Gabriel in “l’en dehors” (1922-1925)

  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 2.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 1.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 4.
  • Gabriel, [Le riche et le révolté], L’En dehors 2 no. 13 (fin Juin 1923): 2.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 14 (fin Juin 1923): 3.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 15 (mi-Juillet 1923): 3.
  • Gabriel, “A la manière de « Jules Renard »,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 2.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 4.
  • Gabriel, “Les gens « bien élevés »,” L’En dehors 2 no. 19 (fin Septembre 1923): 3.
  • Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 1.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 1.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 3.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 27 (début Janvier 1924): 2.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 29/30 (20 Février 1924): 3.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 31 (10 Mars 1924): 2.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 32 (31 Mars 1924): 4.
  • Gabriel, “Pointes sèches: Le retardataire,” L’En dehors 3 no. 33/34 (25 Avril 1924): 4.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 35 (15 Mai 1924): 4.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 43 (15 Septembre 1924): 2.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 44 (1 Octobre 1924): 3.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 45/46 (20 Octobre 1924): 4.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 48 (15-30 Novembre 1924): 2.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 51 (15 Janvier 1925): 3.
  • Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 52 (5 Février 1925): 3.
  • Gabriel, “Points sèches,” L’En dehors 4 no. 54 (12 Mars 1925): 4.
  • [“Ces bons sidis…], L’En dehors 5 no. 85/86 (début Août 1926): 3. [probably Gabriel]
  • Gabriel, [“Paresse? Gourmandise? …”], L’En dehors 5 no. 85/86 (début Août 1926): 5. [2 short items]
  • Gabriel, [“Le malheur est-il nécessaire…”], L’En dehors 5 no. 91/92 (début Octobre 1926): 2.

 

Pour faire réfléchir

Parce qu’un littérateur, un philosophe, un savant s’expriment avec clarté et simplicité, de façon à être compris du plus grand nombre possible d’individus, il n’y à pas pour ça abaissement, diminution de sa personnalité. Je me méfie toujours des phrases amphigouriques ; elles sont généralement comparables à ces papillotes des fêtes qui flattent les yeux des badauds par leur volume et leurs teintes vives, et ne contiennent rien au milieu de leurs tortillons de papier.

Zola, Flammarion sont des auteurs de valeur et pourtant leurs ouvrages sont, même pour les sujets les plus ardus, d’une compréhension aisée.

GABRIEL.

Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 8 (mi-Mars 1923): 2.

To Inspire Thought

Because a man of letters, a philosopher or a scientist expresses themselves with clarity and simplicity, so they may be understood by the greatest possible number of individuals, there is not in this any debasement or diminishing of their personality. I am always wary of amphigoric phrases; they are generally comparable to those festive wrappers that flatter the eyes of onlookers by their volume and their lively colors, but contain nothing in the middle of their paper twists.

Zola, Flammarion sont des auteurs de valeur et pourtant leurs ouvrages sont, même pour les sujets les plus ardus, d’une compréhension aisée.

GABRIEL.

 

Pour faire réfléchir

« LE FOU ». — Qu’est-ce qu’un fou? L’individu qui n’est pas comme tout le monde, dont la pensée, au lieu d’être étendue vaguement un peu sur toutes choses, se concentre spécialement sur tel ou tel point — hors les affaires, hors la politique et l’argent,… seul passe pour un être normal, justement, celui qui est pratique, c’est-à-dire qui sacrifie ses plus nobles sentiments à son intérêt matériel.

Pour moi, ce dernier est un crétin. Et je préfère avoir la réputation d’un fou que celle d’un crétin.

La mère : — Petit ! apprends bien tes leçons pour gagner beaucoup d’argent plus tard.

Le gamin : — Maman ! as-tu vu, M. le propriétaire, il s’est trompé d’un sou dans son addition, sur notre quittance de loyer, et il n’a pas d’s à deux cents, et le charbonnier d’en bas a oublié l’h dans le mot anthracite… Pourtant ils sont riches tous les deux ?

GABRIEL.

Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 9 (début Avril 1923): 1.

To Inspire Thought

“THE MAD.” — What is a madman? The individual who is not like everyone else, whose thought, instead of being extended vaguely a little over all things, focuses especially on this or that point — excluding business, politics and money,… Only the one who is practical, who sacrifices his noblest feelings for his material interest, passes for a normal being.

To me, the latter is a cretin. And I’d rather have the reputation of a madman than that of a cretin.

The mother: — Little one! learn your lessons well, in order to earn a lot of money later.

The kid: — Mom! have you seen, Mr. Landlord, he’s a penny wrong adding up our rent receipt, and he left a ’t’ out of two cents, and the coalman downstairs forgot the ‘h’ in the word anthracite… Yet they are both rich? GABRIEL.

GABRIEL.

 

Pour faire réfléchir

— Ah! l’imbécile, le salaud, il a fait une faute d’orthographe, un “ cuir ” en parlant, il a omis de saluer son chef, il ne porte pas de bottines à la dernière mode, il a baillé en société.

Voilà ce qui est capital dans la vie actuelle, ce qui importe moins ce sont les fautes de conscience !

GABRIEL.

Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 10 (fin Avril 1923): 4.

To Inspire Thought

— Ah! The imbecile, the sod, he made a spelling error, an error in speaking; he has forgotten to greet his boss, doesn’t wear the latest style in boots and has yawned in public.

This is what is essential in life these days; failings of conscience count much less!

GABRIEL.

 

Le riche. — Ah! si vous aviez de la fortune un beau jour ! vous agiriez bien tout comme nous, vous le beau parleur ! ,

Le révolté. — Tiens! vous reconnaissez donc que votre conduite est indigne? Et si je me comportais en bourgeois le jour où fortune me sourirait, cela ne vous justifierait pas le moins du monde… Il n’y aurait qu’une crapule de plus parmi vous, voilà tout !

GABRIEL.

Gabriel, [Le riche et le révolté], L’En dehors 2 no. 13 (fin Juin 1923): 2.

TRANSLATION

 

Pour faire réfléchir

Tu combats l’autorité des chefs, patrons, dirigeants, policiers ?.. Bien! Mais l’autorité ne règne-t-elle pas aussi féroce autour de toi, à ton foyer? N’en es-tu pas imprégné toi-même? N’es-tu pas — en dépit des théories avancées dont tu te piques — un véritable « kaiser » à l’égard de tes enfants et des animaux qui tombent sous ta coupe?

GABRIEL.

Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 14 (mi-Juillet 1923): 3.

TRANSLATION

 

Pour faire réfléchir

Si le bourgeois fait entendre son clakson lorsque tu te trouves devant son auto, ce n’est pas qu’il craint de te blesser en te renversant, mais parce que ta Carcasse serait susceptible de faire capoter sa voiture, et qu’il encourrait une contravention en t’écrasant.

GABRIEL.

Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 15 (fin Juin 1923): 3.

TRANSLATION

 

A la manière de « Jules Renard »

La grenouille, sous le soleil de midi : — Encore le voisin qui se gargarise.

L’élève violoniste : — N’en finiront-ils pas de tuer ce lapin, qui agonise depuis tantôt, suspendu à ce volet?

GABRIEL.

Gabriel, “A la manière de « Jules Renard »,” L’En dehors 2 no. 16/17 (Août 1923): 2.

TRANSLATION

 

Pour faire réfléchir

— Par le travail, mon ami. et l’honnêteté, on s’enrichit. Bien mal acquis ne profite jamais !

— Diable! mais les châtelains qui ont ces palais, ces parcs, ces autos, — en dépit de leur jeune âge et de leurs mains blanches — ont dû commencer bien moutards à mener un métier fort pénible ?

Appréciations.

— Oh! les superbes fleurs ! on dirait absolument des fleurs artificielles !

— Oh! mais ces fleurs artificielles imitent parfaitement la nature!

GABRIEL.

Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 18 (début Septembre 1923): 4.

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Les gens « bien élevés »

La demi-mondaine — putain parvenue —
rougit à la vue d’un gamin qui pisse le long
d’un arbre.

Le traineur de sabre paraît scandalisé à la
lecture des exploits d’un apache.

Et le mercanti fait coffrer le ventre creux
qui lui dérobeeun fruit…

GABRIEL.

Gabriel, “Les gens « bien élevés »,” L’En dehors 2 no. 19 (fin Septembre 1923): 3.

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Pour faire réfléchir

— Les conseilleurs ne sont pas les payeurs!

— Hélas! mon bon Monsieur, je m’en suis bien aperçu ! Je suis allé à la caserne, à l’usine, à la guerre; Je voté, versé l’impôt au percepteur et payé mon terme régulièrement. Je m’efforce de suivre les leçons de morale qu’on m’a données à l’école, je respecte les lois, faisant l’impossible pour rester honnête. Aussi, voyez dans quel état de misère je suis !

✦✦

— En Allemagne, les miséreux manquent de tout ; quelle différence avec notre pays, où les riches ont tout en abondance !

GABRIEL.

Gabriel, “Pour faire réfléchir,” L’En dehors 2 no. 21 (mi-Octobre 1923): 1.

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Pointes sèches

Parmi les révoltés… mais tu retrouveras le larbin, le fonctionnaire, le flic, la commère, désireux d’obtenir plus de bien-être pour eux-mêmes lesquels, hier encore, te faisaient subir leur autorité, leur arrogance, et qui demain continueront à te persécuter.

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 2 no. 22/23 (début Novembre 1923): 1.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

— Quelle sale bête, qui griffe et qui mord !

— Pourquoi traites-tu cet animal de « sale bête »? S’il te-griffe ou mord c’est tout simplement qu’il te redoute et se défend.

✦✦

— Sale poisson, qui ne veut pas se laisser prendre. Faites donc le bien ! Vous êtes payé d’ingratitude. J’ai dépensé plus de deux francs d’asticots, de lignes et d’hameçons, c’était
bien la peine, vraiment !!!

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 2 no. 25/26 (mi-Décembre 1923): 3.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

— Si vous saviez ce que ce monsieur à bon cœur ! Ce matin, il me demandait la monnaie de cinq sous au cas où il croiserait un mendiant !…

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 27 (début Janvier 1924): 2.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

Je sais trop que celui qui me demande si j’ai soif trouve sous cette apparence de générosité un excellent prétexte pour remplir son verre.

✦✦

Entendez-donc cet aveugle qui hurle : « Le soleil, l’arc-en-ciel, sont des utopies. »

GABRIEL

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 29/30 (20 Février 1924): 3.

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Pointes sèches

Qu’est-ce donc qu’un gourmand? Est-ce celui qui, taillé en hercule, a besoin pour se sustenter d’une plus grande proportion d’aliments? Est-ce celui qui préfère la qualité à la quantité, le gourmet? Ou bien ce malade à l’estomac dilaté ? Ou encore ce famélique qui, naturellement, dévore avidement le fruit qu’on lui tend et jette craintivement les regards autour de lui de peur qu’on lui ravisse ? La Gourmandise est-elle réellement un défaut ?

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 31 (10 Mars 1924): 2.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

La mère : Tu es stupide de donner tes bonbons à tes petits camarades, est-ce qu’ils te donnent des leurs, eux autres ? Naïf que tu es !

Et, le lendemain : Petit, ce n’est pas bien
de manger tous les bonbons, sans en offrir à tes camarades, tu n’es qu’un gourmand! Un égoïste!

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 32 (31 Mars 1924): 4.

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Pointes sèches

Le retardataire.

Neuf heures. Déjà tous les écoliers sont rentrés et installés devant leur pupitre.

Quel est donc ce tout moutard mal peigné, la mine rouge, les souliers terreux qui. à ce moment, arpente aussi vite la rue de Tolbiac et se dirige vers le « puits de science » ? un petit malheureux dont le père et la mère travaillent en usine, et qu’une voisine complaisante a habillé à la hâte.

Trop tard ! La pipelette de l’école, l’air prétentieux, montre son museau renfrogné à une fenêtre. « Que viens-tu faire à pareille heure, petit voyou ? » grogne-t-elle au galopin, qui, désespérément, se cramponne au cordon de sonnette. « Ne vois-tu pas que la porte est fermée et que depuis longtemps la cloche a tinté ?Te figures-tu que-je vais me déranger pour t’ouvrir? Retourne chez-toi vivement, tu repasseras demain! » ajoute la vieille guenon, en haussant la voix.Mais le petit ébouriffé ne veut rien entendre et persiste à tirer le cordon ; si bien que Madame la Concierge se décide à venir lui ouvrir la boîte à poux.

Tel une souris, le petiot file au long du mur et sur la pointe des pieds va trouver sa place parmi les autres.

Le maitre, confectionneur d’esclaves, a vu le retardataire. Il ajuste ses:binocles sur son nez crochu, retrousse sa moustache, toussotte et fixant son regard farouche sur le pauvret: :« D’où viens-tu donc; à pareille heure, vaurien que tu es?», et s’adressant aux autres élèves : « Voyez ce petit chenapan qui vient d’entrer… c’est le type du cancre, du paresseux, du mauvais écolier, toujours en retard, toujours malpropre, ne sachant jamais ses leçons et avec ça indiscipliné. Plus tard ce sera un mauvais citoyen, un mauvais ouvrier, un mauvais soldat, ne respectant ni ses chefs, ni les lois et avant horreur du travail. »

Le petit bonhomme baisse les yeux timidement et son cœur est gonflé. Ses voisins de table, pour « plaire au maître d’école », se sont écartés du « mauvais élève » avec un air de dégoût.

Non, Monsieur l’Instituteur, Monsieur le Pédant, cet enfant ne sait pas ses leçons. Hier soir il a dû faire des commissions à ses parents, bercer sa petite sœur… et la lampe unique dû ménage s’est éteinte, faute de pétrole, au moment où il allait ouvrir son livre. Mais vous avez parfaitement raison, Monsieur le Maître d’école, en déclarant que ce gamin ne sera jamais un bon ouvrier, un docile serviteur, un honnête citoyen. Ce ne sera pas plus un savant, et, s’il consent à aller à la caserne, il ne s’y fera jamais nommer soldat:de 1re classe… Mais ce sera un individu bien plus intéressant; ce sera un révolté contre les iniquités sociales, contre les pédants, les chefs de toutes sortes. En ce moment, il, fréquente une meilleure école que celle où vous vous dandinez journellement: l’école de la misère, l’école de la vie, et au fond de son petit être il y a-déjà de nobles idées de germées ainsi que pas mal de haine… Vos traités d’Instruction civique, d’Histoire, de Morale, vos règles de trois et de participes ne pénètreront jamais en sa petite cervelle, mais ce qui s’y gravera pour toujours ce sera votre pédantisme, votre méchanceté, votre stupidité, ce sera son accoutrement misérable comparé aux mises proprettes des autres écoliers, l’air dédaigneux dé ceux-ci, leur exactitude d’êtres bornés ; ce sera sa misère, celle des siens… et le retardataire d’aujourd’hui sera demain le plus éclairé, le plus fier et le- meilleur parmi les foireux en extase devant votre crétinisme. Seul de tous vos élèves, il restera « lui-même» et lui seul « s’échappera du troupeau d’esclaves ». Jamais cous ne parviendrez à l’abrutir!

Gabriel.

Gabriel, “Pointes sèches: Le retardataire,” L’En dehors 3 no. 33/34 (25 Avril 1924): 4.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

Le passant : Pourquoi diantre, vendez-vous cet ouvrage, ce tableau, aussi cher ??

Le mercanti : — C’est l’œuvre d’une de nos gloires nationales, un homme de haute valeur, qui mourut de misère, fouchtra ! Et je n’en diminuerai pas un centime.

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 35 (15 Mai 1924): 4.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

Le chauffeur d’auto : Quels sales piétons ! On devrait les interdire, là, franchement ! Il n’y a plus moyen e circuler avec ces imbéciles-là !

Gabriel.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 43 (15 Septembre 1924): 2.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

Ce n’est pas toujours par excès de scrupules qu’on est resté pauvre, et bien qu’on prenne dans l’âge mûr un ton d’apôtre.

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 44 (1 Octobre 1924): 3.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

Ah ! quel salaud! Il ne voulait pas que je le dupe, que je profite de cette aubaine, voulant se l’approprier. Y a-t-il des êtres qui sont répugnants par leur égoïsme !

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 45/46 (20 Octobre 1924): 4.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

Il est assez juste que ceux qui ont l’habitude des durs travaux n’interrompent pas leur besogne, et que ceux qui ne font jamais rien aillent à la mer, à la montagne, se reposer des fatigues de ceux-là !

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 48 (15-30 Novembre 1924): 2.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

Garde-toi bien d’implorer la pitié des bourgeois. Avec un)air de compassion simulé, ils profiteront de ta détresse pour t’exploiter et te feront payer bien cher la vieille paire de savates
percées qu’ils te donnent au lieu de la jeter à la poubelle.

Au métro : À qui céderas-tu la place ? A cette pauvre fille décharnée, au regard plutôt haineux, mal […]opée, ou à cette donzelle élégante, parfumée, […]d chargé de promesses ?

Gabriel.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 51 (15 Janvier 1925): 3.

TRANSLATION

 

Pointes sèches

— Il en faut bien, des riches, qui dépensent beaucoup pour faire vivre les ouvriers !

— Comme il faut des apaches pour faire vivre armuriers, flics et juges; comme il faut des guerres pour faire vivre les fournisseurs d’armée et officiers; comme il faut des épidémies de choléra pour faire vivre médecins et infirmiers ; comme il faut des bistrots pour faire vivre les aliénistes.

Gabriel.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 52 (5 Février 1925): 3.

Sharp Points

 

Pointes sèches

Quelle sale serine qui ne pond jamais ! Quelle sale chatte qui, tous les 6 mois nous fait une portée ! !

GABRIEL.

Gabriel, “Pointes sèches,” L’En dehors 3 no. 54 (12 Mars 1925): 4.

Sharp Points

What a nasty canary that never lays eggs! What a nasty cat that gives us a litter every six months!!

 

— Ces bons sidis, travailleurs, sobres, peu exigeants, soumis à leur patron…

Mais ce qui m’étonne de vous, c’est que vous n’invitiez jamais ces hommes d’élite à votre table et que vous ne leur accordiez la main de vos filles !

— o —

— Ah ! si les bêtes pouvaient parler ! Ne vaut-il mieux pas? Quand on constate tout le mal fait par les langues et la confusion engendrée par les expressions à doubles entente !

[“Ces bons sidis…], l’en dehors 5 no. 85/86 (début Août 1926): 3. [probably Gabriel]

— These good sidis, sober, undemanding workers, submissive to their boss…

But what amazes me about you is that you never invite these elite men to your table and grant them the hand of your daughters!

— o —

— Ah! if the beasts could speak! Isn’t it better? When we see all the harm done by languages and the confusion generated by expressions with ambiguous meanings!

— Paresse ? Gourmandise ? Méchanceté ? Des mots. Il n’y a ni paresseux, ni gourmands, ni méchants, mais des vaincus, des malades et de révoltés.

— o —

— Alors que l’intellectuel vrai, le penseur, l’artiste, l’inventeur, la savant ont besoin de concentrer leurs facultés intellectuelles sur ce qu’ils étudient, ce sont ces hommes qui ont encore les plus grands soucis matériels. — Gabriel.

Gabriel, [“Paresse? Gourmandise? …”], l’en dehors 5 no. 85/86 (début Août 1926): 5.

— Laziness? Gluttony? Wickedness? Words. There are neither the lazy, nor the greedy, nor the wicked, but the vanquished, the sick and the rebels.

— o —

— While the true intellectual, the thinker, the artist, the inventor, the scientist needs to focus their intellectual faculties on what they are studying, it is these individuals who still have the greatest material concerns. — Gabriel.

— Le malheur est-il nécessaire pour devenir réfléchi et bon ? Le gavé, le jouisseur, n’ont plus ni cœur ni cerveau… Alors ? le jour où la société permettrait à tous d’avoir sa suffisance, d’être heureux, deviendrions-nous rapidement indifférent et crétins ? — Gabriel.

Gabriel, [“Le malheur est-il nécessaire…”], l’en dehors 5 no. 91/92 (début Octobre 1926): 2.

— Is unhappiness necessary to become thoughtful and good? The force-fed, the pleasure-seeker no longer have a heart or brain … So? On the day when society allows everyone to be self-sufficient, to be happy, will we rapidly become indifferent and cretinous? — Gabriel.

C’est celui qui a « réussi » qui affirme aux autres que le mot « impossible » n’est pas français et que « lorsqu’on veut, on peut ». — Gabriel

Gabriel, [“C’est celui qui a « réussi »…”], l’en dehors 5 no. 93/94 (fin Octobre 1926): 7.

It is the one who has “succeeded” who tells others that the word “impossible” is not French and that “when we want, we can.” — Gabriel

Sale bête, qui saute sur la table, réclame sans cesse à manger. Bonne bête que celle-ci, au moins, qui ne réclame jamais rien !

Mais la « sale bête » écope encore quelques bouchées de viande, de pain, tandis que la « bonne bête », si paisible, se met généralement la ceinture. — Gabriel.

Gabriel, [“Sale bête, qui saute sur la table…”], l’en dehors 5 no. 95/96 (15 Novembre 1926): 5.

Dirty beast, which jumps on the table and ceaselessly asks for food. What a good beast is this one, which at least never demands anything!

But the “dirty beast” still gets a few mouthfuls of meat and bread, while the “good beast”, so peaceful, generally goes without. — Gabriel.

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Independent scholar, translator and archivist.