This circular, reprinted in Le Courrier français on March 21, 1848, is simply signed “Bellegarrigue,” but there is a good deal about the content, style and biographical details included that suggest it is the work of the anarchist Anselme Bellegarrigue. The translation is a bit rushed, but captures the content and some of the style, I think.
Nous recommandons aux électeurs du département du Gers la circulaire qu’un de nos rédacteurs, M. Bellegarrigue, vient de leur adresser :
« Concitoyens !
» Le droit a étendu sa main sur la force et la force s’est prosternée.
» Le Peuple français a déchiré l’acte maculé que des législateurs sans mandat avaient passé entre lui et une royauté bâtarde.
» Il est appelé aujourd’hui à rédiger les clauses solennelles du contrat qui doit sauvegarder ses franchises sociales et ses libertés politiques.
» N’oubliez pas, dans cet instant suprême, que toutes les tyrannies prennent leur source dans l’apathie du Peuple pour l’exercice direct de ses droits.
» Que pour les peuples, comme pour les particuliers, il n y a de salut que dans la confiance en soi.
» Que toute force, toute intelligence, toute probité résidant dans la nation, la nation ne doit aliéner en faveur d’aucun citoyen ni sa force, ni son intelligence, ni sa probité.
» Qu’au delà du génie d un homme, il y a toujours un maître.
» Qu’au faîte du génie de la nation, il n’y a jamais qu’un principe.
» N’oubliez pas qu’en instituant un gouvernement, les Peuples jouent leur souveraineté sur le plus ou le moins d’attributions qu’ils lui donnent.
» Que la grandeur, la majesté, la puissance, la richesse du Peuple ne sont garanties que par la modestie, la simplicité, la faiblesse, la pauvreté du gouvernement.
» Que, semblables aux familles, les nations ne sont bien mêmes économiquement gouvernées qu’en se gouvernant elles-mêmes.
» Qu’un gouvernement n’est fort qu’avec l’argent de la nation, qu’une nation n’est forte qu’en gardant son argent.
» Que là ou le gouvernement est tout, le Peuple n’est rien.
» Que lorsque le Gouvernement a une volonté, cette volonté peut n’être pas celle du Peuple, et que n’étant pas celle du Peuple, elle est contre le Peuple.
» Que tout Gouvernement est sujet à erreur ;
» Que la nation ne peut jamais se tromper ;
» Et que de deux personnes dont l’une est infaillible et dont l’autre est faillible, la seule qui doit agir, c’est la personne infaillible.
» Que lorsque un Gouvernement possède, au-delà de ses attributions rigoureuses, un pouvoir du Peuple, il en prend quatre ; que lorsqu’il en a quatre, il tend à les avoir tous ; que lorsqu’ils les a tous, le vide se fait dans la nation et le Gouvernement s’engloutit dans le sang du Peuple.
» Pas de défiance : la défiance est fille de l’usurpation et le Peuple est légitime.
» Pas de vengeance : la vengeance est fille de la haine et le Peuple est magnanime.
» Pas de proscriptions : la proscription est fille de la peur et le Peuple est brave.
» Pas de terreur : la terreur est fille de la faiblesse et le Peuple est fort.
» Voilà, concitoyens, dans leur état sommaire, les pensées fondamentales qui doivent vous diriger dans le choix de vos mandataires constituans.
» Né au milieu de vous; élevé à l’école patriarcale de l’honneur domestique ; parvenu à une expérience précoce; instruit dans les rudimens et la pratique de la vie démocratique de races et de sociétés diverses ; ouvrier de la pensée sur les chantiers de la presse périodique, je me présente à vous pour soutenir dans la mesure de mon intelligence, de mon énergie, de ma loyauté, le principe sacré de nos libertés communes.
» Le mandat est grand, il est noble, il est glorieux ; mais je ne vous dirai que j’en suis fier qu’après vous avoir prouvé que j’en suis digne.
» Salut et fraternité,
» BELLEGARRIGUE. »
Le Courrier français 81 (21 Mars 1848): 2.
We recommend to the voters of the department of Gers the circular that one of our editors, Mr. Bellegarrigue, has just addressed to them:
Fellow citizens!
Right has extended its hand over force and force has bowed down.
The French people have torn up the soiled act that the legislators without mandate had passed between themselve and a royal bastard.
They are called today to write the solemn clauses of the contract that must safeguard their social franchises and their political liberties.
Do not forget, in this crowning moment, that all tyrannies have their source in the apathy of the People regarding the direct exercise of their rights.
That for nations, as for individuals, there is salvation only in self-confidence.
That as all strength, all intelligence and all integrity resides in the nation, the nation must not alienate its strength, its intelligence, or its integrity in favor of any citizen.
That beyond the genius of a man, there is always a master.
That at the height of genius of a nation, there is never anything but a principle.
Do not forget that by instituting a government, peoples enjoy their sovereignty more or less according to the prerogatives they grant it.
The the greatness, majesty, power and wealth of the People are only guaranteed by the modesty, simplicity, weakness and poverty of the government.
That, like families, nations are only well governed economically when they are governing themselves.
That a government is only strong with the nation’s money, while a only remains strong by keeping its money.
The where the government is everything, the people are nothing.
That when the Government has a will, that will cannot be the will of the People, and that not being that of the People, it is against the People.
That every Government is subject to error;
That the nation can never be mistaken;
And that of two persons, one of whom is infallible and the other of whom is fallible, the only one who should act is the infallible person.
That when a Government possesses, beyond its attributions rigoureuses, one power of the People, it takes four from them; that when it has four, it strains to have them all; that when it has them all, the void made in the nation and the Government is submerged in the blood of the People.
No mistrust: mistrust is the daughter of usurpation and the People are legitimate.
No vengeance: vengeance is the daughter of hatred and the People are magnanimous.
No proscriptions: proscription is the daughter of fear and the People are brave.
No terror: terror is the daughter of weakness and the People are strong.
These are, fellow citizens, in their summary state, the thoughts that must direct you in the choice of your mandataires constituans.
Born in your midst; raised in the patriarchal school of domestic honor; arriving at experience early; instructed in the rudiments and practice of the democratic life of various races and societies; a worker in thought on the sites of the periodical press, I present myself to you in order to uphold, with all my intelligence, energy and loyalty, the sacred principle of our common liberties.
The mandate is great; it is noble; it is glorious; but I will say to you that I am proud of it only after having proved to you that I am worthy of it.
» Salut et fraternité,
BELLEGARRIGUE.