Une définition du Naturisme
En tant que ce terme est employé pour désigner une certaine manière de vivre, et notamment de s’alimenter, le Naturisme consiste pour l’être organisé, à s’adapter — sous peine de disparition — aux conditions du milieu dans lequel il vient à se trouver placé ; donc, plus particulièrement, à s’assimiler les éléments nutritifs mis à sa portée, par ledit milieu. — Exemples :
Pour les chiendent, le naturisme consiste à envahir souterrainement, de ses rhizomes, tout l’humus à ses entours, à en accaparer les principes fertilisateurs, et à étouffer, par sa végétation aérienne, les semis avoisinants ;
pour le noyer, à voir périr sous l’ombrage mortel de son vigoureux branchage, les arbrisseaux moins bien doués pour l’élancée vers l’air et la lumière ;
pour le tigre, à se repaître de proies encore vivantes et sanguinolentes ;
pour le brochet, à démontrer sa force par hécatombes de goujons et autres congénères ;
pour le Guarani du Paraguay, à se nourrir de « carne seca » pilée au mortier, ou de gibier, le soleil torride ne lui permettant pas la culture des vertes et tendres laitues ;
pour l’Esquimau, à devoir faire ses ablutions avec son urine et à s’empiffrer — quand une rare occasion se présente — de chair de baleine, à se délecter d’huile de phoque, s’il tient à continuer à vivre ; les petits-pois ne fleurissant que rarement sur la glace du Groënland ;
pour l’homme privilégié des climats tempérés — tel celui de France — à se sustenter de façon mixte : viandes, poissons, mollusques, œufs, laitage, légumes, céréales, fruits, etc.; selon la région, l’abondance des récoltes, la facilité plus ou moins grande de se procurer tels ou tels produits ;
Une telle définition nous paraît suffire pour démontrer l’inanité des prétentions à l’universalité de certaines pratiques de résignation — foncièrement anti-naturistes — qui, sous les vocables de « végétarisme ou végétalisme », sont à l’usage de ventres-creux n’ayant pas l’énergie NATURISTE suffisante, pour s’approprier, de vive-force, le trop-plein des subsistances détenu par les riches de la Société.
GEORGES WITHOUTNAME.
A Definition of Naturism
As this term is used to designate a certain way of living, and particularly of eating, Naturism consists for the organized being in adapting — on pain of death — to the conditions of the environment in which they find themselves placed; thus, more particularly, in assimilating the nutritive elements provided to them by that environment. — Examples:
For quackgrass, naturism consists in invading underground, with its rhizomes, all the humus around it, in monopolizing its fertilizing principles, and in stifling, with its aerial vegetation, the neighboring seedlings;
for the walnut tree, to see perish under the deadly shade of its vigorous branches, the shrubs less well equipped to soar up towards the air and the light;
for the tiger, to feast on still living and blood-streaked prey;
for the pike, to demonstrate its strength through massacres of gudgeons and similar creatures;
for the Guarani of Paraguay, to nourish themselves on carne seca, ground in a mortar, or on game, the torrid sun not allowing the cultivation of green, tender lettuce;
for the Eskimo, to have to perform their ablutions with their own urine and to gorge themselves — when the rare occasion presents itself — with whale flesh, to delight in seal oil, if they wish to go on living; garden peas only rarely flourish on the Greenland ice;
for the privileged inhabitant of temperate climates — such as that of France — to sustain themselves in a mixed manner: meat, fish, mollusks, eggs, dairy, legumes, grain, fruis, etc.; depending on the region, the abundance of the harvests, the greater or lesser ease of obtaining various products;
Such a definition seems to us sufficient to demonstrate the inanity of the claims to universality of certain resigned and fundamentally anti-naturist practices, which, under the names of vegetarianism or veganism, are for the use of empty bellies, not having sufficient NATURIST energy to appropriate, by force, the excess subsistence held by the wealthy elements of Society.
GEORGES WITHOUTNAME.
George Withoutname, “Une définition du Naturisme,” Revue Anarchiste no. 2 (Janvier 1930): 16.
[Working translation by Shawn P. Wilbur]