Maurice Imbard, “The Anarchists” (1926)

Les Anarchistes

Ce sont des novateurs, dont les silhouettes se dressent, terribles, au seuil des sociétés.

Ce sont des philosophes, des hommes conscients, bons et énergiques, vivant présentement dans la mesure du possible, raisonnablement et sans autorité.

Ils prêchent l’amour entre les hommes et entre les peuples, ils prêchent la haine à toutes les autorités, à tous les despotismes. Il ne leur suffit pas de s’affirmer anarchistes, ils veulent être quelque chose de plus, ils veulent être conséquents avec eux-mêmes.

Ce sont d’âpres négateurs de croyances, mais ils sont épris d’un grand rêve humain qui est la vie sans souffrances où chacun sera pour tous et tous pour chacun.

Ils acceptent toutes les conséquences de leurs affirmations. Ils sont déterminés à agir en libertaires surtout avec ceux qui se disent tels.

Ils croient, ils espèrent les ultimes libertés qui feront naître le bonheur universel. Ah! certes, ils brûlent les étapes, ils marchent vers les horizons de beautés. qui reculent toujours à mesure qu’ils avancent, car l’évolution humaine comme le progrès scientifique n’a. pas de limites.

Dans les domaines les plus étroits comme les plus larges, ils cherchent surtout le savoir et la raison. Ce sont de grands remueurs de pensées, et, comme des chimistes penchés sur le creuset, ils démélent les idées, les thèses, les antithèses, cherchant pour s’en servir, les effets et les causes.

Ils ne veulent plus d’une humanité battue, exploitée, asservie par les gouvernements. Ils ne veulent ni idoles, ni Dieu, ni maîtres, ils repoussent toutes les lois des hommes et n’admettent aucun parlement.

Ils affirment leur individualité envers et contre tous.

Ils affirment la possibilité de vivre sans commandement et sans soumission.

Le verbe de la révolte gronde en eux continuellement et quoique les hommes soient mauvais, veules et lâches, ils vont, ils marchent, ils travaillent toujours.

Maurice Imbard.

The Anarchists

They are innovators, whose dreadful silhouettes tower at the threshold of society.

They are philosophers, conscious, good and energetic individuals, living in the moment to the extent that is possible, reasonably and without authority.

They preach love between people and between nations. They preach hatred toward all authorities, all forms of despotism. It is not enough for them to call themselves anarchists. They want something more; they want to be consistent in their affirmation.

They are harsh in their denial of belief, but they are enamoured of a great human dream, of a life without suffering where each will be for all and all for each.

The accept all the consequences of their affirmations. They are determined to act as libertarians above all with those who claim to be such.

They believe, they hope at least that ultimate liberties will lead to ultimate happiness. Ah! Certainly, they make leaps, they march toward beautiful horizons that always recede as they advance, for human evolution and scientific progress have no limits.

In the narrowest as well as the broadest domains, they seek above all knowledge and reason. They are great stirrers of thought, and, like chemists bent over a crucible, they sift through ideas, theses, antitheses, seeking to make use of their effects and causes.

They no longer want a humanity battered, exploited, subjugated by governments. They want neither idols, nor gods, nor masters. They reject all the laws of men and recognize no parliament.

They affirm their individuality toward and against all.

They affirm the possibility of living without command and without submission.

The voice of revolt rumbles constantly within them and although men are bad, weak and cowardly, they go on, they advance and they always labor.

Maurice Imbard.

Marice Imbard, “Les Anarchistes,” Le Semeur no. 63 (3 Mars 1926): 2.

[Working translation by Shawn P. Wilbur]

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