Calculs
Puisque silencieuse et calme est la demeure,
Puisque la porte close écarte les intrus,
Puisqu’aux computations douce et propice est l’heure,
Que le rouge soleil baisse de plus en plus,
Consacrons donc ce soir aux comptes et aux nombres.
De joie et de plaisir additionnons les jours,
Les jours immaculés sans souillures, sans ombres…
— Mémoire, à mes calculs, apporte ton secours !
Les moments, les instants de parfaite jouissance,
Goûtés ou consommés sans soupçon de regret,
Où le bonheur coulait comme une pure essence
Où satisfait, ravi, tout mon être exultait…
Oui, faisons le total de ces jours de liesse !…
Je ne sais si, tardif, mon souvenir est las ;
Sur me chiffres j’ai beau revenir et sans cesse :
D’avoir vécu, vraiment il ne me semble pas.
Calculations
Since the house is calm and silent,
Since the closed door keeps out intruders,
Since the hour is quiet and suitable for computation,
As the red sun sinks lower and lower,
Let us dedicate this evening to tallies and numbers.
Let’s add up the days of joy and pleasure,,
Spotless days without stains, without shadows…
— Memory, come assist me with my calculations!
The moments, the instants of perfect pleasure,
Tasted or consummated without a hint of regret,
When delight flowed like a pure essence
When, satisfied, rapturous, my whole being exulted…
Yes, let us add up all those days of jubilation!…
I do not know if, tardy, my memory is weary;
And though I constantly return to my figures:
It does not seem to me that I have truly lived.
D’en haut
Je préfère d’en haut considérer les choses
hommes et les faits. Je préfère l’azur
A la fange. Aux chardons je préfère les roses
Et j’aime sur les monts respirer un air pur.
Mieux serait, ignorant de tant d’effets les causes
De ne juger jamais. Ai-je l’esprit si mûr
Que je puisse jauger exactement les doses ?
Que sais-je au bout du compte et de quoi suis-je sûr ?
Chercher les beaux côtés de ceux qui me fréquentent
Vaut mieux que d’épier ceux qui me mécontentent
Et s’il n’en est aucun, sans éclat je m’en vais.
Je puis mal à propos donner ma confiance
Mais l’air est étouffant chargé de méfiance
Et j’absous volontiers me sachant imparfait.
E. Armand
From on High
Things, men and facts I prefer to consider from above.
I prefer the blue skies to the mire.
To the thistles I prefer roses and I love to breathe the pure air of the mountains.
It would be better, ignorant of the causes of so many effects, never to judge.
Am I so mature that I can measure out the quantities exactly?
In the end, what do I know and of what am I certain?
To seek the good sides of those with whom I keep company is better than keeping a watchful eye on those who displease me,
And if none seek my company, I’ll be on my way without a fuss.
I may misplace my trust, but the air is suffocating when laden with mistrust,
And I willingly absolve myself, knowing that I am imperfect.
E. Armand