Benjamin Colin, “To France” (1852)

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TO FRANCE.

You sleep, France, and you are in irons! You, the advance guard of progress and the future, how long will you tolerate the ignominious régime that oppresses you, and remain sunk in torpor?

Does the blood of the victors of the Bastille and of the 10 August no longer flow in your veins?

Are 1830 and 1848 dead dates in your history?

Would you drink the cup of shame to the lees, without spewing it in the face of the eunuchs who present it to you?

If this were the case, nearly all hope would be lost for humanity.

But, no, it will not be this way. A day will come, and that day is perhaps not far off, when rising from your apathy and shaking off a terror unworthy of you, remembering your victories over despotism, you will rise, glorious in your energy and indignation, to exterminate the ignoble tyrant who oppresses you, with his crowd of vile lackeys.

Your anger will be that much more terrible the more it is contained, and as you will have to wash clean your honor, dragged through the muck by tasseled and mitered louts, and by the heroes of the late empire. You will avenge on the heads of the bandits and crooks, who have tracked them like wild beast, your dearest children, who made themselves the purest defenders of the Republic, and the right shamefully outraged. Woe, then, woe unto those who have cravenly tortured, transported, and shot them down, who have spilled the tears of their widows and orphans. For them, there will be neither grace nor mercy; there will be the justice of the people who will blow them away in a hurricane of iron and fire.

But it is of you above all, Bonaparte the perjurer, Bonaparte the counterfeiter, Bonaparte the assassin, whose hands are still steaming with the blood of CHARLET, with the blood of the martyrs of Clamecy and Béziers, it is of you, the great culprit, that a rigorous account will be demanded of your crimes and of your infamies. Your mad and petty ambition desires bagatelles and a Crown. Well! Listen: if on the steep slope where you slide, you are not stopped by the dagger of a Brutus, you could one day be crowned, as you deserve, by the hand of the executioner! ! !

BENJAMIN COLIN, Exile of the 2 December.

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A LA FRANCE.

Tu dois France, et tu es dans les fers ! Toi, la sentinelle avancée du progrès et de l’avenir, jusques à quand supporteras-tu le régime d’ignominie qui t’oppresse, et resteras-tu plongée dans la torpeur ?

Est-ce que le sang des vainqueurs de la Bastille et du Dix-Août ne coule plus dans tes veines ?

Est-ce que 1830 et 1848 sont dans ton histoire des dates mortes ?

Boiras-tu jusqu’à la lie la coupe de la honte, sans la vomir à la face des eunuques qui te la présentent ?

S’il en était ainsi, ce serait presque à désespérer de l’humanité.

Mais non, il n’en sera pas ainsi. Un jour viendra, et ce jour n’est peut-être pas loin, où sortant de ton apathie et secouant une terreur indigne de toi, au souvenir de tes victoires sur le despotisme, tu te lèveras belle d’énergie et d’indignation pour exterminer l’ignoble tyran qui t’opprime, avec sa cohue d’infâmes valets.

Ta colère sera d’autant plus terrible qu’elle aura été plus comprimée, et que tu auras à laver ton honneur, traîné dans la boue par des goujats galonnés et mitres, et par des héros de bas-empire. Tu vengeras sur la tête des bandits et des scélérats, qui les ont traqués comme des bêtes fauves, tes enfans les plus chers, qui s’étaient fait les défenseurs les plus purs de la République et du droit indignement outragés. Malheur alors, malheur à ceux qui les ont lâchement torturés, transportés, fusillés, qui ont fait couler les larmes de leurs veuves et de leurs orphelins. Pour eux, il n’y aura ni grâce ni merci ; il y aura la justice du peuple qui les emportera dans un ouragan de fer et de feu.

Mais c’est à toi surtout, Bonaparte le parjure, Bonaparte le faussaire, Bonaparte l’assassin, dont les mains sont encore fumantes du sang de CHARLET, du sang des martyrs de Clamecy et de Béziers, c’est à toi, le grand coupable, qu’un compte rigoureux sera demandé de tes crimes et de tes forfaits. Ta folle et mesquine ambition veut des hochets et une Couronne ; eh bien ! écoute : si sur la pente rapide où tu glisses, tu n’es pas arrêté par le poignard d’un Brutus, tu pourras un jour être couronné, comme tu le mérites par la main du bourreau ! ! !

BENJAMIN COLIN, Proscrit du 2 Décembre.

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