Henriette, artist, “A New Crime Against Liberty” (1848)

UNE NOUVEAU CRIME CONTRE LA LIBERTE

Hier, sur le boulevard Bonne-Nouvelle, un groupe s’était formé ; on y causait peu, tous les regards étaient dirigés sur un même point. De temps en temps ces paroles se faisaient entendre : Rendez la liberté aux prisonniers qui sont venus nous annoncer le doux printemps ; voyez ! un prisonnier pour dux sous, choisissez ! — M’étant approche, je vis alors par centaine, dans une cage à filets, de pauvres petites hirondelles pressées les unes contre les autres, se débattant, et passant avec une sorte de désespoir leurs jolies petites têtes entre les mailles du filet. Ce spectacle me navra, il était odieux et je me demandai comment une autorité morale n’existait point pour réprimer de telles cruautés ; comment, au besoin, l’indignation publique ne faisait pas justice de ce genre d’exploitation ? L’hirondelle, cette créature si douce, cet emblème si pur de la fidélité ; cette ménagère amie de l’homme ; l’hirondelle, nommée dns nos compagnes l’oiseau du bon Dieu, et dont la venue au tout domestique est le plus grand signe de bénédiction… Voilà comme on la traite sous vos yeux, peuple de Paris ! Et nul d’entre vous ne s’en émeut, et ce metier, dans lequel les plus mauvaises intentions se disputent la palme, ne vous scandalise pas ! Donc, sinon pour vous-même, pour vos femmes, du moins pour vos enfants, empêchez ce scandale ; ne croyez pas non plus avoir tout fait en cédant à la pitié de votre fille qui délivre en passant pour les deux gros sous qu’elle a implorés de votre générosité, le couple malheureux qui retombera bientôt aux mains avides de celui qui semble mettre au défi toute morale at tout sentiment de justice.

Ce nouvel exemple n’indique-t-il pas la nécessité de réclamer aussi de notre Assemblée nationale des lois protectrices des animaux, et notre faible voix ne trouvera-t-elle nul écho dans la Presse !

Henriette, artiste.

A NEW CRIME AGAINST LIBERTY

Yesterday, on the Boulevard Bonne-Nouvelle, a group was formed; there was little conversation there, and all eyes were directed on the same point. From time to time these words were heard: Release the prisoners who came to announce to us the sweet spring. See! One prisoner for two pennies; take your pick! — Having approached, I then saw by the hundred, in a net cage, poor little swallows pressed against each other, struggling, and passing, with a sort of despair, their pretty little heads through the mesh of the net. This spectacle saddened me. It was odious and I wondered how a moral authority did not exist to repress such cruelties; how, if necessary, could public indignation not do justice to this type of exploitation? The swallow, this gentle creature, this pure emblem of fidelity; this housewife who is a friend of man; the swallow, named in our companions the bird of the Good Lord, and whose arrival at the domestic roof is the greatest sign of blessing… This is how we treat it before your eyes, people of Paris! And none of you is moved by it, and this profession, in which the most evil intentions compete for the prize, does not scandalize you! So, if not for yourself, for your wives, at least for your children, prevent this scandal; and do not think that you have done everything by giving in to the pity of your daughter who delivers in passing, for the two big pennies that she begged of your generosity, the unhappy couple who will soon fall back into the greedy hands of the one who seems to challenge all morality and all feeling of justice.

Does this new example not indicate the need to also demand from our National Assembly laws to protect animals, and will our weak voice not find any echo in the Presse!

Henriette, artist.

Henriette, artiste, “Un nouveau crime contre la liberté,” La Voix des Femmes 1 no. 40 (3 juin 1848): 3.

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