E. Armand, “Le Vase / The Vase” (1927)

LE VASE

La fleur n’existe plus, mais il reste le vase,
Le vase dont les flancs l’ont toute contenue
Quand elle frissonnait, fraiche cueillie, émue
Et que son parfum dans l’air distillait l’extase.

Comme on aime à revoir les lieux où l’on souffrit:
Un sous-bois, un ruisseau, une vieille maison ;
Comme il suffit d’un mot, d’une couleur, d’un son
Pour que tout le passé remonte en votre esprit

Ainsi pour que revive un instant la fleur morte,
C’est assez pour mes yeux de contempler le vase.
Des préjugés anciens ayant fait table rase
Vous pouvez me railler, ô cœurs secs, peu m’importe !…

Mars 1927.

E. ARMAND.

THE VASE

The flower is gone, but the vase remains,
The vase whose sides contained it
While it quivered, freshly cut, stirred
And its perfume filled the air with rapture.

As we love to revisit the places we have suffered:
A woodland scene, a stream, an old house;
As a word, a color, a sound is enough
To gather up the past whole in your mind

Just so, in order to revive for a moment the dead flower,
It is enough to contemplate the vase.
Having made a clean sweep of old prejudices
You can mock me, cold hearts, I don’t mind!…

Mars 1927.

E. ARMAND.

L’En dehors 6 no. 106-107 (mi-Avril 1927): 4.

[English adaptation by Shawn P. Wilbur]

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