Proudhon to Villiaumé, July 13, 1857

[one_half padding=”0 10px 0 0px”]

Paris, 13 juillet 1857.

A M. VILLIAUMÉ

Mon cher Villiaumé, il fait trop chaud pour que je me risque, avec ma tête malade, jusqu’à la rue Marsollier. Je songe bien plutôt à m’enfuir pour dix ou quinze jours dans quelque trou de Franche-Comté, où le diable ne viendra peut-être pas me tourmenter avec ses pompes et ses œuvres.

Mais vous qui êtes ingambe, venez un soir après votre dîner et nous prendrons au cabaret du coin une chope qui nous vaudra autant qu’un ample banquet. L’amitié aussi bien que l’entendement se trouve très-bien d’une modeste santé.

Je suis avec regret la maladie de Béranger que je n’aurai pas vu.

J’avais le dessein cette année de lui faire hommage d’un exemplaire de mon prochain livre : c’est un honneur qui me sera refusé.

Je remarque que je n’ai connu presqu’aucun des hommes de marque du siècle : Châteaubriant, P.-L. Courier, Jouffroy, Cousin, Nodier, E. Burnouf, Guizot, Thiers, Barrot, Royer-Collard, Lamartine, A. de Musset, A. de Vigny, Béranger. Lamennais, Arago, etc., etc.

Ceux en très-petit nombre que j’ai rencontrés, j’ai dû me battre avec eux : P. Leroux, L. Blanc, V. Considérant; il y en aura encore d’autres.

Ne suis-je pas l’excommunié de l’époque!

Bien sûr que je n’aurai personne à mon enterrement. Il y a un proverbe qui dit: Vœ soli!… Malheur au solitaire !… En y songeant, je me demande si je ne traîne pas la chaîne de quelque grand coupable condamné dans une existence antérieure, comme l’enseigne J. Reynaud?

Je commence à être bien las de la vie et ne cherche qu’à dire ce que j’ai sur le cœur avant de mourir. Cela fait, je dis : Foin de moi et du genre humain ! Bonjour.

P.-J. Proudhon

[/one_half][one_half_last padding=”0 0px 0 10px”]

Paris, July 13, 1857.

To M. VILLIAUMÉ

My dear Villiaumé, it is too warm for me to venture, with my sick head, all the way to Rue Marsollier. I am thinking instead of fleeing for ten or twelve days to some hole in Franche-Comté, where the devil may perhaps not come to torment me with his pomps and work.

But you, who are spry, come some evening after your dinner and we will have a mug at the local cabaret, which will do you as much good as an ample banquet. Friendship, and understanding as well, is surely found in a modest to your health.

I regret to learn of the illness of Béranger, whom I have not seen.

I had intended to pay tribute to him this year with a copy of my next book: it is an honor that will be denied me.

It occurs to me that I have known hardly any of the distinguished men of the century: Châteaubriant, P.-L. Courier, Jouffroy, Cousin, Nodier, E. Burnouf, Guizot, Thiers, Barrot, Royer-Collard, Lamartine, A. de Musset, A. de Vigny, Béranger. Lamennais, Arago, etc., etc.

With those few that I have encountered, I have had to do battle: P. Leroux, L. Blanc, V. Considérant; there will be others.

Am I not the excommunicated of the era!

Of course I will have no one at my burial. There is a proverb that says: Vœ soli!… Woe to the loner!… thinking of it, I ask myself if I do not drag along the chains of some great culprit condemned in a former existence, as J. Reynaud teaches?

I begin to be very weary of life and seek only to speak my piece before I die. That done, I say: To hell with me and the human race! Regards.

P.-J. Proudhon

[/one_half_last]

Working translation by Shawn P. Wilbur.

About Shawn P. Wilbur 2709 Articles
Independent scholar, translator and archivist.