Etre anarchiste
A la suite d’une réunion dans laquelle l’orateur reprochait aux individualistes anarchistes d’être partisans de l’écrasement du faible par le fort, de donner libre cours aux instincts brutaux, je fus amené à préciser ce que j’entends par être anarchiste.
Pour moi, être anarchiste, c’est rejeter toute autorité extérieure. Mais cela n’implique pas absence de toute éthique. Et si elle ne s’entend pas de la même façon que celle des maîtres et des bergers, nous avons pourtant la nôtre, puisque nous désirons que les individus assurent mutuellement la plus grande somme possible de jouissances et de bonheur; sans empiéter sur la liberté des autres ; qu’à la contrainte, nous opposons la liberté.
— JEAN Marius.
To Be Anarchist
Following a meeting in which the speaker reproached the anarchist individualists for promoting the crushing of the weak by the strong, for giving free rein to brutal instincts, I was led to clarify what I meant by “being anarchist.”
For me, to be anarchist is to reject all external authority. But that does not imply the absence of all ethics. While its sense differs from that of the masters and shepherds, we do, however, have our own ethics, since we desire that individuals mutually insure the greatest possible sum of pleasures and happiness without encroaching on the liberty of other; since, to constraint, we oppose liberty.
— JEAN Marius.
Jean Marius, “Etre anarchiste,” L’En dehors 6 no. 108 (début Mai 1927): 3.