DANS LA RONDE ETERNELLE
PRÉLUDE
Dans la Ronde Eternelle
Que venez-vous faire dans la ronde, dans l’éternelle ronde des vivants, demain danse macabre et ronde des morts? Que venez-vous donc faire, jolis petits enfants?
— Nous venons jouer, nous venons danser, nous venons chanter, puis nous repartirons au pays du mystère. Garderons-nous dans nos prunelles un souvenir de lumière et de fleurs? Garderons-nous dans notre cœur un souvenir d’amour et de baisers, quand nous serons rentrés au pays du mystère?
— Que venez-vous faire dans la ronde, dans l’éternelle ronde des vivants, demain danse macabre et ronde des morts? Que venez-vous donc faire, ô rois et princes couronnés?
— Nous venons régner, nous venons jouir, nous venons soumettre le monde, puis nous repartirons au pays du mystère. Garderons-nous dans nos prunelles le souvenir des nations à genoux? Garderons-nous dans notre cœur le souvenir des pleurs et du sang épandus quand nous serons rentrés au pays du mystère?
— Que venez-vous faire dans la ronde, dans l’éternelle ronde des vivants, demain danse macabre et ronde des morts? Que venez-vous donc faire, poètes et savants?
— Nous venons chercher, nous venons chanter, nous venons embraser le monde d’enthousiasme et d’amour, puis nous repartirons au pays du mystère. Garderons-nous dans nos prunelles le souvenir des beautés entrevues, des vérités trouvées? Garderons-nous dans notre cœur le souvenir de nos créations consolantes, de l’aide apportée à nos frères, quand nous serons rentrés au pays du mystère?
— Que venez-vous faire dans la ronde, dans l’éternelle ronde des vivants, demain danse macabre et ronde des et ronde des morts ? Que venez-vous donc faire, ô vous, foule anonyme, écrasante multitude ?
— Nous venons pleurer, nous venons souffrir, nous venons mourir, puis nous rentrerons sans savoir pourquoi au pays du mystère, d’où nous sommes sortis sans savoir pourquoi! Et, dans quelques années, nul ne se souviendra de notre dur labeur et de notre épreuve. Et nous, qui ne serons plus, nous n’aurons pas dans nos prunelles, nous n’aurons pas dans notre cœur de souvenir. Que venons-nous donc faire dans la ronde éternelle?
PRELUDE
In the Eternal Ronde
What have you come to do in the round-dance, in the eternal ronde of the living—tomorrow the danse macabre and ronde of the dead? What have you come to do then, pretty little children?
— We have come to dance, to play and to sing—and then we will set off again for the land of mystery. Will our eyes retain a memory of light and flowers? Will our hearts hold a memory of love and kisses, when we have returned to the land of mystery?
— What have you come to do in the round-dance, in the eternal ronde of the living—tomorrow the danse macabre and ronde of the dead? What have you come to do then, kings and crowned princes?
— We have come to reign, to enjoy and subjugate the world—and then we will set off again for the land of mystery. Will our eyes retain a memory of nations on their knees? Will our hearts hold a memory of the tears and blood spilt, when we have returned to the land of mystery?
— What have you come to do in the round-dance, in the eternal ronde of the living—tomorrow the danse macabre and ronde of the dead? What have you come to do then, poets and savants?
— We have come to seek, to sing and to embrace the world with enthusiasm and love—and then we will set off again for the land of mystery. Will our eyes retain a memory of the beauties glimpsed, of the truths discovered? Will our hearts hold the memory of our comforting creations, of the aid rendered to our fellows, when we have returned to the land of mystery?
— What have you come to do in the round-dance, in the eternal ronde of the living—tomorrow the danse macabre and ronde of the dead? What have you come to do then, anonymous crowd, crushing multitude ?
— We have come to cry, to suffer and to die—and then we will set off again for the land of mystery, from which we came without knowing why! And, in a few years, no memory will remain of our hard labor and our trials. And we, who are no more, will retain no memory in our eyes, hold no memory in our hearts. So what it is that we have we come to do in the eternal ronde?
LIVRE PREMIER: LE BAISER DE LA MORT
Arthédice la blonde
Qui sera l’ami d’Arthédice la blonde ?
Naos, déjà vieilli, convoite la fleur non encore épanouie. Mais les yeux d’Arthédice sourient à l’avenir et sa tête secouée dit: « Celui que j’aimerai sera jeune, joyeux et beau. »
Qui la joyeuse Arthédice choisira-t-elle pour fiancé? Clytos, pâli et maigre, lui apporte un cœur déjà las d’aimer. Le cœur d’Arthédice est pur et sa tête secouée dit: « Celui que j’aimerai sera fort et bon. »
Qui sera l’époux d’Arthédice la belle ? Lydus, jeune et aimant, lui offre son bras, lui ouvre son cœur. Mais Arthédice, jeune et belle, rêve richesses et fêtes: « Mon mari, dit-elle en secouant la tête, devra m’apporter perles et diamants. »
Qui donc sera-t-il, l’amant d’Arthédice la blonde?
Le voici !… Vieux comme le monde, il arrive, blancheur et cliquettement d’os sur son noir cheval: il prend la main d’Arthédice, lui ferme les yeux, et il emporte beauté et agonie dans la sombre mort!
BOOK ONE: THE KISS OF DEATH
Arthédice the Blonde
Who will be the friend of Arthédice the blonde?
Naos, old already, covets the flower that has not yet bloomed. But the eyes of Arthédice smile at the future and her shaking head says: “The one that I love will be young, happy and handsome.”
Who will the joyful Arthédice choose for her fiancé? Clytos, pale and thin, brings to her a heart already weary of love. The heart of Arthédice is pure and her shaking head says: “The one that I love will be strong and good.”
Who will be the husband of Arthédice the beautiful? Lydus, young and loving, offers her his arms, opens to her his heart. But Arthédice, young and pretty, dreams of wealth and parties: “My husband,” she says, shaking her “should bring me pearls and diamonds.”
So who will it be, the love of Arthédice the blonde?
Here he comes!… Old as the world, he arrives, all whiteness and clattering bones on his black horse: he takes the hand of Arthédice, closes her eyes, and carries beauty and agony off to somber death!
Si je retournais dans votre pays (La pensée française)
Si je retournais dans votre pays, comme il serait triste ce retour au pays autrefois aimé, au pays où vous n’êtes plus !
Dans l’escalier quand je le gravirais, je rencontrerais quatre hommes descendant une lourde caisse et, ce serait vous ou ce qu’il en reste.
A travers la porte, quand je frapperais, je n’entendrais plus votre pas joyeux; mon coeur qui battait en disant : « C’est elle », mon coeur battrait d’un son plus grave et ses coups précipités en moi diraient « Ce n’est plus elle ! Ne vais-je plus la voir ?»
A l’intérieur, en vain je chercherais et j’attendrais votre présence : « Ne viendra-t-elle pas enfin ? Pourquoi me laisse-t-elle ainsi prolonger ma visite ? Ne sait-elle pas une je l’attends ? »
Dans la petite église sombre, j’irais me recueillir, laisser écouler ma douleur : un catafalque se dresserait, tout noir sous les lames d’argent, tout noir parmi les flamboiements !
Dans le champ du repos je pénétrerais : un bruit de chaînes, un bruit de terre qui retombe, lourde sur le bois, m’éveillerait de ma torpeur.
Sur la tombe je m’agenouillerais : vos os m’apparaîtraient rongés et votre corps livré aux vers.
Si je retournais dans votre pays, ah ! qu’il serait triste ce retour au pays autrefois aimé, au pays où vous n’êtes plus !
If I returned to your country (La pensée française)
If I returned to your country, how sad it would be—this return to the once-beloved county, to the country where you are no longer!
In the staircase, as I climbed, I would meet four men carrying down a heavy crate—and it would be you or what remains of you.
Through the door, when I knocked, I would no longer hear your joyful step. My heart, which beat, saying: “It is her”—my heart would beat more deeply and its hasty would say to me: “It is her no longer! Will I never see her again?”
Within, I would seek and await your presence in vain: “Will she not come at last? Why does she let me continue my visit in this way? Does she not know that I am waiting for her?”
In the somber little church, I would gather my thoughts, let my sadness flow: a bier would be erected, all black with silver fringes, all black among the blazing lights!
I would enter the peaceful fields: the noise of chains, the sound of earth falling, heavy on the wood, would awaken me from my torpor.
I would kneel down beside the grave: your bones would seem to me already gnawed and your body delivered to the worms.
If I returned to your country, ah! how sad it would be—this return to the once-beloved county, to the country where you are no longer!
Si je retournais dans votre pays [2]
Si je retournais dans votre pays, comme il serait triste ce retour au pays autrefois aimé, au pays où vous n’êtes plus.
Dans l’escalier, quand je le gravirais, je rencontrerais quatre hommes descendant une lourde caisse : ce serait vous, hélas ! Le peu qu’il en reste.
A travers la porte, quand je frapperais, je n’entendrais plus votre pas joyeux; mon coeur qui battait en disant : « C’est elle », mon coeur battrait, son plus grave et ses coups précipités diraient : « Ce n’est plus elle ! Ce n’est plus elle ! »
Dedans, en vain je chercherais et j’attendrais votre présence : « Ne viendra-t-elle pas enfin ? Pourquoi me laisse-t-elle ainsi prolonger ma visite ? Ne sait-elle pas une j’attends et que je m’inquiète et que je m’angoisse ? »
Dans la petite église sombre, j’irais me réfugierais pour laisser écouler ma douleur : un catafalque se dresserait, tout noir, sous les lames d’argent, tout noir parmi les flamboiements !
Dans le champ du repos je m’enfuirais. Un bruit de chaînes, de terre qui retombe, lourde, sur le bois, m’éveillerait de ma torpeur.
Sur la tombe je m’agenouillerais : vos os m’apparaîtraient tels qu’ils seront bientôt, rongés, et qui s’effritent, et votre corps déjà me semblerait livré aux vers.
Si je retournais dans votre pays, ah ! qu’il serait triste, ce retour au pays autrefois aimé, au pays où vous n’êtes plus !
If I returned to your country
If I returned to your country, how sad it would be—this return to the once-beloved county, to the country where you are no longer!
In the staircase, as I climbed, I would meet four men carrying down a heavy crate : It would be you, alas! The little that remains of you.
Through the door, when I knocked, I would no longer hear your joyful step. My heart, which beat, saying: “It is her”—my heart would beat more deeply and its hasty would say to me: “It is her no longer! It is her no longer!”
Inside, I would seek and await your presence in vain: “Will she not come at last? Why does she let me continue my visit in this way? Does she not know that I am waiting, that I grow worried and distressed?”
In the somber little church, I would take refuge to let my sadness flow: a bier would be erected, all black, with silver fringes, all black among the blazing lights!
I would flee to the peaceful fields. A noise of chains, of earth falling, heavy, on wood, would awaken me from my torpor.
I would kneel down beside the grave: your bones would seem to me as they will be soon, gnawed and crumbling, and your body would seem to me already delivered to the worms.
If I returned to your country, ah ! how sad it would be—this return to the once-beloved county, to the country where you are no longer!
Le Baiser de la Mort
Toujours, partout, il faut lutter et mon cœur est fait pour le calme et mon cœur désire la paix.
Toujours, partout, je rencontrerai des indifférents et mon cœur est fait pour aimer et mon cœur désire l’amour.
Il est des jours — rares — où j’appelle la paix du tombeau: le baiser de la mort.
Ma chair entière frémit devant sa pourriture à venir, mon esprit s’effraie du large oubli qui, bientôt, sombre linceul, recouvrira mon être.
Mais, pourquoi toujours, partout, faut-il lutter quand mon cœur est fait pour le calme, quand mon cœur désire la paix?
Pourquoi toujours, partout, rencontrer des indifférents, quand mon cœur est fait pour aimer, quand mon cœur désire l’amour?
C’est pour cela que, souvent, j’appelle la paix du tombeau, le baiser de la mort.
Je voudrais partir en pleine jeunesse, emporter dans la mort toutes mes illusions, mon cœur vierge de souillure et de souffrance, mon enthousiasme déployé comme un étendard au jour des victoires. Pourquoi attendre qu’il se replie au souffle amer du désenchantement?
Puisque, toujours, partout, il faudra lutter, quand mon cœur est fait pour le calme, quand mon cœur désire la paix !
Puisque, toujours, partout, je rencontrerai des indifférents, quand mon cœur est fait pour aimer, quand mon cœur désire l’amour !
Ils sont nombreux, de plus en plus, les jours où j’appelle la paix du tombeau, le baiser de la mort.
The Kiss of Death
Always, everywhere, it is necessary to struggle—but my heart is made for calm and my heart’s desire is peace.
Everywhere, always, I encounter the indifferent—but my heart is made to love and my heart’s desire is love.
There are days — rare days — when I call out for the peace of the tomb: the kiss of death.
My whole body shivvers before the rot to come, my mind takes fright at the deep oblivion, the dark shroud, that will soon cover my being.
But why, always, everywhere, it is necessary to struggle, when my heart is made for calm and my heart’s desire is peace?
Why, always, everywhere, do I encounter the indifferent, when my heart is made for love, when love is my heart’s desire.
This is why, often, I call out for the peace of the tomb, the kiss of death.
I would like to depart in the fullness of youth, carry all my illusions into death, my heart virgin of stains and suffering, my enthusiasm unfurled like a banner on the day of victories. Why wait for it to be withdrawn again in the bitter blast of disappointment?
Since, always, everywhere, it is necessary to struggle, when my heart is made for calm, when peace is my heart’s desire!
Since, always, everywhere, I encounter the indifferent, when my heart is made to love, when love is my heart’s desire!
They are numerous, more and more numerous, the days when I call out for the peace of the tomb, the kiss of death.
Et puis !
Je veux aimer !
Je veux sentir !
Je veux briller !
Et puis, ce sera la mort qui, brusquement, viendra: la mort qui glacera mon cœur et brisera l’amour, la mort qui rompra les plaisirs comme verres fragiles, la mort, vaste feu qui consumera la gloire et ne laissera que cendres !
Et puis ce sera l’obscurité, l’immobilité dans l’étroite boîte, et puis ce sera la maison tendue de noir ; ce sera peut-être l’absence de toute vraie douleur, les cierges qui ne symboliseront rien, les prières marmottées sans âme, et puis ce sera le trou, et puis ce sera l’oubli !
And Then!
I want to love!
I want to feel!
I want to shine!
And then it will be death that comes, suddenly: the death that will freeze my heart and shatter love, the death that will destroy pleasures like fragile glass, the death, vast fire that will consume the glory and leave only ashes!
And then it will be darkness, immobility in the narrow box, and then it will be the house draped it black; it will be, perhaps, the absence of any real pain, the candles that symbolize nothing, the muttered, soulless prayers, and then it will be the grave, and then it will be oblivion!
L’affreux rêve
Oh ! l’affreux rêve que j’ai fait cette nuit!
Une haute montagne où je montais, joyeuse, dans la beauté, dans la lumière et dans l’amour !
Entourée de fleurs, d’effluves odorants, de cœurs amis, me voici, ô victoire! sur le sommet. Un désir m’envahit : rester là toujours et toujours savourer le bonheur qui en moi déborde.
Brusquement je roule sur l’autre versant, noir, hideux; la brume autour de moi s’épaissit ; tous ceux que j’aime ont disparu et mes mains à tâtons les cherchent.
Oh! l’affreux rêve que j’ai fait cette nuit!
Plus vite, dans une course sans cesse accélérée, je descends l’âpre pente; rien ne peut me retenir. Je roule dans l’obscur inconnu. Un abîme insondable se creuse sous mes pas; je tombe, je tombe. Où donc mon sort m’emporte-t-il ?
Oh! l’affreux rêve qu’est la vie ! Oh, l’affreux rêve que doit être la mort !
The Frightful Dream
Oh! The frightful dream I had that night!
A high mountain where I climbed, joyful, in beauty, light and love!
Surrounded by flowers, fragrant scents, friendly hearts, here I am—oh, victory!—on the summit. A desire overwhelmed me: to remain there forever and always savor the happiness that welled over from within me.
Suddenly, I roll onto the other slope, black, hideous; the mist thickens around me; all those that I love have disappeared and my groping hands seek then.
Oh! The frightful dream I had that night!
Faster, in an ever-accelerating rush, I descend the rough slope; nothing can hold me back. I roll in the dark unknown. An unfathomable abyss opens beneath me; I fall, I fall. Where, then, will my fate carry me?
Oh! The frightful dream that is life! Oh, the frightful dream that death must be!
Vivre
Vivre, cueillir des fleurs sur le chemin, en faire une gerbe odorante, respirer leur parfum mêlé avec l’air pur ; se sentir pénétrée des senteurs printanières, de la douce caresse du soleil,
et soudain n’être plus !
Vivre, marcher, le vent, l’amour, la vie gonflant votre poitrine ; regarder tout de vos yeux curieux, admirer montagnes et vallons, gravir, escalader, sauter, courir de pics en pics, toujours plus haut sur les sommets, plus près du ciel, dans l’immensité blanche ;
puis un jour s’arrêter à jamais sous la terre !
Vivre, sentir son cœur battre si fort contre sa chair ; aimer tout et n’être pas rassasiée d’amour : les oiseaux, les fleurs et la nature, les enfants aux adorables gestes, au sourire divin, que l’on voudrait garder toujours petits sur les genoux ; aimer les malheureux, pleurer de leur misère, aimer, aimer infiniment,
puis un jour n’aimer plus !
Vivre et vouloir comprendre; vivre et vouloir savoir ; vivre et vouloir créer; se pencher, attentive, sur toutes les faces de l’existence, sur tous les angoissants problèmes ; se sentir forte, prête peut-être à résoudre une des énigmes posées par le terrible sphinx et s’écrier, joyeuse :
J’ai trouvé ! j’ai compris ! j’ai créé! J’ai vaincu !
Puis tomber, terrassée, ne plus penser, ne plus chercher, n’être plus !
Vivre, vivre et puis mourir !
* * *
To Live
To live, to gather flowers along the road, to make a fragrant spray of them, to breathe in their perfume, mixed with the pure air; to feel oneself infused with the scents of springtime, with the soft caress of the sun,
…and suddenly to no longer be!
To live, to move forward, the wind, love, life swelling your chest; to look at everything with your curious eyes, to admire mountains and vales, to climb, to scale, to leap, to race from peak to peak, always higher on the summits, closer to the heavens, in the white immensity;
…and then one day to stay forever underground!
To live, to feel your heart beat so strong against your flesh; to love everything and not be sated with love: the birds, the flowers and nature, the children with the adorable gestures, divine smiles, that we would always love to hold, little ones, upon our knee; to love the unfortunate, to cry for their misery, to love, to love infinitely,
…and then one day to love no more!
To live and to wish to understand; to live and to wish to know; to live and to want to create; to study, attentively, all the faces of existence, all the agonizing problems; to feel strong, ready perhaps to solve one of the enigmas posed by the terrible sphinx and to cry out, joyfully:
I have discovered! I have understood! I have created! I have conquered!
Then to fall, laid low, to no longer think, no longer seek, no longer be!
To live, to live and then to die!
* * *
Ceux qui passeront sur ma tombe
Liront, indifférents, une date et un nom
Et mes os auront froid.
Ceux qui liront les pauvres lignes
Par où j’essaie de me survivre
Diront: « Elle fut et passa »
Et mes os auront froid.
Mais pourtant quelqu’un, je l’espère,
Saisira mon âme en mes rythmes:
« Elle a aimé, elle a souffert »,
Dira-t-il, versant une larme.
Alors mes os n’auront plus froid.
* * *
Those who walk upon my grave
Will read, indifferent, a date and a name
And my bones will be cold.
Those who read the poor lines
By which I try to outlive myself
Will say: “She was and she passed on”
And my bones will be cold.
However, someone, I hope,
Will catch my soul in my lines:
“She has loved; she has suffered”
They will say, shedding a tear.
And then my bones will no longer be cold.
* * *
Venez près de moi, mes enfants.
Vous le voyez, je vais partir,
Mon âme, je le sens, se détache de moi.
Va-t-elle planer lumineuse,
Saisir les effarants mystères
Reviendra-t-elle dans un corps,
Ou se dissout-elle au néant?
Je ne sais, mes enfants chéris.
Restez bien en moi, mes enfants,
Et ce cœur qui va se glacer
Votre amour le ranimera.
Lorsque vous parlerez de moi
Dans la mort mes os frémiront,
J’aurai moins peur, j’aurai moins froid.
Mon esprit parmi vous viendra.
Je vivrai en vous, mes enfants.
Ma vie se perpétue en vous,
En votre corps que j’ai formé.
Votre sang est fait de mon sang,
Je revois mes yeux dans vos yeux.
Je laisse mon âme en votre âme,
Votre esprit rêve de mes rêves
Et mes projets sont vos projets.
Ma vie est un anneau du passé au futur.
Non, je ne meurs pas, mes enfants.
Come close to me, my children.
You see, I am going to leave,
And I feel my soul detach itself from me.
Will it soar, luminous,
To seize the astounding mysteries,
Will it return to a body,
Or will it dissolve into nothing?
I do not know, my dear childen.
Remain well in me, my children,
And this heart that will go cold
Your love will revive.
When you speak of me
In death my bones will quiver,
I will have less fear, I will be less cold.
My spirit will come among you.
I will live in you, my children.
My life will be perpetuated in you,
In your bodies that I have formed.
Your blood is made from my blood,
I see your my again in your eyes.
I leave my soul in your soul,
Your mind dreams my dreams
And my projects are your projects.
My life is a ring from the past to the future.
No, I do not die, my children.
LIVRE DEUXIÈME: LA STATUE IMPARFAITE
Ah ! comme elle était belle en mon cœur la statue !
Mon esprit créateur l’ornait de mille charmes,
….. Y répandait toute beauté !
Mais quand mes doigts ont pris l’argile
L’argile n’a pas dit mon rêve
Et je n’ai pu, semblable aux Dieux
Souffler mon âme dans sa forme.
….. Devant la statue imparfaite
Les larmes ont empli mes yeux.
Qu’elle était belle en moi la vie !
Mon esprit créateur l’ornait de mille charmes,
….. Y répandait toute beauté !
Hélas! quand j’ai suivi la route
Je n’ai pas retrouvé mon rêve
Et je n’ai pu, semblable aux Dieux,
Faire jaillir l’amour et la lumière!
….. Et devant la vie imparfaite
Les larmes ont empli mon cœur.
✦ ✦ ✦
BOOK TWO: THE IMPERFECT STATUE
Ah! How beautiful the statue was in my heart!
My creative spirit adorned it with a thousand charms,
….. There, all beauty was spread!
But when my fingers took up the clay
The clay did not give voice to my dream
And I was not able, like the gods,
To breathe my soul into its form.
….. Before the imperfect statue
Tears have filled my eyes.
How beautiful life was to me!
My creative spirit adorned it with a thousand charms,
….. There, all beauty was spread!
Alas! When I followed the road
I did not find my dream
And I have not been able, like the gods,
To make love and light spring forth!
….. And before the imperfect life
Tears have filled my heart.
✦ ✦ ✦
L’étoile du bonheur
Au-dessus du berceau, une étoile brillait.
…. L’enfant comprenait sa caresse,
…. Sa douce lueur murmurait :
« Tu seras heureuse, tu seras heureuse,
…. Pour toi je brille dans la nuit
…. Et je te suivra dans la vie :
…. Je suis l’étoile du bonheur. »
Auprès du berceau, des poètes chantaient
…. Et l’enfant comprenait leurs voix.
…. Pour elle, les vers répétaient:
« Tu seras heureuse, tu seras heureuse,
…. Nous remplaçons les fées antiques,
…. Poètes qui chantons le bonheur ! »
Près du berceau, la maman souriait,
…. Et l’enfant lisait son sourire
…. Qui, bien tendrement, chuchotait:
« Tu seras heureuse, oui, tu seras heureuse,
…. Tu auras l’esprit de ton père,
…. L’esprit qui conquiert le bonheur. »
Auprès du berceau, le père pensait
…. Et l’enfant devinait ses rêves,
…. Ses rêves d’amour et d’orgueil:
« Tu seras heureuse, oui, tu seras heureuse. »
…. Belle comme sa mère, il la voyait,
…. Dansant sur des sentiers qu’éclairait le bonheur.
Auprès du berceau, doucement,
…. Les frères et sœurs sont venus.
…. Ils murmuraient, en un baiser,
…. Des vœux d’amour et de bonheur:
« Tu seras heureuse et tous t’aimeront,
…. Tu seras reine sur les cœurs. »
…. Et toujours l’étoile brillait,
Semblant, de sa claire lueur, les approuver.
……………………………………………
Où sont-ils, le bonheur, chanté par les poètes,
Les plaisirs que disait l’étoile,
Le talent, la beauté, l’amour ?…
…. Auprès de mon berceau,
Lorsque je souriais à ces vœux de bonheur,
Une mauvaise fée s’est-elle donc glissée,
…. Apportant le malheur ?…
The Star of Happiness
Above the cradle, a star shone.
…. The child understood its caress,
…. Its soft glow murmured:
“You will be happy, you will be happy,
…. For you I shine in the night
…. And I will follow you in life:
…. I am the star of happiness.”
Beside the cradle, poets sang
…. And the child understood their voices.
…. For her, the verses repeated:
“You will be happy, you will be happy,
…. We will replace the ancient fairies,
…. Poets who sing happiness!”
Close to the cradle, the mother smiled,
…. And the child read her smile
…. Which, very tenderly, whispered:
“You will be happy, yes, you will be happy,
…. You will have the spirit of your father,
…. The spirit that conquers happiness.”
Beside the cradle, the father thought
…. And the child divined his dreams,
…. His dreams of love and pride:
“You will be happy, yes, you will be happy.”
…. Beautiful as her mother, he saw her,
…. Dancing on paths lit by happiness.
Beside the cradle, softly,
…. The brothers and sisters came.
…. They murmured, in a kiss,
…. Wishes of love and happiness:
“You will be happy and everyone will love you,
…. You will reign over hearts.”
…. And, always, the star shone,
Seeming, with its clear glow, to agree.
……………………………………………
Where are they, the happiness, sung by the poets,
The pleasures spoken of by the star,
The talent, the beauty, the love?…
…. Close by my cradle,
When I smiled at those wishes of happiness,
Did a bad fairy creep in,
…. Bearing misfortune?…
Jamais bonheur ne vint
Un prince est descendu dans mon humble demeure,
Ses mains étaient emplies des plus riches présents.
« Me voici, disait-il, ouvrez grandes les portes,
Préparez trône, lit et le festin royal.
— Non, ce n’est pas pour moi, disais-je tristement,
Jamais prince ne vint dans mon humble demeure. »
Si le bonheur descend un jour jusqu’à mon cœur,
S’il arrive apportant les plus riches présents,
….. Amour, Joie et Sourire,
« Non, ce n’est pas pour moi, dirai-je tristement,
Jamais bonheur ne vint jusqu’à mon pauvre cœur. »
Happiness Never Came
A prince descended to my humble abode,
His hands were filled with the richest of presents.
“Here I am,” he said, “open wide the doors,
Prepare throne, bed and the royal feat.”
“No, it is not for me,” I said sadly,
“A prince never came to my humble abode.”
If happiness descends one day to my heart,
If it arrives bearing the richest of presents,
….. Love, Joy and Smiles,
“No, it is not for me,” I would say, sadly,
“Happiness never came to my poor heart.”
Livre Troisième : Les Mots d’Amour
Book Four: The Words of Love
Les Mots d’Amour
Des mots d’amour chantent sur mes lèvres ; à qui les dirai-je, ces doux mots d’amour? — Je les dirai, fiancée heureuse, à celui qui prendra mon coeur, les mots qui, sur mes lèvres, chantent l’amour.
Des mots d’amour chantent sur mes lèvres ; à qui les dirai-je, ces doux mots d’amour ? —Je les dirai, jeune mariée, à celui qui prendra mes mains, les mots qui, sur mes lèvres, chantent la joie.
Des mots d’amour chantent sur mes lèvres ; à qui les dirai-je, ces doux mots d’amour ? — Je les dirai, heureuse mère, à l’enfant pressé sur mon sein, les mots qui, sur mes lèvres, chanteront la bonheur.
Des mots d’amour chantent sur mes lèvres; à qui les dirai-je, ces doux mots d’amour ? — Je les dirai, vieille grand’mère, au bon grand-père qui, près de moi, aura parcouru le chemin ; je les répéterai, les mots qui, sur mes lèvres, chanteront comme un refrain toujours joyeux.
Des mots d’amour chantent sur mes lèvres ; à qui les dirai-je, ces doux mots d’amour ? — Je bercerai les têtes blondes qui viendront peupler ma vieillesse, avec les mots qui, sur mes lèvres, répandront les trésors d’amour.
Hélas ! il n’est pas venu le fiancé qui aurait compris les doux mots d’amour, le mari jaloux n’a su les entendre, les enfants s’en sont allés et le vieux grand-père gémit près de l’âtre.
Les mots, les doux mots d’amour resteront à jamais enfouis dans mon coeur et mes lèvres se refermeront sans avoir dit les mots d’amour.
The Words of Love
Words of love sing on my lips; to whom will I speak them, these gentle words of love? — I will speak them, happy fiancée, to the one who will take my heart, those words which, on my lips, sing love.
Words of love sing on my lips; to whom will I speak them, these gentle words of love? — I will speak them, young wife, to the one who will take my hands, those words which, on my lips, sing love
Words of love sing on my lips; to whom will I speak them, these gentle words of love? — I will speak them, fortunate mother, to the child pressed to my breast, those words which, on my lips, sing love
Words of love sing on my lips; to whom will I speak them, these gentle words of love? — I will speak them, old grandmother, to the good grandfather who, close to me, will have traveled along the road; I will repeat them, those words which, on my lips, will sing like an always joyful refrain.
Words of love sing on my lips; to whom will I speak them, these gentle words of love? — I will cradle the blond heads that will come to people my old age, with those words which, from my lips, will scatter the treasures of love.
Alas! He did not come: the fiancé who would have understood those gentle words of love. — The jealous husband did not know how to listen to them, the children are gone and the old grandfather groans beside the hearth.
The words, those gentle words of love will remain forever buried in my heart and my lips close again without having said the words of love.
Un rêve fou
O mon ami! faisons un rêve, un rêve fou !
Partons au pôle, à l’équateur, pour les étoiles, où vous voudrez !
Vous serez tout pour moi, je serai tout pour vous
…………………………………………………………………..
Je sais bien que ce n’est qu’un rêve, un rêve fou.
O mon ami! faisons un rêve, un rêve fou !
Que mes yeux dans vos yeux et mes mains dans vos mains,
Un instant j’appuie mon cœur sur votre cœur,
Qu’une fois j’entende vos lèvres dire : Je t’aime,
Et que je meure ainsi, sûre de votre amour.
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Je sais bien que ce n’est qu’un rêve, un rêve fou.
Pourquoi ne serait-ce qu’un rêve, un rêve fou ?
Mais où est-il, et qui est-il, l’ami qui m’élèvera au-dessus de la terre,
Qui, ses mains dans mes mains, dira ces mots : Je t’aime,
A qui, mon cœur appuyé sur son cœur,
Je pourrai répondre par des mots d’amour ?
…………………………………………………………………..
Ne serait-ce qu’un rêve, un rêve fou ?
A Mad Dream
Oh, my friend! Let’s make a dream, a mad dream!
Let’s leave for the pole, for the equator, for the stars, wherever you wish!
You will be everything for me, I would be everything for you
…………………………………………………………………..
I know well that it is only a dream, a mad dream.
Oh, my friend! Let’s make a dream, a mad dream!
Just my eyes in your eyes and my hands in your hand,
For a moment, I rest my heart on your heart,
And just once I hear you say: I love you,
And I die thus, sure of your love.
…………………………………………………………………..
I know well that it is only a dream, a mad dream.
Why would that only be a dream, a mad dream?
But where are they, and who are they, the friend who would raise me up above the earth,
Who, their hands in my hands, will say: I love you,
To whom, my heart resting on their heart,
I could respond with words of love?
…………………………………………………………………..
Would that just be a dream, a mad dream?
TENDRESSES
Parfois, veux-tu, je serai ta petite enfant,
Et dans mes heures de tristesse
Je me blottirais en tes bras,
Tes baisers sécheraient mes larmes,
Tes paroles d’amour calmeraient de mon cœur
les coups précipités.
Parfois, veux-tu, je serais ta petite enfant.
Mais, en tes heures sombres, tu serais mon enfant,
J’oublierais ma tristesse.
Tu te blottirais en mes bras.
Mes baisers sécheraient tes larmes.
Mes paroles d’amour calmeraient de ton cœur
les coups précipités.
Oui, en tes heures sombres, tu serais mon enfant !
TENDER THOUGHTS
Sometimes, if it please you, I would be your little child,
And in my hours of sadness
I would nestle in your arms,
Your kisses would dry my tears,
Your words of love would calm my heart’s
hasty beating.
Sometimes, if it please you, I would be your little child.
But, in your dark hours, you would be my child,
I would forget my sadness.
You would nestle in my arms.
My kisses would dry your tears.
My words of love would calm your heart’s
hasty beating.
Yes, in your dark hours, you would be my child!
Tout bas
Auprès de moi, parlez tout bas,
Et les mots d’amour que je rêve,
Qui doivent éveiller mon cœur,
Trouver un écho en mon âme,
Redites-les tout bas, tout bas.
Vous effaroucheriez mon cœur.
Si vous vouliez parler plus haut,
Comme à l’enfant en son berceau
Il faut chanter une berceuse,
Chantez à mon cœur bien, bien bas
Si vous savez parler bien bas,
Si le murmure de vos lèvres
Répète celui de mon cœur,
Je reconnaîtrai votre voix
Je répondrai bien bas, bien bas.
Si vous savez bercer mon âme
En une berceuse d’amour,
Comme l’enfant en son berceau.
J’élèverai vers vous mes bras
Je chanterai aussi tout bas.
In a Whisper
Close to me, speak in a whisper,
And the words of love of which I dream,
Which should awaken my heart,
To find an echo in my soul,
Repeat them in a whisper, in a whisper.
You will make my heart take fright,
If you should speak more loudly.
As to the child in its cradle
You must sing a lullaby,
Sing to my heart very, very softly.
If you can speak very softly,
If the murmur of your lips
Repeats that of my heart,
I would would recognize your voice;
I would respond very softly, very softly.
If you can rock my soul
With a lullaby of love,
Like a child in its cradle.
I would raise my arms to you;
I would also sing in a whisper.
POURQUOI, PETIT ENFANT
Pourquoi, petit enfant, vous ai-je regardé?
C’est que vos yeux couleur d’azur
Semblent un morceau de ses yeux.
En vos regards brille une flamme
Que j’ai vue dans des yeux amis.
Aussi, petit enfant, vous ai-je regardé.
Pourquoi, petit enfant, ai-je dit votre nom ?
C’est que ce nom cher à mes lèvres,
Cher à mon cœur, en le disant,
Je croyais parler à l’ami
Dont j’aime à redire le nom.
Pourquoi, petit enfant, ai-je baisé vos mains ?
C’est qu’en baisant vos mains, vos yeux et votre front
Je croyais embrasser l’ami
Dont les yeux, les lèvres sont loin
Et qui pourtant partout me suit.
WHY, LITTLE CHILD?
Why, little child, have I looked at you?
Because your azure-colored eyes
Seem a piece of his eyes.
In your gaze shines a flame
That I have seen in friendly eyes.
So, little child, I have gazed at you.
Why, little child, have I said your name?
Because in saying that name,
Dear to my lips, dear to my heart,
I believed I spoke to the friend
Whose name I love to say again.
Why, little child, have I kissed your hands?
Because in kissing your hands, your eyes, our brow,
I believe I was embracing the friend
Whose eyes, whose lips are far away
And yet who follows me everywhere.
POURQUOI ES-TU VENU ?
Pourquoi, es-tu venu à ma rencontre un soir?
Je marchais dans le bois en rêvant de tendresse
Tes yeux étaient emplis de larmes,
Et ta voix vibrait d’émotion.
En un baiser, j’ai cru boire tes pleurs
Et par mon amour calmer ta souffrance.
Pourquoi es-tu venu à ma rencontre un soir
Puisque désormais seule en rêvant de tendresse
Le souvenir de tes grands yeux emplis de larmes
Et celui de ta voix vibrante d’émotion,
Et le goût du baiser qui un jour but tes pleurs
Aggravant mon amour, aggravent ma souffrance.
Pourquoi es-tu venu à ma rencontre un soir
Si tu ne reviens plus me parler de tendresse
Tes yeux ne se sont-ils jamais remplis de larmes?
Ta voix n’a-t-elle plus vibré d’émotion?
As-tu donc oublié celle qui but tes pleurs
Et qui par son amour apaisa ta souffrance?
Pourquoi, es-tu venu à ma rencontre un soir?
WHY DID YOU COME?
Why did you come to meet me one evening?
I walked in the woods, dreaming of tenderness
Your eyes were full of tears,
And your voice trembled with emotion.
With a kiss, I thought to drink your tears
And with my love to ease your suffering.
Why did you come to meet me one evening?
Since, now, alone in dreaming of tenderness
The memory of your big eyes, filled with tears
And that of your voice, trembling with emotion,
And the taste of the kiss that one day drank your tears
Increases my love, aggravates my suffering.
Why did you come to meet me one evening
If you do not return to speak to me of tenderness?
Are your eyes never filled with tears?
Does your voice no longer tremble with emotion?
Have you forgotten the one who drank your tears
And with her love calmed your suffering?
Why did you come to meet me one evening?
DIALOGUE
Si les cœurs parlaient, non les lèvres :
« M’aimez-vous, ô, mon doux ami ?
— Je vous aime, chérie, peut-être autant que moi.
— Comment peut-on aimer sans s’oublier soi-même ?
Sera-ce pour longtemps, au moins, mon doux ami ?
— Je vous aime aujourd’hui, peut-être encore demain.
— Comment parler d’amour quand il n’est éternel ?
Mais n’aimez-vous que moi, dites, mon doux ami ?
— Mon cœur est bien trop grand pour un unique amour.
— Mon amour est si grand qu’il dilate mon cœur,
Et vous croyez m’aimer, hélas! mon doux ami ».
Si les cœurs parlaient, non les lèvres.
DIALOGUE
If hearts spoke, not lips:
“Do you love me, my sweet friend?”
— I love you, my dear, perhaps as much as myself.
— How can you love without forgetting yourself?
Will it be for a long time, at least, my sweet friend?
— I will love you today, perhaps even tomorrow.
— How to speak of love when it is not eternal?
But do you love only me? Tell me, my sweet friend.
— My heart is much too big for a single love.
— My love is so great that it swells my heart,
And you believe you love me, alas! my sweet friend.”
If hearts spoke, not lips.
QUAND TON AME
Quand ton âme si belle en tes yeux sourira,
Lorsqu’elle montera, généreuse, à tes lèvres
J’aimerai dans tes yeux le reflet de ton âme
Ma soif s’apaisera au baiser de tes lèvres.
Quand mon rêve d’amour en tes yeux sourira
Et lorsqu’il montera, généreux, à tes lèvres
J’aimerai dans tes yeux ce reflet créateur
Et mon rêve vivra au reflet de tes lèvres.
………………………………………………
Ce que j’aimais en toi, c’est une âme irréelle,
Créée par mon désir, vivante dans moi-même
Mais jamais dans tes yeux je ne l’ai vue sourire
Et tes lèvres jamais n’ont fait vivre mon rêve.
WHEN YOUR SOUL
When your beautiful soul will smile in your eyes,
And when it rises, generous, to your lips
I will love in your eyes the reflection our your soul
My thirst will be quenced by a kiss from your lips.
When my dream of love in your eyes will smile
And when it rises, generous, to your lips
I will love in your eyes that creative sparkle
And my dream will live in the shine of your lips.
………………………………………………
What I love in you is an unreal soul,
Created by my desire, living in itself,
But never have I seen it smile in your eyes
And your lips have never given life to my dream.
CELUI QUE TU AS CHOISI
Celui que tu as choisi, que tu dis aimer
L’as-tu vu bon et délicat
A-t-il devancé tes désirs ?
Sait-il dire les mots qui calment
Les sombres blessures du cœur?
— Celui que j’aime n’a pour moi
Hélas ! nulle délicatesse.
Mais quand l’amour l’embrasera
Il devancera mes désirs,
Il trouvera les mots qui calment
Les sombres blessures du cœur.
— Celui que tu as choisi, que tu dis aimer
T’a-t-il entouré de tendresse ?
Comme tu t’oublieras pour lui
Saura-t-il s’oublier pour toi ?
Ses yeux et ses mains et son cœur
Diront-ils les mots de ses lèvres?
— Celui que j’aime n’a pour moi
Hélas! pas beaucoup de tendresse
Mais quand l’amour l’embrasera,
Comme je m’oublierai pour lui,
Il saura s’oublier pour moi,
Ses yeux et ses mains et son cœur
Diront tous les mots de ses lèvres.
— Celui que tu as choisi, que tu dis aimer
Il est égoïste et n’aime que lui
Ton grand amour l’entourera
Mais c’est lui seul qu’il cherche en toi !
— Mon amour, feu divin, se communiquera
Jusqu’au cœur de celui que j’aime
Il embrasera l’être entier,
Fera de nos deux âmes une âme.
Ni lui ni moi ne serons plus.
Mais un être fait de l’amour
Où nos deux cœurs seront fondus.
— Celui que tu as choisi, que tu dis aimer
Ce n’est pas celui que tu aimes :
L’aimé n’est fait que de tes rêves,
De tous tes rêves de tendresse,
D’amour et de délicatesse.
THE ONE THAT YOU HAVE CHOSEN
The one that you have chosen, that you say you love
Has he seemed to you good and delicate?
Has he anticipated your desires?
Does he know how to say the words that sooth
The dark wounds of the heart?
— The one that I love has, alas!
No delicacy for me.
But when love sets him ablaze
He will anticipate my desires,
He will find the words that sooth
The dark wounds of the heart.
— The one that you have chosen, that you say you love
Has he wrapped you in tenderness?
As you forget yourself for him,
Could he forget himself for you?
Do his eyes and hands and heart
Say the words on his lips?
— The one that I love has, alas!
Little tenderness for me
But when love sets him ablaze,
As I will forget myself for him,
He will know how to forget himself for me,
His eyes and hands and heart
Will say all the words on his lips.
— The one that you have chosen, that you say you love
He is selfish and only loves himself.
Your great love will surround him,
But it is himself alone that he seeks in you!
— My love, divine fire, will spread
To the very heart of the one that I love.
It will set fire to the whole being,
Make of our two souls one soul.
Neither he nor I will be anything more,
But a being made of love
Where our two hears will be merged.
— The one that you have chosen, that you say you love
Is not the one that you love:
The loved one is only in your dreams,
In all your dreams of tenderness,
Love and delicacy.
Ce sera pour la vie
Et toi, enfant, n’aimeras-tu pas?
Vois, tes compagnes ont de joyeux amis,
Leurs mains se prennent et leurs lèvres se frôlent
Leurs yeux sourient, ils sont heureux
Et toi, enfant, n’aimeras-tu pas ?
— Quand j’aime, ce sera pour la vie.
— Celui, fillette, que tu as choisi,
Il est jeune, il est beau,
Il paraissait digne de toi.
Mais puisque son amour ne répond pas à ton amour
Allons, fillette, oublie celui-là.
— Celui que j’aime, je l’aime pour la vie.
— Pourquoi, jeune fille, es-tu triste et malade?
Tes yeux étaient rouges, ton sein était gonflé
Mais le regard quitte tes yeux
Et la vie s’en va de ton sein.
Pourquoi, jeune fille, entrer si vite dans la mort ?
— C’est que j’aimais et c’était pour la vie.
L’Ame-Sœur de mon Ame
Je l’ai aperçue, l’âme sœur de mon âme.
Puissants, des attraits vers. elles m’aimantaient : profondeur du regard, pensées grandes et nobles, vastitude du cœur !
Ses cheveux déjà blanchissaient et moi je n’étais qu’une enfant. Hélas! nous n’avons su comprendre et nous avons passé.
Je l’ai rencontrée, l’âme-sœur de mon âme. Mon cœur flambait près de sa jeune ardeur:; la flamme de ses yeux mettait en moi la joie ; le chant de ses paroles, le chant de sa démarche, le chant de l’être entier faisaient de mon âme une harpe sonore.
Erreur funeste qui nous donna dans le sein de nos mères, des formes trop semblables, nous empêcha de nous lier à jamais par l’amour !
J’ai connue, l’âme-sœur de mon âme. J’aimais ! Ah ! J’aimais tout en elle et dans le corps qu’elle animait. J’aurais voulu me perde en elle pour vraiment me trouver.
Mais un lien déjà l’enserrait. Ma main a effleuré sa main, mes yeux ont plongé dans ses yeux ; puis nos chemins ont divergé.
Elle m’a souri, l’âme-sœur de mon âme. Et dans sa joie de vivre j’ai retrouver ma jeunesse écoulée, et j’ai cru que l’amour, par ses joies triomphales, réparerait le temps hors de lui gaspillé.
Mais non ! je n’ai pas pu, moi, déjà vieille et blanche, arrêter son généreux élan, le chant de son aurore. Et l’un à l’autre nous avons renoncé.
Je l’ai pourtant tenue, serrée entre mes bras, l’âme-sœur de mon âme.
Hé ! lasse quand je refermai mon étreinte et quand je clamai mon triomphe, surgit la grande Victorieuse ; mon cri s’étrangla dens ma gorge et mes bras soudain frissonnèrent, car ils n’enserraient plus qu’un corps vide, un cadavre !
Ainsi chantent les âmes, quand elles songent aux âmes-sœurs.
Mon Ame est un Jardin
Ah ! le noble jardin de murmures et d’amour.
Fleurs de pourpre amitié s’y baisent ardemment sous la brûlure du soleil ; insectes, papillons d’amour y plongent leur vol fervent. Les palpitations et la vie des aimés, elle les amplifie ; longuement s’y répercutent les musiques divines et les parfums y grisent, encens d’affection et de joie douloureuse.
……………………………
Mon beau jardin de murmures et d’amour, le voici devenu, sous les chocs douloureux, un vaste désert de sépulcres. Les fleurs se sont fanées; le vent, un vent d’infortune et de mort, a détruit, a brisé, a emporté l’amour, la vie et les parfums, la joie et la douleur.
Mon beau jardin d’amour, connaîtra-t-il d’autres printemps ? Se lèvera-t-elle, mon âme, de sa froide tombe d’indifférence ; de nouveau créera-t-elle la vie, l’amitié et l’amour ?
My Soul is a Garden
Ah! The noble garden of whispers and love.
Flowers of purple friendship kiss passionately beneath the scorching of the sun; insects, butterflies of love dive there in fervent flight. The palpitations and the lives of loved ones, it amplifies them; there, divine music reverberates and lingers, perfumes intoxicate, incense of affection and of aching pleasures.
……………………………
My beautiful garden of whispers and love, behold! it has become, under painful blows, a vast desert of sepulchers. The flowers have withered. The wind, a wind of misfortune and eath, has destroyed, has broken, has carried of love, life and the perfumes, the joy and the sadness.
My beautiful garden of love, will it know another springtime? Will it rise up, my soul, from it cold tomb of indifference? Will it create anew life, friendship and love?
Livre Quatrième : Mes chers petits enfants
Book Four: My Poor Little Children
Mes chers petits enfants que je n’ai jamais eus,
Que j’aime autour de moi votre ronde joyeuse,
Vos rires et vos jeux, votre vie débordante,
….. Vos adorable gestes !
O chers petits enfants qu’en longs rêves je crée,
Petits enfants d’amour, vous incarnez mon âme;
Alain secoue mes fières énergies,
Dommine en tout son être chante la douceur, la tendresse ;
Les caressantes grâces de mon âme emmurée.
Sylvie, ma fleur sauvage, peut-être es-tu ma préférée,
Farouche indépendance, révolte qui éclate et amour contenu.
Des chers petits enfants que je n’aurai jamais
J’aime la chair rosée que longuement on baise,
Les yeux chantant la joie comme l’eau des fontaines,
….. Et les boucles dansantes,
Les fossettes dodues des petites mains, les gestes pleins de grâce,
Le corps tout entier, hymne de beauté, rayon de miel suave.
Des chers petits enfants que je n’aurai jamais
Je cherche le visage, le sourire, les yeux, les mollets arrondis dans les petits enfants au hasard rencontrés.
Toujours mon regard se retourne sur les jolis enfants dans les rues, les jardins,
….. Mon coeur court avec eux,
Tandis que des larmes profondes pleurent l’enfant que ne n’aurai pas eu.
My dear little children that I never had,
How I love around me your joyful ring-dance,
Your laught and your games, your overflowing life,
….. Your adorable movements!
Oh, dear little children who in long dreams I created,
Little children of love, you incarnate my soul;
Alain shakes my proud energies,
In her whole being, Dommine sings gentleness, tenderness;
The caressing graces of my walled-in soul.
Sylvie, my wild flower, perhaps you are my favorite,
Fierce independence, rebellion that busts forth and contains love.
Dear little children that I never had,
I love the rosy flesh, fit for long kisses,
The eyes singing joy like the water of fountains,
….. And the dancing curls,
The plump dimples of the little hands, the movements full of grace,
The whole body, a hymn of beauty, a ray of soothing honey.
Dear little children that I never had,
I seek the face, the smile, the eyes, the round calves in the children met by chance.
Always my gaze returns to the pretty children in the streets, the gardens,
….. My heart runs with them,
While intense tears are cried by the child that I would not have.
Berceuse
Dormez, dormez sur les genoux de votre mère,
ô ma poupée d’amour.
Petite âme inconnue, capricieuse, toujours en création nouvelle, je cherche à déchiffrer le problème que vous êtes ; tel un amoureux je souffre, je souffre et pourtant je jouis de ne pouvoir entièrement lire en votre âme.
Petite âme inconnue, capricieuse, toujours en création nouvelle, que serez-vous, ô ma petite bien-aimée ? Quels germes mystérieux croissent en vous? Je tremble comme le jardinier veillant sur la graine qu’il a semée : il sait que son travail, ses soins, son amour parfois ne suffisent pas et la graine ne germe pas et les fruits de la plante ne sont pas doux.
J’ai cru vous créer, ô ma poupée d’amour et je ne sais quels instincts ancestraux sont venus réagir au creuset créateur ; je ne sais quelles déformations votre âme peut subir.
Dormez, dormez sur les genoux de votre mère,
ô ma poupée d’amour.
Lullaby
Sleep, sleep on your mother’s lap,
my little love-poppet.
Little soul, unknown, capricious, always creating yourself anew, I seek to decipher the problem that you are; like a lover I suffer, I suffer and yet I take pleasure in not being abel to fully read your soul.
Little soul, unknown, capricious, always creating yourself anew, what will you be, my little beloved? What mysterious germs grow within you? I tremble like the gardener watching over the seed that he has sown: he knows that his work, his care, his love is sometimes not enough and the seed does not sprout and the fruits of the plant are not sweet.
I thought to create you, my little love-doll and I know not what ancestral instincts have come to react in the creative crucible; I do not know to what deformations your soul may be subject.
Sleep, sleep on your mother’s lap,
my little love-poppet.
Deux puissances
Deux puissances se disputent mon cœur.
« Viens à moi ! Viens à moi !
Chante ardemment la Muse.
Mes ailes s’ouvrent toutes grandes
Pour l’essor glorieux, le baiser éternel
Viens planer dans l’azur,
Viens réjouir tes yeux d’indicibles beautés.
Tu connaîtras la joie de t’élever au-dessus des humains,
Et, plus grande, la joie de créer,
Chante tes sentiments,
Et chante tes pensées qui, en des œuvres belles, ne sauront périr. »
« Viens à moi ! Viens à moi !
Murmure, douceur et suavité, la fée du foyer.
Mon cœur s’ouvre tout grand
Pour le bonheur fécond, les éternels baisers.
Tu connaîtras la pure et grande joie de créer de la vie,
De te perpétuer à jamais, immortelle
Et tu sauras, suaves, délirantes,
La joie de le tendre, ce tout petit sorti de toi
Tout en haut de tes bras,
Et de le contempler, et de le manger de baisers.
Ton cœur en toi se fondra de tendresse
Quand tu l’entendras murmurer : Maman !
Saurai-je chanter, moi, la muse du foyer, toutes les joies qui, sur ton chemin d’amour, se lèveront : ô Joies des premiers pas, joies des balbutiements, Joies des rires jolis, joies des premiers éveils, joies des premiers Triomphes, coquetteries, vanités maternelles ! »
— « Viens à moi ! Viens à moi |
Chante ardemment la Muse,
Qu’il est beau! qu’il est grand de vivre indépendante,
De marcher seule dans la vie,
De goûter les joies de la pensée solitaire et profonde,
Le calme et la féconde solitude ».
— « Viens à moi ! viens à moi !
Chante la douce fée du foyer et de l’amour.
Qu’il est bon ! qu’il est doux de marcher à deux dans la vie,
D’appuyer sa tête sur une épaule aimée,
De sentir sa main trembler dans une main plus calme,
De faire partager idées et sentiments,
Et de sentir enveloppant un manteau d’affection
Deux puissances divines se disputent mon cœur.
Two Powers
Two powers compete for my heart.
“Come to me! Come to me!
Fervently sings the Muse.
My wings are opening wide
For the glorious flight, the eternal embrace.
Come soar in the azure,
Come delight your eyes with indescribable beauties.
You will know the joy of rising above the human,
And the greater joy of creating.
Sing your feelings,
And sing your thoughts, which, in beautiful works, will never perish.”
“Come to me! Come to me!
Murmurs, soft and sweetly, the fairy of the hearth.
My heart is opening wide
For fruitful happiness, eternal kisses.
You will know the pure, great joy of creating life,
Of perpetuating yourself forever, immortal
And you wiill know, sweet, exhuberant,
The joy of holding it, this little one who has come from you,
High up in your arms,
And contemplating it, and consuming it with kisses.
Your heart will melt with tenderness
When you hear it murmur: Mama!
I could sing—I, the muse of the hearth—all the joys that will will rise up on your road of love: the joys of first steps, of stammerings, joys of jolly laughter, joys of first awakenings, of first triumphs, coquetteries, maternal vanities!”
— “Come to me! Come to me!
Fervently sings the Muse,
How fine it is! How grand it is to live independent,
To walk alone through life,
To taste the joys of deep and solitary thought,
The peaceful, fruitful solitude.”
— “Come to me! Come to me!
Sings the sweet fairy of the hearth and love.
How good it is! How sweet it is to walk side-by-side in life,
To rest your head on a beloved shoulder,
To feel their hand tremble in a calmer hand,
To share ideas and feelings,
And to feel wrapped in a mantle of affection.
Two divine powers compete for my heart.
Dans la Ronde Eternelle
IN THE ETERNAL RONDE
Dans la Ronde Eternelle
Quand mon âme se sera évadée de la chair qui l’emmure, lorsque je n’aurai plus besoin des mots boiteux et faux pour me chanter, alors je connaîtrai les caresses joyeuses, les baisers frissonnants d’infini. Alors, les autres âmes je pourrai, aigle vainqueur, les saisir en mon âme et les emporter en mon ciel d’amour.
Elle s’écoulera, mon âme, dans la pluie qui lentement ruisselle sur l’écorce des arbres, baise les soyeuses corolles, pénètre goutte à goutte, onde de vie, au cœur des fleurs. Et mon âme deviendra, ô triomphe, la sève qui anime la plante !
Elle s’enfermera, mon âme, dans le vent folâtre et rieur. Elle jouera avec les boucles de l’enfant, elle baisera le velours de sa joue, elle le poursuivra dans ses courses rapides, l’enivrera d’air pur, l’enivrera de joie, l’enivrera d’amour !
Mon âme dansera dans le rayon de lune, impalpable et léger. Dans le cœur qui s’éveille, il glissera mes rêves les plus fous, mes chimères bénies, tout l’amour qui crie en mon être, tout l’amour que mes yeux, mon sourire et mes mots, si mal, ont exprimé.
Elle rira, mon âme, dans la lumière folle du soleil. Dans l’esprit qui s’embrase, elle mettra l’ardeur pour la beauté, la flamme du poème et le rythme danseur.
Partout, dans la nuit profonde, se répandra mon âme. Aux abîmes de la pensée, elle entraînera le sage. Et peut-être, sous la caresse de la nuit qui sera ma caresse, trouvera-t-il le secret des choses, le grand secret d’amour.
In the Eternal Ronde
When my soul has escaped the flesh that walls it in, when I no longer have need of lame, false words to sing my songs, then I will know the joyful caresses, the quivering embraces of the infinite. Then, conquering eagle, I could seize other souls in my soul and carry them off to my heaven of love.
It will flow, my soul, in the rain that slowly trickles on the bark of the trees, kisses the silken corollas, penetrates drop by drop, wave of life, into the hearts of the flowers. And my soul will become—oh, triumph!—the sap that gives life to the plant!
It will enclose itself, my soul, in the playful, laughing wind. It will play with the child’s curls, it will kiss the velvet of its cheek, it will pursue it in its rapid to-and-fro, intoxicate it with pure air, make it drunk with joy, with love!
My soul will dance in the moonbeam, impalpable and light. In to the heart that awakens, it will slip my maddest dreams, my blessed fancies, all the love that cries out in my being, all the love that my eyes, my smile and my words have, so poorly, expressed.
It will laugh, my soul, in the mad light of the sun. Into the might set alight, it will put the passion for beauty, the flame of the poem and the rhythm of the dance.
Everywhere, in the deep night, my soul will spread. Into the abysses of thought, it will lead the sage. And perhaps, under the caresses of the darkness that will be my caress, they will find the secret of things, the great secret of love.