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- “A Clear-Headed Socialist” (1878)
- The Revolutionary Socialist Heretics of the 15th Century (1867) [in progress]
THE SOCIALIST SOIRÉES OF NEW YORK:
ATERCRACY
The social liquidation
is the order of the day.
PRACTICAL SOLUTION OF SOCIALISM
and of the
FEDERATIONS CALLED TO FORM
THE REPUBLIC OF PEOPLES
BY
EDUALC REITTELLEP
[Claude Pelletier]
new edition
_____
NEW-YORK
1873
PRÉFACE.
Travailleurs, ce petit livre contient votre affranchissement. Lisez-le. Vous y trouverez des idées complètement en dehors des opinions reçues. Si d’abord elles vous paraissent inexécutables, inadmissibles, à première vue ; suspendez votre jugement. Fermez le livre et dites-vous : ce qui m’a paru le plus impraticable est peut-être plus aisé à appliquer que je ne l’ai cru d’abord : car souvent les-extrêmes se touchent. Ensuite, reprenez le livre ; et cette seconde fois lisez-le alors avec l’intention d’y trouver quelque chose de pratique et de facile application ; je suis certain que vous saisirez le rapport des détails de l’organisation d’une société basée sur l’égalité et la solidarité des conditions, avec son ensemble.
Ceci fait, je vous aurai acquis à la cause que je sers ; car si vous êtes juste et ne recherchez que la vérité, comme je le suppose, touché de la déchéance des artisans, vous serez de mon avis.
J’ai appelé mon petit livre ATERCRATIE, des deux mots grecs ater sans et cratos gouvernement, au lieu d’an-archie qui est pris en mauvaise part et signifie désordre pour la presque totalité des gens. Je lui ai donné ce nom nouveau qui signifie sans gouvernement, sans pouvoir, parce que j’ai voulu qu’il fut bien établi dans l’esprit de mon lecteur, que je tiens toutes les CRATIES, qu’elles soient démo, aristo, auto, pluto, ochlo, théo ou autres, pour des traquenards, où tour à tour les simples ont été pris, puis dressés à travailler pour les habiles qui leur ont toujours dit que c’était pour le mieux.
Toutes les craties sont oppressives ; car aucune, sous peine de se suicider, ne peut permettre à l’homme d’être son souverain; ce que le socialisme veut.
J’ai eu beaucoup de peine à faire ce petit livre. Je crains qu’il ne soit encore plus pénible à lire. Je me suis répété souvent afin d’être clair et mieux compris. J’aurais voulu être plus concis et plus complet; mais chacun à ses forces mesurées. Acceptez-le comme il est. puisque je n’ai pu faire autrement ni mieux.
PREFACE.
Workers, this little book contains your freedom. Read it. You will find ideas completely outside of the realm of received opinions. If, at first view, they appear unenforceable and intolerable, suspend your judgment. Close the book and say to yourself: The things that appear to me the most impracticable are easier to apply than I first believed, for often the extremes touch. Then, take up the book again and this second time read it with the intention of finding something practical and easy to apply within. I am certain that you will grasp the account of the organization of a society based on the equality and solidarity of conditions, both in its details and as a whole.
This done, I would have you commit yourself to the cause that I serve; for if you are just and seek only truth, as I suppose, moved by the decline of the artisans, you will be of my opinion.
I have called my little book ATERCRACY, from the two Greek works ater (without) and cratos (government), instead of an-archy which is taken in bad part and signifies disorder to almost everyone. I have given it this new name which means without government, without power, because I have wanted it to be well established in the mind of my reader, that I hold all the CRACIES, whether they be demo, aristo, auto, pluto, ochlo, theo or others, to be traps, where by turns the simple have been taken, then put to work for the clever ones who have always said to them that it was for the better.
All the cracies are oppressive; for none, on pain of suicide, can permit the individual to be their own sovereign, as socialism desires.
I have taken much care in making this little book. I fear that it will be even more difficult to read. I often repeat myself in order to be clear and better understood. I would have liked to be more concise and more complete, but each of us only does what we can. Accept it as it is, since I have not been able to do otherwise or better.
ATERCRATIE
PREMIÈRE SOIRÉE
L’éternel honneur de la France aux yeux des générations futures sera d’avoir la première, à Lyon, en 1831 et en 1834, à Paris en 1839, proclamé le droit de vivre en travaillant ; puis à Paris en 1848, d’avoir offert la tribune nationale aux écoles socialistes modernes.
Par ce fait, le socialisme de spéculatif qu’il avait été jusqu’alors est devenu positif et même malgré lui un parti politique. Dans les journaux, au balcon de l’hotel de ville, comme à la tribune française, il a pu parler avec autorité au monde, y proclamer son origine et son avènement, y glorifier ses penseurs et ses combattants; et, fidèle à la tradition révolutionnaire, y déclarer qu’il n’avait qu’une mission à remplir : celle de s’occuper du bonheur du genre humain.
Si son but avoué de donner de l’instruction à tous et de répartir plus équitablement la richesse sociale a alarmé la partie sotte de la bourgeoisie et terrifié les despotes; en revanche ses doctrines ont porté l’espoir et la consolation dans le coeur de tout homme qui pense et qui à souci de sa dignité.
C’est qu’en effet le socialisme, apporte, non-seulement la justice dans les relations sociales ; mais il renverse les rapports du travail et du capital, de façon à ce que le capital ne soit que le serviteur du travail.
Il crée un ordre social nouveau où le travail est plus demandé qu’offert, où le crédit est mutuel et, par conséquent, gratuit, où le libre échange, loin d’offrir aucun danger, procure naturellement plus de bien être ; où la division du travail qui aujourd’hui fait décheoir l’homme le rend à l’étude et à la liberté ; où les dépenses publiques ne sont plus acquitées par les citoyens taxés ; où , enfin, la richesse publique s’équilibre avec la population.
Ses lois sociales s’harmonisent avec la nature de l’homme. Seul il constitue la famille; seul il permet à l’homme de travailler quand et comme il veut, sous sa propre responsabilité; en un mot, il est la science économique de l’avenir, la seule vraie, accueillie avec bienveillance et respect par tous les gens de valeur et d’intelligence et méconnue par toutes les médiocrités jalouses de tout ce qu’elles n’ont pas sottement élucubré, sécrété.
Si les Stuarts, au lieu de chercher a ressaisir le pouvoir absolu et imposer le papisme à l’Angleterre, avait fait des concessions à la révolution qui avait détrôné leur père ; s’ils avaient pris quelques mesures économiques qui eussent amené graduellement, et après même un certain laps de temps, l’émancipation des classes laborieuses , un de leurs descendants ne serait pas mort, faute d’emploi, dans une maison de mendiants. Il aurait pu gagner sa vie par son travail et peut-être devenir utile à son pays. Jo parle d’un des descendants de Charles 1er d’Angleterre et de Henri IV roi de France ; mais si je regarde autour de moi, combien ne vois-je pas de familles riches aujourd’hui, dont les descendants, avant trente ans d’ici, feront la honte de la crapule.
Les riches et les puissants du jour devraient bien méditer sur ce sujet. Il en vaut assurément la peine.
— Ainsi, d’après vous, le socialisme seul peut rendre les hommes libres et résoudre le problème économique de la production et de la distribution des richesses à la satisfaction générale. Question difficile que n’ont pu encore résoudre les économistes et qui me parait, en effet, fort embrouillée.
— Oui le socialisme le peut seul, parceque, contrairement à l’économie politique qui ne fait que constater, analyser et décrire les faits économiques de la société actuelle, sans s’occuper, si adaptés à un autre milieu, leurs résultats ne seraient pas complètement différents, le socialisme a une doctrine complète; il crée un ordre de chose nouveau, où par la substitution d’un capital social au crédit privé, individuel, qui dépouille les masses au profit de quelques oligarques, la production est faite en participation, dans des centres sociaux transformés où par la simple loi d’attraction réglée par l’offre et la demande, tous peuvent naturellement se classer dans toutes les fonctions, et où tous sont rétribués, sans discussion possible, au prorata mathématiquement déterminé des travaux qu’ils ont faits, des services qu’ils ont rendus.
— Ceci demande à être éclairci : car c’est la clef du problème. Ces faits économiques dont vous parlez sont-ils praticables, d’accord ? Ensuite, en les admettant possibles, sont-ils conformes à la justice ? · – Sans doute. Où serait notre force, si pour combattre victorieusement les préjugés et les abus du vieux monde, nous n’avions la justice de notre côté.
— Précisons les faits. C’est au socialisme que je m’adresse ou plutôt à un de ses adeptes. Quel est votre but ?
— Je vous l’ai dit : Celui du progrès, c’est-à-dire, de satisfaire chaque jour davantage, le plus de besoins, avec le moins d’efforts possibles:
— Comment peut- on y arriver ?
— Par l’industrie.
— Qu’est-ce que l’industrie ?
— C’est l’application de toutes les facultés de l’homme à produire ; C’est la matière exploitée, dominée par l’intelligence humaine.
— N’est-ce que cela ?
— C’est l’homme fait libre par le travail, se créant des utilités, des valeurs, des forces nouvelles qui centuplent sa puissance. A proprement parler, il n’y a qu’une industrie ; mais pour mieux comprendre ses évolutions dans le monde, pour en mieux analyser les phénomènes et les résultats, on la divise en Industries extractive, agricole, manufacturière, échangeante, circulante, immatérielle.
— Mon cher, les économistes ont dit la même chose. Ils ont classé l’industrie, comme vous lo faites ; et si ce n’est le remplacement du crédit privé par un capital social qui après tout ne sera pas tenu dans un panier sans fond, et dont je ne comprends pas encore le fonctionnement; je ne vois pas en quoi vous différez.
— Comment, faire produire aux hommes tout ce qui est nécessaire à leur existence, mettre à leur disposition des capitaux, des instruments de travail, tels que terre, ateliers, machines, outils, matière première, etc., sans le secours direct ou indirect de la fortune privée de quelques hommes, c’est vouloir ce que les économistes réclament?
— L’un d’eux n’a-t-il pas dit : « Pour que l’homme soit libre, il faut qu’il puisse, non seulement développer, mais encore qu’il sache exercer ses facultés physiques, intellectuelles et morales de la manière la plus avantageuse pour soi-même et ses semblables. »
— Charles Dunoyer a parlé ce jour-là comme un socialiste : voilà tout.
— Un autre n’a-t-il pas dit aussi : « Que sans lendemain assuré, il n’y avait pas pour l’homme de foyer domestique, de famille, de bonnes mours. »
— Michel Chevalier l’a dit; mais il ne l’a pas plutôt eu dit qu’il s’est hâté d’ajouter : « l’économie est la science des intérêts matériels ; elle ne pose pas les questions sociales; c’est la politique. Or, si nous consultons la politique. elle nous répond que la grande affaire de notre temps : c’est l’enfantement de la liberté par là civilisation. » Comme si Michel Chevalier, homme d’un réel mérite, ne savait pas mieux que personne, que la liberté n’est que la résultante d’un milieu social organisé, par conséquent du domaine de l’économie politique.
— Néanmoins vous ne niez pas que les économistes partent du même point que les socialistes, pour arriver au même but; mais que leurs moyens diffèrent.
— Les économistes ne partent d’aucun point , pour n’arriver à aucun but. Plusieurs d’entr’eux savent beaucoup de choses, je ne le nie pas; mais leur savoir ne consiste purement et simplement qu’à tâter le pouls à la société malade et à dire au gouvernement qui souvent les paie pour cela, ce qu’ils pensent de la vieille mourante.
Les grands penseurs qui ont osé approfondir les questions de richesse, comme Adam Smith; de valeur et de rente, comme Ricardo ; de propriété, comme Jean-Baptiste Say, de salaire et de fermage, comme Rossi ; de machines et de routes, comme Chevalier ; de liberté, comme Dunoyer ; de production, de revenus et de population, comme Sismondi, sont plus que des économistes; ils sont les pères de la science sociale. Quand aux écrivains guilleminets leurs compilateurs qui s’intitulent leurs collègues, le Dupin, les Garnier, les Sudre, les Thiers, les Reybaud et autres Paturôts de même force, comme insulter les socialistes et parler de ce qu’ils ne savent pas est leur œuvre quotidienne; nous laisserons ces messieurs digérer tranquillement leur émargement au budget. Reprenons notre question.
— Eh bien ! mon cher la question pour moi est celle-ci : les hommes, sans vivre sous le régime de la communauté ou de la propriété caste , peuvent-ils, pour produire ce qui est nécessaire à leur existence et à son raffinement, avoir à leur disposition des capitaux, tels que terre, ateliers, outils, machines, matières premières , etc., etc., sans le secours direct ou indirect du crédit privé, de la fortune particulière de quelques hommes ? Les socialistes l’affirment; Les économistes le nient. Qui a raison ?
— Si vous entendez la société telle qu’elle a été dans le passé et telle qu’elle est encore , les économistes n’ont pas tort ; mais si vous admettez que ce qui n’a pas encore été fait peut l’être demain, les socialistes ont raison.
— Pour admettre que ce qui n’existe pas aujourd’hui soit possible demain, il faut en être convaincu. Avez-vous seulement persuadé les économistes de l’excellence de vos moyens ?
— Persuader des gens qui ne veulent ni nous entendre ni nous lire ; ce serait par trop naïf. Leur siège n’est-il pas fait, ne sommes-nous pas pour eux des orgueilleux, des insensés, des
ignorants, des ambitieux, des fripons, que sais-je, encore ?
— Leur vanité les a rendus injustes et aveugles envers vous, j’en conviens ; mais vous ne les avez pas ménagés non plus. Vous les avez traités d’imbéciles et de coquins.
— Nous avons eu tort; les gros mots ne prouvent rien. Cependant comment les qualifier s’ils ne nous comprennent point ou font semblant de ne pas nous comprendre, après tout ce qu’ils ont écrit contre nous.
— Ils peuvent très bien vous comprendre et croire que vous vous trompez, sans être imbéciles ni coquins.
— Alors, pourquoi ne le prouvent-ils pas ?
— Il y a des choses qui ne se prouvent pas toujours.
— En matière d’opinion, c’est possible ; mais, de deux choses l’une, ou l’économie est une science ou ce n’est qu’une affaire d’opinion; si elle est une science, comme le disent emphatiquement ses adeptes, elle doit prouver ce qu’elle avance; si, au contraire, ce n’est qu’une affaire d’opinion, les socialistes n’en doivent tenir aucun compte.
— Le socialisme prouve-t-il tout ce qu’il avance ?
— Sans doute. Où serait sa puissance, s’il agissait autrement? Il n’a pas à son service; comme l’économie politique, le fait accompli, l’ordre de choses établi, pour dire à ses lecteurs : voyez. Il faut qu’il prouve la vérité du fait économique qu’il avance et que la preuve qu’il en donne en soit d’autant plus claire, que l’homme qui l’écoute ne peut s’en convaincre en la voyant appliquée sous ses yeux.
— Le socialisme a déclaré qu’il est d’utilité publique de garantir à tous les hommes leur droit de vivre en travaillant ; comment l’a-t-il prouvé ?
— De la façon la plus victorieuse. Qu’est-ce que le travail, s’est-il demandé ? C’est, de l’avis de tout le monde, l’application des facultés physiques et intellectuelles de l’homme à façonner un objet quelconque ou à rendre un service.
Plus un homme est intelligent et fort, meilleur est son travail; plus grande en est la quantité.
Plus il y a de travail fait et en meilleure qualité ; plus la richesse générale augmente.
Plus grande est la richesse générale ; plus aisément les hommes doivent vivre et leur bien être s’accroître.
— C’est incontestable, et j’ajoute incontesté.
— Si c’est incontesté : concluons.
Pour augmenter le bien être général ; il faut augmenter la richesse sociale.
Pour augmenter la richesse générale ; il faut que les hommes travaillent vite et bien.
Pour que le travail soit bon, productif et abondant; il faut que l’homme ait ses facultés physiques et intellectuelles très développées.
Pour que l’homme soit fort et intelligent; Il faut donc qu’il soit bien logé, bien vêtu, bien nourri et surtout bien instruit.
La conclusion de tout ceci est donc que l’instruction, la nourriture, le vêtement et le logement doivent être, pour cause d’utilité publique, garantis à tous les hommes qui veulent travailler. Est-ce clair?
Il est très facile de dire qu’il faut garantir à tout homme son droit de vivre en travaillant ; mais comment; par quels moyens ?
En 1848 le gouvernement de la République l’a voulu, l’a essayé; l’Assemblée-Constituante composée des hommes politiques les plus honnêtes, les plus savants de France et je dirai même les mieux intentionnés en faveur de la République, a voté des millions pour fonder des associations d’ouvriers ; qu’en est-il résulté ? L’insuccès le plus complet; une chute dont le Socialisme ne s’est pas relevé.
— Mon cher, si je ne vous connaissais pas pour un homme de coeur et d’intelligence, aimant la vérité pour elle même, et incapable de la sacrifier à une opinion faite d’avance, ou à un parti politique quelconque; ce que vous dites, me ferait vous classer dans la catégorie de ceux qui n’ont jamais d’autre opinion que celle du journal qu’ils lisent. Comment avez-vous pu penser que . le Socialisme a eu quelque chose de commun avec les associations fondées en 1848 par le gouvernement de Cavaignac qui les abhorrait, ou avec les ateliers nationaux de l’invention du recteur Marie qui exécrait les ouvriers; quand on n’a rien fait de ce qu’enseigne le Socialisme depuis quarante ans ; quand les associations n’avaient aucun lien de solidarité entre elles ; quand au lieu de rétribuer les producteurs au prorata de leurs efforts, elles en employaient, même un grand nombre qu’elles salariaient.
Or, qu’est-ce qu’une association composée de dix, de cent, de mille personnes ou plus se réunissant en société pour faire des vêtements, des souliers, des chapeaux ou autres objets, si le nombre en est limité arbitrairement; si elle emploie des ouvriers n’ayant point de part dans la production ; mais qu’elle paye à la journée; si elle n’établit pas un lien de solidarité entre tous les travailleurs et toutes les industries ?
Cette association ne sera qu’une maison d’industrie semblable à celles qui existent aujourd’hui, qui aura dix, cent, mille maîtres, au lieu d’un. Si elle réussit et s’enrichit, elle fera d’affreux petits propriétaires dévoués corps et âme à la réaction, de peur de perdre leurs quatre sous; et si elle succombe, au lieu de laisser un homme sur le carreau, elle en laissera des centaines, sans ressources, dans une situation désespérante, qui seront découragés et nuls pour l’avancement de l’idée.
— Qui a empêché les Socialistes qui ont formé des associations d’établir la solidarité dont vous parlez ?
— Qui ? Mais Cavaignac; d’abord : par les entraves et la direction qu’on devait donner aux associations, d’après un règlement fait par les contempteurs du socialisme ; puis par Louis Bonaparte; lorsqu’il fit arrêter, à Paris, rue Jean-Robert, les délégués des associations fondées librement, sans patronage du gouvernement, qui s’étaient rendus à l’appel de Pauline Roland pour assurer entre elles et solidariser toutes les associations libres qui commençaient à se développer et à prospérer.
Après avoir empêché les associations d’accomplir un acte de mutualité qui favorisait leur développement et établissait l’égalité et la solidarité des conditions, entre tous les travailleurs ; il est peut-être de bon goût d’accuser le Socialisme d’impuissance, comme ll était de bon goût, au siècle dernier, d’insulter la philosophie, dans la personne de Diderot, de Voltaire et de Rousseau. Mais cela est de toute injustice.
Mon cher, voici une anecdote qui me fera. mieux comprendre. Un jour les économistes Ch. Dupin. Louis Reybaud et Joseph Garnier se promenaient le long de la Seine. Ils rencontrèrent un socialiste éminent qui pêchait à la ligne, c’était Victor Considérant, m’a-t-on dit. Ce pêcheur qui venait de prendre un goujon, après l’avoir retiré de son hameçon, oublia de le mettre dans son panier et rejeta tranquillement sa ligne dans la Seine ; lorsque , deux minutes après. il entendit qu’on se disputait derrière lui.
Le savant Ch. Dupin criait : vous ne pouvez soutenir le contraire ; toutes les fois qu’un poisson remue la queue, il meurt : l’expérience en a été faite devant moi. J’en ferai un rapport à l’Académie des Sciences.
Le spirituel Louis Reybaud disait : quand un poisson ouvre la gueule, il est perdu. J’en suis convaincu maintenant : je l’ai vu, de mes yeux, vu. Malvina Paturột l’écrira à son mari.
Le profond Joseph Garnier disait, d’un air suffisant : non, messieurs ! Vous vous trompez! C’est quand un poisson agite ses nageoires trois fois de suite qu’il meurt. Je l’ai remarqué; mieux que vous, messieurs. C’est maintenant un fait avéré pour la science. On en peut tirer d’immenses résultats pour l’instruction de la jeunesse bien pensante. J’en parlerai, quand je re-referai mon manuel.
Mais qu’avez-vous donc à disputer ainsi, leur dit le socialiste ? Chacun, de lui raconter aussitôt la magnifique remarque qu’il vient de faire et de lui demander ce qu’il pense de sa perspicacité.
Où était le poisson, leur demande le socialiste ? Mais là , sur le sable répondent les trois savants.
Ah! Ah! Ah! Et il se remit à pêcher.
— Ce qui veut dire que les trois savants sont de vieux imbéciles, et que le socialisme était sur le sable en 1848.
— Et leurs associations placées dans un milieu mortel à leur réussite et à leur développement.
— Alors, selon vous, le socialisme n’a pas encore pu se manifester d’une façon normale, conforme à ses aspirations ?
— Non seulement, on ne le lui a pas permis ; mais les trois quarts de ses détracteurs n’ont pas même pris le temps de l’interroger, de l’examiner. Le socialisme est un fait ; il a une cause; quelle est-elle ? D’où vient-il ? Où va-t-il ? Pourquoi est-il ? Que veut-il ? Est-ce que ses adversaires s’en sont occupés ? Pourquoi l’eussent-ils fait ? Ils sont repus ; et le socialisme s’occupe de supprimer la misère.
Quand un homme a le sens commun, et que l’idée de ses adversaires lui parait irraisonnable ; la première chose qu’il doit faire, c’est d’examiner d’abord s’il l’a bien comprise; et si ce n’est pas son intelligence qui est en défaut. Mais faire cela; ce serait manquer d’orgueil ; ce serait supposer du bon sens à ses adversaires. Avouer que l’idée, telle qu’on l’a comprise est trop folle, pour l’interpréter ainsi qu’on l’a fait, et qu’il faut lui chercher une interprétation différente et raisonnable : ce serait reconnaître un peu de bon sens chez ceux qu’on attaque. Est-ce que des gens en place qui ont la prétention d’être savants peuvent ne pas comprendre? Fi donc !
Dans dix ans, s’ils vivent encore, on les qualifiera de stupides ; et s’ils sont morts , qui osera rappeler à la postérité qu’ils ont vécus ? Ils auront de leur vivant émargé au budget; c’est assez !
ATERCRACY
FIRST EVENING
The eternal honor of France in the eyes of future generations will be to have first, at Lyon, in 1831 and in 1834, at Paris in 1839, proclaimed the right to live by laboring; then at Paris in 1848, to have offered the national tribune to the modern socialist schools.
By this fact, the speculative socialism that has existed before then has become positive and even despite itself a political party. In the journals, on the balcony of the city hall, as in the French tribune, it has been able to speak to the world with authority, to proclaim their its origin and its future, to glorify its thinkers and its commanders; and, faithful to the revolutionary tradition, to declare that it has only one mission to accomplish: that of occupying it with the happiness of the human race.
If its avowed aim of giving instruction to all and of dividing social wealth more equitably has alarmed the silly party of the bourgeoisie and terrified the despots; in return its doctrines have carried hope and consolation in the heart of every man who thinks and cares about his dignity.
It is indeed that socialism not only brings justice in social relations; but it reverses the relations of labor and capital, so that capital will be only the servitor of labor.
It created a new social order where labor is more in demand that in supply; where credit is mutual and, consequently, gratuitous; where free exchange, far from offering any danger, naturally creates more well-being; where the division of labor which today makes man decline returns him to study and liberty; where the public expenses are no longer paid by the taxed citizens; where, finally, public wealth is equilibrated with population.
Its social laws harmonize with the nature of man. Alone it constitute the family; alone it allows man to labor when and how he wants, under his own responsibility; in a word, it is the economic science of the future, the only true, greeted with goodwill and respect by all people of merit and intelligence and misunderstood by all the mediocrities jealous of everything that they have not foolishly dreamed up, and hatched.
If the Stuarts, instead of seeking to again take absolute power and impose papism on England, had made concessions to the revolution which had dethroned their father; if they had taken some economic measures which would lead gradually, and even after a certain lapse of time, to the emancipation of the working classes, one of their descendants would not have died, without employment, in a house of beggars. He would have been able to gain his life by his table and perhaps to become useful to his country. I speak of one of the descendants of Charles I of England and of Henri IV king of France; but if I look around me, how often do I not see rich families today, whose descendants, within thirty years from now, will put the riffraff to shame.
The rich and powerful of the day should consider this subject well. They have certainly earned the grief.
— Thus, according to you, socialism alone can make men free and resolve the economic problem of the production and distribution of wealth for the general satisfaction. A difficult question that the economists still have not been able to resolve and which appears to me, indeed, much tangled.
— Yes, only socialism can do it, because, contrary to the political economy which only note, analyze and describe the economic facts of the present society, without occupying itself, if adapted to another milieu, their results will not be completely different, socialism has a complete doctrine; it created a new order of things, where by the substitution of a social capital to private, individual credit, which despoils the masses for the profit of some oligarchs production is done by participation, in social centers transformed or by the simple law of attraction regulated by supply and demand, all can naturally rank in all the functions, and where all are remunerated, without possible discussion, in the mathematically determined proportion of the labors they have done, of the services that they have rendered.
— This demands to be clarified: for it is the key to the problem. First, are these economic facts of which you speak practicable? Then, in admitting them possible, do they conform to justice?
— Doubtless. Where will be our strength, if in order to victoriously combat the prejudices and abuses of the old world, we would not have justice on our side.
— Let us specify the facts. It is to socialism that I address myself or rather to one of its adepts. What is your aim?
— I have told you: That of progress, which is to say, to better satisfy each day, more needs, with the least possible effort.
— How can this happen?
— By industry.
— What is industry?
— It is the application of all the faculties of man to produce; it is matter exploited, dominated by human intelligence.
— Is it only that?
— It is man made free by labor, creating utilities, values, new forces which centuple his power. Properly speaking, there is only one industry; but to better understand its evolutions in the world, to better analyze its phenomena and results, we divide it into extractive, agricultural, manufacturing, exchanging, circulating, and immaterial Industries.
— My friend, the economists have said the same thing. They have classified industry, as you did it; and if it is not the replacement of private credit by a social capital which after all will not be will not be held in a basket without a bottom, and the functioning of which I still do not understand; I do not see in what you differ.
— How, to produce for men all that is necessary for their existence, to put capital and instruments of production at their disposition, so that land, workshops, machines, tools, raw material, etc., without the direct or indirect aid of the private fortune of some men, is it to want what the economists call for?
— Hasn’t one of them said: “In order for man to be free, he must be able, not only to develop, but also that he knows how to exercise his physical, intellectual and moral faculties in the manner most advantageous for himself and his fellows.”
— Charles Dunoyer spoke that day as a socialist: that is all.
— Another has also said: “That without tomorrow provided for, there is not for man home, family, or good mores.”
— Michel Chevalier said it; but he had hardly said it when he hastened to add: “economics is the science of material interests, it does not pose social questions; that is politics. Now, if we consult politics, it responds to us that the great business of our times: is the birth of liberty by civilization.” As if Michel Chevalier, a man of real merit, did not known better than anyone, that liberty is only the result of an organized social milieu, and consequently in the domain of political economy.
— Nonetheless, you do not deny that the economists start from the same point as the socialists, in order to arrive at the same end; but that their means differ.
— The economists don’t start from any point, in order to arrive at any end. I do not deny that several of them know many things; but their knowledge consists purely and simply in feeling the pulse of a sick society and to say to the government which often pays it for this, what it thinks of the dying oldster.
The great thinkers who have dared to go deep into the questions of wealth, like Adam Smith; of value and rent, like Ricardo; of property, like Jean-Baptiste Say, of wages and farm-rent, like Rossi; of machines and de routes, like Chevalier; of liberty, like Dunoyer; of production, revenues and population, like Sismondi, are more than economists; they are the fathers of social science. As for the guilleminets writers, their compilers who are called their colleagues,—the Dupins, Garniers, Sudres, Thiers, Reybauds and other Paturôts of the same caliber,—as it is their daily work to insult the socialists and to speak of what they do not know, we will leave these gentlemen to tranquilly direct their marking up of the budget. Let us take up our question again.
— Well! my friend, the question for me is this: can men, without living under the regime of the community or of the property caste, in order to produce what is necessary for their existence and his refinement, have at their disposition capital, such as land, workshops, tools, machines, raw materials, etc., etc., without the direct or indirect aid of private credit, of the individual fortunes of a few men? The socialists affirm it. The economists deny it. Which is right?
— If you mean society as it has been in the past and as it is still, the economists are not wrong; but if you admit that what has not yet been may perhaps be tomorrow, the socialists are right.
— In order to admit that what does not exist today is possible tomorrow, it is necessary to be convinced of it. Have you only persuaded the economists of the excellence of your means?
— To persuade people who do not want to hear or to read; that would be far too naive. Isn’t their opposition set, and are we not still for them the proud, wild, ignorant, ambitious, rascals, what have you?
— Their vanity has rendered them unjust and blind towards you, I admit; but you have not been any more careful with them. You have treated them as like imbeciles and rascals.
— We have been wrong; the big words prove nothing. However, how should we describe them if they do not understand us at all or act like they don’t understand us, after they have written so much against us?
— They can understand you very well and believe that you are mistaken, without being imbeciles or rascals.
— Then why don’t they prove it?
— There are always things which are not proven.
— In a matter of opinion, that is possible; but, one of two things must be true, either economics is a science or it is a matter of opinion; if it is a science, as its adepts say emphatically, it must prove what it asserts; if, on the contrary, it is only a matter of opinion, the socialists need not take any account of it.
— Does socialism prove all that it asserts?
— Without doubt. Where would be its power, if it was otherwise? It does not have at its service, like political economy, the fait accompli, the established order of things, to say to its readers: look. It must prove the truth of the economic fact that it asserts and that the proof that it gives of it is so much more clear, that the man who hears it can convince himself by seeing it applied before his eyes.
— Socialism has declared that it is of public utility to guarantee to all men their right to live and work; how will it prove it?
— In the most triumphant fashion. What is labor, it is asked? It is, in the opinion of everyone, the application of the physical and intellectual faculties of man to fashion some object or render a service.
The stronger and more intelligent a man is, the better his labor is; the larger is its quantity.
The more work that is done and the better the quality of it, the more the general wealth is augmented.
The greater the general wealth; the more easily men must live and their well-being increases.
— It is incontestable, and, I add, uncontested.
— If it is uncontested: let us conclude.
It order to augment the general well-being, it is necessary to augment social wealth.
It order to augment the general wealth, men must labor quickly and well.
In order for labor to be good, productive and abundant, man must have his physical and intellectual faculties well developed.
In order that man be strong and intelligent, he must then be well-housed, well-clothed, well-nourished and especially well-instructed.
The conclusion of all this is thus that instruction, food, clothing and shelter should be, pour cause public utility, guaranteed to all men who want to work. Is this clear?
It is very easy to say that it must guarantee to every man his right to live and work; but how; by what means?
In 1848 the government of the Republic wanted to do it, and tried it; the Constituent Assembly composed of the most honest and wisest political men of France and I would say even the best intentioned in favor of the Republic, has voted millions in order to form workers’ associations; and what was the result? The most complete failure; a fall from which Socialism has not picked itself up.
— My friend, if I did not know you to be a man of heart and intelligence, loving truth for its own sake, and incapable of sacrificing it to an opinion made in advance, or to any political party, what you say to me, would make me class you in the category of those who have never had any opinion but that of the newspaper that they read. How could you think that Socialism has had something in common with the associations founded in 1848 by the government of Cavaignac who abhorred them, or with the national workshops invented by the rector Marie who despised the workers; when we have made nothing of what Socialism has taught for forty years; when the associations had no link of solidarity between them; when instead of compensating the producers in proportion to their efforts, when instead of compensating the producers in proportion to their efforts, it used them, even a greater number of them than it employed..
Now, what is an association composed of ten, of a hundred, of a thousand persons or more gathered in a society in order to make clothes, shoes, hats or other objects, if its number is arbitrarily limited; if it employs some workers having no part in production; but which it pays by the day; if it does not establish a link of solidarity between all laborers and all industries?
That association will only be a house of industry like those which exist today, which will have ten, a hundred, a thousand masters, instead of one. If it succeeded and prospered, it would make some awful small proprietors devoted body and soul to the reaction, for fear of losing their four sous; and if it succumbed, instead of leaving a man on the tiles, it would leave hundreds, without resources, in a desperate situation, who would be discouraged and not for the advancement of the idea.
— Who has prevented the Socialists who have formed associations from establishing the solidarity of which you speak?
— Who? But Cavaignac; first: by the obstacles and the direction, that one must give to the associations, according to a rule made by the denigrators of socialism; then by Louis Bonaparte; when he caused to be arrested, at Paris, Rue Jean-Robert, the delegates of the associations founded freely, without the patronage of the government, which yielded at the appeal of Pauline Roland in order to insure among them and to render solidary all the free associations which had begun to develop and prosper.
After have prevented the associations from accomplishing an act of mutuality which favored their development and established equality and solidarity of conditions, between all the workers; it is perhaps in good taste to accuse Socialism of powerlessness, as it was in good taste, in the last century, to insult philosophy, in the person of Diderot, Voltaire and Rousseau. But all of that is injustice.
My friend, here is an anecdote which will explain my point better. One day the economists Ch. Dupin, Louis Reybaud and Joseph Garnier promenaded along the Seine. They met an eminent socialist who was fishing—it was Victor Considérant, I am told. This fisherman who had just taken a gudgeon, after having taken it off his hook, forgot to put it in his pannier and tranquilly cast his line back into the Seine; when, two minutes later, he heard a dispute behind him.
The wise Ch. Dupin cried: you cannot maintain the contrary; every time that a fish wiggles its tail, it dies: the experiment has been made in front of me. I will make a report on it to the Academy of Sciences.
The spiritual Louis Reybaud said: when a fish opens its gills, it is lost. I am convinced of it now: I have seen it, with my eyes—behold, Malvina Paturôt would write to her husband.
The profound Joseph Garnier said, with a satisfied air: no, gentlemen! You are mistaken! It is when a fish moves its fins three times in a row that it dies. I have noted it, gentlemen, better than you. It is now a known fact of science. One can draw immense results from it for the instruction of well-thinking youth. I will speak of it, when I re-redo my manual.
But what have you then to dispute thus, the socialist said to them? Each, immediately recounted to him the magnificent remark that he had come to make and asked him what he thought of his perspicacity.
“Where was the fish?” the socialist asked them. “Right there, on the sand,” responded the three savants.
Ah! Ah! Ah! and he went back to fishing.
— Which means that the three wise men are old imbeciles, and that socialism was on the sand in 1848.
— And their associations placed in a milieu fatal to their success and development.
— Then, according to you, socialism has still not been able to manifest itself in a normal manner, to conform to its aspirations?
— Not only have we not permitted it, but three quarters of its detractors have not even taken the time to question it, to examine it. Socialism is a fact; it has a cause; what is it? Where does it come from? Where is it going? Why? What does it want? Is it that its adversaries occupy themselves with it? Why would they? They are well fed; and socialism is occupied with abolishing poverty.
When a man has common sense, and the idea of his adversaries appears unreasonable to him; the first thing that he must do is to examine if he has understood it well; and determine if it is not his intelligence which is at fault. But to do this will be to lack pride; that would be to suppose good sense on the part of his adversaries. To admit that the idea, such as one has understood it is too crazy to interpret as one has done, and that it is necessary to seek a different and reasonable interpretation of it: that would be to recognize a bit of good sense among those that one attacks. Is it that these people in positions who pretend to be wise cannot understand? Fie then!
In ten years, if they still live, they will be considered as stupid; and if they are dead, who will dare to remind posterity that they have lived? They will have in their lifetime drawn their living from the budget. That is enough!
SECOND EVENING
— Socialism, you have said, is a fact; it has a cause. What is it? From whence does it come? Where is it going? What does it want? That is the interesting thing. That is what I ask, and I pray you respond most simply.
— Socialism is a fact; one cannot deny it since one attacks it, not only with insults, but with cannons and assassination. It has a cause like all other facts. What is it? The ingratitude of the bourgeoisie towards the people who helped it make the revolution, and who, instead of doing its part, suppressed it and dragged it down, by making wage workers of its artisans, and, of their masters, subordinates to the caprices of the capitalists who employ them. It comes from Liberty, from the Heresies, from the Waldensians, and, since the revolution, from the three spokesmen of the committee of public safety, Billaud-Varennes, St.-Just and Robespierre, being altered by St-Simon, Fourier, Pierre Leroux, Proudhon, and others.
Where is it going? To equality and the solidarity of conditions.
What does it want? To create, I repeat it, a new order of things, where men will have the same rights;
Where credit will be mutual and free;
Where taxes will be abolished and the revenues of society supplied by that which is given freely by nature, and by which some rich capitalists alone profit today;
Where currency will be a sign representing the exchangeable wealth of the country, but not a wealth by itself;
Where free trade will be natural and advantageous to the working classes;
Where the balance of commerce will have no reason to be;
Where the division of labor and the perfection of machines will lead to the equality of the laborers before production;
Where the circulation of values will be substituted for commerce in things;
Where the markets will be disciplined and know where their outlets and places of resupply are located;
Where property will only be the remuneration of the personal efforts of the individual;
Where the increase of the population will be in relation with the increase of wealth and its equitable division;
Where, finally, men will be free, in that which concerns their person, to do as they wish.
— That is a superb program; but programs often prove nothing. Let us enter, if you please, more deeply into the question and explain to me the particulars.
— That is my intention. I’ll continue.
The aim of man living in society, we have said, being to satisfy the most of his needs with the least possible efforts, he must at all times study, labor and consult with his fellows, in order to produce, exchange and consume; manifestation which, depending on whether the laws of production and of distribution of wealth have been applied more or less unjustly, have given birth to all the political and social systems known until now.
Humanity, directed by a sentiment of justice that each of us carries within, has been gradually led to recognize that anything that costs the least effort to a man must be remunerated to him, and that labor being individual, the remuneration of the efforts of a man creates property; just as all that is given by nature is gratuitous and by right common to all.
Consequently let neither PROPERTY nor COMMUNITY, be, the one or the other, the pivot on which a society could reasonably move, but the two extremes, between which the society oscillates.
And in fact, if property is the right to apply oneself, to oneself, to one’s own works, or to yield them up only in return for equivalent efforts; in order for it to disappear, it would be necessary that every human effort necessary to the satisfaction of our needs should disappear, just as, in order for community to disappear, it would be necessary that nature cease to manifest itself.
Moreover these two extremes,—one of which, property, is what defines itself; and the, community, that which is not defined,—not only touch, but cannot advance without one another; since it is noted that a mechanical invention, the discovery of an economic process can never be worth to their author a profit equal to those that they bring to society; and that the more things reduce in price, because they have been carried out by the forces that the intelligence has been able to apply to industry, the closer they come to community.
Now why are these two necessary extremes of civilization, indispensable to the development of society, fatal, excluding and destroying one another, instead of harmonizing and strengthening one another, while society has the misfortune to make of one or the other, its principle of construction, its basis of evolution.
Because the first, property, renders men selfish and indifferent to everything that does not increase their personal enjoyments; and the second, community, buries them under narrow and tiresome regulations and completely annihilates their individuality.
Thus, their development must take another direction in politics, if men want to free themselves from that capitalist, bourgeois and authoritarian feudalism which ruins them and makes them decline.
Between individualism and le communism, these two extremes, some men have thought that there must be a middle term, a social synthesis. They have sought it and found it; they have called it by the name of Socialism; and Socialism has made its way.
Now what it prepares for in its upward political march is the organization of a society where men will all be free and provided with all that is useful to them; a society where there would be, remember this well, neither kinds, nor government, nor priests, nor the privileged, nor merchants, nor bankers, nor servants, nor bosses, nor wage-workers, nor nobles, nor bourgeois, nor proletariat; no men, finally, living, enriching themselves at the cost of others’ labor.
— But, my dear friend, you would make a blank slate of present society; you would leave nothing standing.
— You believe that I would leave nothing standing, because I proceed by elimination; I would, however, only abolish privileges.
— That is what remains for you to demonstrate.
— I am about to do so. Suppose a country where society is developed according to common sense, and ask me each fact that you want to know; I will tell you how everything will happen, or must happen there; and I am convinced that the social organization of which I speak will appear to you more just, plus sensible, more complete and more practical than you have supposed at first.
— You embarrass me considerably. In order to question you, I must suppose a utopia, and I am nothing less than I am a utopian. Nevertheless, I am going to try to do it. Thus, do not be surprised if the questions that I am going to ask sometimes relate to society, and sometimes to the individual: I will make them up as our conversation suggests them to me.
Before entering into the details of any social organization, I believe that it is good to have an idea of its ensemble. Can’t you give me a glimpse which would aid me in following you into the economic labyrinth where you are going to lead me?
— Yes, but I can only do it in a concrete manner, if I want to be brief and not bore you.
— Let us see.
— The society of which I am going to teach you has JUSTICE for its fundamental organizing principle, and the REPUBLIC for its natural social form.
Under that Republic, services are mutual and reciprocal between the producers and the consumers, in the production, exchange and distribution of wealth.
No one commands; no one obeys, each is his own pope, his own monarch, his own master, his own servant: for there is neither first nor last; and none has the right to impose himself on others, nor to govern them.
We follow there only one line: that of science, of truth.
— This is the new law that you proclaim.
— Yes.
— Well! It is the negation of everything that is accepted, and it appears so far outside of the received ideas, that nobody will follow it; or, I would ever dare say, understand it.
— That is what we will see, if you do not decide to stop on the way.
— Go, then, I am with you.
— Today the problem to be resolved being that of a new organization of production and a more equitable division of wealth, we pose it thus:
What comes together to produce and consumer wealth? Five elements: Land, Labor, Capital, Exchange and Security,
What do each of these five elements produce? What do they consume? Does the portion that each draws for its efforts or its services conform to equity? This is what we must know, for everything is there.
As labor has too small a portion, and Capital one that is too large, the more Exchange and Security do not return to it; and the more that those values that Earth gives free to all, are taken by a few privileged only; this lack of justice in distribution; must it not give rise to murmurs, recriminations, and finally struggles of every sort.
— Without a doubt, where justice is lacking, demands appear.
— Who makes the division, today, to these five elements? Is it an economic law? No! It is caprice, force, ruse, arbitrariness, iniquity. One produces an object; one offers it to the consumer; one demands for it a certain price; he accepts or refuses. If he needs it and on one perceives it, the elastic conscience of the seller says to him: raise your price; it is scarce; sell dear. If, on the contrary, it is the seller who needs to sell and the buyer has divined it, he says to himself: the article has little market; he wants to be rid of it; let us offer a lesser price; let us attempt to gain a better deal. The prize goes to the sharpest, the slyest. And each exclaims that he must be clever to succeed in business, and that one really owes his fortune only to his own genius. The word merit is too weak in the eyes of the dealers.
— Are you going to claim now that there is no merit in conducting a business well?
— I will be very careful not to do so; I would only observe to you that it is from genius badly employed, that the majority of all the subtleties and deviousness in transactions would be completely useless, if, instead of commerce of things which demands so much skill and cunning, the exchange of values was organized honestly and accomplished without lies. Now in order that the exchange of values is done naturally and that it returns to each of the elements of production that which is legitimately due to it; it is no longer necessary to bring it back to the conscience of each; but to find the economic law which equitably rules these relations.
There is a fact obvious to everyone; it is that with the present social order, that is a complete impossibility, and that in order to bring about equity in the relations of interests between the producers and the consumers, it is necessary to organize production, exchange and consumption on another basis.
— You always return to that.
— Certainly.
— But is it possible?
— Yes!
— If it is possible; how will we arrive there? How will it begin?
— But if the government wanted to occupy itself with it, it would only have an embarrassment of choice. Production, exchange and consumption are the three principle modes of forming, accumulating and preserving wealth. Let one begin by organizing a first one of them, no matter which, the other two will immediately follow.
— Pardon me, but that will not suffice: for that has been tried without success. [John Francis] Bray in 1839 sought to resolve the problem of labor, beginning by organizing production. Before establishing his system of operation, he wrote an extremely remarkable book titled: Labour’s Wrongs and Labour’s Remedy, where he proved that by producing with harmony and selling products at cost-price, the proletariat was going to disappear. He created some bazaars and shops at Leeds and Sheffield, where all the products were stored. Well! even if he offered them at a price well below what they had sold for elsewhere, they were not bought. His attempt has failed with a loss for all those who had promoted it of six hundred thousand pounds sterling.
— The error of Bray was to believe that he could free individual exchange of its antagonistic elements. He hoped to find an egalitarian relation between production and consumption; but as that egalitarian relation foreseen by Bray can be found only on the condition:
1 of abandoning individual exchanges to a center of consumption which pays to the producer only the value of the labor made on an object and not the substratum of the object;
2 of paying it only still with bills of exchange or circulation: currency which carries with it no intrinsic value; but the certainty that the value that it represents is available and at the service of its holder; he has not succeeded.
— Then, according to you, then thing is not bad; it has only been badly begun?
— And badly maintained by those who had an interest in it. It is unfortunate. But as everything requires an apprenticeship; this has served as a lesson.
— Proudhon, ten years later, taking up again the ideas of Bray, founded his Bank of the People. He wanted to begin with exchange. How did it work out? No better than the others, however strong it was in social economy; it is not knowledge that it lacked.
— If the bank of Proudhon failed, it is because the French government imprisoned Proudhon; when it had seen that his bank had begun to have adherents who took the thing seriously. One had understood why Bray had not succeeded. Jules Lechevalier, in joining with Proudhon, had demonstrated the practical means to make his bank serve the associations of production; no one can thus claim that it would not have succeeded, if the government had not come to destroy it, because all of its adherents were socialists. Supposing even that one would have to modify several of it statutes and change on several points the manner in which it had first commenced its operations, Proudhon was a good enough financier to see, at the first obstacle which presented itself, what would have had to be done to surmount it. Except that here as everywhere, the idea has been crushed in the egg; then one has said: it is wrong.
— I do not speak to you of consumption. You have said that the Socialists were in 1848 like a fish out of water. However, nothing restricted those who had opened social stores. Many made themselves grocers, merchants of all sorts of things. What remains?
— The centers of consumption were not hindered in their sales? they were only closed for political reasons; but if they had been left perfectly tranquil, they would not have succeeded better than the bazaars of Bray. They were based on the same principle and, as I have already said to you, left at the mercy of individual exchanges, with all their elements of antagonism, and under the responsibility of a few guys managing who were not able to do better. Also it is the mode of resolving the problem which has still really not been tried, consequently that by which, in my opinion, it would be necessary to begin.
— Do you think that it offers more chance than the others?
— More ease.
— A center of consumption established and functioning with a certain success, how would it come to make arise the two other means to produce and exchange?
— It would only have to obey necessity, which would reveal each day what it has to do. If a center of consumption sold each day, I suppose, enough garments, enough hats, enough shoes, enough of whatever object in order to occupy a dozen laborers, in whatever industry; one would immediately establish small centers of production, where the laborers would have at their disposition and under their own responsibility, some instruments of labor and material to fashion, to transform. As soon as one of these social workshops was created; it would be necessary to debit the workers for what one furnished to them and credit them for the labor they had done; then to pay and to settle on both sides. These transfers of account, these payments for work done, these settlements for raw materials supplied would give rise quite naturally to the Bank of Exchange of which so many people have spoken and that so few have understood.
— I begin to see your utopia a bit more clearly. You would make of the world an immense hive where all men are producers, and equals. They would all have more than is necessary; must it is all over for the great fortunes and their magnificent dispensers., We would all be in a modest affluence; but none would be so rich as to things on a grand scale. As it is to the rich, after all, that we owe the great things that develop the intelligence and taste of the people; I fear that instead of progressing, we would return to barbarism.
— Your fear, or rather your objection is the same as that of the old Romans to whom one spoke of freeing their slave; that of the lords and clergy who did not want to allow Communes to be established on their lands; that of the nobles and emigrants that the Revolution reduced to their just value; they all said that the changes called for would surely make the people decline. Every reform, according to them, was a deplorable invention; every change a misfortune. Everything must collapse. One raced towards poverty, misery. It is the opposite that has always occurred.
But let us suppose, by extraordinary chance, that men will produce only in order to consumer soberly; well! we will have a sober people, frugal even; but it will be dignified and free. We would have no more speculators piling up millions; but no one would die of cold, nor of poverty.
As for making those great things, such as palaces, theaters, museums, gardens, parks, libraries, etc., etc., that the rich alone can build in our times by whittle away the portion of labor, society will be able to do it better than the richest of its children; and it will establish them, no longer for a few, as they are presently, but for instruction and pleasure of all.
TROISIÈME SOIRÉE
— Nous avons reconnu que tout ce qui coute le moindre effort à l’homme doit lui être rétribué; et que cette rétribution crée la propriété. Ceci admis ; la question est donc de savoir, si cette propriété peut être autre chose que l’équivalant consommable qu’un individu obtient en échange de son travail, ou si le producteur pourra posséder en propre le produit dont il aura façonné le substratum? Eh bien, je n’hésite pas à déclarer que si le producteur reste maître de l’objet qu’il a fabriqué, la matière sur laquelle il a exercé son savoir ayant couté quelque effort à d’autres, le prix fût-il des plus minimes relativement au coût de l’objet fini, on ne change rien à l’ordre de choses établi. Quelque réforme, quelque amélioration qu’on cherche à apporter dans les relations économiques de la société, elles seront illusoires ; mais si, au contraire, le producteur n’est propriétaire que de la rétribution qui lui a été payée en échange de son travail ; tout est changé. Il n’y a plus de misère involontaire.
— Mais si on n’est pas maître de l’objet qu’on aura façonné, sur lequel on aura appliqué son savoir ; personne ne se passionnera pour son travail et tout périclitera.
— Pourquoi ? Est-ce que les architectes, les maçons, les charpentiers ; les peintres, les tapissiers, etc., sont maîtres des bâtiments qu’ils ont construits ? Les professeurs ont-ils un droit de plus-value sur les ouvrages dés hommes dont ils ont façonné l’entendement? Les inventeurs et tous ceux qui font des découvertes utiles ne les font-ils connaître au public qu’à la condition de les exploiter eux-mêmes? Ne sont-ils pas, au contraire, seulement rétribués de leurs efforts ; et la plus grande récompense, celle qu’ils préfèrent à toutes les autres, n’est-ce pas l’estime du public qui les a compris? Tout le monde travaillera donc avec ardeur ; dès qu’au crédit privé, individuel, on aura substitué un capital social faisant au travail l’avance des matériaux et des instruments dont il a besoin; dès que la. part de ce capital ne dépassera plus le montant de ses avances. Ce qui permettra au travail de prélever une plus forte part, sans empiéter sur ce qui revient de droit à la Sécurité.
— La Sécurité a une part dans la distribution des richesses: avez-vous dit, et par la Sécurité, vous entendez l’administration des intérêts généraux Maintenant vous ajoutez que cette part lui revient de droit et que le travail y est étranger.
Sur quoi a-t-elle done un droit si respectable si distinct ?
— Sur la rente provenant d’une qualité quelconque attachée à un produit utile, qui donné par la nature, n’a couté ni soins, ni peine a hommes,
— Comment lèvera-t-on la rente et à quoi l’appliquera-t-on ?
—Elle sera levée sur le prix du produit de livré au consommateur, déduction faite de ce qu’il aura couté de rétribution d’efforts humains : ce sera la valeur socialisée du substratum des objets évalués par l’offre et la demande qui en fera le fond. On le fera servir à l’entretien des écoles, des tribunaux, des routes, des ponts, rivières, canaux, ports etc., à l’augmentation du capital social; et contrairement aux assertions erronées des économistes qui confondent le travail avec la matière sur laquelle on l’a appliqué, chacun pourra consommer tout le fruit dé son travail, sans crainte d’appauvrir la société, sans diminuer son capital reproductif.
— C’est encore de la théorie pure, et quoique ce ‘que vous. venez de me dire me paraisse assez praticable ; j’avoue ne pas comprendre encore comment los producteurs vont se mettre à l’œuvre, ni comment l’avance des instruments de travail et de la matière sur laquelle ils auront à opérer, va leur être faite.
Le travail sera-t-il fait personnellement, en commun, par groupe, par série?
Qui distribuera ce capital social destiné aux avances à faire au travail; où est la garantie qu’il ne sera pas dévoré?
A qui appartiendront ces produits industriels que vous retirez aux producteurs, pour leur en payer ‘seulement: la valeur avis y auront ajoutée ?
Le commerce avez-vous dit sera transformé en un échange de valeurs, ce n’est pas bien clair pour moi,’encore; mais enfin sera-t-il centralisé? .
Les marchés seront disciplinés et correspondront, dans un rayon donné, avec d’autres centres, afin d’être renseignés et probablement aussi de se ramifier à un centre spécial.
Comment cela se fera-t-il: vous ne me l’avez pas encore indiqué.
— Veuillez m’adresser une question à la fois, comme vous en aviez l’intention d’abord et j’essaierai d’y répondre.
— Qu’entendez-vous par un centre social de production ?
— Un lieu de production quelconque, tel que maison, ateliers agricole ou manufacturier, carrière, navire, magasin etc., appartenant à tous en général et à personne en particulier, où du travail s’accomplit.
— Comment la production y est-elle organisée ?
— Généralement par groupe, par série, quelquefois aussi, par individu.
— À qui appartient la matière qu’on y façonne et les instruments de travail dont on se sert?
— À tous en général, à personne en particulier; sauf certaines exceptions tendant à disparaître de jour en jour.
— Ai-je le droit, moi, simple particulier de m’emparer de ces instruments ?
— Vous avez le droit d’en user, s’ils sont inoccupés et si votre travail l’exige.
— Qu’est-ce qui peut m’appartenir ?
— Les fruits de votre travail.
— Qu’entendez-vous par ce mot Travail ?
— Je vous l’ai dit déjà, l’application de vos facultés physiques et intellectuelles à faire quelque chose d’utile à façonner un objet quelconque,
— Et par les fruits de mon travail?
— La rétribution qui vous est donnée pour cette application.
— Comment se fait cette rétribution ?
— Par des bons d’échange ou de circulation.
— Qu’est-ce qu’un bon d’échange?
— Le signe représentatif d’une utilité créée, la reconnaissance d’un service rendu, d’un travail effectué; la monnaie, en mot, servant aux transaction sociales, aux de toute nature.
— Mais pour payer en bons d’échange, il faut que préalablement on ait déterminé la valeur et fixé le prix du travail ?
— Sans contredit.
— Comment peut-on le faire, si, comme les économistes le soutiennent, la mesure de la valeur n’existe pas; si elle n’est pas constituée ; ou si la valeur n’est que le simple rapport de deux services échangés ?
— La valeur du travail et point de l’objet sur lequel il a été fait, ce qui est bien différent d’aujourd’hui, est déterminé par la durée de temps qu’on y a passé, l’attention qu’il a fallu y apporter, les désagréments qu’on a pu y rencontrer les dangers même qu’on a pu courir ; toutes choses dont le prix est en définitive fixé par l’offre et la demande.
— Que voulez-vous dire-par l’offre et la demande ?
— Par ces deux termes réunis, j’entends les deux éléments régulateurs du marché, la loi qui après avoir mis en présence la valeur vénale et valeur d’utilité, règle entre tous les compétiteurs le prix de toute opération, de toute transaction, de tout produit, de tout service, de toutes choses, en un mot.
— Pourquoi payer en bon d’échange et point en or et en argent, comme aujourd’hui.
— Parce que l’or et l’argent qui sont peut-être ‘ce qu’il y a de meilleur comme instrument d’é‘change aujourd’hui, seraient inutiles et même nuisibles aux échanges d’une société qui‘a pour base la Justice et pour pivot l’Égalité des conditions.
— Qu’est-ce donc que cette nouvelle monnaie?
— Un signe, un symbole et non une utilité. Un signe émis par la société et ne lui coutant presque rien, représentant la richesse échangeable du pays et ne rapportant aucun intérêt, dont la quantité d’émission ne puisse être fixée, ni monopoliser, ni déconsidérée, ni trop évaluée par personne ; mais mathématiquement équilibrée par les produits, valeurs et services échangeables que ce signe représente.
— Comment l’or et l’argent peuvent-ils nuire aux transactions économiques de la société usure ?
— Si vous faites d’un métal quelconque un étalon de la valeur qui puisse être possédé par des particuliers comme aujourd’hui, sans rien perdre de sa valeur, lorsque toutes les autres marchandises y sont sujettes, vous rompez l’équilibre et l’harmonie de l’échange. Vous créez une marchandise privilégiée et vous recommencez les errements d’autrefois, où il y avait des terres nobles, des métiers nobles, des hommes nobles; vous faites une marchandise noble.
— Votre signe d’échange ne rapportera donc aucun intérêt ?
— Peut-être perdra-il de sa valeur, au contraire, s’il n’est dépensé dans un laps de temps fixé, selon les nécessités de la nouvelle organisation.
— Que fera-t-on donc des métaux précieux ?
— Toutes sortes d’objets de première nécessité d’abord ; puis d’autres plus où moins frivoles qui iront au marché ; où chacun pour se les procurer.
—Si la demande de ses objets en dépasse la fabrication ?
— Alors, ils auront une plus grande valeur d’échange et leur prix augmentera. Il en sera de même pour tous les produits qui, soumis aux fluctuations du marché, ne seront pas assez nombreux pour satisfaire à toutes les demandes; on les vendra certainement plus chers qu’ils n’auront coute de travail ?
— Vous conservez la rente ?
— Avec cette différence qu’elle sera levée au profit de la société et point comme aujourd’hui en faveur d’une classe de propriétaires qui en profitent au détriment de tous : car je vous l’ai fait remarquer, la rente provenant des services productifs de la nature, par des qualités qui restent attachées à un produit, après qu’on en à déduit tout ce qui peut être considéré comme le le travail de l’homme, serait perçu par la société et remplacerait les impôts.
— Qu’entendez-vous par ces mots services productifs de la nature?
— La gravitation, l’électricité, l’élasticité des gaz, de l’air, de la vapeur, la chute des corps, la force des vents , des animaux, la fertilité des mines, des terrains, la chaleur même que ces derniers reçoivent du soleil, par leur exposition et par leur hauteur au dessus du niveau de la mer ; enfin tout ce qui peut aider l’homme à produire, ou pour parler plus exactement, avoir une utilité quelconque à ses yeux.
— Il y a dans votre énumération des choses qui ne sont pas du tout gratuite : ls vapeur, par exemple ?
— Quoique votre objection paraisse juste, ke p’en maintiens pas moins mon dire ; parce que si, par la découverte d’un procédé, d’une machine, d’une force nouvelle on parvient à faire extraire : cultiver, fabriquer, transporter et échanger, pour ls même dépense d’efforts humains, en un jour, ce qui en coutait dix auparavant, on a rendu gratuit les neuf dixièmes de la valeur du travail de ces produits relativement à leur prix précédent.
— Ceci nous conduit droit à ls communauté…
— A la gratuité de beaucoup de choses: oui au communisme, non : vu que tout effort humain pour produire et aider à la satisfaction des nos besoins doit être rétribué ; et que le travail, étant tout ce qu’il y a de plus personnel, crée la propriété.
Plus les choses baisseront de prix, parce: qu’elles auront été exécutées par des forces que l’intelligence humaine aura su appliquer aux industries diverses, plus elles se rapprocheront de la communauté; mais à être complètement gratuites, l’effort humain personnellement rétribué l’empêcher toujours.
— J’admets que les dépenses pour l’entretien des écoles, des tribunaux, des routes, des ponts, de la sécurité publique, etc., soient couvertes parles valeurs provenant des services gratuits de la nature. Du reste, s’ils ne suffisaient pas, un tant pour cent d’augmentation sur les échanges y aurait bientôt pourvu; mais il n’y a pas que ces dépenses à payer dans une société qui s’améliore et progresse. Il y a d’immenses travaux d’utilité publique à faire qui nécessitent des sommes énormes. Si l’épargne est supprimée, où. trouvera-t-on les fonds qu’il faudra avancer pour faire exécuter les travaux qui prennent des années avant d’être achevés et de couvrir leurs dépenses ?
— Je n’ai pas dit qu’on ne ferait plus d’épargnes; j’ai dit que chaque travailleur pourrait 4 consommer tous les fruits de ses labeurs, sans crainte d’appauvrir la société, parce que, selon moi, le seul excédant qui reste aux mains des oligarques, n’est pas celui qui prévient des efforts humains ; mais celui que donne la nature et que la société qui doit le posséder pour que le peuple avait pas d’impôts à payer, laisse prendre aux riches. En supposant que l’épargne de chacun fut absolument nécessaire à l’accomplissement de grands travaux d’utilité publique; pourquoi manquerait-elle plus qu’aujourd’hui; serait-ce parce que leg travailleurs seraient mieux rétribués de leurs efforts et qu’il ne serait plus possible à de riches agioteurs de faire payer à la nation : les travaux publics vingt-cinq pour cent de plus “qu’ils ne valent réellement? Parce que les hommes seraient dans l’aisance, auraient-ils moins de prévoyance? Mais il n‘y-a rien, au contraire, comme le bien être pour engendrer des désirs, et les ‘désirs la prévoyance.
Dès qu’un homme est un peu aisé, il pense à orner son intérieur, à voyager, à procurer quelques plaisirs aux siens et à lui-même. Or il devine bien vite qu’il ne peut rien, s’il n’a pas par devers lui, de quoi faire face à toutes des éventualités et à tous les accidents de la vie.
Pour y parer, il n’y a qu’un moyen ; c’est de faire comme la fourmi, d’amasser, pour ensuite faire de ses economies l’usage qui lui en parait le plus convenable.
Les economies faite, il peut les lui voler, s’il peut les met en sûreté. Il est donc plus que probable; il est même certain qu’il les mettra en sureté. Eh bien, c’est ce lieu de sureté, recevant de ceux qui amassent et le leur rendant quand ils veulent dépenser qui, s’il en était besoin, pourrait faire l’avance du capital nécessaire aux entreprises d’utilité publique, de longue exécution.
— Voilà la caisse d’épargne on de dépôt, comme vous voudrez l’appeler, conservée ; mais les fonds pourront manquer, si à an moment de panique, les demandes de remboursements sont plus considérables que les dépôts.
— Les paniques viennent du manqué de confiance qu’on a dans les billets, notes, lettres de change, etc., qui représentent des noms au lieu de valeurs réelles. Or, comme la monnaie fiduciaire sera abolie; je ne vois pas ce qui pourrait faire naître les paniques, d’autant mieux que c’est la nation qui serait responsable des dépôts, et qu’elle ne pourrait rien faire perdre à personne : ses revenus étant assurés ‘par la facilité qu’elle aurait de régler la production sur son écoulement au prix normal. En supposant même, que non seulement les travaux d’utilité publique : absorbent beaucoup de millions ; mais que des incendies aient détruit pour des mois de travail, les dépositaires en seraient quite pour attendre tout au plus quelques jours, si jamais ils étaient obligés d’attendre, jusqu’à ce qu’on ait vu de combien on aurait augmenter le prix du substratum des objets.
Ces caisses d’épargne on de depot ne seraient pas comme aujourd’hui, des institutions obligées de faire valoir leurs fonds pour en payer les intérêts; il n’y aurait plus d’intérêt à payer, plus d’usure, ni d’une part, ni de l’autre, et chaque bon d’échange valant, tant d’heures et tant de minutes de travail, serait mis de côté et conservé avec soin.
— Qu’en ferait-on donc ?
— Ce qu’on fait des billets de banque dans les banques de dépôts et de consignation. Chaque individu portant à la caisse ses épargnes, les verrait inscrire sur le livre des dépôts, à son nom et avec le numéro de son livre, sur lequel on les inscrirait également; de façon à ce que l’un servit de contrôle à l’autre et pût rétablir les comptes en cas d’accident. Lorsque le déposant voudrait retirer ses épargnes, il ferait un check signé de son nom et de son numéro d’immatriculation qu’on paraît à vue, après avoir examiné s’il est correct‘ on bons d’échange, jusqu’à concurrence de la quantité d’heures de travail qu’il aurait indiqué ; si elle ne dépassait pas le montant de ses dépôts.
Avec ces bons, il pourrait acheter tout ce qui serait mis à la disposition des consommateurs, dans la mesure de ses ressources. Comme vous voyez, les socialistes ne détruisent pas tant de choses que vous l’avez pensé d’abord. Ils modifient le pivot de l’échange et de l’épargne, en supprimant l’usure et le privilège qu’ont les riches de battre monnaie; et ils empêchent les propriétaires et les accapareurs des agents naturels de la production, de les convertir en monopole.
— Vous ne détruisez pas le monopole; vous le faites passer dans les mains de la société.
— C’est le détruire que de le soumettre aux variations de l’offre et de la demande et de n’en tirer aucun profit forcé.
— Pas précisément ; mais ils sont moins terribles que lorsqu’ils servent à augmenter seulement la richesse de quelques individus.
— À propos de check, vous m’avez parlé d’immatriculation; est-ce que le nom de chaque citoyen sera immatriculé ?
— Il le faudra bien, si l’on veut se passer de police et cependant se garantir des vauriens.
Aujourd’hui la bigamie, le rapt, l’escroquerie, le vol, etc., sont faciles à commettre et difficiles à réprimer. Souvent celui qui a fait un mauvais coup disparait, change de nom et de pays et va continuer ses coquineries ailleurs, avec plus de sûreté. Il faut donc qu’à l’avenir un homme ne puisse plus se donner pour ce qu’il n’est pas, et qu’à laide de son numéro d’immatriculation, partout où il se présente, la responsabilité de ses actes vienue l’y trouver.
— Cette façon de retrouver partout celui qui ne serait pas en règle, soit avec son centre de production, soit avec la caisse des dépôts, soit avec toute autre institution sociale, serait moins brutale, moins onéreuse et beaucoup plus efficace que celles de la police et de la gendarmerie.
— Il faudrait pour y échapper, s’exiler.
— Vous avez dit aussi que la société règlerait la production selon son écoulement au prix normal. Qu’est-ce que cela signifie?
— Cela signifie qu’elle connaîtrait les besoins du marché, qu’elle dirigerait la production de façon à les satisfaire et que sitôt qu’un objet passerait de mode ou d’utilité, on en ferait plus: car vendu à prix de coût, il y aurait perte s’il ne s’écoulait plus.
— Si un produit devient rare parce qu’il sera plus demandé qu’offert, sera-t-il vendu plus cher?
—Je crois vous avoir déjà dit que oui. Du reste il le faudra bien, si on ne veut pas que les premiers arrivés, les pius près voisins en jouissent exclusivement.
— Ici c’est l’offre et la demande qui combattent le privilège; mais ce profit n’est-il pas un monopole ?
— C’est la quantité de demandes qui en rehaussera le prix; cela est inévitable ; mais il n’y aura pas d’injustice.
— N’y aura-t-il pas d’autres monopoles, dans la société future ?
— Il y en aura le moins possible ; cependant il y en a un avec lequel il faudra toujours compter : c’est le monopole naturel; celui du génie, du talent, du savoir et de l’habileté des savants, des inventeurs et des artistes; puis un autre: celui qui consiste en ce que la nature donne en qualité à des choses utiles et peu abondantes. Quand il sera du à l’habileté humaine, il ne pourra se régler, par l’offre et la demande, qu’à l’avoir de l’individu ; mais quand on le devra aux dons gratuits de la nature; c’est la société qui en profitera.
Quant aux monopoles artificiels qui consistent, lorsqu’on est le maître d’un article.sur le marché, à en élever le prix d’une façon arbitraire, il ne sera plus possible, lorsque la société se chargera des échanges et ne laissera pas dans les mains des capitalistes , les mines, les voies ferrées , les canaux, les échanges, toutes les propriétés, en un mot, qui sont indispensables à la reproduction des richesses.
— Pourquoi vos bons de circulation seront-ils de tant d’heures et de tant de minutes, au lieu de tant de francs et de centimes ?
— Parce qu’une fois la société en pleine activité, il serait plus facile.et plus naturel de rétribuer les efforts humains à l’heure et à la minute. Cela ferait mieux comprendre que la valeur attachée à un objet qui ne coûte pas de travail humain ne peut être payé à un individu : c’est la société qui doit en avoir le profit.
— Ce serait une chose fâcheuse : car il faudrait supprimer lé système décimal et se remettre à compte par douzaine, comme autrefois.
— On pourrait sans danger le mécanisme du système décimal, reprendre le système duodécimal qui donne dans l’unité la demi, les tiers et les quarts : ce que ne comporte pas le système décimal actuel, en ajoutant deux chiffres de plus, c’est-à-dire en en ayant douze au lieu de dix : ce qui porterait le nombre cent, qui le premier prend trois chiffres à cent quarante quatre qui lui aussi, ne représenterait plus la même quantité. Il est probable que cette réforme arithmétique et l’usage de payer en heures et en minute ferait modifier la distribution de la journée ; c’est-à-dire que la journée serait de douze heures au lieu de vingt-quatre et que les heures seraient de cent-quarante-quatre minutes au lieu de soixante, pour se conformer au mécanisme du système décimal nouveau. Minutes dont la distribution de la durée de chacune d’elles serait mise d’accord avec le tour de notre globe.
—Mon cher, voilà de l’ouvrage pour les horlogers et pour les mathématiciens. Je comprends, vous êtes pour le droit au travail ; vous leur en préparez.
— Du reste ces deux réformes sont les moins urgentes de toutes.
— Je vous crois. Mais revenons à la question plus grave, celle de savoir à qui appartiendra ce qu’on appelle les biens de la terre.
Si les services de la nature appartiennent à tous; si la terre n’est plus considérée que comme un instrument de travail; le propriété est détruite,
— La propriété n’est pas détruite, puisque tout homme doit être rétribué personnellement, en vertu du droit indubitable qu’il a sur son travail. Seulement la propriété terrienne que Scrope appelle « une restriction mise à la jouissance des dons que la nature avait destinés à la satisfaction des besoins de tous, » disparait comme une mesure inique. La propriété, comme toute chose qui veut être respectée, ne doit pas reposer sur un injustice. Or, quelle est l’opinion des économistes, relativement à la propriété ? Je ne parle pas de ceux qui ont écrit depuis la Révolution de 1848 ; la République de Février les a épouvantés. Ils en sont devenus bêtes. Je parle de ceux qui ont écrit avant et, aussi, des hommes qui, aimant la vérité pour elle même, ont enseigné, sans ménagement comme sans parti pris, tout ce que leur conscience honnête leur dictait, Eh bien ! leur opinion est que la propriété est une nécessité sociale. Or, une nécessité sociale peut se modifier, se transformer et même disparaître devant une nouvelle nécessité sociale. qui mérite plus de considération que son ainée.
— La propriété est un droit naturel à l’homme.
— Nous sommes d’accord, si par la propriété vous entendez la rémunération des efforts de l’homme; maos la propriété terrienne n’a été et n’a pu être qu’une nécessité sociale reconnue telle par les hommes célèbres qui en ont parlé et dont voici quelques citations.
SULLY,
«En arrêtant sa pensée sur la société et sur ses rapports, on est frappé d’une idée générale qui mérite bien d’être approfondie; c’est que presque toutes les institutions civiles ont été faites pour les propriétaires. On est effrayé, en ouvrant le code des lois, de n’y découvrir par tout que lé témoignage de cette vérité. On dirait qu’un petit nombre d’hommes, après s’être partagé la terre ont fait des lois d’union, et de garantie contre la multitude, comme ils auraient mis des abris dans les pois pour se défendre des bêtes, sauvages… Apres, avoir établis les lois de propriété, de justice, de liberté. On a presque rien faire encore pour la classe la plus nombreuse des citoyens. — Que nous importe vos lois de propriété pourraient-ils dire ? Nous ne possédons rien. — Vos lois de justice ? Nous n’avons rien à défendre. — Vos lois de liberté ? Si nous ne travaillons pas, demain nous mourons.
PASCAL
Vous tenez ses riches de vos ancêtres, M. Le duc, mais n’est-ce pas par mille hazards qu’il les ont acquises et qu’il vous les ont conservées ? Vous imaginez-vous aussi que ce soit par quelques lois naturelles que ces biens ont passé de vos ancêtres à vous? Cela n’est pas, véritable. Cet. ordre n’est fondé que sur la volonté des législateurs qui ont pu avoir de bonnes raisons pour l’établir ; mais dont aucune, certainement n’est prise d’un droit aqua vous avez sure ces choses.
BOSSUET par la voix de LOUIS XIV
Tout ce qui se trouve dans nos états, de quelque nature que ce soit, nous appartient. Les deniers qui sont dans notre cassette, ceux qui demeurent entre les mains de nos trésoriers et que nous laissons dans le commerce de nos peuples. Vous devez donc être persuadé que les rois sont seigneurs absolus et ont naturellement, la disposition pleine et libre de tous les biens qui sont possédés tant par les gens d’église que par les séculiers.
MONTESQUIEU
Justinien appelle barbare le droit de succéder des males au préjudice des filles. Ces idées sont venues de ce qu’on a regardé le droit des enfants de succéder à leur père, comme une conséquence de la loi naturelle. Ce qui n’est pas.
J. J. ROUSSEAU.
ce que l’homme perd par le contrat social ; c’est la liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu’il peut atteindre ; ce qu’il gagne, c’est la liberté civil et la propriété de tout ce qu’il possède. Pour ne pas se tromper dans ces compensations , il faut bien distinguer la liberté naturelle, qui n’a pour bornes que les forces de de l’individu, de la liberté civile qui est limitée par la liberté générale, et la possession qui n’est que l’effet de la force ou le droit du premier occupant, de là propriété qui ne peut être fondée que sur un titre positif.
MIRABEAU
Ce qui est universellement adopté, peut être regardé aisément comme un principe pris dans la nature. Des erreurs bien plus grossières ont échappé à la philosophie des légistes. Il n’est aucune partie du sol, aucune production spontanée de la terre, qu’un homme ait pu s’approprier, à l’exclusion d’un autre homme. Ce n’est que sur son propre individu, ce n’est que sur le travail de ses mains, sur le cabane qu’il a construite sûr l’animal qu’il a abattu, sur le terrain qu’il a cultivé, ou plutôt sur la culture même, sur le produit, que l’homme de la nature peut avoir un vrai privilège. Dès le moment qu’il a recueilli le fruit de son travail, le fond sur lequel il a déployé son industrie retourne au domaine et redevient commun à tous les hommes. Voilà ce que nous enseigne les premiers principes des choses. Nous pouvons donc regarder le droit de propriété comme une création sociale.
J. B. SAY,
Les terres cultivables sembleraient devoir être |’comprises parmi les richesses naturelles, puisqu’elles ne sont pas de création humaine et que la nature les donne gratuitement à l’homme ; : mais comme cette richesse n’est pas fugitive ainsi que l’air et l’eau comme un champ est un espace fixe et circonscrit que certains hommes ont pu s’approprier à l’exclusion de tous les autres qui ont donné leur consentement à cette appropriation, (où et quand M. Say ?) la terre d’un bien naturel et gratuit qu’elle était, est devenue une richesse sociale dont l’usage a du se payer, »
Et en effet on l’a payé et on le paye encore dit Sénior « à ceux qui s’étant emparé dés agents naturels, reçoivent sous forme de rente une récompense, sans avoir fait de sacrifices ; leur rôle se borne à tendre la main pour recevoir les offrandes du reste de la communauté. »
Aujourd’hui on découvre que beaucoup d’appropriation reconnues légitimes jusqu’à ce jour reposent sur une injustice. On s’aperçoit que les machines vision du travail, si utiles à l’augmentation de richesse, au lieu d’élever la condition des travailleurs leur sont funestes, les rabaissent, les font décheoir et passer sous Ja meule du salariat, parce qu’au lieu de produire pour le compte et l’intérêt de tous, elles ne fonctionnent que dans l’intérêt de leurs propriétaires ; on sort donc des idées reçues, pour chercher un nouveau mode de production différent de l’ancien ; et il faudrait être imbécile, pour ne pas s’en occuper.
Puis que deviendrait une société qui, pour ne pas être inquiétée dans son égoïsme, voudrait toujours pivoter sur la même idée, quand tout se modifie, progresse et grandit dans le monde : elle mourrait ?
Il faut donc aller au progrès.
— Oui ! Mais qu’est-ce que le Progrès?
THIRD EVENING
— We have recognized that everything that costs man the slightest effort must be rewarded; and that this remuneration creates property. This admitted; the question is therefore to know if this property can be something other than the consumable equivalent that an individual obtains in exchange for his work, or if the producer can own the product of which he has shaped the substrate? Well, I do not hesitate to declare that if the producer remains master of the object he has manufactured, the material on which he has exercised his knowledge having cost others some effort, however minimal relative to the cost of the finished object, nothing changes in the established order of things. Whatever reform, whatever improvement we seek to bring about in the economic relations of society, will be illusory; but if, on the contrary, the producer is only the owner of the remuneration that was paid to him in exchange for his work, everything is changed. There is no more involuntary poverty.
— But if we are not master of the object that we have shaped, to which we have applied our knowledge;,no one will be passionate about their work and everything will collapse.
— Why? Are architects, masons, carpenters; painters, upholsterers, etc. masters of the buildings they have constructed? Do professors have a right of added value from the labors of men whose understanding they have shaped? Do inventors and all those who make useful discoveries make them known to the public only on the condition of exploiting them themselves? Are they not, on the contrary, only rewarded for their efforts; and is not the greatest reward, the one they prefer to all others, the esteem of the public who have understood them? Everyone will therefore labor with ardor as soon as private, individual credit is replaced by social capital providing labor with the materials and instruments it needs, as soon as the share of this capital will no longer exceed the amount of its advances. This will allow labor to take a larger share, without encroaching on what is rightfully owed to Security.
— Security has a portion in the distribution of wealth, you jave said, and by Security you mean the administration of general interests. Now you add that portion belongs to it by right and that labor is foreign to it.
Over what then does it have such a respectable and distinct right?
— On the rent coming from any quality attached to a useful product, which given by nature, has cost neither care nor trouble to men.
— How will we levy the rent and what will we apply it to?
— It will be levied on the price of the product delivered to the consumer, after deduction of what it will have cost in remuneration for human efforts: it will be the socialized value of the substratum of the objects evaluated by supply and demand which will make its basis. It will be used for the maintenance of schools, courts, roads, bridges, rivers, canals, ports etc., for the increase of social capital; and contrary to the erroneous assertions of economists who confuse labor with the material on which it is applied, everyone will be able to consume all the fruit of their labor, without fear of impoverishing society, without reducing their reproductive capital.
— It’s still pure theory and, although what you just told me seems quite practicable to me, I admit that I do not yet understand how the producers will get to labor, nor how the advance of the working instruments and the material on which they will have to operate will be made to them.
Will the work be done individually, jointly, in groups, in series?
Who will distribute this social capital intended for advances to be made to labor; where is the guarantee that it will not be devoured?
Who will own these industrial products that you take from the producers, paying them only for the value added to them?
Trade, you said, will be transformed into an exchange of values. This is not very clear to me, yet, but, ultimately. will it be centralized?
The markets will be disciplined and will correspond, within a given radius, with other centers, in order to be informed and probably also to branch out to a special center.
How this will be done? You have not yet told me.
— Please ask me one question at a time, as you originally intended, and I will try to answer it.
— What do you mean by a social center of production?
— Any place of production, such as a house, agricultural or manufacturing workshops, quarry, ship, store, etc., belonging to everyone in general and to no one in particular, where labor is accomplished.
— How is production organized there?
— Generally by group, by series, sometimes also individually.
— Who owns the material that we shape there and the instruments of labor that we use?
— Everyone in general, and no one in particular, except for certain exceptions that tend to disappear day by day.
— Do I, a simple individual, have the right to seize these instruments?
— You have the right to use them, if they are unoccupied and if your work requires it.
— What could possibly belong to me?
— The fruits of your labor.
— What do you mean by this word Labor?
— I have already told you, the application of your physical and intellectual faculties to do something useful to shape any object.
— And by the fruits of my labor?
— The remuneration given to you for this application.
— How is this remuneration made?
— By exchange or circulation vouchers.
— What is a voucher?
— The representative sign of a utility created, the recognition of a service rendered, of labor carried out; currency, in short, used for social transactions of all kinds.
— But in order to pay in exchange vouchers, we must first have determined the value and fixed the price of the labor?
— Indisputably.
— How can this be done if, as economists maintain, the measure of value does not exist; if it is not constituted; or if value is only the simple ratio of two services exchanged?
— The value of the labor and the object on which it was done, which is very different today, is determined by the length of time spent on it, the attention that had to be given to it, the inconveniences that one may have encountered there, the dangers that one may have run: all things whose price is ultimately set by supply and demand.
— What do you mean by supply and demand?
— By these two terms combined, I mean the two regulatory elements of the market, the law which, after having brought together market value and utility value, regulates between all competitors the price of any operation, of any transaction, of any product, any service, in a word, anything.
— Why pay in vouchers and not in gold and silver, like today.
— Because gold and silver, which are perhaps the best instruments of exchange today, would be useless and even harmful to the exchanges of a society which has Justice for a basis and Equality of conditions as the pivot.
— So what is this new currency?
— A sign, a symbol and not a utility. A sign issued by society and costing it almost nothing, representing the exchangeable wealth of the country and earning no interest, the quantity of issue of which cannot be fixed, nor monopolized, nor discredited, nor overvalued by anyone; but is mathematically balanced by the exchangeable products, values and services that this sign represents.
— How can gold and silver harm the economic transactions of society?
— If you make any metal a standard of value which can be possessed by individuals as today, without losing any of its value, when all other commodities are subject to it, you upset the balance and the harmony of exchange. You create a privileged commodity and you repeat the mistakes of the past, where there were noble lands, noble professions, noble men. You make a noble commodity.
— So your sign of exchange will not bring any interest?
— Perhaps it will lose its value, on the contrary, if it is not spent within a fixed period of time, according to the needs of the new organization.
— So what will we make with the precious metals?
— All kinds of basic necessities first; then others more or less frivolous objects that will go to the market, where everyone can get them.
— If the demand for its objects exceeds the manufacture?
— Then they will have a greater exchange value and their price will increase. It will be the same for all the products which, subject to market fluctuations, will not be numerous enough to satisfy all demands. We will certainly sell them for more than they cost in labor.
— Do you keep the profit?
— With this difference that it will be levied for the benefit of society and not, like today, in favor of a class of owners who benefit from it to the detriment of all: because, as I pointed out to you, the rent coming from the productiv services of nature, by qualities which remain attached to a product, after all that can be considered as human labor has been deducted, would be collected by society and would replace taxes.
— What do you mean by these words productive services of nature?
— Gravitation, electricity, the elasticity of gases, air, steam, the fall of bodies, the force of winds, of animals, the fertility of mines, of land, the very heat that these latter receive from the sun, by their exposure and by their height above sea level; finally everything that can help man to produce, or to speak more precisely, have any utility in his eyes.
— There are things in your list that are not at all free: steam, for example?
— Although your objection seems fair, I still maintain what I say; because if, through the discovery of a process, a machine or a new force, we manage to extract, cultivate, manufacture, transport and exchange, for the same expenditure of human effort, in one day, what previously cost ten, we made free nine-tenths of the value of the labor of these products relative to their previous price.
— This leads us straight to community…
— To the gratuity of many things, yes. To communism, no, given that all human effort to produce and help satisfy our needs must be remunerated and because work, being all that is most personal, creates property.
The more things fall in price, because they will have been carried out by forces that human intelligence will have been able to apply to various industries, the more we will approach community; but to be completely free, personally rewarded human effort will always prevent it.
— I admit that the expenses for the maintenance of schools, courts, roads, bridges, public safety, etc., are covered by the values coming from the free services of nature. Besides, if they weren’t enough, with so much percent increase on trade this would soon have been provided for; but there are not only these expenses to pay in a society that improves and progresses. There are immense works of public utility to be performed, which require enormous sums of money. If savings are eliminated, where will we find the funds that will have to be advanced to carry out the work that takes years to be completed and to cover their expenses?
— I didn’t say that we would no longer save; I said that each worker could consume all the fruits of his labors, without fear of impoverishing society, because, in my opinion, the only surplus that remains in the hands of the oligarchs is not that which prevents human efforts, but the one that nature gives and that society, which must possess it so that the people have no taxes to pay, lets the rich take. Assuming that the savings of each person were absolutely necessary for the accomplishment of great works of public utility; why would they be missed more than today? Could it be because workers would be better remunerated for their efforts and it would no longer be possible for rich stockbrokers to make the nation pay twenty-five percent more for public works than they are really worth? Because men would be well off, would they have less forethought? But there is nothing, on the contrary, like well-being to generate desires, and desires to produce foresight.
As soon as a man is a little well off, he thinks of decorating his home, of traveling, of providing some pleasure to his family and to himself. But he quickly guesses that he can do nothing if he does not have what he needs to deal with all the eventualities and all the accidents of life. To counter this, there is only one way; it is to do like the ant, to accumulate, and then to put his savings to the use which seems most suitable to him. The savings made, he can steal them, if he can keep them safe. It is therefore more than likely; it is even certain that he will put them in safety. Well, it is this place of safety, receiving from those who amass and returning it to them when they want to spend which, if it were necessary, could advance the capital necessary for public utility enterprises, over a long period of time. execution.
— Here is the savings or deposit bank, whatever you want to call it, preserved; but funds may be lacking if, at a time of panic, requests for reimbursement are greater than deposits.
— Panics come from the lack of confidence we have in notes, notes, bills of exchange, etc., which represent names instead of real values. Now, as fiat money will be abolished; I don’t see what could give rise to panic, especially since it is the nation which would be responsible for the deposits, and it could not cause anyone to lose anything: its income being assured ‘by the ease that’ it would have to regulate production based on its flow at the normal price. Even assuming that not only public utility works: absorb many millions; but if fires destroyed months of work, the depositaries would be happy to wait at most a few days, if ever they were obliged to wait, until we saw how much we would have increased the price of the substrate of objects.
These savings or deposit banks would not be, like today, institutions obliged to use their funds to pay interest; there would be no more interest to pay, no more usury, neither on one side nor the other, and each voucher worth so many hours and so many minutes of work, would be put aside and stored with care.
— So what would we do with it?
— What we do with bank notes in deposit and consignment banks. Each individual bringing his savings to the cash register would see them entered in the deposit book, in his name and with the number of his book, on which they would also be entered; so that one served as a check on the other and could restore the accounts in the event of an accident. When the depositor would like to withdraw his savings, he would make a check signed with his name and his registration number which appears on sight, after having examined whether it is correct or the exchange vouchers, up to the amount of the amount of working hours he would have indicated; if it did not exceed the amount of its deposits.
With these vouchers, he could buy everything that would be made available to consumers, within his resources. As you see, socialists don’t destroy as many things as you first thought. They modify the pivot of exchange and savings, by eliminating usury and the privilege that the rich have of minting money; and they prevent the owners and monopolists of the natural agents of production from converting them into monopolies.
— You are not destroying the monopoly; you pass it into the hands of society.
— It is destroying it to subject it to variations in supply and demand and not to draw any forced profit from it.
— Not precisely; but they are less terrible than when they serve only to increase the wealth of a few individuals.
— Speaking of check, you spoke to me about registration; will the name of each citizen be registered?
— It will be necessary if we want to do without the police and still protect ourselves from scoundrels.
Today bigamy, kidnapping, fraud, theft, etc., are easy to commit and difficult to repress. Often the person who has done something wrong disappears, changes his name and country and continues his rascality elsewhere, with greater security. It is therefore necessary that in the future a man can no longer present himself as what he is not, and that with the help of his registration number, wherever he appears, responsibility for his actions comes find it there.
— This way of finding everywhere anyone who is not in compliance, either with their production center, or with the deposit fund, or with any other social institution, would be less brutal, less expensive and much more effective than those of the police and the gendarmerie.
— To escape it, you would have to go into exile.
— You also said that the company would regulate production according to its flow at the normal price. What does that mean?
— This means that it would know the needs of the market, that it would direct production in such a way as to satisfy them and that as soon as an object went out of fashion or usefulness, more would be made of it: because it was sold at cost price, there would be a loss if it no longer flowed.
— If a product becomes rare because it will be more demanded than supplied, will it be sold at a higher price?
—I think I already told you yes. Besides, it will be necessary, if we do not want the first to arrive, the nearest neighbors, to enjoy it exclusively.
— Here it is supply and demand which combat privilege; but isn’t this profit a monopoly?
— It is the quantity of demand which will increase the price; this is inevitable; but there will be no injustice.
— Will there not be other monopolies in the future society?
— There will be as few as possible; however there is one with which we will always have to reckon: it is the natural monopoly; that of genius, talent, knowledge and skill of scholars, inventors and artists; then another: that which consists of what nature gives in quality to useful and not very abundant things. When it is due to human skill, it can only be regulated, by supply and demand, by the individual’s assets; but when we owe it to the free gifts of nature; it is society that will benefit.
As for artificial monopolies which consist, when one is the master of an article on the market, in raising its price in an arbitrary manner, it will no longer be possible, when society takes charge of exchanges and does not allow in the hands of the capitalists, the mines, the railways, the canals, the exchanges, all the properties, in a word, which are essential to the reproduction of wealth.
— Why will your circulation vouchers be for so many hours and so many minutes, instead of so many francs and centimes?
— Because once society is in full swing, it would be easier and more natural to reward human efforts by the hour and by the minute. This would make it clearer that the value attached to an object which does not cost human labor cannot be paid to an individual: it is society which must benefit from it.
— That would be an unfortunate thing: because we would have to abolish the decimal system and go back to counting by the dozen, as in the past.
— We could without danger the mechanism of the decimal system, take up the duodecimal system which gives in the unit the half, the thirds and the quarters: what the current decimal system does not include, by adding two more digits, is that is to say by having twelve instead of ten: which would bring the number one hundred, which the first takes three digits to one hundred and forty four which also would no longer represent the same quantity. It is probable that this arithmetic reform and the practice of paying in hours and minutes would cause the distribution of the day to change; that is to say that the day would be twelve hours instead of twenty-four and that the hours would be one hundred and forty-four minutes instead of sixty, to conform to the mechanism of the new decimal system. Minutes whose distribution of the duration of each of them would be in agreement with the circumference of our globe.
—My dear, this is work for watchmakers and mathematicians. I understand, you are for the right to work; you prepare it for them.
— Besides, these two reforms are the least urgent of all.
– I believe you. But let us return to the more serious question, that of knowing who will belong to what we call the goods of the earth.
If the services of nature belong to all; if the land is no longer considered only as an instrument of work; the property is destroyed,
— Property is not destroyed, since every man must be personally remunerated, by virtue of the indubitable right he has over his work. Only land ownership, which Scrope calls “a restriction placed on the enjoyment of the gifts which nature had intended for the satisfaction of the needs of all,” disappears as an iniquitous measure. Property, like anything that wants to be respected, must not be based on injustice. Now, what is the opinion of economists regarding property? I am not talking about those who have written since the Revolution of 1848; the February Republic terrified them. They became stupid. I am speaking of those who wrote before and, also, of the men who, loving the truth for its own sake, taught, without care or bias, everything that their honest conscience dictated to them. Well! their view is that property is a social necessity. However, a social necessity can modify, transform and even disappear in the face of a new social necessity. which deserves more consideration than its elder sister.
— Property is a natural human right.
— We agree, if by property you mean the remuneration of man’s efforts; maos land ownership was and could only be a social necessity recognized as such by the famous men who spoke about it and of whom here are some quotes.
SULLY,
“By thinking about society and its relationships, we are struck by a general idea which deserves to be explored in greater depth; This is because almost all civil institutions were made for owners. We are frightened, when opening the code of laws, to discover there only the testimony of this truth. It would seem that a small number of men, after sharing the land, made laws of union and guarantee against the multitude, just as they would have put shelters in the peas to defend themselves against wild beasts… After having established the laws of property, justice, freedom. We have almost nothing yet to do for the largest class of citizens. — What do your property laws matter to us, they might say? We don’t own anything. — Your laws of justice? We have nothing to defend. — Your laws of freedom? If we don’t work, tomorrow we die.
PASCAL
You get the wealth from your ancestors, Mr. Duke, but was it not by a thousand chances that they acquired them and kept them for you? Do you also imagine that it was by some natural laws that these goods passed from your ancestors to you? This is not true. This. order is only based on the will of the legislators who may have had good reasons to establish it; but none of which, certainly, is taken from an aqua right you are sure of these things.
BOSSUET by the voice of LOUIS XIV
Everything in our states, of whatever nature, belongs to us. The funds which are in our coffers, those which remain in the hands of our treasurers and which we leave in the commerce of our people. You must therefore be convinced that kings are absolute lords and naturally have full and free disposal of all property which is owned by both church people and secular people.
MONTESQUIEU
Justinian calls the right of males to succeed to the detriment of girls barbaric. These ideas came from considering the right of children to succeed their father as a consequence of natural law. Which is not.
J.-J. ROUSSEAU
what man loses through the social contract; it is natural freedom and an unlimited right to everything that tempts him and that he can achieve; what he gains is civil liberty and ownership of everything he owns. In order not to be mistaken in these compensations, we must clearly distinguish natural freedom, which is limited only by the strength of the individual, from civil freedom which is limited by general freedom, and possession which does not is that the effect of the force or the right of the first occupant, of the property which can only be founded on a positive title.
MIRABEAU
What is universally adopted can easily be regarded as a principle taken from nature. Much grosser errors have escaped the philosophy of legalists. There is no part of the soil, no spontaneous production of the earth, that one man has been able to appropriate, to the exclusion of another man. It is only on his own individual, it is only on the work of his hands, on the cabin he built on the animal he slaughtered, on the land he cultivated, or rather on the culture itself, on the product, that the man of nature can have a real privilege. From the moment he has reaped the fruit of his labor, the basis on which he deployed his industry returns to the domain and becomes common to all men again. This is what the first principles of things teach us. We can therefore look at property rights as a social creation.
J. B. SAY
Cultivable land would seem to be included among natural riches, since they are not of human creation and nature gives them freely to man; : but as this wealth is not fleeting like air and water like a field is a fixed and circumscribed space that certain men have been able to appropriate to the exclusion of all others who have given their consent to this appropriation, (where and when Mr. Say?) the land from a natural and free good that it was, became a social wealth whose use had to be paid for,
And in fact we have paid it and we still pay it says Senior “to those who having seized natural agents, receive a reward in the form of annuity, without having made any sacrifices; their role is limited to reaching out to receive offerings from the rest of the community. »
Today we discover that many appropriations recognized as legitimate to date are based on injustice. We realize that the machines vision of work, so useful for the increase of wealth, instead of raising the condition of workers are disastrous to them, demean them, make them decline and pass under the grindstone of wage labor, because instead of producing for the benefit and interest of all, they only operate in the interest of their owners; we therefore move away from preconceived ideas, to seek a new mode of production different from the old one; and you would have to be an imbecile not to take care of it.
Then what would become of a society which, in order not to be disturbed in its selfishness, would always want to pivot on the same idea, when everything is changing, progressing and growing in the world. Would it die?
We must therefore move towards progress.
— Yes ! But what is Progress?