COLLECTIONS:
- Balbutiements (Villeneuve-la-Garenne (Seine) : Éditions du ‘Luth français’, 1910.)
- Verrues sociales (Orléans : Imprimerie Ouvrière, 1914.)
- Croquis de la rue : poèmes (Paris : Editions de la Fenêtre ouverte, 1933.)
- Paternité : poèmes (Massiac (Cantal) : Éditions du ‘Nid dans les branches’, 1938. (23 janvier 1939.))
Poems by Eugène Bizeau [in progress]:
- [Eugène] Bizeau, “Mes vouloirs!” L’Anarchie 3 no. 131 (10 octobre 1907): 2.
- Eugène Bizeau, “Aux Champignonnistes,” Le Grillon, nouvelle série, 23 no. 25 (mars-avril 1909): 4.
- Eugène Bizeau, “La Plus aimée,” Le Grillon, nouvelle série, 24 no. 37 (juillet 1910).
- Eugène Bizeau, “Le Plancher des Vaches,” Le Libertaire 6 no. 38 (17 juillet 1910): 3. [reprint: L’Éclaireur de l’Ain, 9 octobre 1910]
- Eugène Bizeau, “La Chanson des Yeux noirs,” Le Grillon, nouvelle série, 25 no. 46 (mai 1911).
- Eugène Bizeau, “Payson,” Le Grillon, nouvelle série, 26 no. 56 (juin-juillet 1912).
- Eugène Bizeau, “Chanson brutale,” Le Grillon, nouvelle série, 26 no. 58 (octobre 1912).
- Eugène Bizeau, “Le Marchand de marrons,” Le Grillon , nouvelle série, 27 no. 60 (janvier-février 1913).
- Eugène Bizeau, “Ce que je vous dirais…,” Pendant la Mêlée 1 no. 3 (25 Décembre 1915): 2.
- Eugène Bizeau, “Au surhomme,” Par-delà la Mêlée 1 no. 7 (8 Mars 1916): 2.
- Eugène Bizeau, “Printemps rouge,” Ce qu’il faut dire 1 no. 2 (9 avril 1916): 4.
- Eugène Bizeau, “Pour la censure,” Ce qu’il faut dire 1 no. 4 (23 avril 1916): 2.
- Eugène Bizeau, “Pour les nouvelles idoles,” Ce qu’il faut dire 1 no. 5 (30 avril 1916): 2.
- Eugène Bizeau, “Les « Braves gens »,” Ce qu’il faut dire 1 no. 6 (7 mai 1916): 2.
- Eugène Bizeau, “Le coup de foudre,” Ce qu’il faut dire 1 no. 7 (14 mai 1916): 3.
- Eugène Bizeau, “Pour les innocents,” Ce qu’il faut dire 1 no. 10 (3 juin 1916): 2.
- Eugène Bizeau, “Auprès ses tombes,” Ce qu’il faut dire 1 no. 16 (15 juillet 1916): 3. [entirely censored]
- Eugène Bizeau, “Pour ne pas être censuré,” Ce qu’il faut dire 1 no. 19 (5 août 1916): 3.
- Eugène Bizeau, “Un peu de vin,” Ce qu’il faut dire 1 no. 21 (19 août 1916): 3.
- Eugène Bizeau, “Mentalité de requins,” Ce qu’il faut dire 1 no. 22 (26 août 1916): 2.
- Eugène Bizeau, “Pour un soldat,” Ce qu’il faut dire 1 no. 24 (9 septembre 1916): 2. [entirely censored]
- Eugène Bizeau, “Le planteur de choux,” Ce qu’il faut dire 1 no. 26 (23 septembre 1916): 2.
- Eugène Bizeau, “Croquant de l’arrière,” Ce qu’il faut dire 1 no. 31 (28 octobre 1916): 2. [partially censored]
Eugène Bizeau, “Chanson virile,” Ce qu’il faut dire 1 no. 37 (9 décembre 1916): 3. - Eugène Bizeau, “Mauvais choix,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 9 (23 mars 1919): 2.
- Eugène Bizeau, “Métempsychose,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 10 (30 mars 1919): 4.
- Eugène Bizeau, “Mornet,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 20 (1 juin 1919): 2.
- Eugène Bizeau, “Pitié,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 21 (8 juin 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “Leur franchise,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 22 (15 juin 1919): 1. [entirely censored]
- Eugène Bizeau, “A leur Valetaille,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 23 (22 juin 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “Pacifiste,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 24 (29 juin 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “Dos à dos,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 25 (6 juillet 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “Après!…,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 26 (13 juillet 1919): 2.
- Eugène Bizeau, “Le Prix de « La Victoire »,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 27 (20 juillet 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “A la Foule,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 28 (27 juillet 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “« Paix Glorieuse »,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 29 (3 août 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “A l’Assassin!,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 30 (10 août 1919): 3.
- Eugène Bizeau, “L’Hommage aux Morts,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 32 (24 août 1919): 1. [partially censored]
- Eugène Bizeau, “Amnistie!,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 35 (14 septembre 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “C’est la Guerre!…,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 36 (21 septembre 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “Ce qu’ils avaient rêvé…,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 37 (28 septembre 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “Les Mouchards,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 39 (12 octobre 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “Profession de foi,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 40 (19 octobre 1919): 1.
- Eugène Bizeau, “Hosanna!,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 47 (14 décembre 1919): 3.
- Eugène Bizeau, “Le Cauchemar,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 49 (28 décembre 1919): 2.
- Eugène Bizeau, “A ceux d’en face,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 50 (4 janvier 1920): 2.
- Eugène Bizeau, “Au pilori,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 51 (11 janvier 1920): 3.
- Eugène Bizeau, “Au pilori,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 52 (18 janvier 1920): 2.
- Eugène Bizeau, “Au pilori,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 56 (15 février 1920): 3.
- Eugène Bizeau, “Au pilori,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 60 (14 mars 1920): 2.
- Eugène Bizeau, “A l’homme que porte un sabre,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 63 (4 avril 1920): 2.
- Eugène Bizeau, “Bien mériter de la Patrie,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 65 (18 avril 1920): 1.
- Eugène Bizeau, “Le premier mai,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 67 (2 mai 1920): 3.
- Eugène Bizeau, “Fête nationale,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 77 (11 juillet 1920): 1.
- Eugène Bizeau, “Les courses,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 90 (10 octobre1920): 2.
- Eugène Bizeau, “Hymne,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 91 (17 octobre1920): 1.
- Eugène Bizeau, “Le Guenon du Roi de Grèce,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 95 (14 novembre1920): 2.
- Eugène Bizeau, “Debout!,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 96 (21 novembre1920): 1.
- Eugène Bizeau, “Liberté!,” Le Libertaire, nouvelle série, 2 no. 96 (19 décembre1920): 3.
- Eugène Bizeau, “Défense nationale,” Le Libertaire, nouvelle série, 3 no. 110 (25 février 1921): 3.
- Eugène Bizeau, “Le témoignage des victimes,” Le Libertaire, nouvelle série, 3 no. 113 (18 mars 1921): 1.
- Eugène Bizeau, “Pour les marins,” Le Libertaire, nouvelle série, 3 no. 116 (8 avril) 1921: 1.
- Eugène Bizeau, “Pour un martyr,” Le Libertaire, nouvelle série, 3 no. 118 (22 avril 1921): 2.
- Eugène Bizeau, “La guerre telle qu’elle est,” Le Libertaire, nouvelle série, 3 no. 119 (29 avril 1921): 3.
- Eugène Bizeau, “Justice!,” Le Libertaire, nouvelle série, 3 no. 120 (7 mai 1921): 2.
- Eugène Bizeau, “Au mois de mai,” Le Libertaire, nouvelle série, 3 no. 123 (27 mai 1921): 1.
- Eugène Bizeau, “Aubade mélancolique,” Le Libertaire, nouvelle série, 3 no. 125 (10 juin 1921): 2.
- Eugène Bizeau, “Aux mères en deuil,” Le Libertaire, nouvelle série, 3 no. 130 (15 juillet 1921): 2.
- Eugène Bizeau, “L’Hiver triste,” La Revue anarchiste no. 12 (novembre-décembre 1930): 33.
- Eugène Bizeau, “Ceux de Paris,” La Revue anarchiste no. 16 (juillet-septembre 1931): 11-112.
- Eugène Bizeau, “La Foire aux Dindons,” L’Avenir du Bougie 50 no. 66 (21 avril 1932): 3.
- Eugène Bizeau, “Plus le singe monte haut !,” L’Avenir du Bougie 50 no. 70 (28 juillet 1932): 3.
- Eugène Bizeau, “Désolation,” L’Avenir du Bougie 51 no. 101 (2 mars 1933): 3.
- Eugène Bizeau, “Pour les morts!,” La Revue anarchiste no. 18 (octobre 1933): 16.
- Eugène Bizeau, “Beau chrysanthème blanc,” L’Avenir du Bougie 20 no. 163 (22 mars 1934): 3.
Pour ne pas être censuré
Pour ne pas être censuré,
Il faut avoir le cœur docile
Et s’aplatir comme un fossile
Que le tombeau mange à son gré.
Devant le supplice enduré
Par la vérité qu’on exile,
Pour ne pas être censuré,
Il faut avoir le cœur docile…
Infâme à vouloir sans regret
Troquer Jésus-Christ pour Basile,
Mouchard, hypocrite, imbécile,
J’aurais les vertus qu’il faudrait
Pour ne pas être censuré !
Eugène Bizeau.
To Not Be Censored
To not be censored,
You must have a docile heat
And flatten yourself like a fossil
That death will consume at will.
Before the tortures endured
By the truth that you exile,
To not be censored,
You must have a docile heart…
It is vile to wish, without regret,
To swap Jesus Christ for Basil;
A snitch, hypocrite and imbecile.
I would have the virtues required
To not be censored!
Eugène Bizeau.
Eugène Bizeau, “Pour ne pas être censuré,” Ce qu’il faut dire 1 no. 19 (5 août 1916): 3.
[English adaptation by Shawn P. Wilbur.]
“Anarchist Individualist Initiation”
My dear Armand, your book is a book of ideas, which is why those who wish to reign by the sword or by the power of their fists do not value it. I, preserving the ideal of my younger years, I like its dawn-air, which breaks as if to illuminate the helpless vessels that the surf carries off … And, fleeing the ebb of human stupidity, endlessly multiplied, how many sailors lost on the granite rocks, how many tormented minds and hearts full of sorrow, will one day to “put in at the port,” if by you aid their “compass” once again finds the north!
Eugène Bizeau.
- Eugène Bizeau, “Initiation anarchiste individualiste,” L’en dehors 3 no. 33/34 (April 25, 1924): 4.
MES VOULOIRS !
Je veux boire à ma soif et manger à ma faim
Et lorsque le sommeil me ferme les paupières
Je veux dormir ailleurs que sur le grand chemin
Où trop souvent pour lit je n’ai qu’un tas de pierres.
Je ne veux plus ainsi traîner jusqu’à la fin
Les haillons devant qui se ferment les chaumières;
Et je veux m’éduquer suffisamment afin
De tailler aux bourgeois de solides croupières.
Je veux me reposer quand mes membres sont las
Et non lorsque dans l’air résonnera le glas
Qui tintera la fin de ma vie de misère,
Je veux participer au travail, mais aussi
Dans l’avoir collectif par mon labeur grossi
Je veux prendre en retour, ce qui m’est nécessaire.
BIZEAU.
My Desires!
I want to drink when I’m thirsty and eat when I’m hungry
And when sleep closes my eyelids
I want to sleep somewhere other than the highway
Where too often I only have stones for a bed.
I no longer want drag around endlessly
These rags, before which all cottages are closed;
And I want to educated myself well enough
To stick a solid spoke in the wheel of the bourgeois.
I want to rest when my limbs are tired
And not when the bell sounds in the air
That will toll the end of my life of misery,
I want to share in labor, but also
In the collective assets that my labor increases
I want to take, in turn, the things that I need.
BIZEAU.
- [Eugène] Bizeau, “Mes vouloirs!” L’Anarchie 3 no. 131 (10 octobre 1907): 2.
Au Surhomme
Toi seul, et c’est assez. Le troupeau que nous sommes,
Puisque, bon gré mal gré, nous demeurons des hommes,
N’intéresse pas plus ton orgueil surhumain
Que le sang répandu sur les fleurs du chemin.
Tu vis sur les sommets comme un ermite austère,
Détaché noblement des choses de la terre,
Et ce n’est pas à toi qu’un marmouset farceur,
Si tu venais ici, pourrait dire : « Et ta sœur ? .»
Tu bois la volupté dans un baiser des nues
En détournant, hautain, tes yeux des femmes nues,
Et ton dégoût profond de ce que nous aimons
Ote à l’air de chez nous l’accès de tes poumons.
Manger, c’est bon pour nous qui possédons un ventre
Avec les appétits d’un fauve dans son antre!
Ta gentillesse à toi, pour les oiseaux du ciel,
Dépose au sein des fleurs des excréments de miel !
Mortel indifférent au mal qui nous torture,
Que ta félicité règne dans la nature ;
Mais si devant tes pas le monde est à genoux,
Attends que je sois mort pour te moquer de nous!
Eug. BIZEAU.
To the Superman
You alone, and that is enough. The herd that we are,
Since, for better or worse, we remain human,
Interests your superhuman pride no more
Than the blood spilled on the roadside flowers.
You live on the summits, like an austere hermit,
Nobly detached from the things of the earth,
And it is not to you that some grotesque joker,
Might say, if you came here: “What’s it to you?”
You drink in the pleasure from a naked kiss
Averting your eyes, haughtily, from naked women,
And your deep disgust for what we love
Deprives our air of access to your lungs.
To eat is good for we who possess a belly
With the appetites of a wild cat in its den!
Your own kindness, for the birds in the sky,
Leaves drops of honey in the hearts of the flowers!
Mortal indifferent to the evil that tortures us,
May your felicity reign in nature;
But if at your feet the world kneels,
Wait until I am dead to mock us!
Eugène Bizeau.
Par-delà la Mêlée 1 no. 7 (8 Mars 1916): 2.
Eugène Bizeau in Le Libertaire:
Le Plancher des Vaches
Fils de la ville ou gamin des hameaux,
Qui ne sais pas ce que disent ces mots,.
Dès le début de ton adolescence
Avec la peine ébauchant connaissance,
Quand tu devras pour gagner quelques sous
Exécuter d’interminables tâches,
Tu comprendras à ton tour, comme nous
Pourquoi la terre est le « plancher des vaches ».
Quand tu verras, en suivant ton chemin,
La Pauvreté qui te donne la main
Précipiter ta jeunesse engourdie
Entre les bras de sa soeur Maladie,
Et près de toi quelque femme aux yeux doux
Manquer du pain que l’oisif nous arrache,
Tu comprendras à ton tour, comme nous
Pourquoi la terre est le « plancher des vaches ».
Quand tu verras les requins du pouvoir,
Accaparant l’universel avoir,
Exterminer le prêcheur de révolte,
Qui veut sa part de la grande récolte,
En attendant que la foule à genoux
De ce désir elle aussi s’amourache, !
Tu comprendras à ton tour, comme nous
Pourquoi la terre est le « plancher des vaches ».
Quand tu verras l’ouvrier chaque jour
Scr le comptoir des bistrots d’alentour,
Pour oublier son horrible esclavage,
Ingurgiter l’exécrable breuvage
Qui peuplera la nature de fous
Plus dangereux que les pires apaches.
Tu comprendras à ton tour, comme nous.
Pourquoi la terre est le « plancher des vaches ».
Quand tu verras en d’immondes taudis
L’iniquité verrouiller les maudits,
Dont les efforts ont dressé vers la nue,
Qu à chevaucher le rêveur s’exténue),
Les monuments et les palais-bijoux
Oui, le matin, dans l’azur se détachent,
Tu comprendras à ton tour, comme nous
Pourquoi la terre est le « plancher des vaches ».
Eugène Bizeau.
- Eugène Bizeau, “Le Plancher des Vaches,” Le Libertaire 6 no. 38 (17 juillet 1910): 3.
TRANSLATION
Mauvais Choix
Depuis quatre ans passés, l’assassin de Jaurès
Attend qu’il soit permis d’absoudre sa folie :
Et le jupe indulgent, dont la clémence oublie,
Digère au coin du feu la prose de Barrés !
Il n’a jamais crié : « Mané, Théccl, Pharès ! »
Que vers les délinquants d’espèce moins choisie;
Mais pour eux. sans remords et sans hypocrisie,
Il est le serviteur de ta justice express…
A ses dépens, Cottin saura ce qu’il en coûte
De n’avoir point couché sur le bord de sa route
Un tribun populaire, apôtre de la paix ;
Et pas assez « vilain » pour qu’on te lui pardonne,
Bien qu’il n’ait accompli le meurtre de personne,
Il expiera bientôt le tort d’un choix mauvais !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Mauvais choix,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 9 (23 mars 1919): 2.
TRANSLATION
MÉTEMPSYCHOSE
A ceux qui le prouvent.
L’assassinat du porc se fait au point du jour,
Lorsque la pauvre bête attend sa nourriture;
Et quand il veut crier la peine qu’il endure,
A ses gémissements le cœur de l’homme est sourd.
On l’égorge tout vif avant qu’il fasse un tour,
Et puis, brûlant son poil comme une robe impure,
On le nettoie ainsi de toute la souillure
Qu’inflige aux cochons gras la fange d’alentour.
On veut tirer parti de toutes ses dépouilles :
On fait saucissons crus, pâtés de foie, andouilles,
Rillons, boudin, rôtis, jambons fumés, saindoux;
On met dans un saloir le moindre bout de couenne,
On mange avec plaisir le compagnon d’Antoine,
Et quand on le croit mort… il ressuscite en nous !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Métempsychose,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 10 (30 mars 1919): 4.
TRANSLATION
Mornet
Mâtiné de Gribouille et de Fouquier-Tinville,
C’est le type accompli du chat-fourré servile
Oui restera toujours, bourru comme un chardon,
Le digne associé du juge Bouchardon.
Certains ont critiqué son man que d’indulgence ;
Le fait est qu’avec lui Cottin n’eut pas de chance
Et vit, dans ses regards accusateur hautain,
Briller le noir soleil de son dernier matin.
Quoi de plus naturel, puisque « c’était la guerre » ?
Ceux qui sont indignés ne réfléchissent guère…
Un condamné de plus, un révolté de moins,
Ce n’est pas une affaire à se ronger les poings !
Et puis, si le métier déteint beaucoup sur l’âme,
Impossible à Mornet de ne pas être infâme…
Et ce n’est le premier ni le dernier goujat
A qui va comme un gant l’habit de magistrat !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Mornet,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 20 (1 juin 1919): 2.
TRANSLATION
Pitié
Je les plaignais, quand ils allaient dans le bataille,
Maintenant qu’ils sont à l’abri.
Je suis heureux
Pour eux
Que cela soit fini ;
Mais devant leur poitrail constellé de ferraille,
Je me demande si l’esprit
N’est pas du sol français à tout jamais banni.
Tous ces petits rubans, ces croix et ces médailles
N’évoquent cependant que les scènes d’horreur.
Des jours de haine et de malheur
Où l’effroi leur tordait, comme avec des tenailles,
Le cœur, le cerveau, les entrailles.
Où l’endurance de leur chair
Soufrait dans les champs nus tout arrosés de fer,
Tout ce que les semeurs d’épouvante et d’angoisse
Font subir aux soldats pour que le laurier croisse.
Ont-ils donc peur qu’en eux tombe l’oubli complet,
L’oubli définitif de tout ce qu’ils ont fait,
L’oubli des compagnons restés dans la tranchée,
Qui m’en faisait qu’une bouchée,
A l’heure où les corbeaux, aussi goulus que noirs.
Se posaient sur les morts comme sur des perchoirs ?…
Ont-ils peur de ne voir qu’en rêve
Les pauvres blessés qu’on achève
A coups de crosse de fusil,
Et tous ceux qu’une charge folle
Enfonce dans la terre molle,
Quand la consigne est ; « Allez-y ! »
Ont-ils peur d’oublier le. corps-à-corps infime,
Et les bourgades sans un chien
Où nul, hormis la mort, me reconnait son bien,
Et les grandes cités dont il ne reste rien
Pas une pierre et pas une âme
Pourtant, le souvenir de ces choses cruelles
Reste gravé dans les cervelles
De ceux qui ne sont pas des fous ni des bourreau ;
La croix d’un grand supplice écrase leur poitrine…
Je les comprends et je m’incline
Car je vois des martyrs à travers les héros !
Ceux-là sont les meilleurs, les tendres. les sensibles :;
Honteux d’avoir tiré sur de vivantes cibles,
Ils n’ont pas eu l’orgueil des triomphants retours;
Les autres… je les plains toujours!
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Pitié,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 21 (8 juin 1919): 1.
TRANSLATION
- Eugène Bizeau, “Leur franchise,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 22 (15 juin 1919): 1. [entirely censored]
TRANSLATION
A leur valetaille
Coupez, coupez toujours, bourreaux de la pensée,
Pendant que vous régnez sur la France à genoux,
Et que la liberté, mortellement blessée,
N’a plus assez d’amants pour exister chez nous !
Effacez bien les mots qu’il me faut pas qu’on dise
Pour troubler le sommeil des grands de la maison :
Vous aurez beau servir le crime et la bêtise,
Vous n’étoufferez pas la voix de la raison !
Vous n’empêcherez pas la vérité d’éclore
En lui barrant l’accès du livre et du journal ;
Et votre indignité serait moins fière encore
Si nous avions en main le fouet de Juvénal…
Nous nous en servirions comme d’une cravache
Pour cingler jusqu’au sang vos répugnants museaux ;
Mais si l’outil du maître à nos regards se cache,
Il nous vient à la bouche un Cri vengeur : « Salauds! »
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “A leur Valetaille,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 23 (22 juin 1919): 1.
TRANSLATION
PACIFISTE
Rétrospectif
C’est un individu suspect à la police.
Donc, il faut enquêter sur ce quai pense et dit,
Et puisqu’il veut la paix, l’amour et la justice,
Le surveiller comme un bandit !
On va monter la garde autour de sa demeure
Pour moucharder sa femme et les gens qui reçoit,
Et les jours de chagrin, s’il arrive quel pleure,
Découvrir à propos de quoi ?
Les lettres «qu’il attend seront décachetées
Pour voir ce qu’il suggère à la raison d’autrui,
Et l’on falsifiera le sens de ses idées
Pour les retourner contre lui.
On accumulera les pires calomnies.
On prêtera d’oreille à mille ‘absurdités,
Et sans plus de mystère et de cérémonies
On en fera des « vérités »…
On jettera «l’insulte au coeur de sa détresse,
En disant .qu’il émarge aux fonds de l’étranger,
Et que «c’est bien la faute aux gens de son espèce
Si la patrie est en danger.
On lui fera sentir comment la guerre assomme
Les droits les plus sacrés du pauvre citoyen…
Et cet homme expiera le crime d’être un somme
Quand la consigne est d’être un chien !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Pacifiste,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 24 (29 juin 1919): 1.
TRANSLATION
DOS A DOS
Cherchons ce qu’ils ont dit aux foules condamnées
A prendre un bain de sang long de plusieurs années.
Fouillons dans leurs écrits, dans leurs discours, dans tout
Ce qui nous a bourré le crâne « jusqu’au bout » ;
Relisons les journaux, les livres, les affiches
Qui nous chantaient : « Demain, vous mangerez des miches » :
Dans ce fatras de mots pleins de sonorité,
Nous ne trouverons pas un grain de vérité !
Mentir, c’est le talent ; régner, c’est l’âpre envie
Qu’ils ont entretenue durant toute rieur vie,
Avec la volonté de faire leur chemin
Jusque sur les débris de tout le genre humain.
Quels que soient leurs faux nez, leurs masques, leurs emblèmes,
Ils ont le triste honneur d’être partout les mêmes,
Et c’est pour les besoins d’un même capital
Qu’ils ont fait un charnier du monde occidental !
De Paris à Berlin, de Pétrograd à Vienne,
Ils ont voulu cela — Peuple qu’il t’en souvienne ! —
Pour te courber le dos comme aux siècles passés…
Et c’est l’heure ou jamais de leur répondre : « Assez ! »
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Dos à dos,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 25 (6 juillet 1919): 1.
TRANSLATION
APRÈS !…
Et maintenant que les soldats,
Les malheureux soldats
Qui ne reviendront pas,
Sont à pourrir là-bas
Dans les champs de carnage,
Ceux qui leur ont donné ce lamentable sort
Se congratulent sans remords
Et font assaut de beau langage!
Ils ont déjà mis au panier
Le répertoire familier,
Lâche et grossier,
Des insolences,
Imposé par les circonstances,
Et sont heureux dans tous les camps
De pouvoir se payer la tête des croquants
En s’adressant les assurances
De tous les sentiments chers à « Leurs Excellences ».
Les Présidents par ci, les Chanceliers Par là,
Les diplomates pleins d’éclat,
De perfidie et de mensonges;
Les maréchaux chamarrés d’or,
Incarnant le droit… du plusfort
Et le triomphe de la mort.
Entourés de larcins plus mous que des éponges,
Et Loyola lui-même auteur du tapis vert,
Couchent sur le papier la forme de leurs songes
Pour que ce pauvre monde, où l’homme a tant souffert,
Demeure, assujetti par des règles de fer,
Plus effroyable qu’un enfer !
Bien qu’ils aient sur les mains le sang de tous les crimes
Ils ont recours
Toujours
Au prestige des mots,
Que répètent les échos,
Pour nous faire oublier les cris de leurs victimes
Qui cheminaient vers les abîmes mes
Avec des pleurs et des sanglots…
Mais nous n’oublions lien de ce que fut la guerre
Dont nous avons serein les ténébreux dessous,
Et nous les châtierons d’avoir voulu la faire
A l’heure où, triomphants, ils se croiront absous !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Après!…,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 26 (13 juillet 1919): 2.
TRANSLATION
LE PRIX DE “LA VICTOIRE”
Après avoir connu l’horreur
Que désiraient les « chefs de file »,
Dans les sillons du « champ d’honneur »
Ils sont restés dix-huit cent mille…
Et maintenant que leurs débris
Ont un linceul de gloire,
Dépêchez-vous, les abrutis,
De fêter la Victoire !
Ces pauvres morts avaient des yeux
Pour admirer toutes les choses,
Quand le soleil, du haut des cieux,
Jetait sa pourpre au cœur des roses.
Et maintenant qu’ils sont parus
Vers la nuit la plus noire,
Dépêchez-vous, les abrutis.
De fêter la Victoire !
Ces pauvres morts avaient des bras
Pour accomplir des œuvres belles
Et pour bercer les petits gars
De leurs tendresses paternelles…
Et maintenant que ces petits
N’ont plus que leur mémoire,
Dépêchez-vous, les abrutis,
De fêter la Victoire !
Ces pauvres morts avaient un cœur
Pour aimer la famille humaine
Et pour connaître le bonheur
Avant de mourir à la peine…
Et maintenant que leurs amis
Ont des larmes à boire,
Dépêchez-vous, les abrutis,
De fêter la Victoire !
Sous les regards des mutilés,
Devant la tristesse des veuves
Et des vieux parents accablés
Par le choc brutal des épreuves,
Avant d:être un jour engloutis.
Dans l’égout de L’Histoire,
Dépêchez-vous, les abrutis,
De fêter la Victoire !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Le Prix de « La Victoire »,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 27 (20 juillet 1919): 1.
TRANSLATION
A LA FOULE
Amuse-toi, foule imbécile,
Qui déshonores les pavés,
Devant la troupe qui défile
Pour les gredins qu’elle a sauvés !
Ils sont là-bas, dans l’ombre noire,
Dix-huit cent mille anéantis :
Mais tu n’attends qu’un verre à boire
Pour leur jeter des confetti !
Amuse-toi, foule avachie,
Dans le cloaque des beuglants,
our oublier dans une orgie
Tes souvenirs les plus sanglants !
Ils sont là-bas dix-huit cent mille
Par la mitraille anéantis :
Mais ton ivresse est assez vile
Pour leur jeter des confetti !
Amuse-toi devant les armes
Que nous rêvons de ne plus voir,
De la Pitié qui pense aux larmes
Des orphelins vêtus de noir !
Ils sont là-bas, dans l’épouvante,
Dix-huit cent mille anéantis :
Mais ta bêtise en est contente
Pour leur jeter des confetti !
Amuse-toi dans la débauche,
Amuse-toi de nos douleurs,
En acclamant jusqu’à la gauche
La dictature des sabreurs !
Amuse-toi par le supplice
Des malheureux anéantis :
Et que demain ta chair pourrisse :
Dans un linceul de confetti !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “A la Foule,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 28 (27 juillet 1919): 1.
TRANSLATION
“Paix Glorieuse”
Non, cette paix-là, n’est pas la paix douce
Oui s’épanouira dans les cœurs troublés,
En laissant mûrir la moisson qui pousse
Sans tacher de sang la splendeur des blés !
Non, cette paix-là n’est pas la paix belle
Oui viendra sécher les pleurs des mamans,
Et qui jettera dans une poubelle
Les engins de mort des gouvernements !
Non, cette paix-là n’est pas la paix franche
Qui nous donnera la félicité
Et qui marquera d’une pierre blanche
L’affranchissement de l’humanité !
Non, cette paix-là n’est pas la paix vaste,
La paix sans canons qu’il faudra bâtir
Pour nous délivrer d’une œuvre néfaste
Et voir sans effroi les enfants grandir !
Non, cette paix-là n’est pas la paix forte
Qui répudiera l’horreur du passé
Pour planter des fleurs devant chaque porte
Avec les tronçons d’un glaive brisé !
Non, cette paix-là n’est pas la paix juste;
Et pour le malheur des peuples déçus,
Le pauvre olivier n’est qu’un frêle arbuste
Et tous les vautours se perchent dessus !…
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “« Paix Glorieuse »,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 29 (3 août 1919): 1.
TRANSLATION
A L’ASSASSIN !
Depuis trop longtemps le monde,
Souillé par une œuvre immonde,
Subit les égorgements
Qui font pleurer les mamans ;
Depuis trop longtemps la haine
Des loups à figure humaine
Nous plonge un fer dans le sein :
A l’assassin ! A l’assassin !
Depuis trop longtemps la terre
Fumante comme un cratère,
Et l’eau des sommets neigeux
Sont rouges du sang des gueux ;
Depuis trop longtemps les masses,
Pour le bonheur des rapaces,
Ont un funèbre destin :
A l’assassin ! A l’assassin !
Depuis trop longtemps la guerre
Détruit la classe ouvrière
Et prodigue aux pauvres gens
Les maux les plus affligeants ;
Depuis trop longtemps les bombes
Grossissent les hécatombes
Qu’on organise à dessein :
A l’assassin ! A l’assassin !
Depuis trop longtemps le crime
A coups de canon supprime
Le semblant de Liberté
Qui reste à 1’humanité ;
Et c’est pourquoi, nous qui sommes
Pour la. révolte des hommes,
Nous en sonnons le tocsin :
A l’assassin ! A l’assassin !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “A l’Assassin!,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 30 (10 août 1919): 3.
TRANSLATION
L’Hommage aux Morts
RETROSPECTIF.
Demain, ceux qui tremblaient déserteront leurs cave
Et se dépêcheront de pavoiser leurs toits.
Plus ils auront eu peur, plus ils auront l’air brave
En gueulant comme des putois!
Ils seront les premiers à redresser la tête
En menaçant du poing le front de l’étranger,
Et les morts — pauvres morts ! — feront aussi la fête,
Car c’est pour eux qu’on va chanter !…
DEUXIEME COUPLET CENSURE
Après avoir versé des pleurs de crocodile
En évoquant un peu l’image des absents,
Il faudra bien le soir illuminer la ville
Et divertir ses habitants !…
Il faudra bien montrer que l’homme est une bête
Qu’un beau feu d’artifice empêche de penser;
Et les morts — pauvres morts ! — feront aussi la fête
Car c’est pour eux qu’on va danser !
Du pain, les jeux du cirque et l’amour du panache,
Jusqu’à l’égorgement sans trêve et sans merci :
Tous ces pantins joyeux sur qui le peuple crache
N’ont jamais eu d’autres soucis
Et les morts — pauvres morts! — que leur gaieté soufflette,
Diraient, s’ils pouvaient voir et s’ils pouvaient parler,
D’attendre que les vers, qui font aussi la fête,
Aient achevé de les manger !…
13 juillet 1919.
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “L’Hommage aux Morts,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 32 (24 août 1919): 1. [partially censored]
TRANSLATION
AMNISTIE !
Amnistie ! Amnistie, aux soldats en révolte
Contre l’autorité brutale et désinvolte
Qui leur mit sur le corps des guenilles sans nom
Pour qu’ils soient « jusqu’au bout » de la chair à canon !
Amnistie ! Amnistie, à tous les réfractaires
Qui n’ont pas accepté les jougs. héréditaires,
Et qui n’ont pas servi, comme des instruments,
Les projets monstrueux de leurs gouvernements !
Refrain
Amnistie ! Amnistie,
Pour les gueux qu’on châtie
Et dont tout l’horizon
Est un mur de prison !
Sans courber les épaules,
Il faut ouvrir leurs geôles
Et mettre en liberté
Toute l’humanité !
II
Amnistie! Amnistie, aux marins en colère,
Parqués comme un bétail sur les bateaux de guerre,
Et vivant, semble-t-il, pour affronter la mort
Sans être sûrs jamais de revenir au port !
Amnistie ! Amnistie, à ceux qu’en martyrise
Parce que leur esprit ne veut d’aucune église,
A ceux dont la raison ne s’agenouille pas
Devant les assassins des malheureux soldats !
III
Amnistie! Amnistie, à tous les pauvres diables
Qui sont désespérés d’être des misérables,
Et qui voudraient avoir la possibilité
De revoir librement le toit qu’ils ont quitté !
Amnistie ! – Amnistie ! Et que l’homme aboutisse
A faire en ce bas monde une œuvre de justice,
Pour que dans l’avenir les soudards triomphants
Ne soient pas les bourreaux de nos petits enfants !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Amnistie!,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 35 (14 septembre 1919): 1.
TRANSLATION
C’EST LA GUERRE !…
En temps de paix, c’est un crime
De mettre à mort son prochain,
Mais cela devient sublime
Au gré de Chose ou Machin.
L’égorgement sans relâche
N’est plus un assassinat ;
Il est permis d’être lâche :
C’est la guerre qui veut ça .!
On a des engins terribles
Qui font du globe un enfer,
Et sur de vivantes cibles,
On jette à plein temps du fi.
Adieu, les vertus de l’âme !
Dans la fureur du combat.
Il est permis d être infâme :
C’est la guerre qui veut ça !
On boit le schnick et l’absinthe,
Que la raison nous défend,
On viole une femme enceinte
Devant les yeux d’un enfant.
On monte en première ligne
Peur un travail de forçat ;
Il est permis d’être indigne :
C’est la guerre qui veut ça !
On met le feu dans les villes,
On fait, au temps des blés mûrs,
Du pain pour les imbéciles
Avec la chaux des vieux murs.
On sème à travers le monde
La peste et le choléra ;
Il est permis d’être immonde ;
C’est la guerre qui veut ça !
On fauche en un jour de lutte
Dix régiments d’un seul coup,
Et c’est après leur culbute
Que la Victoire est debout…
Mais face aux charniers qu’on nomme
Le champ d’honneur du soldat,
Il est permis d’être un homme
Et de ne plus vouloir ça !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “C’est la Guerre!…,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 36 (21 septembre 1919): 1.
TRANSLATION
Ce qu’ils avaient rêvé…
Ce qu’ils avaient rêvé s’est accompli ! Les masses
Ont fait docilement le jeu de leurs bourreaux ;
Tout le monde a prêché la haine entre les races
Et sorti « pour le Droit » les glaives des fourreaux !
Adieu, jours éclairés par un espoir superbe
De paix universelle et de matins joyeux !
Les hommes les meilleurs seront couchés dans l’herbe
Avant que l’olivier ne soit planté par eux…
Adieu, soirs étoilés, et vous, nuits parfumées,
Qui balanciez sur nous vos ailes de velours :
Sous le ciel menaçant plein de rouges fumées,
La terreur est en marche avec les canons lourds.
Ce que l’effort d’hier avait produit d utile,
De beau, de merveilleux, de simplement humain,
Partageant le destin des êtres qu’on mutile,
Tout cela par le fer aura vécu demain.
Allons, les assoiffés de gloire militaire,
Pour que votre bonheur soit un bonheur complet,
Il vous faut des obus pour labourer la terre
Et des têtes de mort au lieu d’épis de blé !
Vous êtes les plus forts comme les plus infâmes,
Nous le reconnaissons en toute humilité,
Et si vous le voulez, vingt ans l’Europe en flammes
Sera le Golgotha de l’homme épouvanté !
Vous vous croyez très grands, vous triomphez, vous êtes
Les assassins joyeux de toutes les vertus ;
Mais le choc en retour des choses nue vous faites
Vous jettera par terre ainsi que des fétus !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Ce qu’ils avaient rêvé…,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 37 (28 septembre 1919): 1.
TRANSLATION
LES MOUCHARDS
Pendant que le canon détruit le pauvre monde
Les mouchards a l’abri font leur besogne immonde,
Et chacun deux, vendu pour un morceau de pain,
Incarne avec brio le déshonneur humain.
Refrain :
Les mouchards du ministère
Sont bons a jeter par terre.
Les mouchards de Clemenceau
Sont bon j à jeter dans l’eau !
II
Si vous avez le cœur du révolté qui soutenu
De voir l’Humanité descendre dans un gouffre,
Si vous n’coutiez pas le cri de vos lanceurs,
Prenez garde aux mouchards des criminels vainqueurs
III
Si vous avez l’horreur des choses de la guerre,
Si vous aimez la paix comme une bonne mère,
Si vous voulez la fin du règne des soudards.
Vous serez, braves gens, viral aimes des mouchards.
IV
Pourvoyeurs des prisons, des bagnes, des sentines
Où leur férocité sourit aux guillotines.
Dans leur empressement à bien servir le mal.
Gouvernants et mouchâtes ont un mérite égal.
Les mouchards du ministère
Sont bons à jeter par terre,
Les mouchards de Clemenceau
Sont bons à jeter dans l’eau !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Les Mouchards,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 39 (12 octobre 1919): 1.
TRANSLATION
PROCESSION DE FOI
Aux Electeurs!
Nous demandons qu’a l’Elysée
Un pilori soit préparé,
Et que la plèbe courroucée
Crache demain sur Poincaré.
Nous demandons que ses complices
Expient le mal qu’ils nous ont fait,
Et soient guéris de leurs caprices
Par la révolte du pavé !
Nous demandons que la richesse
Aille au travail qui la produit,
Et que les mains de la paresse
N’exploitent plus l’effort d’autrui.
Nous demandons que l’homme gagne
Sa liberté de chaque jour,
Et qu’on emmène à la campagne
Les vieux croquants du Luxembourg !
Nous demandons que la misère
N’affame plus les pauvres gens, lit que les hontes de la guerre
Fassent rougir les plus méchants.
Nous demandons que l’on démembre
Tous les foyers d’iniquités,
Et que l’on fasse de la Chambre
Un purgatoire à députés !
Nous demandons que les casernes
Aient à subir l’assaut du feu,
Et que la clique des badernes
Change de rêve ou de milieu.
Nous demandons que les frontières
N’existent plus qu’en souvenir,
Et que les dieux des cimetières
Ne règnent pas sur l’Avenir !
Nous demandons la fin des choses
Oui font souffrir les cœurs aimants,
Et la culbute, loin des roses.
Des criminels gouvernements.
Et nous croyons, ô prolétaires.
Qu’il vaudrait mieux, dans tous les cas,
Faire nous-mêmes nos affaires
Que de voter pour des goujats !
Eugène BIZEAU.
- Eugène Bizeau, “Profession de foi,” Le Libertaire, nouvelle série, 1 no. 40 (19 octobre 1919): 1.
TRANSLATION
Paternité
AUTOUR DES BERCEAUX
Les Berceaux
Le Nouveau-Né
Première Toilette
La Tétée
Plus de Repos
La Puissance de l’Enfant
Le Baptême
L’Oreiller
Le Berce
Paternité
A Tout Seigneur
Berceuse Triste
Pendant le Sommeil du Bébé
Réveil d’Enfant
Bébé s’’Ennuie
Consolation
L’Enfant Crie
La Première Dent
Un Monde
Evolution
Nuit Blanche
L’Enfant qui souffre
Les Fantaisies de Bébé
Amusement
Le Pied Nu
Le Bain
C’est un Bébé
Evocation Printanière
Premiers Pas
Pour l’Enfant
L’Oiseau à la Fenêtre
C’est une Fille
Questions d’Enfant
Frère et Sœur
Promenade Nocturne
Le Bonnet
La Bouillie
Pluie d’Eté
Les Vieux Boutons
La Berceuse des Petits Pieds
L’Enfant Malade
Fleurs sans Fin
Le Mal d’Oreilles
Si vous imaginez que j’ai le temps de lire
Souci
Les Yeux d’Enfant
Déjà l’Ombre du Soir..
DE L’AGE HEUREUX A L’AGE INGRAT
En Culotte
L’Ane Imaginaire
Le Nettoyage des Oreilles
Les Doigts dans le Nez
Il Tonne
« Connais-toi Toi-même ».
J’ai vingt et un mois
La Colère
Distractions Innocentes
Les Cerises
Des Cailloux dans l’Eau.
Avec les Petits Enfants…
Les Confitures
La Pendule
Les Aptitudes Précoses
La Vaccine
La Nuit, la Nuit Sauvage et Morne et Désolée
L’Age Ingrat
La Neige
Hiver
La Boîte à Surprises
La Neige et l’Enfant
Ritournelle des « Petits Mendiants »
Sacs du Premier Janvier remplis de Friandises
Les Souliers Ferrés
En Route
La Marmite
Les Pommes de Terre
Les Mains Propres
Agiter ses Pieds sous la Table.
La Gourmande
Un Doigt de Vin
La Leçon de Peinture
La Lune
Les Deux Espiègles
L’Enfant Terrible
Le Trône Brisé
La Paresse
Joie d’Ecolier
La Petite Ecolière
Le Petit Village
L’Arrivée à Trémouille
Les Vacances
La Fièvre.
Au Jardin
Jeannot Lapin
Ils sont Heureux, les Lapins
Après les Vendanges
Les Anes de la Bourboule
Leçon de Morale
Les Deux Cousins
Les Culottes Percées
Le Bras Cassé
Petit Moulin
Devant l’Objectif
La Grand’Mère
Promenade d’Automne
Les « Poteaux-Lumière »
En Souvenir du Onze Novembre
Pauvres Petits Enfants
Sous la Pluie
La Coqueluche
Mauvais Jours
Baiser d’Enfant
Du Miel
Vieux Souvenirs
LA MEILLEURE OFFRANDE
Papas-et-Mamans
Henriette
Louise
Eliane
Georges
André
Ginette et Bobey
Michele
« Nénée »
Le Sapin
Pour Jeannot
En scène. — La Chanson du Père Hiver
Les Pierrots de la Maternelle
En ce Jour de Fêtes
Salut au Printemps et à la Jeunesse
Quand l’Heure à Sonné de Partir