E. Armand, “Solidary?” (1912)

Solidaire ?

Je ne demanderais pas mieux certes, que de me rendre solidaire des faits et gestes du premier venu d’entre ceux qui s’intitulent anarchistes individualistes. Mais voici: je suis moi même et anarchiste et individualiste. De sorte que je ne veux me placer, anarchiste, sous l’empire d’aucune domination. Et que je me refuse à être solidaire de ceux avec lesquels il ne m’agrée pas de faire route. Ni n’entends — individualiste — partager la responsabilité de gestes au sujet desquels on ne m’a point consulté ni même demandé mon opinion. Il est des êtres qui se réclament des points de vue intellectuels qui me sont chers, des êtres avec lesquels je me sens en parfaite communion d’esprit; mais cela ne veut pas dire que je me sente lié en rien par les faits et gestes de leur vie autre qu’intellectuelle. Juger ne me plait point: il ne me convient que d’apprécier et de me guider sur mon appréciation personnelle. Cela sans nourrir l’intention d’influencer qui que ce soit. M’apparaît comme le plus nuisible des “camarades” qui me suggère ou veut m’imposer d’être solidaire d’actes qui ne sont pas de mon goût ou perpétrés à mon insu. Est-il une différence entre sa prétention et celle des représentants de la société qui me veulent participant à un Contrat dont il ne m’a pas été donné de discuter, d’approuver ou de repousser les termes? Me dénommant anti autoritaire; individuellement ; il est logique que toute obligation m’inspire de l’horreur ; y compris l’obligation de la solidarité.

E. Armand.

Solidary?

I could certainly ask for nothing better than to place myself in solidarity with the actions of any of those who call themselves individualist anarchists. But here is the thing: I am myself both an anarchist and an individualist. So that, as an anarchist, I do not wish to place myself under the control of any form of domination. And I refuse solidarity with those with whom it does not please me to travel. Nor do I intend — as an individualist — to share the responsibility for actions on subjects about which I have not been consulted or my opinion asked. There are beings who claim intellectual points of view that are dear to me, beings with whom I feel a perfect communion of minds; but that does not mean that I feel bound in any way by the actions of their lives beyond the intellectual sphere. Judging does not please me: it only suits me to appraise and to guide myself according to my individual appraisal—and without harboring the intention of influencing anyone. They appear to me the most detrimental of “camarades” who suggest to me or wish to impose on my solidarity with acts that are not to my taste or are committed unbeknownst to me. Is there a difference between this pretension and that of the representatives of society who want me to participate in a Contract whose terms I have never been able to discuss, approve or reject? Calling myself an anti-authoritarian, individually, it is logical that every obligation fills me with horror, including the obligation of solidarity.

E. Armand.

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