E. Armand, “A Winter Song” and “April” (1927-1928)

Chanson d’hiver

Voici le froid et son cortège :
Les jours trop courts, les longues nuits,
Vents glacés et vagues de neige,
L’eau qui gèle au sortir des puits,
Arbres qui semblent des squelettes,
Champs qu’on prendrait pour des déserts,
Ruisseaux engourdis qui reflètent
Un pâle soleil. C’est l’hiver.

Sentiers dépourvus de mystère,
Jonchés de cadavres d’oiseaux.
Sol désolé. Morte la terre
Si, lugubres, de noirs corbeaux,
Croassant, du morne silence,
Ne rompaient l’insinuant effroi.
Lune blafarde au ciel immense.
Partout la tristesse et le froid.

Dans ta chambrette où tu frissonnes
Songeuse, tisonnant un feu
Inefficace, tu t’étonnes
Et le doute t’effleure un peu.
Si c’en était fini, ma mie,
Des violettes et des œillets,
Des roses que ton sein envie,
Que tu verrais le monde en laid !

Ne te fie pas à l’apparence,
A ce masque aux dehors trompeurs :
Dans l’humus germe la semence,
N’ont péri les fruits ni les fleurs,
Malgré l’hiver œuvre la vie,
Pour bourgeonner elle n’attend
Dans la forêt ou la prairie,
Que le premier jour de printemps.

15 décembre 1927.

E. ARMAND.

A Winter Song

Here is the cold and its cortège:
The days too short, the nights long,
Icy winds and waves of snow,
Water that freezes at the well-spout,
Trees like skeletons,
Fields that we would take for deserts,
Numbed streams that reflect a pale sun.
It is winter.

Paths stripped of mystery,
Littered with the bodies of birds.
The land desolate.
The earth dead, if mournful, black crows,
Croaking, did not split the dreary silence,
Cut into the pervasive dread.
A wan moon in an immense sky.
Everywhere, sadness and cold.

In your little room, where you shiver,
Pensive, poking a fire to little effect,
You ponder,
And doubts touch your mind.
If this was the end, my dear,
Of the violets and carnations,
Of the roses that your heart longs for,
How ugly the world would be!

Do not trust in appearances,
In this mask’s deceptive exterior:
In the humus the seed germinates,
Neither the fruit nor the flowers have perished,
Despite the winter, life works,
And to burgeon,
In the forest or in the meadow,
It only awaits the first day of spring.

December 15, 1927.

E. ARMAND.

AVRIL

Voici qu’Avril revient pour nous séduire encore,
Du soleil dans les yeux et le front ceint de fleurs;
Les derniers doutes fuient et se sèchent les pleurs
Sous la voûte d’azur qu’un nuage décore.

Avril, mois que l’amant dans ses rêves implore,
Où les jours sont plus doux, plus vives les couleurs,
Les gestes plus prenants, les mots plus enjôleurs,
Où le baiser n’attend qu’un regard pour éclore.

La ferme est en émoi, palpite. Dans la cour
Le vieil arbre bourgeonne et les champs à l’entour-
Sentent germer en eux la semence féconde.

Mais, en mon cœur pourquoi, tel un gémissement,
Faut-il qu’à ton appel, Avril, un cri réponde :
Plainte de verts roseaux froissés cruellement ?

1er Avril 1928.

E. ARMAND.

APRIL

Behold, April returns to seduce us once more,
With the sun in our eyes and our foreheads wreathed with flower;
The last doubts flee and the tears dry
Beneath a vault of azure, decorated with a cloud.

April, month begged for by the lover in their dreams,
When the days are gentler, the colors brighter,
Movements more captivating, words more winning,
When the kiss only awaits a glance to bloom.

The farm pulsates, all astir.
In the yard the old tree buds and the surrounding fields feel the fertile seed germinating within them.

But why is there such a groaning in my heart?
Why, April, to your call must a cry respond:
The plaint of green reeds cruelly trampled ?

1er Avril 1928.

E. ARMAND.

 

E. Armand, “Chanson d’hiver,” L’En dehors 6 no. 125 (fin Décembre 1927): 3.

E. Armand, “Avril,” L’En dehors 7 no. 132 (mi-Avril 1928): 4.

 

[English adaptations by Shawn P. Wilbur]

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