E. Armand, “A Little Manual for the Anarchist Individualist” (1911/1934)

Petit Manuel anarchiste individualiste

I

Etre anarchiste c’est nier l’autorité et rejeter son corollaire économique : l’exploitation. Et cela dans tous les domaines où s’exerce l’activité humaine. L’anarchiste veut vivre sans dieux ni maîtres ; sans patrons ni directeurs ; alégal, sans lois comme sans préjugés ; amoral, sans obligations comme sans morale collective. Il veut vivre librement, vivre sa conception personnelle de la vie. En son for intérieur, il est toujours un asocial, un réfractaire, un en dehors, un en-marge, un à-côté, un inadapté. Et pour obligé qu’il soit de vivre dans une société dont la constitution répugne à son tempérament, c’est en étranger qu’il y campe. S’il consent au milieu les concessions indispensables — toujours avec l’arrière pensée de les reprendre — pour ne pas risquer ou sacrifier sottement ou inutilement sa vie, c’est qu’il les considère comme des armes de défense personnelle dans la lutte pour l’existence. L’anarchiste souhaite vivre sa vie, le plus possible, moralement, intellectuellement, économiquement, sans se préoccuper du reste du monde, exploitants comme exploités ; sans vouloir dominer ni exploiter autrui, mais prêt à réagir par tous les moyens contre quiconque interviendrait dans sa vie ou lui interdirait d’exprimer sa pensée par la plume ou la parole.

L’anarchiste a pour ennemi l’État et toutes ses institutions qui tendent à maintenir ou à perpétuer sa mainmise sur l’être individuel. Point de possibilité de conciliation entre l’anarchiste et une forme quelconque de société reposant sur l’autorité, qu’elle émane d’un autocrate, d’une aristocratie ou d’une démocratie. Point de terrain d’entente entre l’anarchiste et tout milieu réglementé par les décisions d’une majorité ou les vœux d’une élite. L’anarchiste combat au même titre et l’enseignement fourni par l’État et celui dispensé par l’Église. Il est l’adversaire des Monopoles et des privilèges, qu’ils soient d’ordre intellectuel, moral ou économique. En un mot, il est l’antagoniste irréconciliable de tout régime, de tout système de vie sociale, de tout état de chose impliquant domination de l’homme ou du milieu sur l’individu, et exploitation de l’individu par l’homme ou le milieu.

L’œuvre de l’anarchiste est avant tout une œuvre de critique. L’anarchiste va, semant la révolte contre ce qui opprime, entrave, s’oppose à la libre expansion de l’être individuel. Il convient d’abord de débarrasser les cerveaux des idées préconçues, de mettre en liberté les tempéraments enchaînés par la crainte, de susciter des mentalités affranchies du qu’en dira-t-on et des conventions sociales ; c’est ensuite que l’anarchiste poussera qui veut faire route avec lui à se rebeller pratiquement contre le déterminisme du milieu social, à s’affirmer individuellement, à sculpter sa statue intérieure, à se rendre, autant que possible indépendant de l’environnement moral, intellectuel, économique. Il pressera l’ignorant de s’instruire, le nonchalant de réagir, le faible de devenir fort, le courbé de se redresser. Il poussera les mals doués et les moins aptes à tirer d’eux-mêmes toutes les ressources possibles et non à se reposer sur autrui.

Un abîme sépare l’anarchisme du socialisme sous ses différents aspects, y compris le syndicalisme.

L’anarchiste place à la base de toutes ses conceptions de vie : le fait individuel. Et c’est pour cela qu’il se dénomme volontiers anarchiste-individualiste.

— Il ne pense pas que les maux dont souffrent les hommes proviennent exclusivement du capitalisme ou de la propriété privée. Il pense qu’ils sont dus surtout à la mentalité défectueuse des hommes, pris en bloc. Les maîtres ne sont que parce qu’il existe des esclaves et des dieux ne subsistent que parce que s’agenouillent des fidèles. L’anarchiste individualiste se désintéresse d’une révolution violente ayant pour but une transformation du mode de distribution des produits dans le sens collectiviste ou communiste, qui n’amènerait guère de changement dans la mentalité générale et qui ne provoquerait en rien l’émancipation de l’être individuel. En régime communiste celui-ci serait aussi subordonné qu’actuellement au bon vouloir du Milieu : il se trouverait aussi pauvre, aussi misérable que maintenant ; Au lieu d’être sous le joug de la petite minorité capitaliste actuelle, il serait dominé par l’ensemble économique. Rien ne lui appartiendrait en propre. Il serait un producteur, un consommateur, un metteur ou un preneur au tas, jamais un autonome.

A Little Manual for the Anarchist Individualist

I

To be an anarchist is to deny authority and reject its economic corollary: exploitation—and to reject it in every domain of human activity. The anarchist wishes to live without gods or masters; without bosses or directors; a-legal, without laws and without prejudices; amoral, without obligations and without collective morality. He wants to live freely, to live according to his own conception of life. In his heart of hearts, he is always asocial, insubordinate, an outsider, marginal, an exception, a misfit. And obliged as he is to live in a society the constitution of which is repugnant to his temperament, he dwells there as a foreigner. If he makes unavoidable concessions to his environment—always with the intention of taking them back—in order to avoid risking or sacrificing his life foolishly or uselessly, it is because he considers these concessions weapons of personal defense in the struggle for existence. The anarchist wishes to live his life, as much as possible—morally, intellectually, and economically—without concerning himself with the rest of the world, exploiters or exploited, without wanting to dominate or to exploit others, but ready to respond by all means against whomever would interfere in his life or would prevent him from expressing his thought by the pen or by speech.

The anarchist’s enemies are the State and all its institutions, which tend to maintain or to perpetuate its stranglehold on the individual. There is no possibility of conciliation between the anarchist and any form whatsoever of society resting on authority, whether it emanates from an autocrat, from an aristocracy or from a democracy. No common ground is possible between the anarchist and any environment regulated by the decisions of a majority or the wishes of an elite. The anarchist combats, for the same reasons, the teaching furnished by the State and that dispensed by the Church. He is the adversary of monopolies and of privileges, whether they are of the intellectual, moral or economic order. In a word, he is the irreconcilable antagonist of every regime, of every social system, of every state of things that involves the domination of other men or the environment over the individual, and of the exploitation of the individual by another or by the group.

The work of the anarchist is above all a work of critique. The anarchist goes, sowing revolt against that which oppresses, obstructs, or opposes itself to the free expansion of the individual being. It is proper first to rid brains of preconceived ideas, to put at liberty temperaments enchained by fear, to give rise to mindsets free from popular opinion and social conventions; it is thus that the anarchist will push all comers to go along with him to rebel practically against the determinism of the social environment, to affirm themselves individually, to sculpt their internal image, to render themselves, as much as possible, independent of the moral, intellectual and economic environment. He will urge the ignorant to instruct themselves, the nonchalant to react, the feeble to become strong, the bent to straighten. He will push the poorly endowed and less apt to draw from themselves all the resources they can and not to rely on others.

In these regards, an abyss separates anarchism from all forms of socialism, including syndicalism.

The anarchist places at the base of all his conceptions of life: the individual act. And that is why he willingly calls himself anarchist-individualist.

He does not believe that the evils men suffer come exclusively from capitalism or from private property. He believes that they are due above all to the defective mentality of men, taken as a bloc. There are only masters because there are slaves and the gods only remain because the faithful kneel. The individualist anarchist has little interest in a violent revolution, aiming for a transformation of the mode of distribution of products in the collectivist or communist sense, which would hardly bring about a change in the general mentality and which would not bring about the emancipation of the individual being at all. In a communist regime the individual would be as subordinate as he is presently to the good will of those surrounding him: he would find himself as poor, as miserable as he is now; instead of being under the thumb of the small capitalist minority of the present, he would be dominated by the whole of the economy. Nothing would properly belong to him. He would be a producer or a consumer, put a little or take a bit from the communal heap, but he would never be autonomous.

II

— L’anarchiste-individualiste se différencie de l’anarchiste communiste en ce sens qu’il considère (en dehors de la propriété des objets de jouissance formant prolongement de la personnalité ) la propriété du moyen de production et la libre disposition du produit comme la garantie essentielle de l’autonomie de la personne. Etant entendu que cette propriété se limite à la possibilité de faire valoir (individuellementt, par couples, par groupement familial, etc. ) l’étendue de sol ou l’engin de production indispensable aux nécessités de l’unité sociale ; sous réserve, pour le possesseur, de ne point l’affermer à autrui ou de ne point recourir pour sa mise en valeur à quelqu’un à son service.

— L’anarchiste-individualiste n’entend pas plus vivre à n’importe quel prix, comme l’individualiste, fut-ce en exploiteur, qu’il n’entend vivre en réglementation, pourvu que l’écuelle de soupe soit assurée, la vêture certaine et le logis garanti.

L’anarchiste individualiste, d’ailleurs, ne se réclame d’aucun système qui lierait l’avenir. Il affirme se situer en état de légitime défense à l’égard de toute ambiance sociale (État, société, milieu, groupement, etc.) qui admettra, acceptera, perpétuera, sanctionnera ou rendra possible :

a) la subordination au milieu de l’être individuel, plaçant celui-ci en état d’infériorité manifeste puisqu’il ne peut traiter avec l’ensemble d’égal à égal, de puissance à puissance ;

b) l’obligation (dans n’importe quel domaine ) de l’entraide, de la solidarité, de l’association ;

c) la privation de la possession individuelle et inaliénable du moyen de production et de la disposition entière et sans restriction du produit ;

d) l’exploitation de quiconque par l’un de ses semblables, qui le fera travailler pour son compte et à son profit ;

e) l’accaparement, c’est à dire la possibilité pour un individu, un couple, un groupement familial de posséder plus qu’il n’est nécessaire pour son entretien normal ;

f) le monopole de l’État ou de toute forme exécutive le remplaçant, c’est à dire son intervention dans son rôle centralisateur, administrateur, directeur, organisateur, dans les rapports entre les individus, dans n’importe quel domaine que ce soit ;

g) Le prêt à intérêt, l’usure, l’agio, la valeur d’échange monnayée, l’héritage, etc., etc.

II

The individualist-anarchist differentiates himself from the anarchist-communist in the sense that he considers (apart from property in some objects of enjoyment extending from the personality) property in the means of production and the free disposition of products as essential guarantees of the autonomy of the person. It is understood that this property is limited by the possibility of putting to work (individually, by couples, by familial groups, etc.) the expanse of soil or the engines of production required to meet the necessities of the social unit; with the condition that the possessor not rent it to anyone or turn to someone in his service to put it into use.

The individualist-anarchist no more intends to live at any price—as an individualist exploiter, for example—than he would live under regulation, provided that he was assured a bowl of soup, and guaranteed a dwelling and some clothing.

The individualist-anarchist, moreover, does not claim any system which would bind future relations. He claims to place himself in a state of legitimate defense against every social atmosphere (State, society, milieu, grouping, etc.) which would allow, accept, perpetuate, sanction or render possible:

a) the subordination of the individual being to the environment, placing the individual in a state of obvious inferiority, since he cannot treat with the collective totality as equal to equal, and power to power;

b) the obligation (in whatever domain) of mutual aid, of solidarity, or of association;

c) the deprivation of the individual of the inalienable possession of the means of production and the complete and unrestricted disposition of the product of his labors;

d) the exploitation of anyone by any one of his fellows, who would make him labor on his account and for his profit;

e) monopolization, i.e. the possibility of an individual, a couple, a familial group possessing more than is necessary for its normal upkeep;

f) the monopoly of the State or of any executive form replacing it, i.e., its intervention—in its role as centralizer, administrator, director, or organizer—in the relations between individuals, in whatever domain;

g) the loan at interest, usury, agio, money-changing, inheritance, etc., etc.

III

— L’anarchiste-individualiste fait de la “propagande” pour sélectionner les tempéraments anarchistes-individualistes qui s’ignorent, déterminer tout au moins une ambiance intellectuelle favorable à leur éclosion. Entre anarchistes-individualistes les rapports s’établissent sur la base de la “réciprocité”. La “camaraderie” est essentiellement d’ordre individuel, elle n’est jamais imposée. Est un”camarade”qui leur plaît individuellement à fréquenter, qui tente un effort appréciable pour se sentir vivre, qui prend part à leur propagande de critique éducative et de sélection des personnes ; qui respecte le mode d’existence de chacun, n’empiète point sur le développement de qui chemine avec lui et de ceux qui le touchent de plus près.

— L’anarchiste-individualiste n’est jamais l’esclave d’une formule-type ou d’un texte reçu. Il n’admet que des opinions. Il ne propose que des thèses. Il ne s’impose pas de point d’arrivée. S’il adopte une méthode de vie sur un point de détail, c’est afin qu’elle lui assure plus de liberté, plus de bonheur, plus de bien-être, mais non point pour s’y sacrifier. Et il la modifie, et il la transforme quand il s’aperçoit que continuer à y demeurer fidèle diminuerait son autonomie. Il ne veut point se laisser dominer par des principes établis à priori ; c’est à posteriori, sur ses expériences, qu’il fonde sa règle de conduite, jamais définitive, toujours sujette aux modifications et aux transformations que peuvent suggérer l’enregistrement de nouvelles expériences, et la nécessité d’acquisition d’armes nouvelles dans sa lutte contre le milieu. Sans faire non plus de l’a priori un absolu.

— L’anarchiste-individualiste n’est jamais comptable qu’à lui-même de ses faits et gestes.

— L’anarchiste-individualiste ne considère l’association que comme un expédient, un pis-aller. Il ne veut donc s’associer qu’en cas d’urgence mais toujours volontairement. Et il ne désire passer de contrat, en général, qu’à brève échéance, étant toujours sous-entendu que tout contrat est résiliable dès qu’il lèse l’un des contractants.

— L’anarchiste-individualiste ne prescrit pas de morale sexuelle déterminée. C’est à chacun qu’il appartient de déterminer sa vie sexuelle ou affective ou sentimentale, tant pour l’un que pour l’autre sexe. L’essentiel est que dans les relations intimes entre anarchistes de sexe différant n’intervienne ni violence ni contrainte. Il pense que l’indépendance économique et la possibilité d’être mère à son gré sont les conditions initiales de l’émancipation de la femme.

— L’anarchiste-individualiste veut vivre, veut pouvoir apprécier la vie individuellement, la vie envisagée dans toutes ses manifestations. En restant maître cependant de sa volonté, en considérant comme autant de serviteurs mis à la disposition de son “moi” ses connaissances, ses facultés, ses sens, les multiples organes de perception de son corps. Il n’est point un peureux, mais il ne veut point se diminuer. Et il sait fort bien que celui qui se laisse mener par ses passions ou dominer par ses penchants est un esclave. Il veut conserver “la maîtrise du soi” pour s’élancer vers les aventures auxquelles le convient la recherche indépendante et le libre examen. Il préconisera volontiers une vie simple, le renoncement aux besoins factices, asservissants, inutiles ; l’évasion des grandes agglomérations humaines ; une alimentation rationnelle et l’hygiène corporelle.

— L’anarchiste-individualiste s’intéressera aux associations formées par certains camarades en vue de s’arracher à l’obsession d’un Milieu qui leur répugne. Le refus de service militaire, celui de payer l’impôt auront toute sa sympathie ; les unions libres, uniques ou plurales à titre de protestation contre la morale courante ; l’illégalisme en tant que rupture violente (et sous certaines réserves ) d’un contrat économique imposé par la force ; l’abstention de toute action, de tout labeur, de toute fonction impliquant maintien ou consolidation du régime intellectuel, éthique ou économique imposé ; l’échange des produits de première nécessité entre anarchistes-individualistes possesseurs des engins de production nécessaires, en dehors de tout intermédiaire capitaliste ; etc., sont des actes de révolte convenant essentiellement au caractère de l’anarchisme-individualiste.

1er juillet 1911 E. Armand

III

The individualist-anarchist makes “propaganda” in order to highlight individualist-anarchist dispositions which have been ignore, or at the very least to bring about an intellectual atmosphere favorable to their appearance. Between individualist-anarchists relations are established on the basis of “reciprocity.” “Camaraderie” is essentially of the individual order[ it is never imposed. Those “comrade” whom it pleases him to associate with, will be those who make an appreciable effort to feel life in themselves, who share in his propaganda of educational critique and his choice of persons; who respect the mode of existence of each individual, and do not interfere with the development of those who march forward with him and who touch him the most closely.

The individualist-anarchist is never the slave of a formula-type or of a received text. He admits only opinions. He proposes only theses. He does not impose an end on himself. If he adopts one method of life on one point of detail, it is in order to assure himself more liberty, more happiness, more well-being, but certainly not order to sacrifice himself to it. And he modifies it, and transforms it when it appears to him that to continue to remain faithful to it would diminish his autonomy. He does not want to let himself be dominated by principles established a priori; it is a posteriori, on his experiences, that he bases his rule of conduct, never definitive, always subject to the modifications and to the transformations that new experiences can suggest, and to the necessity of acquiring new weapons in his struggle against the environment—without making an absolute of the a priori.

The individualist-anarchist is never accountable to anyone but himself for his acts and deeds.

The individualist-anarchist considers association only as an expedient, a makeshift. Thus, he wants to associate only in cases of urgency—and always voluntarily. And he only desires to contract, in general, for the short term, it being always understood that every contract can be voided as soon as it harms either one of the contracting parties.

The individualist-anarchist decrees no fixed sexual morality. It is up to each to determine his sexual, affective or sentimental life, as much for one sex as for the other. What is essential is that in intimate relations between anarchists of differing sexes neither violence nor constraint take place. He thinks that economic independence and the possibility of being a mother as she pleases are the initial conditions for the emancipation of woman.

The individualist-anarchist wants to live, wants to be able to appreciate life individually—life considered in all its manifestations. He remains meanwhile master of his will, considering his knowledge, his faculties, his senses, and the multiple organs of perception of his body as so many servitors put at the disposition of his self. He is not a coward, but he does not want to diminish himself. And he knows well that he who allows himself to be led by his passions or dominated by his penchants is a slave. He wants to maintain “the mastery of the self” in order to advance towards the adventures to which independent research and free study lead him. He will willingly advocate a simple life, the renunciation of false, enslaving, useless needs; avoidance of the large cities; a rational diet and bodily hygiene.

The individualist-anarchist will interest himself in the associations formed by certain comrades with an eye to ridding themselves of obsession with a milieu which disgusts them. The refusal of military service, or of paying taxes will have all his sympathy; free unions, single or plural, as a protestation against ordinary morals; illegalism as the violent rupture (and with certain reservations) of an economic contract imposed by force; abstention from every action, from every labor, from every function involving the maintenance or consolidation of the imposed intellectual, ethical or economic regime; the exchange of vital products between individualist-anarchist possessors of the necessary engines of production, apart from every capitalist intermediary; etc., are acts of revolt agreeing essentially with the character of individualist-anarchism.

1er juillet 1911 E. Armand


The supplement to L’en dehors no. 273-274 includes the  this additional piece, under the title “en resumé:” (“in summary:”), which appeared in that issue of the paper: « Simple rapport, » L’En dehors 14 no. 273-274 (mi-août–mi-septembre 1934) : 145.


simple rappel

Nous sommes des a-politiques, ici, et nous ne prenons pas part aux querelles partisanes.

Dans tous les domaines nous sommes pour le volontaire contre l’obligatoire, pour le consenti contre l’imposé, pour le raisonnement contre la violence, pour le libre examen contre le dogme.

Individualistes, nous sommes contre l’assujettissement de l’individu à une forme quelconque de l’Etat — contre l’absorption de l’unique dans l’âme collective — contre le contrat forcé — contre la coopération ou la solidarité par contrainte — contre l’exploitation de « l’un » par son semblable ou le milieu sociétaire — contre l’empiètement du non-moi, organisé ou non, sur le moi, isolé ou associé, ce qu’il est ou ce qu’il a (ce qui prolonge ou affirme sa personnalité) — contre la procréation à l’aveuglette, insouciante de l’avenir des procréés — contre les haines de races.

Nous sommes avec tous ceux qui luttent pour que règne sur tous les terrains, la complète liberté d’expression de la pensée, verbale, écrite, graphique ; pour l’absolue liberté de réunion, d’union, de groupement, d’association et de résiliation ; nous sommes pour l’intangible liberté d’exposition, de publicité, d’expérimentation et de réalisation.

Quel que soit le but recherché, le dessein poursuivi, nous sommes contre tout contrôle extérieur, étatiste ou gouvernemental, toute censure, restreinte, astreinte ou réquisition, d’ordre administratif, intellectuel, économique, spirituel, moral, partout et dans tous les temps.

Nous sommes pour la responsabilité et l’autonomie de l’unité sociable contre l’oppression et la tyrannie du social (castes, classes, craties).

Nous sommes pour la liberté et le contrat libre contre l’autorité et la règle imposée et bien que nous ne occupions que subsidiairement de l’économique, c’est par rapport à ce principe que nous en concevons la solution…

simple reminder

We are apolitical here and we do not take part in partisan quarrels.

In all domains, we are for the voluntary against the obligatory, for the consensual against the imposed, for reasoning against violence and for free examination against dogma.

Individualists, we are against the subjection of the individual to any form of the State — against the absorption of the unique in the collective sould — against the forced contract — against coerced cooperation or solidarity — against the exploitation of “the one” by his fellow or by the social environment — against the encroachment of the non-self, whether organized or not, on the self, whether isolated or associated, what he is or what he has (what prolongs and affirms his personality) — against unplanned procreation, unconcerned with the future of the offspring — against hatred based on race.

We are with all those who struggle for the reign, in all fields, of complete liberty in the expression of thought, whether verbal, written or graphic; for the absolute liberty of gathering, union, grouping, association and termination; we are for the intangible liberty of exposition, of publicity, of experimentation and realization.

Whatever the goal sought, the design pursued, we are against any external control, statist or governmental, any censorship, restriction, constraint or requisition, in the administrative, intellectual, economic, spiritual or moral order, everywhere and at all times.

We are for the responsibility and autonomy of the sociable unity [individual?] against the oppression and tyranny of the social (castes, classes, -cracies).

We are for liberty and free contract against authority and imposed rule, and while we concern ourselves only secondarily with the economic, it is in relation to this principle that we conceive of the solution there as well…

[Revised translation by Shawn P. Wilbur; last revised July 19, 2019]

 

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