing that the more or less prolonged incapacity in which these intelligences find themselves of conceiving and expressing the series, the order, the truth; that is to say, is only an abnormal and transitory fact (308-319).
And just as, finally, the sciences are not hierarchized, but are coordinated in chorus around the serial law, in the same way, in society, the functions are not, with respect to each other, subordinate, but sisters, but equal.
The opinion of the essential inequality of capacities is a popular error, maintained and cherished, like so many others, by thetheologians and sophists, of all men the most incapable of judging it, as they are the only ones who have an interest in it.
596. Coordonner ou classer des fonctions nécessairement égales ; répartir les instruments du travail et les produits selon les spécialités individuelles et d’après les lois de l’échange : tel est le problème de la création de l’ordre dans l’Humanité.
Organiser la société, c’est décrire une série : série réelle et série idéelle tout ensemble ; car, si la série sociale est inaltérable dans sa forme, ses unités organiques sont à la fois vivantes, intelligentes et intelligibles.
Organiser la société, c’est opérer la synthèse de la matière et de l’esprit, c’est renouveler le miracle de la création. Un jour, le problème cosmogonique sera résolu par l’Économie sociale (321) : avec lui bien d’autres énigmes seront expliquées…
596. To coordinate or classify necessarily equal functions; to distribute the instruments of labor and the products according to individual specialties and according to the laws of exchange: such is the problem of the creation of order in Humanity.
To organize society is to describe a series: real series and ideal series altogether; for, if the social series is unalterable in its form, its organic units are at the same time living, intelligent and intelligible.
To organize society is to accomplish the synthesis of matter and mind, it is to renew the miracle of creation. One day, the cosmogonic problem will be solved by Social Economy (321): with it many other enigmas will be explained…
597. Et maintenant, démocrates, sommes-nous dans le vrai ? sommes-nous dans le progrès ?
La théorie sérielle était au fond de la pensée démocratique : car, si cette théorie a pour condition formelle la comparaison des méthodes (157-173), elle a pour condition causative la liberté des opinions, sans laquelle point de recherches, point d’idées.
Dans la sphère politique, la démocratie est la souveraineté passant de l’individu-roi à l’universalité des citoyens ; dans la sphère intellectuelle, la démocratie est la souveraineté passant de la raison sacerdotale et patricienne à la raison collective : — sous l’un et l’autre point de vue, la démocratie n’est point loi, mais matière de législation ; elle n’est pas forme politique, mais sujet d’organisation politique.
Organiser la démocratie est donc une expression parfaitement juste, qui montre à la fois et le faux des prétentions monarchiques, théocratiques et nobiliaires, et la nullité de ceux qui croient avoir tout dit, quand ils se sont proclamés démocrates.
597. And now, democrats, are we on the right trtack? Are we making progress?
The serial theory was at the bottom of democratic thought: for if this theory has as its formal condition the comparison of methods (157-173), it has as its causative condition liberty of opinion, without which there is no research, no ideas .
In the political sphere, democracy is sovereignty passing from the individual-king to the universality of citizens; in the intellectual sphere, democracy is sovereignty passing from sacerdotal and patrician reason to collective reason: — from both points of view, democracy is not law, but the matter of legislation; it is not a political form, but the subject of political organization.
Organizing democracy is therefore a perfectly correct expression, which shows both the falsity of monarchical, theocratic and noble pretensions, and the nullity of those who believe they have said everything, when they proclaim themselves democrats.
598. La théorie sérielle, produit spontané, expression pure de la démocratie, contient en essence :
Un art nouveau, supérieur à l’ancien, sinon peut-être par l’exécution des détails, du moins par les conceptions d’ensemble ; soumis aux lois d’une métaphysique inconnue, qui déjà s’annonce par divers symptômes.
Une littérature savante, synthétique, où le sentiment résultera de l’idée, où l’image sera formule ;
Une morale, j’ai presque dit une spiritualité, qui laissera loin derrière elle la morale et la spiritualité chrétienne, déshonorée par les folies des mystiques et les impuretés des casuistes.
598. The serial theory, spontaneous product, pure expression of democracy, contains in essence:
A new art, superior to the old, if not perhaps in the execution of the details, at least in the overall conceptions; subject to the laws of an unknown metaphysics, which already announces itself by various symptoms.
A learned, synthetic literature, where the sentiment will result from the idea, where the image will be formulated;
A morality, I almost said a spirituality, which will leave Christian morality and spirituality far behind, dishonored by the follies of mystics and the impurities of casuists.
599. Soyez fidèles à votre drapeau, démocrates, et toutes ces choses vous viendront infailliblement.
Fuyez ceux dont l’impuissance ne connaît de remède aux misères publiques que le retour à des idées vaincues, et dont la bouche ne s’exprime jamais sur l’égalité qu’avec des réserves injurieuses.
Laissez la religion aux prêtres : « Qu’ont-ils vu, ces théologiens ? qu’ont-ils vu plus que les autres ? quelle ignorance est la leur, et qu’il serait aisé de les confondre, si, faibles et présomptueux, ils ne craignaient d’être instruits ! Ils n’ont rien vu ; ils ne savent rien ; ils n’ont pas de quoi établir leur chimère de révélation : et cette fragilité de la raison humaine, qui faisait leur science, leur échappe[8]… »
La religion n’a que la foi ; le peuple veut qu’on lui fasse raison et justice.
Méprisez les philosophes : le plus grand effort de leur prétendue sagesse a été de poser en dogme le doute universel, le chef-d’œuvre de leur politique est cet ignoble juste-milieu, qui, opposant à la royauté la bourgeoisie, prétend soumettre à la bourgeoisie le peuple. Par eux la royauté, dont les destinées devaient être si glorieuses, a été faite instrument du monopole ; par eux la bourgeoisie, jadis avant-garde de la colonne révolutionnaire, n’est plus, si j’ose ainsi dire, que le punctum saliens de l’égalité.
La philosophie, aujourd’hui comme toujours, est girondine et thermidorienne ; le peuple entier est jacobin.
N’attendez rien, ni des rhéteurs qui vous gouvernent, ni des prêtres qui vous sermonnent : leur cerveau est moulé, leurs idées sont irréformables.
Ne cherchez point à les convaincre : le délire qui les agite est un signe non équivoque de mort. En vain leur diriez-vous que votre propre intérêt vous défend d’exiger une rigoureuse justice ; en vain offririez-vous à la dynastie les plus belles espérances : ils ne vous croiront pas ; leur mauvais génie les pousse à refuser tout : Quos vult perdere Jupiter dementat.
Plus de pétitions ni de remontrances : on y répond par des pasquinades. — À la balance du monopole, les douleurs du peuple ne pèsent rien.
599. Be true to your flag, democrats, and all these things will infallibly come to you.
Flee those whose impotence knows no remedy for public miseries except the return to vanquished ideas, and whose mouths never express themselves on equality except with insulting reservations.
Leave religion to the priests: “What have they seen, these theologians? What have they sees more than the others? What ignorance is theirs, and how easy it would be to confound them, if, weak and presumptuous, they were not afraid of being instructed! They have seen nothing; they do not know anything; they do not have the means to establish their chimera of revelation: and this fragility of human reason, which made up their science, escapes them [8] …”
Religion has only faith; the people want reason and justice to be done to them.
Despise the philosophers: the greatest effort of their so-called wisdom has been to lay down universal doubt as a dogma, the masterpiece of their policy is that ignoble happy medium which, opposing the bourgeoisie to royalty, claims to subject the people to the bourgeoisie. Through them royalty, whose destinies were to be so glorious, was made an instrument of monopoly; through them the bourgeoisie, formerly the vanguard of the revolutionary column, is no longer, if I dare say so, anything but the punctum saliens of equality.
Philosophy, today as always, is Gironde and Thermidorian; the whole people are Jacobins.
Expect nothing, either from the rhetoricians who govern you, or from the priests who lecture you: their brains are molded, their ideas are irreformable.
Do not seek to convince them: the delirium that agitates them is an unequivocal sign of death. In vain would you tell them that your own interest forbids you to demand rigorous justice; in vain would you offer the dynasty the best hopes. They will not believe you; their evil genius pushes them to refuse everything: Quos vult perdere Jupiter dementat.
No more petitions or remonstrances: they are answered with pasquinades. — In the balance of monopoly, the sufferings of the people weigh nothing.
600. Travaillez à la réforme, à la constitution de la science nouvelle, qui est la constitution même de la société et de l’ordre public : travaillez-y par le dépouillement des institutions et des lois, par la critique des fonctions sociales, par l’interprétation des principes d’égalité répandus dans la charte et dans les codes, par les discussions économiques, et par la détermination des mesures à prendre en cas d’événement. Que rien n’échappe à votre investigation calme, sagace, inflexible et sûre ; qu’une propagande loyale, marchant le front levé, porte sous le chaume et dans l’atelier le dogme égalitaire…
Et quand vous vous sentirez assez forts, ne demandez pas : exigez.
Que craignez-vous ? les foudres de l’Église ? elles sont éteintes. — Les sarcasmes des sophistes ? n’est pas plaisant qui fait le singe ; n’est pas ridicule qui dit vrai. — Les violences du pouvoir ? jamais il ne se commettra avec la science. La dialectique sérielle est une machine qui dévorera la charte, les codes, les tribunaux, et tout l’arsenal administratif ; qui brisera les canons du despotisme, et fera trembler ses bastilles. Un kilogramme de poudre soulève à peine une bombe : une seule de vos idées fera bondir des millions de soldats.
Et si le pouvoir, pour échapper aux traits de votre brûlante critique, osait, comme un jour, interdire la science même et suspendre la communication des idées, alors, démocrates, vous seriez dans le cas de légitime défense : Tunc dolus an virtus quis in hoste requirat ? Vous demanderiez à l’histoire comment les hommes libres se défont des tyrans, et les premiers d’entre vous montreraient au peuple, par leur dévouement et leur exemple, quel est, en pareille extrémité, son droit et son devoir.
La vérité a lui sur nos têtes :Le temps de la résignation est passé.
600. Labor for reform, for the constitution of the new science, which is the very constitution of society and of public order. Work for it by stripping down institutions and laws, by criticizing social functions, by the interpretation of the principles of equality spread in the charter and in the codes, by economic discussions, and by the determination of the measures to be taken in case of an advent. May nothing escape your calm, sagacious, inflexible and sure investigation; may a loyal propaganda, marching with its head raised, carry beneath the thatch and in the workshop the egalitarian dogma…
And when you feel strong enough, don’t ask: demand.
What are you afraid of? The wrath of the Church? They are extinguished. — The sarcasms of the sophists? It is not amusing to play the monkey; it is not ridiculous to speak true. — The violence of power? It will never be committed with science. The serial dialectic is a machine that will devour the charter, the codes, the courts, and all the administrative arsenal; that will smash the cannons of despotism, and make its bastilles tremble. A kilogram of gunpowder hardly lifts a bomb: just one of your ideas will make millions of soldiers leap.
And if the power, to escape the darts of your burning criticism, dared, one day, to prohibit science itself and suspend the communication of ideas, then, democrats, you would have your case for self-defense: Tunc dolus an virtus quis in hoste requirat? You would ask history how free men get rid of tyrants, and the first among you would show the people, by their devotion and their example, what is, in such an extremity, their right and their duty.
The truth has him on our heads:
The time for resignation has passed.
END
1. Là est la plus grande erreur de tout l’ouvrage. L’auteur a prouvé lui-même, depuis la première édition de ce livre, qu’il y avait tout à faire encore dans la question du crédit, de la circulation, de la valeur, et des monnaies. (Note de l’éditeur.)
2. Tout cela est fort obscur et n’apprend rien. L’auteur eût mieux fait de ne rien définir. (Note de l’éditeur.)
3. Si les adversaires de l’auteur avaient lu ses ouvrages, ils ne l’accuseraient pas d’entraver le mouvement politique. Toutefois, il faut reconnaître que, depuis la première édition de ce livre, l’écrivain a quelque peu modifié ses vues : toute la politique, a-t-il dit, est dans le socialisme. (Note de l’éditeur.)
4. Un écrivain radical, M. Anselme Petetin, écrivait dernièrement dans la Revue Indépendante, que le vote universel pourrait bien aujourd’hui avoir pour résultat immédiat de ramener les Bourbons. M. Petetin n’en concluait pas moins à l’application immédiate du vote universel. Si c’est là de la démocratie, à coup sûr ce n’est pas de la prudence.
5. L’auteur a cru devoir laisser subsister ce paragraphe, la liste civile conservant, sous le gouvernement républicain, son analogue dans le traitement du président, des ministres et hauts fonctionnaires, et dans l’indemnité des représentants. (Note de l’éditeur.)
6. La république, en proclamant la gratuité de l’enseignement, a pu faire ce que n’avait pu réaliser la monarchie. Organisez la gratuité de l’enseignement, et vous pouvez sans péril en accorder la liberté. (Note de l’éditeur.)
7. Programme des prix proposés pour 1845, par l’Académie des sciences morales et politiques.
8. Bossuet, Oraisons funèbres.
Notes to Chapter VI:
1. This is the biggest mistake of the whole book. The author has himself proved, since the first edition of this book, that there was still much to do in the question of credit, circulation, value, and currencies. (Publisher’s note.)
2. All this is very obscure and teaches nothing. The author would have done better not to define anything. (Publisher’s note.)
3. If the opponents of the author had read his works, they would not accuse him of hindering the political movement. However, it must be recognized that, since the first edition of this book, the writer has somewhat modified his views: all politics, he said, is in socialism. (Publisher’s note.)
4. A radical writer, M. Anselme Petetin, recently wrote in the Revue Indépendante, that universal suffrage today could well have the immediate result of bringing back the Bourbons. Mr. Petetin nevertheless concluded that universal suffrage should be immediately applied. If this is democracy, it is certainly not prudence.
5. The author thought it necessary to leave this paragraph, the civil list retaining, under the republican government, its analogue in the treatment of the president, ministers and high officials, and in the compensation of representatives. (Publisher’s note.)
6. The republic, by proclaiming free education, was able to do what the monarchy had not been able to achieve. Arrange free education, and you can grant liberty without danger. (Publisher’s note.)
7. Program of prizes proposed for 1845, by the Academy of Moral and Political Sciences.
8. Bossuet, Funeral Orations.